Obédience : NC | Loge : NC | 06/01/2006 |
Teilhard De Chardin Dans le numéro de la revue jésuite « choisir » consacré en avril 2005 à Teilhard de Chardin, l’éditorial commence ainsi : « il y a 50 ans, le 10 avril 1955 mourait le Père T. de C. C’était le jour de Pâques, comme il l’avait explicitement souhaité quelques mois plus tôt. Si nous lui consacrons un numéro spécial de « choisir », c’est pour rendre hommage à l’œuvre et à la personne d’un éminent confrère dont la démarche a toujours été pour nous exemplaire. » Je n’ose pas dire « oh, le vilain mensonge ! » mais seulement « Oh ! le demi mensonge ! ». Certes il y eut des Jésuites (tels le Père Valensin, Henri de Lubac ) ou des religieux (l’Abbé Breuil, Mrg de Solages) pour l’encourager, le soutenir mais d’autres autorités ecclésiastiques et surtout le St Office de Rome lui interdirent de publier d’autres écrits que des écrits scientifiques, d’accepter un poste au Collège de France ou à l’Institut, et le St OFFICE lança contre son œuvre, après sa mort, 2 Monitum (ce n’est pas une mise à l’Index mais une mise en garde, car l’Index n’a jamais pu l’épingler, faute de preuves, d’arguments sérieux). Si T. fut envoyé en Chine à partir de 1923, c’était pour le protéger des foudres de Rome à qui il faisait peur, parce que sa pensée était trop rationnelle et refusait tout miracle dans la Création. Si son œuvre philosophique, métaphysique nous est parvenue, c’est parce que ses amis le poussèrent un jour à léguer celle-ci à sa secrétaire Jeanne Mortier pour être sûrs que l’Eglise ne la détruise pas. Dès sa mort Jeanne Mortier fit éditer cette œuvre (13 volumes d’essais religieux et philosophiques ; 4634 pages d’essais scientifiques et des milliers de pages de correspondance), oeuvre que certains connaissaient déjà parce qu’elle circulait sous le manteau et que T. était reçu dans les cénacles parisiens quand il était en France. Et cette œuvre eut un grand retentissement au début des années 60. Un religieux prenait à bras le corps le problème de l’Evolution, osait réfléchir sur les problèmes métaphysiques à partir des sciences physiques et biologiques, décrivait avec optimisme la poussée constante de la complexité et de la conscience, y voyait l’émergence de l’Esprit à partir de la Matière, appelait à un aggiornamento de l’expression des messages religieux et annonçait l’avenir, presque radieux, de l’Homme dans l’explosion de sa foi chrétienne. Sa pensée touchait le croyant et l’incroyant. La partie anthropologique du message était acceptable par tous et pouvait imprégner les philosophies humanistes. La querelle avec Rome effrayée par l’audace de la novation, ajoutait du piment à cette affaire. T. apportait aux esprits déroutés de 1960 un système de références sans lequel la vie n’a pas de sens. Son œuvre qui tentait de réconcilier science et foi alors jugées inconciliables avait de quoi séduire ou rebuter, de toutes façons elle ne laissait pas indifférent ! Mais 50 ans se sont écoulés : pourquoi évoquer ce penseur aujourd’hui ? Qu’avait-il d’exceptionnel ? Correspond-il au monde dans lequel nous vivons ? J’ai découvert T. lorsque j’étais en classe de philosophie dans les années 60 ; il nous fut alors présenté par l’aumônier du lycée (dont je comprends aujourd’hui le modernisme !) peut-être pour contrebalancer les cours de philosophie où nous entendions parler de Sartre et Marx jusqu’à saturation. Puis j’ai oublié. Et à l’âge où on devient gestionnaire de son temps, je suis retournée dans ma chère Fac de Lettres à Lille où il y avait par hasard un atelier T. dirigé par un médecin passé du pur matérialisme imposé par la raison à un spiritualisme qui voudrait être raisonné. Je fréquente cet atelier depuis 2 ans, j’ai découvert qu’il y a de nombreux érudits issus des mondes scientifique, économique, politique et spirituel pour qui les écrits de T. projettent une lumière précieuse pour notre temps. (Centre spirituel du Hautmont ; Fondation Teilhard ; Association des amis de T.) Dans une 1ère partie, j’évoquerai la vie de ce jésuite, géologue et paléontologue ; dans une 2ème je tenterai de développer les grandes lignes de sa pensée puis je poserai la question : T. au musée ou dans nos vies ? j’ajouterai que nous croyions à une transcendance ou non. VIE DE PIERRE TEILHARD DE CHARDIN Pierre Teilhard de Chardin est né le 1er mai 1881 à Sarcenat, près d’Orcines, à côté du Puy de Dôme. Son père chartiste mais surtout gentleman farmer lui a communiqué son goût pour la nature, sa passion pour les pierres, le métal, la Matière « même au plus élevé de ma trajectoire spirituelle, je ne serai jamais à l’aise que baigné dans un océan de Matière ». De sa mère, Berthe Adèle de Dompierre d’Hornoy, arrière petite nièce de Voltaire, il hérite une grande piété et une foi qui ne faiblira jamais. Il reçoit l’éducation catholique traditionnelle du XIXème siècle au conformisme désuet. En 1892 il entre au Collège des Jésuites de Mongré à Villefranche/Saône puis en 1899 dans la Compagnie de Jésus au noviciat d’Aix en Provence et il suit le parcours traditionnel en France, puis à Jersey et Hastings ( l’anticléricalisme de l’époque a poussé les Jésuites à ouvrir des maisons en Angleterre). Pendant ces longues années d’apprentissage, il découvre la littérature spirituelle anglo saxonne dont l’une des idées forces est qu’il ne suffit pas d’accepter sa foi mais il faut la raisonner, la développer, la travailler par l’intelligence. C’est pourquoi il célébrera le devoir de recherche, la nécessité d’épouser l’évolution, y compris dans notre vie intérieure, sous peine de périr spirituellement. Il lit également Bergson et l’Evolution Créatrice. Bergson émet l’idée d’une création se poursuivant dans la durée et montant vers l’Esprit. T. ira plus loin que Bergson qui reste dualiste (matière et Esprit séparés) alors que T. est convaincu que matière et esprit sont 2 états de la même étoffe cosmique. De 1912 à 1914, il étudie la paléontologie au Museum d’Histoire Naturelle de Paris où il découvre le monde scientifique agnostique ou athée. Il donne des cours de géologie à l’Institut catholique ; il fait la connaissance de l’Abbé Breuil avec lequel il participe plusieurs fois à des fouilles en Espagne. La guerre de 14 éclate : elle est pour lui un baptême dans le Réel au contact de l’Humain. Pendant toute la guerre , il est brancardier de 2ème classe (il a refusé de devenir aumônier de l’Armée). Cette guerre sert de déclencheur à sa vision du monde ; il écrit beaucoup : » j’ai rapporté de là la conviction très nette que la guerre, entre autres résultats, aura eu celui de mélanger et de forger ensemble, d’une manière que rien d’autre peut-être n’eût pu obtenir, les peuples de la terre ». Perçoit-il déjà une supra-humanité ? 1918 : il prononce ses vœux solennels de Jésuite et reprend ses études scientifiques. A L’Institut catholique où il enseigne, il noue des amitiés philosophiques et scientifiques mais les problèmes avec les autorités ecclésiastiques commencent car la théorie de l’Evolution qui s’impose dans le monde scientifique est contraire au Dogme. Il ose écrire (en 1922) : « plus nous ressuscitons scientifiquement le Passé, moins nous trouvons de place, ni pour Adam, ni pour le Paradis terrestre, le monogénisme ne tient plus face aux découvertes de la Science » et il énonce une conception du Mal comme retombée de l’Evolution : « le péché originel n’est pas une maladie spécifiquement terrestre ni liée à la génération humaine. Il symbolise simplement l’inévitable chance du Mal … « tout ce qui n’est pas fini d’organiser doit inévitablement souffrir de son inorganisation résiduelle et de ses désorganisations possibles : telle est la condition humaine. » C’est un mal de croissance. On le dénonce à la Curie romaine où sévit le Cardinal Merry del Val qui fit condamner le Sillon de Marc Sangnier. Curieuse Eglise qui croit devoir réduire au silence ceux qui posent de vraies questions ! Dès cette époque on lui suggère de rompre avec l’Eglise mais il espère amener celle-ci à dépasser ses scléroses de l’intérieur . Ce sera toujours sa position malgré les problèmes récurrents. « Il faut boire l’obstacle par l’obéissance » répète-t-il en alternance avec des moments de révolte : Lettre au Père Valensin : » à certains moments, j’ai tellement l’impression d’étouffer dans l’atmosphère catho, je sens si lourdement peser sur mon esprit le poids du corps ecclésiastique que je me sens traversé par des éclairs de révolte comme si l’esprit de mon grand oncle Voltaire se prolongeait curieusement en moi. » Pour échapper à Rome, on lui propose (on lui impose) l’exil en 1923. Le Père Licent l’invite à participer à la Mission Paléontologique française. Entre 1923 et 1946 il participe à de nombreuses campagnes (Mongolie, désert de Gobi, Fleuve jaune, croisière jaune…) et ne revient que 5 fois en France. Il découvre les philosophies et les mystiques orientales ; il écrit beaucoup (à noter de nombreuses femmes sont ses correspondantes et non des moindres : Marguerite Teilhard ; Léontine Zanta féministe ; Ida Treat épouse de Paul Vailland Couturier ; Lucile Swan sculptrice ; Claude Rénier ; Rhoda de Terra) L’action, l’amitié, la science : ce sont les constantes de sa vie en Chine. Le 17 décembre 1929 son équipe découvre dans les collines de Chou-Kou-Tien un crâne Sinanthrope adulte non écrasé, entier sauf face de 500000 ans, trace de l’homme paléolithique en Chine « c’est le coup de grâce donné aux adversaires du Transformisme étendu à l’Homme un bon pavé dans la mare aux théologiens », écrit T.. Cette découverte est décisive pour sa vision du monde : elle apporte la preuve que l’évolution n’est pas seulement une loi de la nature mais qu’elle s’applique aussi à l’homme, chez lequel elle se manifeste par une complexité croissante du cerveau, entraînant une conscience croissante. Dès ce moment le lien pour lui était fait entre cosmogenèse, biogenèse et noogenèse : l’homme prend place au sein de la nature dont il représente la flèche montante. Elle lui apporte une renommée internationale. Il aimerait que cette notoriété scientifique l’aide à diffuser ses idées religieuses mais il reste suspect à Rome et ses retours en France ne sont que source de tracas : l’Eglise ne cède pas, il fait semblant d’obéir et on aboutit à une sorte de divorce sans séparation de corps, comme le dit Jean Lacouture. Il a toutefois conscience qu’il est sur le bon chemin : « il suffit, pour la Vérité, d’apparaître une seule fois, dans un seul esprit, pour que rien ne puisse jamais l’empêcher de tout envahir et de tout enflammer » et » je suppose qu’il y a , dans le monde, des gens dont la vocation est de préparer la venue d’un peu plus de lumière et de liberté en prenant une conscience de plus en plus aiguë de certaines obscurités et de certains esclavages ». Le monde est son laboratoire : il fait des voyages en Inde, en Ethiopie avec Henri de Monfreid, en Birmanie, à Java, aux Etats-Unis où il choque son public anti-évolutionniste si bien que l’Université de Boston lui refuse le titre de Dr Honoris Causa « le Jésuite qui tient que l’homme descend du singe ». Il choque encore lorsqu’il s’affirme partisan des prêtres ouvriers si bien que le Supérieur des Jésuites l’accueille ainsi quand il revient en Chine : » Mon Révérend Père, vous êtes indésirable parce qu’évolutionniste et communiste. Il faudrait que vous retourniez en France le plus tôt possible. » Où est donc sa place ? Il passe la seconde guerre mondiale en Chine et en 1946 rentre en France où les personnalités philosophiques et scientifiques viennent lui rendre visite (Gabriel Marcel ; Leprince – Ringuet ; De Broglie….). Il donne des cours de paléontologie à la Sorbonne et est élu à l’Académie des Sciences. Ne pouvant plus aller en Chine, le vieux chevalier errant de la paléontologie part en Afrique du Sud pour savoir si les Australopithèques sont nos ancêtres ou un cul de sac évolutif . Puis il retourne aux Etats Unis où il meurt en avril 1955. « Je crois que l’Univers est une Evolution, Je crois que l’Evolution va vers l’Esprit Je crois que l’Esprit, dans l’Homme, s’achève en Personnel Je crois que le Personnel suprême est le Christ Universel » C’est un résumé de sa pensée : essayons d’y voir clair pour les 3 premières phrases et développons la notion d’Esprit-Matière ! Je dis bien les 3 phrases. Face au dualisme Esprit et Matière, il y a 2 positions : la position des matérialistes qui nient l’esprit partant du raisonnement suivant : - l’homme est issu de la matière par le seul processus évolutif - or la matière n’a pas de dimension spirituelle - donc l’homme ne peut avoir de dimension spirituelle et la position des idéalistes ou spiritualistes pour qui l’univers n’est qu’Esprit, la Matière n’est qu’une illusion. Teilhard part en guerre contre ce dualisme qui nous occulte la vraie structure de l’univers : « d’un côté l’Esprit, de l’autre la Matière et entre eux, rien autre chose que l’affirmation d’un accolement inexpliqué et inexplicable ». Il esquive le casse-tête philosophique de la nature de l’interface reliant l’esprit à la matière en retournant l’argument des matérialistes : - l’Homme est issu de la Matière, par Evolution - or l’Homme, dans son intériorité, se saisit comme Esprit - donc la Matière doit, dès l’origine, contenir une certaine préfiguration de l’Esprit. Le monde , tel que le conçoit T. ne se compose pas de 2 substances (Esprit et Matière) mais d’une substance unique biface, l’Esprit – Matière. Cette substance nous apparaît sous sa face spirituelle lorsque nous l’abordons par notre vision intérieure, dans la méditation, la prière, l’introspection ou simplement la réflexion profonde. Par contre, la perception du monde extérieur par nos organes des sens nous présente sa face matérielle. Chaque particule comprend un dehors et un dedans : le dehors composé de matière, le dedans de psychisme, un psychisme élémentaire certes et impossible à déceler mais qui n’en existe pas moins. Ce cogito teilhardien « j’expérimente mon propre Esprit, donc l’Esprit existe » paraissait fou au début du XX ème siècle ! Mais T. va plus loin : le noyau de cette entité unique consiste en sa face spirituelle ; le Monde est Esprit, la face matérielle n’est qu’apparence : « il n’y a, dans l’Univers, que de l’Esprit, à des états ou degrés divers d’organisation ou de pluralité ». L’Univers est en cours d’évolution spiritualisante : sa face matérielle s’efface à mesure que se précise sa face spirituelle. Cette montée de spiritualité s’effectue vers une montée de complexité suivant la série progressive particule, atome, molécule, cellule vivante, êtres pluricellulaires et culmine en l’Homme au cerveau hypercomplexe. Chaque stade évolutif se forme par union des éléments apparus au stade précédent. Ces forces d’union représentent la part essentielle de chaque ensemble ainsi apparu : l’action des dynamismes d’union (d’amour au sens large du terme au niveau humain) crée de l’être « le Tout représente plus que la somme de ses parties » (ex : l’union dans le couple engendre une âme du couple où ses 2 membres trouvent une richesse d’être accrue). Il écrit dans Science et Christ : « devenir un avec l’autre en demeurant soi » : l’union différencie et crée de l’être, ce n’est pas du panthéisme comme on l’a parfois dit. Mais revenons à l’Homme. T. essaie de comprendre ce qui donne à l’Homme son incontestable supériorité : c’est son cerveau parce qu ‘il est le plus complexe, parce que le nombre de ses cellules nerveuses, leur arrangement en font l’instrument le plus perfectionné réalisé par l’Evolution depuis qu’elle a commencé son long cheminement. Le jour où le cerveau de l’Homme a atteint, avec l’aide du langage, un certain degré de complexité, l’homme a franchi un seuil considérable, celui de la pensée réfléchie ( le 1er seuil étant celui de la Vie) = « non plus seulement connaître, mais se connaître, non plus seulement savoir, mais savoir qu’on sait ». A cette montée de complexité correspond plus de conscience par concentration du psychisme contenu à l’état diffus dans la matière. Avec l’Homme et la pensée réfléchie qui lui permet de se juger, de se critiquer, de vérifier ses attitudes, de les corriger, de modifier leur orientation, de manier des idées, l’Evolution a franchi une étape considérable, caractérisée par l’émergence de la liberté (l’acte libre s’insinue dans le jeu déterministe avec souplesse et discrétion. Notre liberté ne viole pas un enchaînement de cause à effet ; elle modifie en lui opposant une autre cause naturelle plus puissante que la 1ère) : « après l’ère de l’évolution subie, voici l’ère de l’auto- évolution ». L’homme devient le collaborateur de l’Evolution (nous y reviendrons dans la morale de T.) L’Evolution sociale prend alors le relais de l’Evolution biologique. T. voit au fond de l’Histoire, les hommes d’abord isolés, se regrouper, se rassembler en unités isolées, de plus en plus vastes. Pour survivre les hommes s’organisent, il les voit au 20 ème siècle multiplier entre eux les liens psycho-affectifs, abolir les distances qui les séparent et créer une sorte de pensée commune. Il voit cette pensée commune, de plus en plus dense, envelopper la Terre comme une sorte de nappe pensante qu’il baptise Noosphère (sphère de l’Esprit : sphère de la réflexion, de la mémoire, de la pensée, de la connaissance et des relations inter-personnelles). T. raisonne au niveau de millions d’années, nous n’en sommes qu’aux balbutiements. Ce grand mouvement de socialisation, c’est l’Evolution qui continue, non plus l’Evolution lente des unités humaines individuelles mais le changement de tous les hommes ensemble, dans le même sens, vers plus de conscience. Attention ! il ne s’agit pas d’une humanité unifiée. Un véritable progrès ne doit rien retirer aux individus mais au contraire développer leurs personnalités et leurs différences : l’union diversifie et ajoute du plus. Seule une association de personnes, réalisée librement par affinités mutuelles et par attrait collectif pour l’unité d’un monde en croissance vers l’Esprit, peut prolonger le processus de complexification. Nous marchons tous ensemble vers une issue commune, un seuil ultime vers lequel tout converge que T. appelle le point Omega (niveau divin de l’Univers), une réalité déjà existante dont l’influence s’exerce depuis l’origine du monde . Ce 3ème seuil est celui de la maturation totale des êtres pensants, à la fin des temps qui correspond à une émersion hors de l’espace-temps. Cette vision évolutionniste entraîne une conception nouvelle de la Création, non plus acte divin survenant à un moment précis dans la durée mais pulsion interne d’origine divine qui oriente à chaque instant la spiritualisation cosmique vers une montée de complexité porteuse de conscience. Dès lors les liens intimes qui unissent chaque personne à la totalité de l’univers induisent une éthique dynamique et motivante où chacun se sent responsable de la poursuite de la spiritualisation cosmique. « Chacun de nous est enveloppé, auréolé d’un prolongement de son être aussi vaste que lUnivers » : belle image de la notion de coextensivité de chaque personne humaine à la totalité de l’espace-temps ! La vision de T. (je préfère Weltanschauung) a le mérite de rendre compte à la fois des aspects matériel et spirituel cosmiques. Elle représente un ensemble logiquement cohérent mais qui, comme l’établit le théorème de Gödel, a besoin, comme tout ensemble cohérent de raisonnement, d’un point d’appui extérieur : « l’univers a un sens, il ne peut ni se tromper, ni nous tromper. Il ne peut être absurde ». ACTUALITE DE TEILHARD DE CHARDIN Teilhard et la science actuelle L’intérêt et l’originalité de la pensée de T. tiennent à sa double qualité de scientifique et de religieux. Dès 1920, T. prend le contre-pied d’un monde régi par la causalité où tout événement s’inscrit dans une conception matérialiste et déterministe de l’univers dont la dimension spirituelle est absente : les scientifiques le prenaient pour un doux rêveur, un panthéiste ou même un animiste (Jacques Monod). Mais avec les nouvelles physiques nous assistons à un relâchement progressif de la contrainte déterministe et les conceptions originales de T. prennent une nouvelle fraîcheur. Je signalerai simplement sans approfondir (je n’ai pas les compétences) quelques notions scientifiques qui rendent plausibles les conceptions de T. Elles ne cherchent pas à prouver la validité des notions teilhardiennes mais grâce à elles, il devient possible d’admettre l’existence d’un monde immatériel, domaine du spirituel. - La physique quantique (domaine de l’infiniment petit) nous apprend que la particule possède une double identité contradictoire, corpusculaire et ondulatoire .Niels Bohr ( à travers l’expérience des fentes de Young pour les spécialistes !) a forgé la notion de complémentarité : ces 2 aspects sont 2 formes complémentaires de la particule quantique, toutes 2 indispensables à la description complète du réel. Cette démarche est superposable à celle de T. devant le paradoxe Esprit-Matière : ces 2 entités radicalement opposées sont les 2 faces d’une entité unique. Cette particule voit sa localisation précise s’estomper et sa zone d’influence s’étendre démesurément, lorsque la particule est sous forme d’onde, elle occupe la totalité de l’espace-temps C’est proche (par analogie)de l’idée de coextensivité de T. Autre apport de la physique quantique : avec l’avènement des Relations d’incertitude de Heisenberg (il est impossible de connaître avec précision à la fois la vitesse et la position d’une particule quantique), l’horloge de précision que représentait le déroulement des événements matériels pour la science classique, n’existe plus : la spontanéité, la liberté font partie intégrante de la réalité physique . T. lui écrit que la liberté n’est que la fine pointe de nous-mêmes, qu’elle est une émergence. Dans la physique quantique, l’indicible retrouve une place. Max Planck écrit : une réalité métaphysique se tient à l’horizon du réel expérimental ». Dans le livre « le Cantique des Quantiques », Sven Ortoli et J.P. Pharabot constatent : « l’idéalisme qui croit en l’existence autonome de l’Esprit refait surface. Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : la situation philosophique et religieuse n’est plus bouchée comme il y a quelques décennies. Voilà que la Science retrouve l’humilité ! - L’approche systémique du réel dont l’un des chefs de file est Edgar Morin tente d’allier sciences humaines et sciences exactes dans l’étude de l’homme. En voici la définition par Joël de Rosnay : « c’est une nouvelle méthodologie permettant de rassembler et d’organiser les connaissances en vue d’une plus grande efficacité de l’action. A la différence de l’approche analytique, l’approche systémique englobe la totalité des éléments du système étudié ainsi que leurs interactions et leurs interdépendances ».Vision holistique selon laquelle le Tout représente plus que la somme de ses parties : idée proche, d’un point de vue analogique, de celle de T. selon laquelle les forces d’union représentent la part spirituelle, essentielle du Tout. Remarque pour mémoire : holisme= théorie selon laquelle l’homme est un tout indivisible qui ne peut pas être expliqué par ses différentes composantes considérées séparément.) - Quelques mots encore à propos des astrophysiciens ! Sous le double impact de son appartenance étroite à la totalité cosmique et de sa liberté de décision, l’homme retrouve le sens de sa responsabilité au sein du cosmos : c’est l’un des apports majeurs de T. et cette prise de conscience est partagée par nombre d’astrophysiciens, parmi eux Hubert Reeves qui écrit dans « l’heure de s’enivrer : » quel est l’avenir de l’évolution ? nous sommes investis d’une mission : favoriser cette éclosion par tous les moyens possibles, comme une femme enceinte prend soin d’elle-même. »nous » , le lecteur l’aura compris, c’est plus que vous et moi : c’est tout l’expérience-univers qui se joue en nous et par nous… Si nous avons un rôle à jouer dans l’univers, c’est bien celui d’aider la nature à accoucher d’elle-même ». Les liens qui nous unissent à l’univers et l’accession à la liberté entraînent notre responsabilité dans la poursuite de l’évolution spiritualisante cosmique. L’éthique de T. complète la morale classique, plus statique axée sur la recherche d’ un juste équilibre et la préservation des droits de chacun. Plus exigeante , la morale teilhardienne nous invite à enrichir le capital spirituel dont nous avons hérité. Le Bien et le Mal ne sont plus considérés comme 2 zones du monde moral mais 2 directions opposées de dynamismes cosmiques. Le Bien est le sens de l’union qui spiritualise, le Mal le sens de la désunion, de la dissociation qui matérialise. La phrase clef serait : » est bon ce qui favorise l’évolution spiritualisante de l’Univers. » C’est un choix à faire face au dilemme devant lequel nous nous trouvons. La découverte par la science de la dégradation irréversible de l’énergie dans l’univers nous place dans la perspective d’une mort inéluctable par refroidissement total de toutes les étoiles y compris notre soleil et notre planète avec l’humanité qu’elle abrite. Face à cette perspective 2 attitudes possibles : Ou bien la nature est close à nos exigences d’avenir et alors la pensée, fruit de millions d’années d’efforts, étouffe mort-née dans un Univers absurde avortant sur lui-même alors résignons nous (ou soyons hédonistes) ou bien une ouverture existe « la dégradation physique est compensée par le phénomène de spiritualisation croissante qui en est inséparable. Notre perspective alors n’est plus la stagnation désespérante d’un univers attendant la mort mais l’élan de tout un monde tendu vers l’Esprit et dans lequel l’Homme est un acteur privilégié. L’Homme collaborateur dans le cadre d’une Création continue ! Attention ! il ne s’agit pas d’un homme supérieur, ni d’un surhomme nietzschéen (il écrit quand même à l’époque d’Alexis Carrel). T. est conscient des dangers qu’il côtoie quand il écrit que rien ne saurait empêcher l’Homme de chercher à tout penser et tout expérimenter jusqu’au bout : « surveillons les activités de la Science, soyons vigilants mais n’ayons surtout jamais peur d’elle « « non seulement l’Homme peut mais doit à l’avenir collaborer à sa propre genèse ». Dans leur livre « Teilhard de Chardin, visionnaire du monde nouveau » paru en 2005, André Danzin (ancien vice président général de Thomson CSF, président d’honneur du Forum international des sciences humaines)et Jacques Masurel (ancien président et directeur général de sociétés textiles en Europe et en Asie et rédacteur en chef de la revue T. aujourd’hui) re-situent l’œuvre de T. dans un nouveau décor dominé par le phénomène de mondialisation et rappellent que T. (dans l’Avenir de l’Homme) a eu une prémonition de l’influence sur la société humaine de l’utilisation généralisée des technologies de l’information qui permettent d’envisager la naissance d’une conscience politique mondiale. Pour conforter et amplifier ce mouvement, il est indispensable d’humaniser et de maîtriser la mondialisation en développant les solidarités et de conduire « convenablement le grand effort organisé et orienté » par lequel nous réaliserons la construction d’une terre unifiée et solidaire » Ce sont des thèmes actuellement développés par la Fondation T ; et l’Association des Amis de T. dont je cite le Président G. Ordonnaud : » je milite depuis plus de 15 ans pour soutenir l’émergence de cette conscience politique mondiale et la mise en place de cette clef de voûte de l’Organisation internationale, symbole par excellence de notre volonté de maîtriser et d’humaniser la mondialisation et d’associer aux responsabilités l’ensemble des Terrestres que nous sommes » Echo à une phrase de T. dans les Singularités de l’espèce humaine : » certaines opérations de caractère universel peuvent être envisagées comme réalisables…et se faire toutes seules demain, dont il ne saurait être question dans l’état d’inagrégation psychique où nous végétons encore » Optimisme en question J’entends déjà des voix qui s’élèvent pour crier à l’utopie ou pour déclarer un recul des instruments de progrès. Certes des philosophes, sociologues, moralistes, sans contester la montée des activités cérébrales, s’inquiètent de la fragilité des valeurs et des comportements sur lesquels la nouvelle civilisation se construit. La noosphère en marche semble vulnérable, la machine humaine ne roule pas toujours dans le bon sens. Bien sûr T. ne pouvait pas deviner les menaces sur la biosphère et en particulier l’échauffement d’origine anthropique. Sans trop extrapoler on peut dire qu’il recommanderait (d’autres le font à sa place) de prendre toutes les dispositions nécessaires pour y remédier et il se réjouirait de voir l’humanité contrainte de s’unir pour se protéger et découvrir les procédures pour sortir de l’adolescence. Adolescence de l’Humanité ! T. ne raisonne pas dans le court terme ; son optimisme , sa confiance reposent sur des vues à très, très long terme, non pas à l’échelle de l’homme mais de l’humanité ( évoquer peut-être le travail des bâtisseurs de cathédrales qui oeuvrent sans voir le résultat de leur travail !). Croire n’est pas voir : la patience devient une vertu cardinale ! Si T. croit en un avenir meilleur, au delà des péripéties et tragédies qui émaillent nos vies, c’est que l’Univers a un sens, « c’est qu’il porte en soi les garanties d’un succès final » On peut lui reprocher un certain optimisme mais on ne peut pas lui reprocher cet encouragement permanent à aller de l’avant, cet appel au discernement dans nos incertitudes, à l’acceptation des risques, cet engagement dans les actions, cet appel à une marche vers une humanité nouvelle sur laquelle les hommes d’aujourd’hui portent une singulière responsabilité. Perspective du long terme ! Vaste défi ! Cependant inéluctable pour éviter la menace de catastrophes redoutables et poursuivre vers ce progrès auquel croit T. si l’Homme, devenu adulte, veut bien assurer son destin, en respectant les valeurs de liberté et de diversité : « travaille, apprends, sers tes semblables et investis pour l’avenir ! » CONCLUSION En T. Je respecte et j’admire le religieux qui demande une lecture évolutive des textes fondamentaux et nous attache à refonder la symbolique en dégageant des invariants spirituels grâce auxquels nous devenons capables de donner un sens à notre vie en nous appuyant sur des repères solides.. Sa pensée a influencé Vatican II, on trouve dans la constitution « Gaudium et Spes » une phrase qui est presque du mot à mot de T. « l’avenir est entre les mains de ceux qui auront su donner aux générations de demain des raisons de vivre et d’espérer » (phrase de T. : dans T. posthume d’Henri de Lubac : » le monde appartiendra demain à ceux qui apporteront à la terre (même dès cette terre) une plus grande espérance) Mais j’avoue ne pas comprendre le T. mystique même si ses textes vibrent d’émotion poétique pour exprimer sa Foi. Son effort de conjuguer le monde et Dieu s’achève dans cette vision grandiose que le créé se meut par unions successives vers le grand rassemblement des humains autour du Christ : ce dernier morceau de phrase réclame le « saut de la Foi » « une rencontre personnelle intérieure » qui ressemble à tout sauf à un enchaînement argumentatif scientifique… mais « croire ou non en Dieu est et reste un choix individuel qui doit être respectable et respecté » (C. Allègre) En tant qu’individu je suis séduite par l’aspect humaniste de son œuvre : ce mouvement évolutif qui pousse les individus vers un pôle commun en les unissant dans un grand organisme qui s’appelle l’Humanité, me semble conforme à l’Idéal pour lequel nous oeuvrons. Relisons nos mementos aux différents grades et nous verrons que notre démarche, comme la sienne, nous incite à une réflexion englobant tous les points de vue possibles, nous incite à faire individuellement et collectivement un effort moral pour obtenir que les progrès soient utilisés de façon acceptable pour l’Humanité. Effort moral indépendant de toute option idéologique ou même métaphysique qui vise à guider chacun vers son accomplissement spirituel par un enrichissement des relations entre humains. Mais surtout sa pensée illustre un sentiment que j’éprouve parfois en Loge. Je reprends une phrase que j’ai dite tout à l’heure :: » seule une association de personnes, réalisée librement par affinités mutuelles et par attrait collectif pour l’unité d’un monde en croissance vers l’Esprit, peut prolonger le processus de complexification ». N’est-ce pas une image de l’Egregore où les dynamismes d’union ( liens de respect, d’estime, d’amitié, d’amour dirait T.) agissent en créant de l’être ? Image fugitive de la Noosphère ou embryon de Noosphère ? Sentiment fugace d’une marche commune vers l’avant et l’en-haut ! Conception de la vie comme une traversée montante au cours de laquelle il s’agit de donner le meilleur de nous-mêmes : cela me semble tout à fait conforme à notre idéal ! Nous avons beaucoup discuté l’année dernière à propos de spiritualité.. et je suis contente que le Convent ait repris le terme sans y ajouter d’adjectif car dans notre quête de spiritualité nous pouvons faire cheminer de concert avec tous ceux qui cherchent. Et cette fois je laisserai Théodore Monod conclure : « il est une montagne unique. Nous la gravissons les uns les autres par des sentiers différents avec l’espoir de nous retrouver un jour au sommet, dans la Lumière et au dessus des nuages. » J’ai dit V\M\ J\ C\ Lectures Teilhard de Chardin : Science et Foi réconciliées ? E. de la HERONNIERE : - Teilhard de Chardin A. DANZIN – J. MASUREL : T. de C. visionnaire du monde nouveau C. CUENOT : T. De C J. ARNOULD: T. De C. TEILHARD de CHARDIN: - Le phénomène humain - L’énergie humaine Revue Jésuite « Choisir » avril 2005 + Atelier T. de C. ANNEXES JESUITES : 1er réseau intellectuel mondialisé ? Dès 1540, Ignace de Loyola envoie ses compagnons à travers le monde : la Compagnie de Jésus se met au service du pape pour toutes les missions. Créée pour combattre le protestantisme(Contre Réforme) puis le Jansénisme, aujourd’hui le projet universel demeure (20000 membres dans 120 pays) La longue formation, une rotation permanente et la spiritualité jésuite (Exercices spirituels : ex. de discernement pour voir ce qu’il convient de faire de sa vie et de changer en soi) assurent la cohérence et un solide esprit de corps. Le réseau se prolonge par les mouvements de spiritualité ignacienne et le réseau d’anciens élèves. Comme l’idée de réseau, voire de complot est à la mode, on peut se demander si leur projet missionnaire ne se double pas d’un projet géo-politique : essayer d’influencer la marche du monde via l’intervention dans le champ intellectuel (revues mais qu’ont de commun Clinton, Mitterrand et Castro anciens élèves ?) La Compagnie n’assure pas la mise en réseau des anciens élèves mais organise des sessions de formation (ex : tous les 2 ans « la politique, une bonne nouvelle ») La puissance d’un réseau ne se mesure pas seulement à sa taille, mais aussi à sa dynamique et à son efficacité en terme de pouvoir : or leur nombre diminue, il y a des ordres concurrents mais ils ont un réel pouvoir sur la vie des idées. Leur efficacité tient au fait qu’ils touchent les élites mais aussi les plus pauvres par leurs actions sociales (réfugiés ; hôpitaux ; prêtres ouvriers ; femmes exploitées…) ANNEXES MORALE TRADITIONNELLE ET MORALE TEILHARDIENNE « C’est de l’essence qu’il nous faut et non de l’huile ! » Pour T. la morale traditionnelle est une morale d’équilibre, plutôt juridique principalement comprise comme un système fixé de droits et de devoirs visant à établir entre individus un équilibre statique. Elle considère avoir atteint son but si les mécanismes collectifs fonctionnent sans trop de grincements. « bien des choses semblaient permises dans la morale d’équilibre qui se découvrent interdites par la morale de mouvement. Pourvu qu’il n’enlevât à autrui ni sa femme ni ses biens, l’homme pouvait se croire autorisé à utiliser comme bon lui semblait ou à laisser dormir la part de vie qui lui appartenait. Cette morale statique freine l’impulsion des forces d’amour (au sens large) qui favorisent l’évolution spiritualisante de l’univers. Ex : -morale de l’argent : la richesse ne devient bonne que dans la mesure où elle travaille dans la direction de l’Esprit ® il y a à faire ! - morale de l’amour : faire rendre à cet amour l’incalculable puissance spirituelle qu’il est capable de développer. « L’union crée de l’être » : être plus, c’est enrichir nos liens avec le cosmos qui nous a mûris et particulièrement avec les autres humains, nos compagnons de route » - Morale de l’individu® effort de libérer jusqu’au bout son autonomie et sa personnalité. 1er devoir : susciter des projets vers une croissance qualitative (domaines relationnel, culturel et spirituel) en tournant le dos à une croissance quantitative des consommations matérielles. Ils dégagent 3 domaines de croissance dans l’immatériel : santé, éducation et recherche (scientifique, technique mais aussi organisationnelle et sociale) ce sont des domaines dans lesquels les états n’investissent pas assez ! AGIR et DOUTER : agir pour influencer le sens de l’Evolution et corriger certains dommages de l’inévitable sélection ; douter et remettre en question, après l’apparition de chaque événement contradictoire, les orientations prises afin d’échapper aux pièges du prométhéisme (homme tout puissant) Joël de ROSNAY : »quoi faire de ce temps ? s’enrichir de l’intérieur, croître dans la dimension personnelle et spirituelle, apprendre à vivre avec les autres, créer collectivement » A ceux qui sont conscients d’éveiller la conscience des autres ! On comprend que la notion de temps soit si importante pour T. ANNEXES LA NOOSPHERE EST-ELLE EN MARCHE ? Union planétaire des psychismes humains en une communion spirituelle. Arguments contre : terre secouée par les séismes ; guerres ; famines ; menaces sur la biosphère ; développement d’un individualisme forcené…menaces sur nos libertés avec les nouvelles technologies… Arguments de T. - face aux guerres. Il est conscient des forces de répulsion entre humains mais il pense que les guerres correspondent à des convulsions de l’humanité tout en stigmatisant l’attitude sado-maso qui consiste à considérer la guerre comme une fatalité inhérente à la marche du monde ; il souligne que les guerres mondiales ont déchiré la planète mais l’ont aussi unifiée. Cf Edgar MORIN : « nous sommes dans l’âge de fer planétaire et en même temps nous avons accédé à l’ère planétaire où, comme une nébuleuse spirale, l’humanité tend à accéder à l’être ». - catastrophes naturelles : Dieu ne viole pas les lois de la nature qu’il a lui-même établies. Les imperfections du monde signifient que la maturation n’est pas achevée. Cela ne console pas mais cela provoque des sursauts d’organisation, de solidarité : du Mal peut naître un Bien ! - menaces sur la biosphère : le principe de précaution est à développer : ce serait un puissant correctif et la condition d’un développement durable. Là aussi des efforts collectifs de solidarité, des coopérations, des exigences accrues en matière de recherche doivent se mettre en marche. L’Avenir de l’Homme : » arrière les pusillanimes et les sceptiques, les pessimistes et les tristes, les fatigués et les immobilistes. La vie est perpétuelle découverte. La vie est mouvement. » T. recommanderait d’aller de l’avant tout en établissant des garde-fous. Indices d’une Noogenèse - prise de conscience collective des problèmes. - Eveil collectif d’un sens de la solidarité - Multiplication des chercheurs et principes éthiques mieux assurés - Souci d’être plus plutôt qu’avoir plus - Réseau mondial d’interactions - Naissance d’un marché mondial au delà de la mondialisation - Progression dans le respect de la personne abolition de l’esclavage ; Droits de l’Homme ; Droit public international ; Tribunal international embryon d’une morale planétaire ; ONG ; devoir d’ingérence…) COMMENT AIDER LA NOOGENESE ? L’homme a beaucoup reçu de l’Evolution. Il lui faut désormais donner de son temps, de sa peine, prendre en main sa propre évolution en développant ses capacités cérébrales et affectives. Course poursuite entre la puissance démesurée dont l’homme s’est doté et sons sens de la responsabilité et de la solidarité. |
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