GLDF Loge : Véritas Vincerit - Orient de Saulx les Chartreux 02/2006


Désirer la Vérité, c’est aspirer à la Divinité

Plutarque

I - INTRODUCTION

Avant de commencer ce travail il est bon de dire quelques mots de celui qui  est à l'origine de l'en-tête de cette planche "Désirer la vérité c'est aspirer à la divinité".
Plutarque né à Chéronée (Béotie) en 46, mort à Thèbes en 120, est surtout célèbre pour ses Vies parallèles des Homme Illustres, oeuvre qui a fait de lui le maître incontesté de la biographie comparée.
Etant plus portraitiste qu'historien, il met en parallèle un grand personnage de la Grèce et son homologue de Rome. C'est ainsi qu'il a placé César aux côtés d'Alexandre, Cicéron aux côtés de Démosthène, etc.
On lui a reproché de minorer le coté historique des personnages, par rapport à son coté plus  moraliste. L'influence qu'il a exercée sur les penseurs et les écrivains a été considérable, de sorte qu'il est aussi important en tant qu'historien qu'en tant que biographe.
Pour un grand nombre de personnages et des événements auxquels ils ont pris part, il est l'unique source de référence. Si malgré son extrême rigueur dans la relation il omet certains détails, c'est que son but n'est pas d'écrire des histoires, mais des vies, comme il le dit lui-même. Parmi ses principales oeuvres je citerais la vie de Périclès, la Vie de César, de Pompée de Brutus etc. Personnellement je vous recommande la lecture de : La vie des 12 César qui regroupe la biographie des plus grands en empereurs romains.

Le travail qui va suivre s'organisera autour de deux parties, premièrement, désirer la vérité et ensuite aspirer à la divinité.

II – DESIRER  LA  VERITE
  • Désirer
Pour Spinoza, la raison devrait gouverner la conduite des hommes, mais c'est le désir qui les fait véritablement agir.
Le désir ne doit pas être interprété ici comme une disposition pernicieuse mais comme le symptôme d'un manque originaire. C'est un cheminement nécessaire pour retrouver notre communauté d'origine avec le divin. C'est dans ce sens que nous devons comprendre la phrase: Désirer la vérité.
La Vérité est une idée qui mène notre quête. Elle est un principe régulateur qui ne concerne pas un besoin, mais au contraire, caractérise une énergie pour une recherche infinie.
Besoin et désir sont différents car le besoin est certitude, crédulité, confusion, comme si la Vérité pouvait être donnée, alors qu'elle ne peut être que cherchée.
Le besoin de croire en la Vérité n'existe pas, car il peut être confondu avec le besoin de certitude en des vérités établies.
Ce qui existe est le désir de croire en des échanges possibles, à l'avenir. Ce désir de Vérité est la soif de l'Infini, de la Perfection. C'est un orgueil que l'humilité sauve toujours en l'Homme.

  • La Vérité
Vérité pour le philosophe

Vérité, du latin Véritas, conforme à ce qui est et ce que l'on dit, qualité de ce qui est vrai.
La Vérité en elle-même est impossible à trouver parce que si on analyse un phénomène ou une idée, cette vérité de pourrait être conforme à ce phénomène où cette idée telle qu'elle nous apparaît selon notre pensée. Cela suppose un travail de l'esprit qui serait capable de distinguer le vrai du faux. Nous possédons une rigueur intérieure qui nous pousse à rejeter tout ce qui ne semble pas vraisemblable. Pour affirmer, pour connaître la vérité, pour tenter de dire que nous la connaissons, il faut effectivement en avoir déjà une idée. Cette recherche nous fait comprendre qu'il y a un monde de l'ordre, et que l'esprit qui est ordre doit retrouver cet ordre  dans le monde qui l'entoure. La recherche de la vérité consiste à renoncer à une étroitesse d'esprit et à un repli sur nous même.
Par contre, notre recherche intérieure peut peut-être permettre d'atteindre cette vérité, alors que le repli sur soi n'est que de l'abandon pur et simple de la recherche, un obstacle à la vérité qui se contente de l'apparence des choses. Qui peut se targuer de connaître la vérité dans les relations humaines ? Cette vérité apparaît différente pour chacun de nous, selon notre propre perception et qui sommes nous dans le regard des autres ? Le miroir lui-même nous renvoie une image faussée de notre propre personnalité.
Mais de quelle vérité s'agit-il.

La vérité ne se laisse pas déchiffrer facilement.
Nous devons nous écarter des idées reçues, de ces vérités que l'on croit irréfutables et nous forcer à nous méfier des fausses nouvelles démenties le lendemain. Il n'y a pas d'un côté la vérité et la raison, et de l'autre l'erreur.
Pour beaucoup, et parfois des populations entières, des gens sincères dans leurs erreurs donnent une vie véritable à leurs convictions. Beaucoup de choses se passent comme si le faux était vrai.
Quelquefois ces croyances fausses leur permettent de garder assez de force pour survivre dans un environnement sans espoir. On ne peut les détromper car tout leur système qui, pensent-ils, leur fait du bien, pourrait s'écrouler. Il faut souvent attendre longtemps avant de pouvoir les faire évoluer vers des conceptions véritables.

Vérité pour le Franc Maçon.

Parce que la Vérité fait partie de l'absolu, nous avons vraisemblablement grâce à notre travail, à la compréhension de notre rite, de notre symbolisme, la possibilité d'approcher de plus près cette notion.
Il y a une définition profane et philosophique du mot vérité, et une définition maçonnique.
Elles sont différentes et ne s'attachent pas au réel.
La vérité maçonnique est une vérité personnelle qui apparaît lors de la progression du cheminement initiatique. Chacun est créateur de sa vérité, dans sa propre conscience et progressivement.
Ce n'est pas une vérité philosophique qui naît d'un raisonnement sur l'homme et sur le monde. Le propre de la vérité maçonnique est d'être multiple. C'est-à-dire contraire à tout dogmatisme, qu'il soit politique ou religieux. De ce fait, sa recherche permet toutes les possibilités et comme le dit la Déclaration des Principes et les Constitutions de la G.L.D.F, "Dans la recherche constante de la vérité et de la justice, les francs maçons n'acceptent aucune entrave et ne s'imposent aucune limite".
Son domaine étant parfaitement inconnaissable, il ouvre toutes les possibilités. Nous ne pouvons nous donner aucune limite dans notre recherche. Si chaque vérité est différente en fonction de chaque individu, il faut comprendre cela comme un éloge de la différence et la tolérance, un de ses piliers. Dans ce creuset qu'est la loge, chaque frère trouvera sa vérité au travers des différents rites et des différentes obédiences, des différences de penser.

Dés le premier degré notre attention est attirée sur la difficulté de concevoir la notion de vérité. Il ne suffit pas d'être en sa présence (encore faut il la percevoir), pour qu'elle nous soit intelligible. La lumière n'éclaire l'esprit humain que lorsque rien ne s'oppose à son rayonnement.  
Dans le monde profane la valeur des choses et des honneurs est relative. Dans le monde spirituel, nous travaillons pour atteindre l'unité et la réalité ultime. C'est donc notre vision qui change et non le monde. Notre vision s'est élargie, nous nous élevons en permanence et la vérité nous retire progressivement le voile des illusions. Elle nous amène progressivement de plus en plus haut, comme dans une spirale ascendante
En voulant avancer sur le chemin de la Connaissance, notre conscience de l'univers devient proportionnelle à la qualité et à la quantité d'énergie que nous dégageons lors de notre recherche.
C'est elle qui permet de combattre le fanatisme, la superstition et l'ambition.
Elle est la lumière placée à portée de tout homme qui veut ouvrir ses yeux et regarder la grande route qui conduit au Devoir, comme l'enseigne le rituel. La vérité dépend du contenu des conseils et des connaissances de chacun de nous. C'est pourquoi l'initié n'imposera pas sa vérité à un individu qui n'est pas d'une maturité suffisante. Conscient de ces réalités nous ne pouvons plus profaner le mot de vérité en l'accordant aux conceptions humaines. L'enseignement initiatique n'est pas formulé avec exactitude mais sous un voile, une apparence, donc non compréhensible aux conceptions humaines à proprement parler. Pour percevoir cet enseignement, il faut être relié au divin, dans un temple consacré. C'est un travail long et sérieux s'adressant à des personnes motivées.
La méthodologie du REAA nous aide à cette approche par l'utilisation des symboles, de l'intuition, de la sacralisation. Reprenant le Discours de la Méthode de Descartes, le REAA nous met en garde: Respectez toutes les opinions mais ne les acceptez pour justes que si elles vous apparaissent comme telles après les avoir examinées. 

Il est dit que la vérité absolue n'existe pas alors pourquoi chercher l'inaccessible. Mais s'il n'y avait pas de recherche de vérité, quelle serait notre démarche. Si on la détenait, il n'y aurait pas de démarche donc la vérité ne risquerait pas d'aboutir. Je pense qu'il n'y a pas une vérité, mais des vérités. C'est-à-dire que celle qui permet de trouver l'équilibre ne sera pas la même pour chacun. Quand on recherche, on a une direction, un but. Mais ce but n'est pas le plus important. L'important c'est la mise en route. La vérité est aussi recherche de la Lumière et il n'y en a qu'une, la Grande Lumière. Je pense que lorsqu'on parle de vérité personnelle, on parle de sa propre construction.
Une image très connue est celle de la Vérité sortant d'un puits.
Cela sous entend qu'on ne peut naître spirituellement qu'en sortant de son chaos intérieur, afin d'arriver à une recomposition personnelle.
Cela ne sera que notre propre vérité qui, si elle n'est pas Universelle, méritera toutefois de s'écrire avec un V majuscule.

III – ASPIRER  À  LA  DIVINITÉ

C'est par le silence intérieur que l'Homme va éveiller sa conscience, ce qui aura pour conséquence, une aspiration à s'élever vers le Spirituel.

Je note ici le mot "aspiration" qui est un des deux mouvements de la vie, lui-même issu du Souffle Logos. (Aspiration, expiration)
Le terme exact serait à employer serait "inspiration" : action par laquelle l'air entre dans les poumons.
Il y a une autre définition de ce mot et qui signifie : Etat ou se trouve l'âme quand elle est directement sous la pression d'une puissance surnaturelle.
D'inspiration, nous passons à Aspiration qui est : Mouvement de l'Ame vers Dieu.
J'ai trouvé ces définitions dans une très vieille édition, datant de 1904, du Petit Larousse Illustré.
Tout Homme qui ressent cette aspiration, cette élévation vers Dieu ou vers le Grand Architecte de l'Univers, suivant sa sensibilité, se sent en harmonie et en alliance avec tous ceux qui ont le même but. Car c'est le même Souffle qui les anime. Mais pour être en harmonie, il faut qu'il soit au même diapason qu'eux, ni plus haut, ni plus bas. Ce qui doit l'amener à une mise en question de lui-même et une disponibilité envers les autres par un don de soi.  Ce don devant être complet et être ni prétentieux, afin de vouloir en imposer aux autres, ni parasite, en attente constante des autres. 

Divinité
  • Qu'est ce que le divin
Lorsque nous travaillons en loge, le Volume de la Loi Sacrée est ouvert au Prologue de Jean.  
Il apparaît clairement à l'initié que cette ouverture correspond  à ce qui, à l'origine, manifeste la pensée du G.A.D.L.U par l'acte de la création du monde.
Il y a un Livre de l'Univers et un Livre de la Loi, une manifestation et une révélation qui s'enchaînent pour concourir à l'harmonie universelle. Cette correspondance est le véritable fondement du symbolisme. C'est le lien reliant l'ordre cosmique au plan du Grand Architecte de l'Univers.

Par l'étude des symboles, par l'amour pour la vérité, la franc-maçonnerie est en possession de valeurs se retrouvant au plus profond de l'homme. Ceci suppose un ésotérisme universel, éternel. Elle est le reflet des valeurs de l'esprit humain répondant à un besoin qui n'a pas changé depuis l'étincelle créatrice. Partout en maçonnerie nous sommes confrontées avec la mort, la caverne, les ténèbres mais aussi avec la vie, la Lumière, l'orient.
C'est un cycle d'immortalité.
L'initiation est devenue une nécessité depuis la chute. La vérité s'offrirait à l'homme sans voiler ses regards, puisqu'il est né pour la contempler et lui rendre hommage. Mais il est depuis descendu dans la matière, dans une région opposée à la Lumière. C'est la vérité qu'il a assujettie au travail de l'initiation. L'homme est le seul à avoir la parole, qui est en lui le langage de l'intelligence et des facultés spirituelles, le moyen par lequel il communique avec tous les êtres, jusqu'à la divinité.

La recherche de la Vérité exige t'elle la recherche ou l'imitation du divin?
Nous sommes dans une démarche fondamentale pour un franc maçon, et la recherche du divin, c'est-à-dire un retour sur soi pour retrouver en nous cette parcelle d'éternité, est le moins qu'on puisse faire pour échapper au tumulte de la vie et aux murmures du monde. Parce que nous avons une idée de la perfection que nous recherchons et de la liberté qui l'accompagne, nous savons ce qui dépend de notre propre décision et ce à quoi nous pouvons échapper.

IV - CONCLUSION

Nous sommes dans un monde très particulier qui est celui du symbolisme, du sacré, et où les mots que l'on emploie peuvent être interprétés d'une manière symbolique. Notre travail en loge en tant qu'initié nous permet par rapport à d'autres hommes, d'aller plus loin sur le chemin de la quête de cette Vérité. Je pense que grâce à ce chemin initiatique et à nos possibilités nous pouvons aller plus loin dans cette approche des notions de l'absolu. Parce que la Vérité fait partie de l'absolu et que nous avons la possibilité grâce à la compréhension de notre rite et de notre symbolisme, de pouvoir approcher cet absolu.
Nous devons nous sentir concerné de cette mission qui permettra par la suite, la transmission aux frères qui vont nous succéder.
Rappelons nous notre initiation au 1er degré :
Comment avez-vous été introduit en Loge ? Par trois grands coups.
Quelle est leur signification ?  Demandez et vous recevrez (LA LUMIERE) ; Cherchez et vous trouverez (LA VERITE) ; Frappez et on vous ouvrira  (LA PORTE DU TEMPLE).  
Qu’avez-vous aperçu en entrant en Loge ?  Rien que l’esprit humain ne puisse comprendre : un voile épais me couvrait les yeux. Il ne suffit pas d’être mis en présence de la Vérité pour qu’elle nous soit intelligible. La lumière n’éclaire l’esprit humain que lorsque rien ne s’oppose à son rayonnement. Tant que l’illusion et les préjugés nous aveuglent, l’obscurité règne en nous et nous rend insensibles à la splendeur du Vrai.
Le contenu symbolique de chaque Degré, s’applique à mettre en garde le récipiendaire contre toute certitude : si la Vérité (avec un V majuscule) est une, les vérités sont multiples et fallacieuses. 

Le symbolisme de la Lumière est largement utilisée pour indiquer au F\M\ que si la Nuit sort du Chaos, les Ténèbres qui la peuplent sont impropres à recevoir tout enseignement initiatique et que des Ténèbres doivent surgir la Lumière. Mais si celle-ci constitue une condition nécessaire à l’élévation spirituelle, elle n’en est pas moins insuffisante car les préjugés (ignorance, fanatisme, ambition déréglée) sont toujours embusqués pour faire chuter le vaniteux et ne lui conférer que l’apparence d’un enseignement dont il ne possédera que les hochets dérisoires.
 
C’est ainsi que toute Lumière, tout rayon qui la compose, peut être arrêtée par un obstacle que le rituel symbolise par un bandeau opaque, de nature à empêcher la communication spirituelle. Et même si le déroulement du rituel fait tomber l’obstacle au cours de la cérémonie, celui-ci n’en demeure pas moins présent dans toute sa symbolique.  C’est en restant sur le même plan que se trouve suggéré le travail incessant à accomplir par le récipiendaire, afin de supprimer toute interposition entre lui et la Lumière et qu’en construisant son Temple spirituel il puisse se rapprocher de la VERITE.

La Vérité ne se trouve pas en suivant une ligne droite, car alors nous serions sur le chemin de la vérité des fanatiques, pour qui l'Homme doit être asservi en utilisant tous les moyens, même les plus pernicieux.
De même nous ne devons pas nous laisser guider par la raison pure, car alors nous aboutirions à la vérité scientifique qui n'est pas la vraie vérité.
Nous devons suivre un sentier peu engageant où il n'y a ni confort, ni gloire, ni richesse autre que celle de l'esprit et que j'appelle la Vérité des faibles, car tel le roseau, nous triomphons de la force par la puissance de la juste Connaissance.
C'est en étudiant les croyances des hommes dans leur recherche de la Vérité universelle que nous pourrons faire le lien entre le visible et l'invisible et rassembler ce qui est épars, ce qui unit au lieu de déchirer.
En agissant de cette manière, nous aurons fait un petit pas vers le divin et prouvé ainsi que les francs maçons ne sont ni des athées stupides, ni des libertins irréligieux.

J'ai dit V\ M\

A\ Z\


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