Obédience : NC | Loge : NC | 18/02/2010 |
Prenez place mes Frères Travail réalisé et lu par trois FF EB Il n’est pas encore midi. L’intérieur de l’espace est encore sombre, seule brille une petite lueur loin là-bas. Il est midi moins trois et tout est là. Maillet puis « prenez place mes frères ». Cela fait partie de ces petites phrases qui semblent être insignifiantes et qui ne retiennent pas forcément l’attention. Pourtant supprimons les et que devient la tenue ? Ces petites subtilités qui parfois nous échappent et font qu’en un instant, tout bascule. Nous sommes dans le temple même si celui-ci n’a pas encore été ordonné et sacralisé. Bientôt « nous aurons l’âge et il sera l’heure » et le VM nous convie déjà à nous préparer à changer de dimension. Le passage vient de s’ouvrir. DL
Prenez place, mes frères Première phrase du rituel d’ouverture Elle ouvre la tenue Et nous dit Prenez Prenez la place Qui vous est offerte Qui vous est due Qui vous est réservée Ce qui vous revient La place de votre devoir Votre place de pierre taillée Interchangeable Mais aussi unique Personnelle Et vivante Prenez car vous devez Venir Vouloir Vous avancer Vous engager Et chaque jour a nouveau Acte libre et volontaire On vous le propose On vous le demande On vous en donne Et l’ordre Et la possibilité Place Espace Poste office fonction Mais quelle est ma place Celle que je prends Celle qu’on me donne Celle que je dois… MW Prenez place peut se situer sur trois niveaux de lecture ; un niveau matériel ou pratique, un niveau philosophique, et un niveau initiatique. DL
Au niveau pratique A « êtes-vous FM ? » on répond « mes FF me reconnaissent comme tel » Ce qui implique une place dans la loge, dans le rituel Dans notre communauté Mais aussi dans nos cœurs Et place dans un espace Un espace ordonné Ordonné dans le temps Dans l’espace Dans le sacré bientôt Jamais au hasard A tel office A telle fonction Sur telle colonne Près d’untel En première Ou deuxième ligne MW Chez Aristote, au niveau philosophique, il y a un concept particulièrement important, celui du TOPOS. Il signifie « lieu », et ce n’est pas dans un sens indéterminé. Le topos, chez Aristote, c’est le lieu propre de chaque être dans l’espace. Selon lui, chaque être a son topos dans le tout, un topos exclusif qui lui appartient de plein droit. Je cite « Il suffit d’être qcq part pour être » Pensons à l’inverse, à ce que disent les désespérés : « Je n’ai plus de place au monde ». N’avoir plus au monde de place déterminée, sa place, son lieu à soi, n’avoir plus, peut-être, qu’une place quelconque, arbitraire, indifférente, substituable. Être n’importe où est synonyme de désespérance. Ce concept aristotélicien n’est possible que, parce que du temps d’Aristote, l’espace tel qu’on se le représentait généralement était fermé et hiérarchiquement structuré et la terre en occupait le centre. Le plus à l’extérieur et le plus haut se trouvait la voute parfaite des étoiles fixes. La voutes des étoiles était le domaine de la perfection, elle n’était pas soumise à la fragilité des choses terrestres. Quand on parlait d’en haut, cela signifiait supérieur. L’espace était différencié et dans cet espace hiérarchiquement articulé, chaque être avait sa place, son lieu. Que se passe t-il depuis la Renaissance (Galilée, Copernic) ? L’espace d’Euclide devient l’espace de l’univers, celui de la géométrie. C'est-à-dire un milieu vide, mais homogène, infini, indifférencié, et dépourvu de tout centre privilégié, identique en chacun de ses points. Dans cet espace réel, les hiérarchies s’effacent, en haut, en bas, les sphères célestes, les étoiles fixes immortelles, tout cela se dissout dans l’homogénéité infinie. Le monde lui-même devient infini et homogène. Il ne contient plus de topoi (pluriel de topos), plus de lieux propres à tel ou tel être. Tous les lieux se valent. Personne n’a plus sa place. Au niveau initiatique, nos pères fondateurs, au 18ième siècle, ont ressenti le besoin de redonner un lieu, un espace, un centre à ceux qui prennent le chemin. C’est pour moi le sens de « prenez place mes FF ». La première phrase d’un rituel initiatique n’est pas innocente, elle n’est pas là pour faire joli. C’est, à ma connaissance, la première phrase à tous les degrés qui pratiquent une ouverture des travaux. Un nouveau degré implique de nouveaux symboles, un nouvel environnement, une nouvelle initiation etc. Notre place d’initié est donc évolutive, car notre chemin est progressif. C’est la définition même de la méthode maçonnique qui est illustrée là. Nous pouvons le constater, aux 3 premiers degrés, le grade détermine la place. Les Apprentis sont au nord, les Compagnons au midi, les Maitres partout. DL
Toujours au niveau initiatique Prenez place, en place pierre ajustée Prenez, c’est un acte volontaire Entrez en scène, la pièce va commencer Mes frère êtes vous là, notamment les 7MM nécessaires Êtes-vous bien placés, « en vos grades et qualité » Sommes nous ff apprentis et plus ? Avons-nous l’age en un mot La loge est elle orientée, et fermée Si tout est conforme au rite nous invoquerons le GADLU et ouvrirons les travaux Comme le niveau initiatique et le niveau pratique sont plus liés qu’on le croit, notre place comme apprenti n’est pas seulement sur la colonne du nord pendant les travaux, elle est aussi lors de l’installation du temple et des instructions, dans les travaux d’entretien, la salle humide et les réunions familiales ; elle est aussi dans le temps que l’on consacre à méditer, lire, écrire, comparer, interroger les maîtres sur des points obscurs. Le travail est commencé, il ne s’arrêtera qu’avec notre mort sauf si nous voulons renoncer au travail en communauté ; il y a partout une place pour un FM dans le monde ou, dans un atelier de la GLDF ou d’une autre obédience on lui fera une place MW Toujours au niveau initiatique deux faits préexistent avant l’ouverture des travaux prononcée par ce « prenez place » : Premier fait Tout d’abord, au premier degré : le cabinet de réflexion, pour prendre place il faut se connaître sois même. C’est un des commencements fondamentaux. Il faut comprendre, définir la place, son lieu intérieur. Bien sur (signifiant-signifié) on est à la fois celui qui va prendre place et en même temps la place. (Idem que le concept de la pierre à tailler et le tailleur de pierre) C'est-à-dire une entité extérieure avec des aspérités qui va gagner son enveloppe juste, traduisez : devenir un homme Vrai. La recherche de la Vérité commence, bien sur, par là ! EB Deuxième fait ; avant toutes les ouvertures de travaux, une étoile brille sur le plateau du VM. Ainsi, quand nous entrons dans le temple tout est là. Même la lumière. Surtout la Lumière car elle brille à l’Orient alors que tout n’est que chaos. Non pas le rien mais le chaos. Mais le Verbe est là. « Prenez place mes Frères » nous allons ordonner le chaos et créer le monde. Rien que ça… pas mal comme programme quand même. C’est donc la première étincelle d’ordre qui va apparaître dans le chaos profane environnant. Nous avons, juste au préalable, laissé nos métaux à la porte du temple et cet ordonnancement du temps, de l’espace et de l’esprit va être le catalyseur de la réaction de transmutation de l’individu. Cette réaction n’étant possible, bien sur, que grâce à la préexistence de la Lumière en dehors de nous mais aussi en nous. Manifestée ou non elle est là et elle représente ce lien invisible qui donne une cohésion au monde. Elle est aussi cette parcelle d’éternité et ce iota divin que nous avons tous en commun et qui nous uni. Au final, ce passage du temps profane au temps sacré, cette modification de notre environnement physique et symbolique va entrainer une mise en condition des Frères, une augmentation de leur sensibilité à ce qui ne peut être décrit. DL On retrouve la double préoccupation entre prenez (action) et place (réflexion, quelle est ma place légitime et pourquoi) Je sais qui je suis et quelle est ma place et j’agis en conséquence) Je ne sais ni lire ni écrire je ne sais qu’épeler, donnez moi la première lettre et je vous donnerai la seconde ; on pourrait transcrire en donnez moi une place et je consoliderai notre mur ; pour l’apprenti on pourrait dire aider moi à tailler ma pierre pour qu’un jour pierre cubique je puisse entrer dans le mur que notre ordre construit et ainsi participer à l’édifice On pourrait tout aussi bien dire aidez moi à t&ailler l’intérieur de ma pierre pour en dégager la lumière EB Même si toutes les places ne sont pas interchangeables, chaque frère peut avoir la possibilité à un moment donné d’occuper telle ou telle d’entre elles. Chaque pierre est unique et pourtant chaque pierre participera également à la construction de l’édifice individuel et commun C’est cette notion d’égalité fraternelle qui va nous servir de base, de socle, de base fondamentale Nous travaillons pour nous mais également l’un avec l’autre et certainement plus encore l’un pour l’autre. Il est vital que nous assistions les FF :. Dans la recherche de leu propre place comme eux le font pour nous. Ce sont ces sentiments d’altérité et d’empathie qui serviront de ciment à notre édifice. « Prenez place mes FF » et établissons ensemble ce socle, préparons et assemblons nos pierres que nous unirons enfin pour poursuivre l’œuvre. « Prenez place mes frères » éveillons notre énergie créatrice et poursuivons notre évolution du vieil homme au frère. Certes chaque frère à une évolution qui lui est propre en intensité et en vitesse mais justement partageons, confrontons, échangeons pour que notre aventure humaine soit profitable à tous. Pour que la place que nous nous trouvons nous enrichisse conjointement. Prenons place mes frères et entrons dans les voies qui nous sont tracées… MW Dans le cadre forcement étroit de cette planche nous avons volontairement éludé de nombreux aspects, de nombreuses possibilités engendrées par cette phrase, en espérant que ces oublis donneront du grain à moudre à notre débat. Ainsi au plan pratique nous aurions pu traiter des déplacements en loge pour prendre place, déplacements dextrogyres, en marquant les angles. Prendre (une) place c’est prendre un bien matériel (un ticket) donnant accès à un spectacle. Ce spectacle, nous en sommes à la fois acteur, spectateur mais aussi la personne qui en permet l’accès. Au niveau philosophique, nous aurions pu nous demander pourquoi prendre sa place ? Avec comme réponse qui semble évidente pour nous FM : pour transmettre. Sachant que pour transmettre il faut être parfaitement situé. Nos amis anglophones ont une phrase qui résume tout « the right man in a right place ». Autre interrogation philosophique : Être à sa place indique une immobilité, un non mouvement. Ce n’est pas compatible avec une progression initiatique. Tout homme en mouvement serait-il privé de place ? Autre interrogation induite par la précédente, notre phrase titre est-elle un commencement, une finalité ou le chemin ? Peut-elle être les trois ? Au niveau initiatique: La première place du nouvel initié, comme néophyte, est dans la chaîne d’union. C’est à cette place qu’il recevra la lumière. Toujours au niveau initiatique demandons-nous quelles Vertus (grand V) permettent-elles de prendre place ? Foi, Charité, Espérance ? Ou plus simplement une vertu (petit v) telle l’humilité ? N’oublions pas que l’initié est placé genoux à terre pour être adouber FM. Autant d’interrogations, autant de planches, à vos stylos mes FF ! DL
Au niveau philosophique aussi Derrière le prenez place Se cache l’interrogation delphique Connais toi toi-même et tu connaîtra l’univers et les Dieux Essayez vous un peu à cet exercice Qui suis-je Un nom un prénom une filiation Un métier, une famille Des qualités des défauts Ce que lion dit de moi Ce que je crois être Ce que je voudrais qu’on dise Bien sur, un peu tout cela Mais qui suis je En connaissance Non en savoir … Aussi incertain et flou que la liberté La vérité… Alors ici parmi mes FF Je suis moi et me reconnaissant FM Il m’attribue une place Nous sommes ici Pour chercher Recevoir et transmettre Et nous sommes aussi ce que nous voient Et nous perçoivent nos FF Plus tard Nous serons ce que les autres auront retenu De nous Une sagesse indienne dit « apprend aux autres ce que tu sais C’est a peu près la seule façon pour un homme d’être éternel » Pensons aux initiés de toutes les grandes traditions spirituelles Dont nous citons encore les pensées Je pense à Luc Joye et Jean Gachignard Et me promet d’essayer de vous passer ce qu’ils m’ont appris Au jour de grand doute Dans la solitude Que vous laisse la mort, le désamour L’abandon, l’oubli Nous autres maçon Nous pouvons nous dire Dans mon atelier j’ai été Et j’y avais une place Et à chaque tenue Je suis moi A ma place EB Nous avons dit VM. E\ B\ - D\ L\ - M W\ |
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