Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Le Petit Prince Comme bon nombre d’entre-nous, ma première rencontre avec le Petit Prince eut lieu à l’école et j’avoue qu’à l’époque cette histoire ne m’avait guère enthousiasmée… Mais en rangeant des tas de livres que j’avais consciencieusement enfermés dans un carton voilà que j’ai retrouvé le livre du Petit Prince. Je l’ai relu… par curiosité ! Mais celle-ci a rapidement fait place à une agréable surprise car j’y trouvais tout à coup une profondeur insoupçonnée. Il ne m’en fallu pas plus pour que j’ai une terrible envie de creuser, fouiller, travailler toutes ces idées, véritables terreaux de réflexions, de beauté, et d’amour. Dès les premières lignes de ce livre de vie, de la quête de l’auteur, je retrouvais mon âme d’enfant… mais avec mon esprit d’adulte et de franc-maçonne. Analogie curieuse, son auteur, Antoine de Saint-Exupéry est mort suite à la chute de son avion; comme le Petit Prince il est « tombé du ciel »… tel une semence céleste, Fils de famille Princière, il est jeune et naïf, mais « d’essence royale ». Il va représenter l’âme de l’homme, parcelle de Dieu. Il est l’amour, le cœur, la spontanéité des sentiments, la fraîche naïveté. Mais ses larmes et son rire d’enfant pur portent un lourd et douloureux secret: l’histoire d’une errance, d’une quête à la découverte de la Vérité, tout comme notre recherche de F\M\. Il faut du temps et de l’amour pour faire sa connaissance, et comme en Franc-Maçonnerie: le Petit Prince ne se dévoile que progressivement. Il faudra aussi faire preuve de patience: savoir écouter, regarder, et accepter qu’il n’y ait pas toujours de réponses toutes prêtes. L’histoire commence par un étrange mystère, un aviateur perdu qui rencontre au milieu du désert un enfant, frêle créature… Un enfant qui demande qu’on lui dessine un mouton ! D’entrée, comme durant notre apprentissage, nous sommes mises devant certains mystères: ils ne s’expliquent pas… ils s’acceptent. « SVP… dessine moi un mouton »… et voilà qu’aucun croquis proposé ne correspond à ce qu’attend le Petit Prince. Plus curieux encore : c’est dans une caisse fermée que le Petit Prince dit apercevoir son mouton. Pourquoi le voit-il endormi dans une caisse ? Mais oui : parce-que la force de l’amour voit au travers des choses qui semblent non évidentes. C’est la pureté originelle. Il nous enseigne par là que ce que nous croyons être la réalité, et ce que nous en faisons, ne correspond pas forcément à la Vérité. Seule la force de l’Amour voit au travers des choses et touche la profondeur de ce qui est réellement ! Ne pouvons-nous pas penser à cet instant à notre Cabinet de Réflexion où enfermées nous allons apprendre à voir « autrement » ? Plus loin nous apprenons qu’il vient d’une autre planète, la B612, et que celle-ci comporte un danger: les baobabs. Les baobabs sont trompeurs prévient-il car jeunes ils ressemblent à une pousse de rose. Le Petit Prince nous prévient : vigilance !… Si l’on ne détruit pas les baobabs, alors la planète en sera envahie et en mourrait ! Les baobabs ne sont-ils pas nos métaux à détruire, nos colères, nos pensées négatives, notre orgueil: tout cela est petit au départ mais enfle si nous ne sommes pas vigilantes; Seul l’Amour qui est en nous saura les détruire. Il nous faut arracher nos émotions destructrices, en quelque sorte arracher nos baobabs pour laisser place à notre rose! La planète du Petit Prince était si petite qu’il lui suffisait de tirer sa chaise de quelques pas pour pouvoir regarder un coucher de soleil, il dit « Tu sais quand on est tellement triste on aime les couchers de soleil. Un jour j’ai vu le soleil se coucher 43 fois». Il est vrai que la tristesse nous envahit parfois, mais c’est à force de questions, d’incertitudes qu’un jour nous avançons dans notre quête. Chercher une solution à nos questions ?… c’est le début de notre voyage initiatique ! Le jour où nous serons prêts à nous abandonner en confiance, à lâcher nos certitudes pour tenter de trouver une solution à nos questions: notre vie prendra alors un sens. Combien de couchers de soleil nous aura t-il fallu pour que nous commencions notre propre voyage initiatique ? Nos difficultés, nos peines, nos désespoirs sont les préparatifs indispensables à notre voyage spirituel. Chaque épreuve est un soleil qui se couche avec l’espoir du jour à venir: chaque coucher de soleil nous fait grandir et nous libère, car chaque soleil couchant annonce l’arrivée d’un soleil levant, d’un nouveau jour à venir ! Dans cette idée réside la beauté et l’espoir. Le cinquième jour, le Petit Prince commence à dévoiler son secret. Il y a quelque part, sur sa planète, une petite fleur pleine d’épines, une fleur unique au monde… une fleur qu’un mouton peut détruire. Alors questionne-t-il: « à quoi servent les épines? », « Pourquoi les moutons mangent-ils les fleurs?» Cette fleur unique: il faut tout faire pour la protéger. Par elle, symboliquement, le Petit Prince pose la question du sens premier de notre quête. Quel sens à la vie ? L’Amour est le sens de la vie et nous nous devons de le protéger, tel une rose ! Que dire alors de notre Univers ? Notre vie résulte d’un équilibre si fragile également ! Une faute d’inattention peut tout détruire. Nous sommes dans cet équilibre, nous appartenons au cosmos… n’oublions pas que le Petit Prince nous révèle cela au 5ème jour qui correspond au nombre de la Compagnonne, et à notre 5ème voyage. Celui où est venu pour elle le temps d’aller explorer le monde en voyageant ! Les moutons mangent les roses. Pas bien grave, sauf lorsqu’il s’agit de « notre » rose et qu’elle a pour nous beaucoup d’importance ! Ce qui ne comptait pas beaucoup hier devient crucial aujourd’hui : c’est l’amour que nous lui portons qui a changé notre regard, notre réaction… comme la rose, chaque être peut prendre une valeur toute particulière et unique. Mais revenons au mouton du Petit Prince, celui qui mangeait les baobabs, mais qui par malchance, mangeait aussi les roses… il « semblait être » un ami qui manquait de clairvoyance et ne s’en rendait pas compte ! Sous son aspect doux et soyeux, derrière ses yeux doux, se cache un esprit qui n’a pas atteint l’éveil, qui ne voit pas les choses telles qu’elle sont et ne fait pas la différence entre le bien et le mal. C’est ainsi que l’on créé un désert autour de nous ! Et nous F\M\, sommes nous sûres de faire la différence entre un baobab et une rose ? Pas certain ! Nous n’y arriverons que par le travail sans cesse recommencé et par l’expérience que nous en retirerons. Nous avons toutes une mouton en nous qui détruit les roses et laisse pousser des baobabs… Nos métaux détruisent les roses, tentons de nous en débarrasser! Sinon, tel le Petit Prince, nous pleurerons notre fleur unique, notre rose que nous n’avons pas su comprendre. Nous ne verrons pas l’essentiel des choses et des êtres mais seulement des mirages. Mais c’est normal: le désert produit des mirages !… Ne plus s’abreuver à la source de l’Amour c’est s’assécher, se désertifier. Alors que pénétrer au plus profond de l’être c’est découvrir sa beauté et sa richesse : on y trouve l’oasis cachée... Et il pousse des roses dans les oasis ! Le Petit Prince résume tout en disant « Il ne faut jamais écouter les fleurs. Il faut les regarder et les respirer. La mienne embaumait ma planète, mais je ne savais pas m’en réjouir… Elle m’embaumait et m’éclairait. Je n’aurais jamais dû m’enfuir. J’aurais du deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires ! Mais j’étais trop jeune pour savoir l’aimer». Effectivement, souvent, le temps présent nous échappe, et c’est dans le monde des regrets que l’on prend conscience de ce que l’on possédait. Nomades du bonheur, ne soyons pas aveugles dans les déserts: trouvons les oasis cachées. La vérité est là où l’on ne regarde jamais ! Dans sa recherche de la Vérité le Petit Prince passe de planète en planète sans trouver ce qu’il cherche. La première planète était habitée par un Roi qui pensait régner sur l’univers et disait avec sagesse « Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner ». L’exercice du pouvoir est un art difficile car les attentes de chaque individu sont différentes, et l’uniformité n’est pas la solution ! Tout comme chacune est une pierre, différente, mais tout aussi fondamentale et indispensable à la construction de notre édifice. En ce sens le pouvoir sert à unir les différences. Le Petit Prince ressent bien cela, tout comme il voit que l’idée du pouvoir est illusoire : par exemple il ne peut pas changer le coucher ni le lever du soleil. Nos désirs, nos volontés, nos exigences ne sont qu’illusions. Nous ne sommes gouvernés que par l’ordre de l’Univers, lui seul à le pouvoir et l’harmonie profonde. Le Petit Prince poursuit son voyage. La planète suivante est habitée par un vaniteux plein de solitude. Le vaniteux perd son humilité, perd son humus… et sans lui : plus de terre nourricière. Le vaniteux devient désert, sec. Si notre obligation d’humilité prend son sens, c’est bien sur cette planète stérile. La planète suivante est celle de l’allumeur de réverbères. Travail inutile, puisque constamment dépassé par le temps, et pourtant le Petit Prince dit « Allumer un réverbère, c’est comme allumer une étoile. Eteindre le réverbère c’est endormir l’étoile. C’est une occupation très jolie.C’est véritablement utile puisque c’est joli ». Même si cette activité semble absurde, elle est belle par sa gratuité. Allumer un réverbère c’est comme allumer une étoile dans un temple, la laisser se consumer… sans attente un bénéfice en retour. C’est un acte de don total qui rayonne de beauté dans sa pureté. L’Amour est un allumeur d’étoile: il rayonne et flambe, il n’attend rien, il s’offre. D’ailleurs, si nous sommes dans un désert…. c’est en suivant une étoile que l’on retrouve sa route ! Un géographe habite la planète suivante. Il apprend au Petit Prince que sa fleur était éphémère… et le Petit Prince comprend alors l’impermanence des choses ! Seul l’instant présent est important. Nous le savons le temps fuit, rien n’est permanent ! Enfin la 7ème planète visitée par le Petit Prince était la Terre. Il y trouve un serpent qui parle par énigmes et semble les résoudre. Il était là à son arrivée et sera là à son départ, au bon moment, au bon endroit. Il en va de même des choses qui arrivent quand elles doivent arriver, rien ne sert de vouloir les précipiter. La mort aussi viendra quand le destin l’aura décidé. C’est dans un jardin sec et désertique que se pose le Petit Prince. Mais n’avons- nous pas souvent le désert en nous ? Il n’est pas seulement autour de nous: il est en nous ! Rien ne sert de voyager, de faire le tour du monde: nous l’emmenons avec nous ! Notre désert est lieu de douleur, de souffrance, de silence, de mirage. Mais c’est « notre » désert et nous en sommes responsables. C’est le temps perdu à être aveugles qui le rend si grand, et cela nous est souligné dans la phrase « On est seul dans le désert. On est seul aussi chez les hommes, répondit le serpent». Assoiffées par notre quête, retrouvons la source si bien cachée en nous ! La traversée du désert ne sera qu’un passage, il faudra de la patience, beaucoup de temps… car les déserts sont comme de grands sabliers ! Dans sa fuite le Petit Prince rencontre alors le Renard qui lui transmit un grand secret: il faut savoir apprivoiser les autres, il faut savoir perdre du temps avec eux. Ce n’est pas du temps perdu, il rend unique les choses en les rendant précieuses. -
Apprivoiser: c’est reconnaître la part d’unique de chaque être, c’est
faire briller l’autre par la flamme d’amour L’auteur porte un regard terrible sur le monde des hommes, et chacune des rencontres du Petit Prince est un prétexte pour délivrer un message moral, comme la célèbre phrase: « L’essentiel est invisible pour les yeux. On ne voit bien qu’avec le cœur», et « C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui rend ta rose si importante. Tu es responsable de ta rose». Cela nous rend toutes solidaires et responsables les unes des autres. Le Petit Prince a trouvé son secret, sa source, lorsqu’il dit « Ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puits quelque part ». L’eau de ce puits est bonne à partager en fraternité avec ceux qui vous accompagnent pour retrouver votre rose. Pour boire de cette eau il faut se courber, se pencher vers la terre, humblement, cette eau se gagne car elle est profonde. Elle n’est pas un dû, elle est une récompense ! C’est avec force et persévérance que l’on pourra puiser cette eau, il faut d’abord descendre pour que l’eau monte dans un puits ! Cela n’évoque pas pour vous notre fil à plomb… ? Le bonheur est souvent si proche, si quotidien qu’il en devient invisible. Tel le Petit Prince dans son désert, apprenons à découvrir et à écouter, les yeux du cœur bien ouverts. Ce que l’on cherche bien loin est bien enfoui en nous, à nous de le découvrir, de le soigner telle la rose. Mais tout voyage a une fin: cela fait un an que le Petit Prince était sur Terre. Sa planète est juste au dessus de lui, à la verticale: c’est le solstice ! Plus de ténèbres: la lumière brille, le cycle est terminé. Il sait maintenant que l’important est « aujourd’hui », son bonheur était si proche, si quotidien, qu’il en devenait invisible ! Son voyage dans le désert lui a permis de se découvrir, les yeux de son coeur se sont ouverts, et c’est à ce moment là que le Petit Prince a compris que ce qu’il était allé chercher très très loin, à mille milles de toutes terres était à ses pieds et embaumait sa planète. D’une
morsure acceptée le serpent a permis au Petit Prince de rejoindre sa
rose pour des temps sans fin. Son corps n’a pas d’importance, c’était
le tabernacle de son âme emplie d’Amour. Mes SS\, vous êtes toutes un Petit Prince qui possède un trésor, et vous traversez mon désert. Si vous êtes mon Renard je saurais vous écouter et vous comprendre, si vous êtres ma rose je saurais vous voir avec le cœur, si vous êtes mon allumeur de réverbères vous éclairerez mon chemin. Je sais à présent que toutes les roses sont importantes ! M\S\ |
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