Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
La Femme Africaine Franc-Maçonne Voilà 20 ans déjà que vous avez conduit, avec nous, Fleur des Temps sur les fonds baptismaux ; par cet acte posé un jour de Février 1981, vous inscriviez à jamais le TOGO en lettres d’or dans l’histoire de la Franc-Maçonnerie Féminine du Continent Africain : la 1ère Loge Maçonnique exclusivement Féminine allumait ainsi ses feux, FLEUR des TEMPS est née. En ce jour heureux de la commémoration de cet événement historique, il n’est guère surprenant que le thème de notre réflexion de ce soir soit axé sur la Franc-Maçonne, spécialement LA FEMME AFRICAINE FRANC-MACONNE, avec toutes les implications qui s’imposent à elle à ce titre. Car nous disons toujours : « ô mou tona gba béna ô », en d’autres termes « on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau » ; nous devons assumer notre appartenance et faire rayonner la lumière reçue. Mais d’abord, FEMME qui es-tu ? L’un des deux pôles de l’humanité, l’homme en étant l’autre ; et tout comme l’homme, la Femme est un être humain spécifique cependant de par sa morphologie, son anatomie, sa destination, ses sentiments, bref son essence même. Mon objectif n’est pas de chanter, ici, un hymne en l’honneur de la Femme, mais simplement rappeler ce qu’elle est et qui souvent semble oublié. Au moment de la création, l’Eternel Dieu savait exactement ce qu’Il faisait quand Il a créé l’homme avec un besoin précis d’une compagne qui soit son vis à vis, car « il n’est pas bon que l’homme soit seul ». C’est pour cela qu’après avoir fait tomber sur l’homme un sommeil mystérieux, le Seigneur prit une de ses côtes, créa la femme et la lui amena ; ce dernier en la voyant s’écria : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ». Voilà ce qu’elle est : l’os de ses os, la chair de sa chair. L’objectif du Seigneur était alors atteint au-delà de son attente : l’homme était plus que satisfait de ce don précieux dont Il l’a gratifié, il était heureux, et vous serez d’accord avec moi si j’affirme qu’aujourd’hui encore il l’est toujours. Car Dieu l’a si parfaitement modelée que la Femme est pour l’homme « la cerise qui manquait sur son gâteau », « l’épice qui lui donne le goût à la vie » ; sans cette particularité qu’elle est, le monde serait terne, sans aucune variété, ni bonheur ; sa simple présence engendre une atmosphère de chaleur, de couleur, de gaieté. Dès les origines de l’humanité donc, l’Homme et la Femme, issus d’une même chair, ont été créées dans le but précis de se compléter en ne formant qu’une seule chair, dont l’homme est la tête et la femme le cœur : il a, pour lui, la force physique, à elle la force morale ; il édifie la forme et elle la remplit ; il gouverne le bateau, elle prend soin des passagers ; il est le foyer, elle en est la flamme qui brûle à la fois d’amour, de tendresse et de douceur ; son âme a été façonnée de telle sorte qu’elle contient, à l’instar des trois piliers qui soutiennent le Temple Maç :., toute la Sagesse, toute la Force, toute la Beauté, c’est-à-dire toute la puissance intérieure utile dont elle a besoin pour jouer pleinement son rôle aux côtés de l’homme. C’est d’ailleurs pourquoi il est écrit dans les Saintes Ecritures que c’est l’homme « qui quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (Genèse 2, 18,24).. C’est conscient de toutes ces aptitudes dont l’a dotées le GADLU, que Jean Rostand écrit à son sujet (je cite) : « le sexe fort, c’est la Femme… » (fin de citation). La Femme Africaine, plus que toute autre, n’est en rien différente de l’Eve originale ainsi décrite si ce n’est par la couleur de sa peau, le crépu de ses cheveux et le fait qu’elle habite le plus vieux Continent du Monde qu’est l’Afrique. 1. Quelle place occupe-t-elle dans nos sociétés ? Parce qu’elle est à la fois l’épouse, la mère, la sœur, la tante, la grand-mère…, celle qui donne la vie, éduque et donc initie, la Femme Africaine est avant tout gardienne de la Tradition, cette Tradition qui est la base même de la vie sociale en Afrique et qu’elle a le devoir de perpétuer en la transmettant à la descendance. C’est à ce titre qu’en Afrique, la Femme, même celle qui est illettrée, a toujours pris une part active à tout ce qui touche à la vie de la famille, du clan, du village, de la nation, du Continent. Elle est présente sur tous les fronts : elle pèse très lourd dans l’économie des pays (nous avons tous encore en mémoire les légendaires Nana Benz du Togo) ; le social lui appartient ; en politique, elle est aux premières loges… Rien n’arrête la Femme : dans les années 60 pendant la lutte pour les Indépendances et dans les années 1990 pendant la lutte pour l’instauration de la Démocratie, vous l’avez tous vue se battre aux côtés des hommes, parfois même prendre les devants, initier des actions. 2. Qu’en est-il de sa lutte pour son émancipation ? Cependant, malgré tout cet actif d’avant-gardiste de bon aloi, elle reste et demeure une ouvrière de l’ombre ; la lutte pour son émancipation, qu’elle a amorcé timidement à partir des années 60 sur le Continent, est toujours encore de nos jours au stade embryonnaire, les préoccupations de l’heure étant beaucoup plus politiques : il s’agit d’instaurer des Etats de droit dont l’avènement serait, pour elle, très certainement d’un grand secours dans cette lutte. Nous savons tous qu’en Afrique, les us & coutumes, qui ordonnent la vie familiale et sociale, ont longtemps maintenu et continuent d’ailleurs de maintenir la Femme dans un état d’infériorité permanente par rapport à l’homme. C’est ainsi que : · cette dernière se retrouve avec toute la charge du travail domestique qui est énorme, ce qui engendre la surexploitation de son temps de travail (15 à 17 heures par jour) : elle cumule tâches ménagères, éducatives, corvées de bois, d’eau, du pilon, production gratuite de biens alimentaires… A ce travail domestique déjà considérable, la citadine ajoute un travail à l’extérieur, et la paysanne un travail dans les « cultures de rente » (cultures pour l’exportation : coton, cacao…) souvent mal payé (par rapport aux hommes) ou carrément non payé. · Elle doit également subir des violences présentes sous la forme du mariage précoce et forcé des jeunes filles, des grossesses précoces d’adolescentes avec leurs conséquences socio-économiques et sanitaires, de la polygamie (légale ou pas), l’exigence de la dot, la répudiation, la réclusion, et même de plus en plus le meurtre gratuit d’épouse… · Tant en milieu rural que citadin, peu de considération est accordée à la Femme, reléguée toujours au dernier plan dans les instances de prise de décision politique, administrative, économique, dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la formation, de l’alphabétisation, dans celui du foncier ; et, souvent à compétences égales, elle vit des inégalités de traitement dans le milieu professionnel où tous les privilèges sont accordés aux hommes dans les nominations aux postes de responsabilité, etc… Mais, la Femme Africaine du 3ème Millénaire a compris que « l’infériorité naturelle » dont on l’affublait, liée plutôt à ses faiblesses physiques, à ses fonctions maternelles, ne justifie plus la suprématie de l’homme. C’est pourquoi, consciente de l’importance de ses rôles de mère, d’épouse, d’éducatrice, d’initiatrice, consciente surtout qu’elle n’est en rien inférieure à l’homme, mais plutôt qu’ils se complètent tous les deux, elle est plus que jamais décidée à se battre pour son émancipation sur tous les plans, afin de mieux se mettre au service de la Nation et lutter pour la dignité humaine, ce droit inaliénable qui rend réelles la Liberté, l’Egalité et la Fraternité pour tous. Vous voyez donc que la Nation ne peut être sans la Femme. Ces propos de Rousseau (dans son allocution à la République de Genève ouvrant le « Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité entre les hommes ») ne dépeignent-ils pas les vraies valeur et place de la Femme dans la Nation : (je cite) « Pourrais-je oublier cette précieuse moitié de la République qui fait le bonheur de l’autre, et dont la douceur et la sagesse y maintiennent la paix et les bonnes mœurs ? » Cette citation doit être pour nous tous, hommes et femmes, source d’inspiration pour une meilleure appréciation du statut de la Femme dans la Cité. Depuis 1990, le vent de démocratisation des systèmes de gouvernement et d’instauration des Etats de droit qui souffle sur presque tout le Continent, a amené la population féminine africaine, même celle des profondeurs, à une véritable prise de conscience de ses droits légitimes (les devoirs, elle ne les connaît que trop bien) et à des réactions et bouleversements très constructifs pour son émancipation ; cette Perestroïka est, pour elle, une précieuse alliée dans la mesure où elle lui permet, depuis lors, d’initier des actions concrètes et mettre sur pied des instruments de défense de ses droits, tant au plan continental que mondial sous l’égide de rencontres internationales, forums, séminaires, autres tables rondes (nous citons pour exemple la Conférence régionale africaine sur les femmes dont la 5ème s’est tenue à Dakar 1994, la Conférence Mondiale sur les femmes dont la 4ème n’a eu lieu à Beijing qu’en 1995 alors que la 3ème s’était tenue 10 ans plus tôt à Nairobi). Et un coup d’œil en arrière nous permet d’apprécier le combat qu’ont dû mener les femmes européennes pour parvenir, aujourd’hui, au stade où elles sont pour ce qui concerne leurs conditions de vie, leurs droits, etc… et de constater qu’en Afrique, le combat des Femmes n’est qu’à son stade primitif. 3. La Femme Africaine Franc-Maçonne Cependant, nous les Africaines qui avons le privilège d’être FF\ MM\ ., nous avons l’espoir d’un avenir meilleur pour nous toutes sur le Continent, malgré les obstacles auxquels nous devons faire face. Aussi il serait judicieux que nous fassions un petit bilan de notre vécu à notre Orient en tant que FF\ MM\ de la GLFF (Obédience exclusivement féminine) et surtout de ce que nous a apporté la Franc-Maçonnerie. · Sommes-nous acceptées en tant que telles ? - Dans les milieux profanes, la Franc-maçonnerie porte toujours une aura diabolique ; pour cette raison et par discrétion maçonnique, l’extériorisation des Francs-Maçons n’est pas possible ; nous sommes donc pratiquement inconnues ; sans oublier que nous sommes avant tout une association à caractère initiatique et donc interdite de tout prosélytisme. - Dans les milieux maçonniques, nous vivons deux formes de rejet : il y a ce rejet collectif par certaines Obédiences qui, jusqu’à ce jour, refusent l’initiation des femmes en Franc-Maçonnerie ; puis il y a ceux de nos Frères qui, par conviction personnelle, bien que notre existence soit connue et reconnue par leurs Obédiences, nous tolèrent plutôt en tant que telles, avec condescendance ; pour ceux-là, machos invétérés, c’est à peine si nous ne profanons et le Temple et la Franc-Maçonnerie même, qu’ils considèrent exclusivement réservés aux hommes ; c’est à tous ceux-là surtout que nous nous adressions en définissant, plutôt en rappelant ce qu’est la Femme dans notre introduction. · L’illettrisme patent de nos populations féminines constitue un handicap majeur pour notre percée dans la mesure où toute candidate doit forcément avoir une instruction de base qui lui permettrait d’accéder à notre instruction, notre documentation, nos Rituels, etc… et produire des travaux. · Que nous a apporté la Franc-Maçonnerie ? - Un enrichissement très certain grâce à nos différences tant individuelles que sociales, professionnelles, ethniques, raciales…. - Une prise de conscience réelle de la force que nous sommes en tant que Femmes, de ce que sont nos droits par rapport à notre rôle et notre vraie place, en tant que l’un des deux Pôles sur lesquels repose l’Humanité. - Un épanouissement certain dans la mesure où nous sommes rassurées du bien-fondé de nos revendications sur le plan profane, de Liberté et d’Egalité, la Franc-Maçonnerie ayant pour devise et acclamation solennelle : LIBERTE-EGALITE-FRATERNITE. - Une volonté déterminée de lutter et d’œuvrer, par nous-mêmes les femmes, pour nous affirmer en tant que citoyennes à part entière. Qu’avons-nous fait, en tant que Francs-Maçonnes Les problèmes que rencontre la Franc-Maçonne Togolaise sont pratiquement les mêmes, à une variante près, que ceux des Francs-Maçonnes des autres pays du Continent. Aussi ne pouvant agir à visage découvert, nos SS :. oeuvrent activement, sans dévoiler leur appartenance, au sein d’associations caritatives, de clubs service, etc…pour promouvoir le bien-être de la Femme, de l’enfant et de l’être humain en général, tant en milieu rural qu’urbain, bien-être sans lequel aucun développement durable n’est possible. Nos SS. de Fleur des Temps sont donc à pied d’œuvre dans les Clubs-service tels que le ZONTA, le LION’s Club, le SOROPTIMIST, Club Saint Jean de Dieu, etc… Elles sont membres actives du Groupe de réflexion d’action Femme, Démocratie & Développement (GF2D), association purement féminine qui se bat pour la promotion et la protection des droits de la Femme. Elles sont Fondatrices de AHUEFA (Association Humanitaire pour l’Union et l’Education des Femmes à l’Auto-Promotion), de P.M.S.- Togo (Pour un monde solidaire). CONCLUSION Mes FF\ & mes SS\, nous les Femmes Africaines FF\ MM\, qui sommes, de par notre appartenance, femmes de l’espoir, mémoire du passé, du présent et du futur, nous avons le devoir et l’obligation de nous investir à fond dans ce combat de la Femme Africaine et de le mener à bien. Pour ce faire, nous avons compris que notre voie de salut se trouve dans notre cohésion, que par delà les frontières, il nous faut êtres solidaires ; c’est pour cela que nous demandons à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté que nous sommes en tant Francs -Maçons et Francs-Maçonnes, de constituer une véritable chaîne de solidarité dans la complémentarité. L’un des principes fondamentaux de la F\M\ est d’enseigner aux êtres humains à s’aimer, à s’entraider et à s’associer pour vivre en parfaite HARMONIE. Cette HARMONIE ne peut se réaliser que si nous, Francs-Maçons, y oeuvrons effectivement. Vous et nous sommes les deux Pôles de l’Humanité et, de surcroît, Francs-Maçons ; ensemble alors, unissons-nous afin que la Lumière qui éclaire nos travaux en Loge illumine nos œuvres profanes pour qu’enfin la PAIX puisse, un jour très proche, régner sur notre chère Terre, la JOIE être dans tous les cœurs et l’AMOUR régner parmi les hommes. Y\ A\ |
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