GLNF | Loge : NC | Date : NC |
Je
vous
crée,
constitue et reçois... Vous conviendrez qu’il s’agit d’un sujet qui aurait du être traité par un passé VM\, ce me semble, et pour le vécu et d’autres secrets que ne connaît pas encore un MM\ qui n’a jamais été installé dans la Chaire du Roi Salomon. Mais qu’importe ! Chacun travaille à son niveau et peut reprendre son travail à la lumière de son évolution comme de sa connaissance. Le principe, communiqué par le F\ Orateur lors de l’initiation, étant que " le F\M\ ne se donne aucune limite à la recherche de la Vérité " ; il chemine vers... Et c’est bien là ce qui m’a motivé à répondre à l’invite de notre V\M\ quant à ce sujet. C’est aussi parce qu’au cours de mon vécu maçonnique, certes très court au regard de celui de certains FF\ , ici présents, j’ai entendu des approches, des apports qui m’ont interpellé quant à la vision de l’initiation, voire de certains symboles qu’on y trouve, de leur sens profond. En effet, cette phrase incomplète pour l’instant, j’y reviendrai bientôt, me paraît fondamentale pour comprendre que devenir un " initié " est une renaissance. Mais excusez-moi, je n’apprécie pas trop ce terme dans la mesure où il ne traduit pas assez " radicalement " le changement de nature d’être entre un profane et un initié. Peut-on parler de " résurrection ", alors ? Non, plus, quoique....Nous en reparlerons. Ainsi cette phrase et d’autres du rituel d’initiation, d’ouverture et clôture des travaux de la Loge, du rituel d’instruction de l’Apprenti, des outils et des instruments symboliques utilisés sont là pour générer une véritable rupture dans le champ de l’être, dans le champ de sa conscience. Il s’agit d’une véritable dramaturgie mise en place pour rendre à l’humain, ici nommé d’abord profane, l’identité de sa vraie nature et je dirais plutôt l’identification , par soi même, de sa nature essentielle. Mais d’abord, revenons à cette phrase prononcée par le V\M\ : " Je vous crée, constitue et reçois… ". Elle est incomplète car en effet, le V\M\ ne se prend pas pour Dieu, encore moins pour L’église ; la parole exacte est : " je vous crée, constitue et reçois…apprenti F\M\ ". Et là, c’est possible car ce n’est jamais qu’engendrer un changement de nature d’être, de faire la différence d’état entre ce que nous nommons le profane par rapport à l’initié. D’engager l’humain dit " initié " dans une voie de recherche qui le place dans un champ de conscience qui l’invite à découvrir sa nature profonde. Nature intérieure qui se situe au delà des expériences psychologiques, même les plus approfondies, qui l’amène sur " le chemin de la Vérité ", avec un grand V. Et pour ce faire, il faut ce moment clé, d’une création, d’une constitution (ou formation) et d’une réception. Mais pour comprendre, il me semble, cette rupture, il est nécessaire de mettre ce moment clé en perspective avec un amont d’abord :· Que s’est-il passé avant d’arriver à cette parole de création ? · Pourquoi était-il nécessaire d’en passer par là ? Mettre aussi en relation ce moment clé avec un après : · Qu’est-ce qui à changé chez le nouvel initié ? · Qu’est-ce qui à changé pour lui ? Alors, vous allez me dire, après ce long préambule (nécessaire, à mes yeux) : " Venons en aux faits ". Oui, vous avez raison. Mais comme je sais par expérience que votre attention se relâchera d’ici une quinzaine de minutes au maximum, je n’évoquerai que les points qui seront utiles aux lignes de force que je souhaite vous soumettre ce soir. Nul doute que de nombreux apports viendront parfaire cette esquisse. Alors avant cette création, que se passe-t-il dans cette construction dramaturgique ? Ø Premier temps :il s’agit de mort ; mort symbolique certes, mais mort tout de même de l’homme vulgaire, du profane qui frappe à la porte du Temple et qui accepte de tuer en lui " le vieil homme " pour donner vie, plus tard, à cet autre de lui-même qui ne sera plus jamais identique au précédent. Ne dit-on qu’un " initié FM\ " ne peut plus revenir à un état antérieur quand bien même il le voudrait ou le manifesterait…(trois petits points). C’est le cabinet de réflexion. Vous le savez, vous l’avez dit, il y aurait beaucoup à dire sur cette épreuve de la terre. Mais pour nous centrer sur notre propos de ce soir, retenons simplement deux choses : Retour de l’homme à la " glèbe ", de " la poussière à la poussière ", du germe en terre... Ø Deuxième point : la dépouille des métaux sur quoi nous reviendrons plus loin.Ensuite la cérémonie d’initiation s’articule autour de deux temps forts : Ø 1 - Un processus triple d’élaboration / organisation / purification par l’effet des trois autres éléments : souffle / air, eau, et feu. Il ne s’agit pas encore de création mais de processus de conception – différenciation. Ø 2. Puis le néophyte, le " ténébreux ", placé dans la Chaîne d’Union, " reçoit la Lumière " après 3 grands coups de maillet : " Frappez et l’on vous ouvrira " ; Quoi ? La porte du Temple " Cherchez et vous trouverez " ; Quoi ? La Vérité " Demandez et vous recevrez " ; Quoi ? La Lumière. A ce moment, une évolution s’est produite : " les yeux du néophyte se sont dessillés ", spécifie notre rituel. Cette évocation, dite par le V\ M\ , renvoie exactement au même point que l’on trouve en Genèse 3,7 (Bible de Chouraqui): " Les yeux des deux se dessillent, ils savent qu’ils sont nus ". Le fruit de l’arbre de la Connaissance est consommé. Traduction : Adam n’est plus tout à fait Adam (je vais vite) ; il est deux. Le dormeur s’est éveillé. De sa torpeur, il est sorti. Et même, ceci nous importe, il y a le trois. En effet, pour la première fois, et c’est d’une importance extrême pour nous, Genèse 3,9 marque l’instauration de " la relation " entre le deux et l’UN : " IAVH Elohîm crie au glèbeux, il lui dit : Où es-tu ? ". Tout comme, analogiquement, le néophyte a pris conscience ; il a vu. Il sait de quoi il est fait. Il ne peut plus l’ignorer ; il a prêté serment. Alors, vous l’avez compris, ce que je vous propose ce soir c’est de lire la dramaturgie de la cérémonie d’initiation comme une mise en scène maçonnique de la Genèse, du devenir adamique, de nous. Oui, nous, qui à ce moment de la cérémonie, ne sommes pas encore F\M\ , c’est à dire en pleine et entière conscience de notre nature profonde, de notre possibilité de dialogue, de l’instauration de cette relation avec le GADLU. Pour ce faire, il faut que le VM\ se saisisse de l’épée flamboyante dans la main gauche, du maillet dans la main droite, qu’il " applique légèrement la lame de l’épée sur le chef du néophyte " et que, par trois coups de maillet, il : " crée, constitue et reçoit un App\ F\ Maçon ". Autrement dit, dans le fil directeur que je vous soumet, le V\M\ génère un être conscient, pleinement conscient qui change d’état d’être. Le profane devient autre, initié. L’initié, par les trois coups de maillet qui créent des vibrations transmises par l’épée flamboyante, devient un acteur de lui-même. C’est une opportunité, ici promise à l’initié, de travailler à se trouver dans le " Je ". Rimbaud, dans une intuition géniale de poète, nous l’a dit : " Je est un autre ". Parole fulgurante et même énigmatique mais que nous pouvons entendre (au sens entendement) ici et maintenant comme la faculté de trouver le " Je " parce qu’il y a le " Tu ". Sans l’instauration de la " relation ", point d’altérité. Je dirai, pour en revenir à la Bible et à notre rituel, que l’Adam créé et formé à la " réplique " du GADL’U va s’engager, comme l’App\ F\M\ , sur le chemin de la recherche de la Vérité, de la Lumière. Ceci est signifié par une nuance du texte en Genèse 1, 26 : " Élohim dit : Nous ferons Adam, le glèbeux – à notre réplique, " selon notre ressemblance ". Or en Genèse 1,27 il est dit : " Élohim crée le glèbeux à sa réplique, à la réplique d’Élohim, il le crée, mâle et femelle, il les crée. " Il n’est plus question de " ressemblance ". Et c’est là, il me semble, que naît tout le Devoir, dans le travail, de l’homme de Tradition. En effet, la création, formation et réception de l’App\ F\M\ , par les pouvoirs conférés au V\M\ , invite l’initié, convaincu de son intériorité de nature divine, à parfaire en toute conscience, en plein engagement, cette nature intérieure, son essence. Essence qui ne rendrait pas seulement l’initié conscient d’être une sorte d’effet miroir, mais au-delà, bien au-delà par son travail peut l’amener à la " ressemblance ". Ressemblance dont nous pouvons avoir quelques aspects grâce au symbole de l’épée flamboyante : " C’est l’épée de Feu qui purifie, transforme et détruit tout ce qui est superflu, manifestation de l’esprit et du souffle divin présent dans tous les actes de la création et que l’on retrouve dans la Genèse notamment lorsque Dieu renvoie Adam du Jardin d’Eden et fait demeurer au levant du jardin les Kéruvim (chérubins) et la flamme d’une épée tournoyante pour garder la route de l’Arbre de vie .Gen 3, 24 l’épée flamboyante associée à l’acte créateur devenant le symbole de la pensée active, le vecteur de l’énergie divine reçue et transmise par le V\ M\ au nouvel initié et l’outil transcendant dont la force illuminatrice confère l’Initiation. L’épée flamboyante est l’élément de réception et de transmission d’un domaine vibratoire particulièrement subtil qui emprunte la voie du cœur et met le V\M\ de la Loge à l’unisson des forces créatrices, dans l’Harmonie et l’Amour du GADLU, lame conductrice des énergies vibratoires que le V\M\ renforce de trois coups de maillet et dont la résonance s’inscrit dans la conscience du néophyte comme le point de départ de sa conquête spirituelle. Instrument - symbole du Verbe qui crée et de la Lumière qui révèle, l’épée flamboyante est, dans la main du V\M\, l’outil par excellence de la Transmission et, d’une certaine manière, le lien d’Amour indéfectible qui nous relie au GADLU, et plus particulièrement lorsque le V\M\, en son Nom, transmet au néophyte cette étincelle de Lumière qui ravive en lui le souvenir perdu de sa nature divine. Épée flamboyante, symbole donc des attributs du Verbe créateur (de la Vie), de la puissance, de la générosité, dans les mains d’un pouvoir raisonné. Ainsi il y eut un avant ce moment clé de la création, constitution et réception ; un pendant et il y a un après pour l’App\ F\ Maçon. Je dirai que l’avant, c’est pour le profane, comme pour Adam avant qu’il ne mange le fruit de l’Arbre de la Connaissance, c’est l’état d’inconscience. Une sorte de fusion indifférenciée dans laquelle l’altérité n’existe pas ; nous l’avons dit : le Je et le Tu ne sont pas présents. Pendant, pour le néophyte, comme pour Adam qui se dessille, c’est la prise de conscience. C’est le point de départ…de la recherche d’une parole dans laquelle un dialogue s’opère pour aboutir à un après dans lequel le " Je et le Tu se ressemblent… " Dans cet après, tous nos symboles maçonniques, nos rituels viennent souligner nous montrer ce moment asymptotique où nous sommes devenus conscients de notre nature spirituelle.Que nous pouvons travailler en toute quiétude, si je puis dire, à " cultiver la Vertu et fuir le vice ". Il n’est pas dit autre chose. Il n’est pas dit qu’il faille extraire le vice en nous. Non. Il est dit qu’il est bon de s’en écarter, comme extérieur à nous-mêmes. De cultiver la Vertu. Est-elle extérieure à nous-même ? Non. Elle est en nous. Tout comme nous avons des gants blancs, symbole de pureté , " conscience purifiée de tous sentiments vils ", dit notre rituel; un tablier blanc aussi pour mieux nous protéger. Tablier blanc, en peau comme les aubes de peau dont Élohim revêt l’homme et la femme (Gen. 3, 21), qui vient nous signifier que l’homme de Devoir, que nous sommes devenus, travaille sans relâche à polir, dégrossir la pierre brute pour aller au cœur de celle-ci, au cœur de nous-même comme nous y invitait déjà l’acrostiche " V.I.T.R.I.O.L. " que nous avons vu dans le cabinet de réflexion. Ainsi " être dépouillé des métaux " ou les " laisser à la porte du Temple ", c’est se défaire du métal vil et bruyant, le fer qui risque de nous distraire de nous-même, de nous empêcher d’entrer dans le silence de notre intériorité pour y trouver le noyau fécond, cette parole de l’en dedans qui n’est pas logorrhée ou soliloque mais dialogue. C’est dire aussi, si vous me permettez d’avancer ce point de vue, que nous, F\Maçons, sommes loin d’un effet culpabilisant d’une faute originelle. Que nous pouvons traduire ce que l’on nomme aussi " la chute d’Adam " par le fait simplement que celui-ci est entré dans la peau de la condition humaine qui relève d’un champ de conscience, absent antérieurement, qui à la fois nous distance et nous rapproche du GADL’U. A nous de marcher sur le fil, ou la ligne quand on parle du pavé mosaïque, qui nous mènera à trouver la Lumière sachant " qu’on ne la trouve jamais complètement car les yeux humains (humblement humain, rajouterai-je au rituel) ne pourraient en supporter l’éclat, mais on peut en voir les rayons en étudiant la Nature, en observant les phénomènes, en descendant au fond de sa conscience et surtout en accordant son être au Rythme Universel. " Je conclurai, nous qui venons d’une Loge de St Jean, par les premières paroles de l’Évangéliste et son Prologue dans lequel nous retrouvons une invite à écouter le Verbe créateur et à découvrir dans la Lumière, la puissance invisible du Verbe, et se faisant, accéder progressivement à la compréhension des plans divins qui sont à l’origine de notre existence ici bas : " Au commencement
était le Verbe et le Verbe était
auprès de Dieu et le Verbe
était Dieu "
"...en lui était la Vie et la Vie était la Lumière des hommes ". J’ai dit V\ M\ J\P\ L\ |
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