Obédience : NC | Loge : NC | 01/06/2012 |
Le
printemps Arabe :
Pour quelle démocratie, pour quelle justice ? Parler du printemps Arabe, c’est un peu parler de mon histoire. Et j’ai du mal à garder la distance nécessaire pour être objectif, face à ce phénomène contemporain sur lequel le monde entier a les yeux braqués, et pour cause ! Car les enjeux sont énormes et rien désormais ne sera plus comme avant ! Je vais donc m’y employer autant que faire se peu, et je compte sur votre indulgence fraternelle pour compléter et améliorer mon exposé, et je vous en remercie d’avance. L’année 2011 s’est ouverte sur une série d’explosions fracassantes de colère des peuples arabes. Ce printemps arabe amorcera-t-il un second souffle de « l’éveil du monde arabe » ou bien ces révoltes vont-elles piétiner et finalement avorter ? Dans la première hypothèse, les avancées du monde arabe s’inscriront nécessairement dans le mouvement de dépassement du capitalisme et de l’impérialisme à l’échelle mondiale. Par contre, l’échec maintiendrait le monde arabe dans son statut actuel de périphérie dominée, lui interdisant de s’ériger au rang d’acteur actif dans le façonnement du monde. Il serait naïf de penser que le but recherché par les grandes puissances serait la justice et la démocratie pour ces pays en pleine ébullition. Le statut des pays arabes est le dernier de ceux que nous avons hérité de la guerre froide. Les Régimes Arabes n’étaient conçus que pour servir l’Occident pour :
La colonisation de ces pays, dès le XIXème siècle, a provoqué un déséquilibre brutal, et particulièrement en Algérie où mes arrières grands parents, dépossédés de leurs terres, ont été exploité comme force de travail et chaire à canon pendant les grandes guerres. Mon père, médaillé militaire et blessé de guerre pendant la 2ème guerre mondiale, n’a perçue qu’une maigre pension pour services rendus après 15 ans dans l’armée. Les promesses de décolonisation non tenues, vont laisser des traces durables et empêcher toute solution pacifique aux conflits armés qui ne vont pas tarder à exploser dans les colonies. Pour nous, le seul moyen de rester attachés à nos racines, c’était de conserver nos traditions et, après l’école, d’étudier le coran dans des medersas souvent clandestines. On apprenait des sourates par cœur dont on ignorait le sens, mais cela nous faisait chaud au cœur. A cette époque, on ne parlait pas de Charia. On avait des préoccupations vitales bien plus terre à terre. Nous étions des indigènes, sans statuts de citoyen. Notre langue, notre religion et nos traditions étaient instrumentalisés pour mieux nous cantonner dans l’ignorance et retarder notre prise de conscience politique. L’argent du pétrole, bien utilisé, aurait pu permettre le développement de certains pays arabes. Mais il aura servi surtout à renforcer des régimes sécuritaires au point de les rendre insubmersibles, quelque soit la colère du peuple ou l’immensité de leurs échecs. Des centaines de milliards de dollars dorment dans les coffres de l’Etat sans que le peuple n’en tire profit ! La confédération helvétique a révélé qu’elle a trouvé dans les banques suisses et immédiatement bloqués : 280 millions € en actif illégal qui appartiennent à Kadhafi, 320 millions € appartenant à l’ex Raïs égyptien, et 47 millions € à l’ex dictateur Tunisien ! Mais en tête du palmarès figurent les dirigeant aujourd’hui décédés : Saddam Hussein, près de 30 Milliards € détournés et le Shah d’Iran, 25 Milliards €. La plupart de ces avoirs n’ont pas encore été rendu à leur peuple. Et ceci n’est que le sommet de l’iceberg, car en vérité les sommes détournées sont colossales ! Les fortunes des potentats arabes actuels et celle de leurs sbires sont connues, mais les chiffres ne sont pas publiés…pour raison d’Etat. Parions que ces détournements sont au moins du même ordre de grandeur ! Les dictateurs arabes ont régné en Maîtres absolus avec une main de fer sur leur pays. C’est le règne de la terreur, du népotisme, et du clientélisme. « C’est moi ou le chaos », entonnent les despotes (sous entendu, c’est moi ou les islamistes) ! « Nous tenons notre légitimité d’Allah ! » rétorquent les monarques corrompus et acquis aux thèses impérialistes ! Et cela rassuraient les grandes puissances, car c’était un gage de stabilité. Mais désormais, un vent de liberté souffle sur le Monde Arabe, et, poussés par la peur, les régimes autoritaires arabes se sentant acculés, recourent à des solutions extrêmes. Mais nous, que devons nous faire à part nous indigner ? Tout d’abord, en tant que citoyen, ne pas faire d’amalgame et rester vigilant ! Luter contre les intégristes, oui, mais apporter notre soutient au reste des populations arabes, c'est-à-dire la grande majorité, qui ne rêve que de paix, de justice et de démocratie ! Et, pour commencer, aider le peuple Syrien à se débarrasser de Bachar El Assad qui assassine son peuple au nez et à la barbe de la communauté internationale. Et, surtout, il faut redoubler de vigilance, car les Salafistes, cette branche extrémiste de l’Islam, mieux organisés politiquement, sont en train de s’approprier la révolte des peuples arabes et tentent de s’installer légalement au pouvoir, grâce au suffrage universel, avec le but avoué d’appliquer la charia, et c’est vrai pour la Lybie, la Tunisie et peut être aussi bientôt pour l’Egypte. La charia, la Loi de Dieu ! Le glaive des fous d’Allah ! « A vous le pétrole, à nous la Charia », Scandent les islamistes qui gouvernent désormais la Lybie, qu’on a aidée activement pour se débarrasser de Kadhafi, cet autre tyran mégalomane que nous avions pourtant reçu avec faste en 2007 ! Le Salafisme, n’a d’équivalent hélas que la Sainte inquisition, de triste renommée. Les Salafistes veulent régner par la terreur, en appliquant la charia comme système de gouvernement. Rappelons que la charia codifie à la fois les aspects publics et privés de la vie d’un musulman, ainsi que les interactions sociétales. En fait, le gouvernement par la Charia n’a jamais vraiment existé dans le monde arabe. Il a même été combattu par la philosophie islamique, le mutazilisme. Le mutazilisme tient ses racines de la philosophie grecque. Le philosophe musulman Al Kindi (866 Après J.C), mutaziliste convaincu nous dit : « Nous ne devons pas avoir honte de la vérité et de la faire notre, quelle qu’en soit la source ». Aujourd’hui, le mouvement néo-mutaziliste développé en Tunisie, en Egypte et dans le monde occidental reprend force et vigueur. Selon Christian Lochon, du grand Orient Arabe, qui s’est exprimé le 15 janvier 2012 sur ce sujet, « les Mutazilistes sont les vrais promoteurs intellectuels du Printemps arabe ». Et il continue : « La défense du libre arbitre notamment, les rapprochent de la Franc Maçonnerie ». Alors, y a-t-il un espoir pour que les pays arabes évitent de tomber dans « l’automne islamiste » ? L’avenir seul nous le dira… Mais il y a la réal Politique… Car les enjeux économiques et géopolitiques sont considérables et le système capitaliste mondial ne peut tolérer le développement de ces mouvements sans les contrôler ou du moins les influencer. Il est à craindre qu’il utilisera tous les moyens de déstabilisation possibles, des pressions économiques et financières, jusqu’à la menace militaire. Il soutiendra, selon les circonstances, soit les fausses alternatives, soit les tentatives fascisantes, soit la mise en place de dictatures afin que rien ne change sous le soleil d’Allah. Et, à cette enseigne, l’exemple de la Syrie est frappant. En effet, malgré les multiples massacres perpétrés par le régime de Bachar el Assad contre son peuple, l’ONU se heurte au Véto des Russes et des chinois pour empêcher toute intervention ou toute condamnation de ce dernier, car les Russes détiennent depuis 1971 une base navale à Tartous, en Syrie. Alors, me direz vous, où est la justice dans tout cela, où est la démocratie et on en revient au sujet qui nous préoccupe ? Soyons juste. La démocratie vient de faire un pas de géant en permettant des élections libres dans bien des pays arabes et cela risque de faire tâche d’huile. Quant à la justice, je persiste à croire qu’elle suivra de prés, grâce peut être à la pensée Mutaziliste. Mais une chose est certaine : C’est là une formidable occasion qui est donnée aux peuples arabes d’être enfin maître de leur destin ! J’ai dit Vénérable Maître. M\ C\ |
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