Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Le
« pouvoir » des F\ M\, mythe
ou réalité ?
« Le pouvoir des F\M\, mythe ou réalité ? », voilà un titre de planche étrange voire provocant. En effet pourquoi s’intéresser à un sujet qui me semble presque tabou en loge, mais qui passionne le public et encore plus la presse. Et bien tout simplement pour me sentir plus à l’aise avec cette contradiction et ne pas vivre la franc-maçonnerie comme un élément de carrière mais comme un réel apport en matière de construction de soi et de développement personnel. En premier lieu et pour éviter toute équivoque, je vais vous apporter mon cadre de travail ainsi que mon interprétation du titre de cette planche. Après avoir choisi ce sujet, je me suis rendu compte que je m’étais volontairement fourré dans un sacré bourbier. Effectivement, comme je l’évoquais plus avant, il est des sujets qui fâchent surtout actuellement ou la F\M\, toutes obédiences confondues, baigne dans le marigot des affaires. Néanmoins, ayant à cœur de défendre les idées que nous soutenons, j’ai décider de persister et d’éclairer ce sujet. Tout d’abord, qu’entend-t-on par « pouvoir » ? J’ai volontairement mis ce mot entre guillemets afin de ne pas tomber entre les fourches caudines des frères férus du Larousse et autres dictionnaires. Je vous livre mon interprétation du pouvoir dans ce contexte afin que nous soyons tous sur la même longueur d’onde. Je considère le sens du mot pouvoir dans ce contexte comme l’influence déterminante sur les évènements ou sur les hommes. Cet avant-propos étant posé, je vous propose d’articuler cette planche en deux parties : • les F\M\ et le pouvoir dans l’histoire • mon idée du pouvoir des F\M\ • les F\M\ et le pouvoir dans l’histoire Dès l’origine au XVIIIe siècle, la F\M\ est une affaire de notable. Dirigée par des aristocrates, elle se garde bien de se montrer trop loin des sphères du pouvoir. Bien que vue avec circonspection par le Roi, elle n’en est pas moins assez protégée. La longévité des mandats des Grands Maître (par exemple le Duc de Clermont fût Grand Maître de 1743 à 1771) permet de placer aux postes clés magistrats, officiers, banquier tous représentants de la noblesse. A ce moment, on constate que malgré de multiples interdictions la F\M\ continue de prospérer. En mars 1736, il est rappelé que les assemblées nombreuses n’avaient jamais été compatibles avec l’Etat, que les assemblées non autorisées par le souverain étaient illicites et que le bon ordre exigeaint leur destruction. Un tel rappel devait avoir pour suit l’interdiction des assemblées maçonniques, aucune suite ne fût donnée. La condamnation de la F\M\ par la bulle In eminenti de 1738 aurait dû provoquer une vague de réactions. Il n’en fut rien, la bulle resta ignorée et fut considérée ne toucher nullement les Français. Elle ne fut jamais loi d’État. Comme on le voit, à ce moment, les réseaux d’influences fonctionnent à plein. Ainsi à l’aube de la création du GODF en 1773, il n’est pas une province, pas une colonie, pas une profession, des princes de sang aux représentants de la petite bourgeoisie où la F\M\ ne soit présente. La noblesse représente à ce moment encore près de 22 % des membres. À cette même époque le rayonnement de la F\M\ est important dans les disciplines artistiques (littératures, poésie, musique, architecture). En 1789, il y a près de 700 loges en France qui formait une élite sociale. Cependant, une division existe entre le Grand Orient et la Grande Loge. Au sein de chaque obédience les dissensions se créent entre les couches sociales et les principes fondateurs ont bien du mal à traverser les différences de milieux. Entre 1789 et 1795, la F\M\ explose littéralement. La Révolution démocratique puis la Terreur ont ruiné la F\ M\ L’esprit jacobin est à l’opposé de l’esprit maçonnique, surtout à cause de son hostilité à toute « secte » mais aussi à cause de son refus de tout « secret ». Il était craint que les loges ne deviennent « un repaire pour l’aristocratie ». Ceci étant aucune mesure ne fut jamais prise contre l’Ordre en tant que tel. Saisi à plusieurs reprises de pétitions jacobines demandant la suppression, le Comité de Salut public transmit le dossier au frère Barère qui se garda bien de faire un rapport. Durant cette période, seules quelques loges continuent leur activité. Quant au rôle réel de la F\M\ dans la préparation de la révolution, les avis sont très partagé mais il paraît probable que soit impact ne soit pas aussi flagrant que l’on puisse l’imaginer. En effet, très surveillée par le pouvoir royal, elle ne paraissait pas un instrument idéal de préparation d’un mouvement politique. Si de grands maçons ont contribué au mouvement, en outre, il est clair que l’institution a brillé par son absence. Ensuite, la maçonnerie de la période napoléonienne a connu un assez fort développement mais son allegeance au régime et la piètre qualité de ses travaux ne laissera pas un souvenir inoubliable. Lors de la chute du régime, la F\M\ se retrouve décapitée, tous les hauts dignitaires ayant été nommés dans l’entourage de l’Empereur. Jusqu’à la monarchie de juillet en 1830, il se passe peu de chose dans l’horizon maçonnique bien que les effectifs augmentent et en particulier au Grand Orient. En 1848, les F\M\ s’affichent au gouvernement de la II eme république et en profitent pour diffuser les idéaux de l’ordre. À partir de cette période, le recrutement se montre moins élitiste. Ainsi pendant plus de 20 la F\M\ va vivre à l’ombre du pouvoir politique tout en prenant des positions pour la dénonciation du racisme en Amérique ou de l’antisémitisme en Europe. Durant la commune, la F\M\ s’expose, prend des positions et d’engage dans des actions en faveur de la protection des population civiles. Des maçons sont condamnés à mort et fusillés. Le GO prend des initiatives citoyennes telles que la mise en place de cours gratuits de culture générale ou professionnelle, dans ce cadre 12000 personnes seront formées entre 1871 et 1883. L’admission de Jules Ferry en 1875 correspond à l’entrée d’une élite politique et intellectuelle qui marquera son temps. L’action de la F\M\ en faveur du développement de l’école laïque sera essentielle. Les grandes lois définissant les libertés correspondent également aux vœux des ateliers. Une mention particulière doit être réservée à la loi du frère Naquet autorisant le divorce qui est le résultat d’une véritable campagne conduite par la F\M\ en faveur de l’émancipation de femmes. A partir de 1880, le Grand Orient fait preuve d’une activité fébrile, les prises de position en faveur de la république démocratique et sociale ainsi que sur la laïcité se multiplient. A ce moment les relation du Grand Orient avec le pouvoir exécutif restent ambiguës. Des frères sont présents dans tous les gouvernements mais le manque de cohésion empêche l’adoption de certaine loi chère aux F\M\ comme par exemple l’impôt sur le revenu. En cette fin de siècle, la F\M\ prend des positions tranchées en faveur de la gauche socialiste et se monte au créneau sur les grandes affaires comme par exemple l’affaire Dreyfus qui lui permet de défendre la cause de la lutte contre l’antisémitisme et de souligner le poids de l’armée dans la république. De 1898 à 1914, le Grand Oirent ouvre les grands dossiers sociaux : le projet de code du travail défendu par Groussier, l’établissement des caisses de retraite, la défense du droit de grève, etc. Il se penche sur le sort des défavorisés et traite des grands problèmes sociaux ainsi que sur l’évolution de la société. En 1914, le Grand Orient soutient le gouvernement et prend position contre la maçonnerie allemande. L’après guerre voit un engagement très ouvert en faveur de la gauche. Le Grand Orient se recentre ensuite vers ses valeurs humanistes. De 1933 à 1939, le Grand Orient traverse une crise de confiance mais continue ses chantiers dans la recherche sociale. Durant le gouvernement de Vichy, le Grand Orient suspend son activité. La résistance des F\M\ se retrouve à de nombreux niveaux. La F\M\ se reconstitue dans la clandestinité. Ayant payé un lourd tribut durant la guerre, la F\M\ doit se redresser. Le pays libéré es t emporté par un courant d’idéalisme auquel la F\M\ n’échappe pas. La F\M\ ressent aussi le besoin, après la propagande anti-maçonnique dont elle a fait l’objet, de s’extérioriser pour dispenser ces idées. Ainsi naît la Bulletin du Centre de Documentation qui deviendra la revue Humanisme ainsi qu’une émission de radio sur France-Culture. Il sera également dispensé un certain nombre de conférences publiques sur des sujets sociaux. Si le Grand Orient se montre maintenant très prudent à l’égard de la politique, il n’en reste pas moins que de nombreux hommes politiques sont initiés. Ainsi la F\M\ participera à certains grands chantiers tels que la législation sur la contraception et d’autres sujets de société. La F\M\ va ainsi continuer son développement, le Grand Orient n’hésite plus à s’afficher loers de grandes manifestations publiques. L’institution sera ébranlé par la crise de 1995, l’affaire des nationalistes corses en 2000 et l’implication de certains frères dans les scandales politiques et financiers. Après ce rappel historique, je voudrais revenir sur les liens privilégiés qui ont toujours uni le pouvoir aux F\ M\ et qui, de fait, ont donné du pouvoir à certain frères. A la fin du XIXe siècle, lorsque la question cléricale était au centre des débats, il y avait, en effet, un réseau maçonnique très puissant, avec des relais dans l'enseignement, la mutualité et, bien sûr, la politique. Ensuite certaines divisions sont apparues. Selon certaines sources, le dernier vote unanime des francs-maçons de droite comme de gauche au Parlement remonte à la loi Neuwirth sur la contraception, en 1967. Huit ans plus tard, lors de la loi Veil sur l'avortement, les maçons députés ont bien voté de manière identique, mais pas leurs frères sénateurs. Depuis, même des textes comme l'abolition de la peine de mort, la loi Savary ou la tentative d'abrogation de la loi Falloux par François Bayrou n'ont pas permis de reconstituer une parfaite unité. Est-ce à dire que la franc-maçonnerie a disparu? Sûrement pas. Elle exerce encore, fidèle à sa tradition, une certaine influence sur des sujets qui lui sont chers, comme la bioéthique, la laïcité ou la lutte contre les sectes. Néanmoins, et comme on a pu le voir, le pouvoir des F\M\n’est pas celui que dénonce les partisans du complot maçonnique. La F\M\ ne contrôle pas la politique ou l’économie. Pourtant, le pouvoir des F\M\ existe. Vous allez vous dire, qu’est-ce qu’il raconte ? Depuis tout à l’heure sa démonstration va dans le sens opposé, tend à prouver que des F\M\ agissent, défendent leurs opinions mais qu’il n’y a pas un pouvoir établi de la maçonnerie , et là, il nous assène : le pouvoir des F\M\ existe. Rassurez vous mes frères, les heures passées sur cette planche ne m’ont pas rendu chèvre. Simplement, souvenez vous de la définition que j’ai retenu pour le pouvoir : l’influence déterminante sur les évènements ou sur les hommes. Si, je crois, l’influence sur les évènements est discutable, elle ne l’est pas sur les hommes. Et pour cela, je descend au cœur de la loge, au cœur de chacun des frères et je le répète, le pouvoir de la F\M\ existe bel et bien. C’est le pouvoir de l’amitié, de la fraternité. C’est aussi le pouvoir d’introspection des frères. Et surtout, c’est le pouvoir de diffuser nos idées dans la cité, de transmettre notre philosophie autour de nous. J’ai dis Vénérable Maître P\ D\ |
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