Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
La Grande Loge Féminine de France « Si tu refuses ton propre combat, on fera de toi le combattant d’une cause qui n’est pas la tienne », ainsi parlait Ronsard à l’aube de la première Renaissance humaniste de l’Occident. Notons que cette Renaissance, qui précéda de quelques siècles celle des Lumières, ne fut pas la première à reconnaître le principe de responsabilité individuelle de l’être humain, quel que soit son sexe. Confucius dans son « pari sur l’homme » l’annonçait déjà dès le VIII siècle avant J.C. s’inspirant de la philosophie du Yijing datant, elle, des « Royaumes combattants » (403 - 256). Nous connaissons tous le célèbre diagramme circulaire dans lequel s’inscrivent deux figures géométriques, harmonieusement imbriquées, le Yin et le Yang, et représentant les principes féminin et masculin. Elle symbolise l’alliance combinée des deux principes indispensables à la Vie sur terre (1). De tout temps et dans toutes les cultures en effet à de rarissimes exceptions près (les Touaregs ou les Iroquois par exemple, où le matriarcat prédomine), la femme a été réduite au rang inférieur de l’humanité, sinon à celui de bête de somme. Et il aura fallu attendre Aragon pour entendre dire enfin que : « la femme est l’avenir de l’homme ». Heureusement, de notables exceptions ponctuent l’Histoire. Nous ne citerons que Marguerite d’Angoulême et Catherine de Médicis ou bien Hildegarde de Bingen et Christine de Pisan. L’histoire Forte de douze mille membres travaillant au sein de 363 loges, la Grande Loge Féminine de France est la première obédience féminine dans le monde. Elle a octroyé leur charte à plus d’une quinzaine d’obédiences féminines étrangères. Fidèle aux valeurs issues de la Révolution française et aux respects des droits de l’être humain, sa devise est : Liberté, Egalité, Fraternité. Créée officiellement en 1952, ses origines sont anciennes. L’adage de Ronsard en est le credo. Cependant ceci ne veut pas dire replis sur soi-même, mais création d’un espace où la personnalité d’une femme puisse éclore et s’épanouir en toute liberté, permettant à chacune de celles qui le souhaitent de prendre conscience de son identité féminine et de sa responsabilité dans l’accomplissement de son rôle de femme. D’abord sous la forme d’une maçonnerie d’adoption au XVII siècle, elle disparaîtra pendant la période révolutionnaire, puis soutiendra l’Empire comme le feront les loges masculines, pour prendre enfin leur véritable essor à la fin XIX siècle à l’instigation de militantes révolutionnaires comme Louise Michel, figure emblématiques sous la Commune, Flora Tristan ou Maria Deraismes protagoniste des droits de la femme au XIX siècle. Les événements qui précédèrent et suivirent l’initiation de Maria Deraismes valent qu’on les rapporte. La « Grande Symbolique Ecossaise » obédience à laquelle était affiliée la R.L. « Les Libres Penseurs », régulièrement constituée, avait décidé de l’initier. La GLSE considérant cette initiation contraire à ses statuts refusa de donner son aval. La loge décida aussitôt de proclamer son autonomie le 9 janvier 1882 et initia Maria Deraismes cinq jours plus tard, le 14 janvier. Maria Deraismes, soucieuse de ne pas causer d’ennui aux frères de cet atelier et pensant sans doute que la liberté avait ses limites, se retira bien vite des « Libres Penseurs » qui réintégrèrent la GLSE. Elle ne cessera, dès lors, aidée de Georges Martin, féministe convaincu, de lutter pour une véritable reconnaissance des femmes en franc-maçonnerie, aboutissant en avril 1893 à la première obédience mixte : Le Droit Humain. Ce ne sera toutefois que le 17 septembre 1945 que le Convent de la Grande Loge de France abrogera la constitution de 1906 et permettra aux sœurs de créer une obédience féminine indépendante. Maria Deraismes fut l’organisatrice, en août 1878 du premier « Congrès international du Droit des femmes ». La Constitution L’article 1 de la
Constitution de la GLFF dit ceci : « La
recherche constante et sans limites de la vérité
et de la justice dans le respect d’autrui, afin de contribuer
au perfectionnement de l’humanité
».
Ainsi, la GLFF travaille-t-elle selon des règles d’éthique définies et conciliables avec les impératifs de toutes les autres obédiences maçonniques. Certes, la référence au GADLU n’est pas une obligation telle que celle-ci apparaît dans les obédiences dites régulières ou encore celles qui, sans l’être au sens britannique du terme, respectent le principe des « trois Grandes Lumières ». En fait, la question ne se pose pas en ces termes, car la réponse entendue de la part de la Grande Chancelière, Jeannine Chambon Fontaine, en présence de la TRGM Denise Oberlin fut celle-ci : « On fait comme on veut ». La discussion reste ouverte – nous n’y entrerons pas - et beaucoup de francs-maçons peuvent regretter que ce ne soit pas une obligation. Pour autant, la « recherche spirituelle » est présente. Elle figure noir sur blanc dans les Constitutions. La pensée et la pratique de la GLFF. Laissons ici répondre Jeannine Chambon Fontaine, Grande Chancelière de la GLFF : MW – A quel type de travaux vous livrez dans vos loges ? JCF - Nos travaux ne diffèrent guère des travaux des loges des obédiences masculines ou mixtes, mais la façon de traiter ces sujets procède d’une sensibilité différente de celle des hommes. Elles apportent un éclairage complémentaire. Ces travaux sont naturellement axés sur le symbolisme, la philosophie, l’histoire. En voici quelques exemples : « Enseigner un enfant n’est pas remplir un vase mais allumer un feu ; Faute d’avoir construit la monde avec humanisme, on est réduit à faire de l’humanitaire ; L’intégrisme ne commence pas où la bombe explose, mais où la pensée se fige ». MW – De quelle
manière procédez-vous pour recevoir les profanes
qui frappent à votre porte. Les engagements européens et le Droit de la Femme On doit rappeler en effet qu’à l’occasion d’un récent colloque, après un rappel historique de l'IME, la TRGM Denise Oberlin a exposé les attentes sur le rôle de l'Institut Maçonnique Européen de la GLFF dans le contexte des relations avec les autres obédiences maçonniques et le rôle de leader quelle ambitionne pour l’obédience dans la représentation de la maçonnerie féminine auprès des instances nationales et européennes pour défendre les valeurs, en particulier la Laïcité, et participer à la défense des Droits des femmes toujours menacés par la montées des extrémismes. Une partie du bureau est donc chargée de mettre en place les outils de communication, un comité de lecture pour la constitution d'un fond documentaire avec des TT qui ont déjà été produits sur les sujets évoqués par les Loges et les commissions ; lettres aux élus (députés nationaux et/ou européens) pour présentation de l’organisme et interrogation sur leurs attentes. MW – Ne craignez-vous
pas qu’on voit dans ces diverses initiatives une tendance au
féminisme, à tout le moins une
féminisation activiste de la société. La mixité Ce débat, entrepris depuis longtemps, ne cesse d’alimenter les conversations et semble, finalement, ne pas avoir lieu d’être. Savoir si des femmes et des hommes peuvent participer en commun à l’élaboration d’un projet de société est absurde tant il est évident que la réponse est oui. En revanche, savoir si femmes et hommes doivent participer au même type d’initiation maçonnique est une autre affaire laissée à la sensibilité de chacune et de chacun et à laquelle nous nous interdisons de prendre part. La Grande Chancelière, Jeannine Chambon Fontaine, répond explicitement aux questions posées à ce sujet : MW - Dans le fond, vous
n’avez rien contre la mixité. Pour conclure… L’opprobre apparent jeté sur les femmes exclues de l’institution maçonnique originelle, celle de 1717, procède davantage de mœurs britanniques séculaires que d’une quelconque misogynie. L’interdiction d’accepter des femmes dans les « clubs » britannique est d’ailleurs devenue illégale. Souvenons-nous de cette séquence du film « Out of Africa » où l’héroïne dont le courage et l’abnégation avaient fait l’admiration de tous était, à la veille de son retour en Europe, invitée dans un club fermé aux femmes, afin que chacun puisse « lever son verre » en son honneur. En outre, il y a toujours des exceptions à la règle. Rappelons enfin que le 8 avril 2010, le Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France a tranché. Citons le : « la Constitution et le Règlement général du Grand Orient de France, notre loi commune, n’interdit plus aux Loges qui le souhaitent d’initier des femmes et elle a en conséquence enjoint l’Obédience de régulariser la situation des six femmes initiées depuis 2008 par les cinq Loges ». Aujourd’hui la Société prend - enfin - conscience que la moitié de l’humanité ne peut plus être exclue des décisions concernant son avenir. Quant à la franc-maçonnerie, devrait-t-elle évoluer ? Tout immobilisme toute sclérose est-elle une régression ? Le respect de la Tradition ne risque-t-il pas d’être confondu avec le conservatisme ? Chacun jugera. Notes (1) Observons l’actuel drapeau sud-coréen au centre duquel figure ce diagramme en rouge et bleu entouré dans les 4 angles des 4 premiers trigrammes du Yijing. En partant du haut vers la droite : le ciel, l’eau, le feu, la terre, concept ayant son parallèle grec (Empédocle vers - 460). Le symbolisme de cette figure est simple : Les quatre éléments constitutifs du cosmos encadrent l’union combinée des deux principes féminin et masculin, les colonnes J et B du premier temple. Selon ce principe, la femme est l’égale de l’homme, son alter ego. M\ W\ |
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