Il n’a pas de hasard
Notre
traditionnelle assemblée générale, me donne à nouveau, en ma qualité de
Grand Orateur Provincial, l’occasion de me prêter à ce difficile et
prétentieux exercice, de vous entretenir sur un sujet maçonnique. Si je
m’y emploie avec zèle, honneur et plaisir, c’est à cause de la grande
indulgence que vous avez toujours démontrée, mes F\ F\.
La
grande mansuétude dont le G.M de la G.L.P.S.E a toujours démontrée à
mon égard, m’a laissé libre de choisir, une fois encore, le thème de
cette année. J’ai choisi de vous entretenir, sur un thème très souvent
évoqué parmi les M\, et qui mérite notre méditation : « Il n’y a pas de
hasard ».
La
méthode traditionnelle pour discourir sur un thème, commande, à juste
titre, que l’on le définisse d’un point de vue sémantique et
conceptuel. De quoi parlons-nous ? Qu’est-ce que le
hasard ?
Le Micro Robert
définit le hasard comme événement fortuit ; un concours de
circonstances inattendu et inexplicable ; une coïncidence.
Utilisé au pluriel, hasards, désigne le risque ou circonstance
dangereuse. Au sens de probabilité, le hasard désigne une cause fictive
attribuée à des événements apparemment inexplicables. Au sens
du concept, le hasard indique l’aspect aléatoire des choses, des
événements ou encore des décisions, signalant ainsi l’impossibilité de
prévoir avec certitude un fait quelconque. Le hasard a pour synonyme
l’imprévisibilité, l’imprédictibilité. On attribue l’origine
du mot hasard à l’arabe « al zahr »
signifiant à l’origine « dés »
(dés à jouer) et ayant pris la signification de « chance »
car il désigna jusqu’au XIIème siècle un jeu de dés mais
aussi, par métaphore, tous les domaines relevant de la
chance. Du point de vue scientifique, du moins de la science
avant les théories quantiques, tout phénomène à nécessairement une
cause déterministe (non soumis au hasard ; dont
l’existence est connue et conduit nécessairement au phénomène en
question) à l’exception :
Des
points de bifurcation. Une bifurcation intervient lorsqu'un
petit changement d'un paramètre physique produit un changement majeur
dans l'organisation du système. En général la bifurcation concerne tous
les phénomènes de changement de phase (frontière entre les états
solide, liquide et gazeux). Par exemple la prise de la
mayonnaise : Le système, à l'état liquide, contient de l'huile
et de l'eau (dans le jaune d'œuf). En mélangeant, on forme une émulsion
d'huile et eau, où la quantité relative des deux (huile et eau) varie
lentement au fur et à mesure qu'on ajoute l'huile. La mayonnaise
prend lorsque le liquide se transforme en gel (bifurcation
appelée changement de phase en physique), et cela se produit pour un
rapport eau/huile critique.
Des
systèmes dynamiques complexes (ex. météo), d’une
complexité telle que l’esprit humain ne peut en déterminer le
devenir. Depuis les théories quantiques, on ajoute à ces
exceptions, toutes les réactions issues directement ou indirectement
d’un phénomène quantique et donc fondamentalement non déterministe et
probabilistique (ex. désintégrations nucléaires, ondes
électromagnétiques).
En science, on
admet généralement que le hasard s’applique aux phénomènes obéissant à
la théorie mathématique des chaos. Cette théorie étudie le comportement
des systèmes dynamiques qui sont très sensibles aux conditions
initiales (comportement non linéaires), phénomènes généralement
illustrés par l’effet papillon : des différences infimes dans
les conditions initiales (comme par exemple des erreurs d’arrondi dans
les calculs numériques), entrainent des résultats totalement différends
pour de tels systèmes, rendant, en général, toute prédiction impossible
à long terme. La théorie des chaos est utilisée dans des domaines aussi
variés que la météorologie, la sociologie, l’économie, la physique,
l’informatique, la biologie et la philosophie.
Pour Aristote, le
hasard ne peut venir que du hasard. Évidemment, cet illustre penseur ne
disposait pas des théories quantiques, et sans en donner la définition,
reconnaissait l’existence du hasard mais, affirmait qu’une cause
déterministe ne pouvait donner qu’un effet déterministe. Pour qu’il y
ait hasard dans l’effet il faut qu’il y ait hasard dans la cause.
Cournot au XIXème siècle proposait comme définition du hasard,
la rencontre de séries causales indépendantes. C’est de leur rencontre
imprévisible, de l’intrusion d’une nouvelle causalité indépendante dans
le déroulement normal du phénomène que naît le hasard. Par exemple, Mr
X se rend à son lieu de travail à bord de son automobile
(1ère série causale). Mme Y se rend à pied au marché de son
quartier (2ème série causale). Un problème du système de
freinage survient sur le véhicule de Mr X (nouvelle série causale
indépendante). Mr X renverse Mme Y alors qu’elle traversait une rue
(effet imprévisible).
Le problème,
voyez-vous mes F\ F\, réside dans la détermination de
l’indépendance d’une série causale. Comment et quand décider qu’une
série causale est indépendante ? Deux séries causales
pourraient-elles avoir des liens que dans l’état actuel de nos esprits,
de nos connaissances ou, si vous préférez, de nos moyens
d’investigation, nous ne pouvons percevoir ? Cela, je peux le
concevoir aisément. En effet, vous conviendrez avec moi, qu’il peut
exister deux phénomènes apparemment indépendants, mais qui en réalité
sont fortement dépendants.
Je vais vous donner un exemple de séries causales qui semblaient
apparemment indépendantes mais qui, on le sait maintenant, ne le sont
pas du tout. Avez-vous entendu parler des phéromones ? Les
phéromones sont des substances chimiques comparables aux hormones,
émises par la plupart des animaux et certains végétaux (quelque fois à
de très grandes distances), et qui agisse comme messagers entre les
individus d’une même espèce (parfois interspécifiques), provoquant des
réponses comportementales, ou endocrines, innées spécifiques, notamment
sexuelles. On pourrait dire que ce sont des « hormones
externes ». Sujets aux influences de phéromones
émises par une femelle, certains papillons mâles parcourent plusieurs
centaines de kilomètre afin de s’accoupler avec elle. Évidemment, tous
n’y arriveront pas, mais leur mise en route et leur comportement, ont
été déclenchés par des phéromones (Potentiel). Les plus « endurants »
y arriveront, comme si l’évolution faisait une sélection (cinétique).
Comme si le « hasard »,
l’aléatoire, était utilisée par la providence pour faire un tri, pour
favoriser celui des mâles qui pourra endurer toutes les péripéties de
la « route ».
Chez les
mammifères, le récepteur des phéromones se trouve dans l’organe de
Jacobson, en arrière des incisives, sous la surface intérieure du nez.
Les phéromones chez les mammifères régulent les comportements sociaux
(sexuel, parental, d’agression…). Chez l’homme, l’organe de Jacobson
est vestigial et donc ne serait plus très fonctionnel. Cependant,
certaines écoles prétendent que chez l’homme, les phéromones sont
responsables dans le choix d’une odeur d’homme par une femme et dans
les liens qui unissent une mère et son bébé. Il semblerait que le
développement du cerveau chez l’homme soit corrélé avec la perte de
fonctionnalité de l’organe de Jacobson. Les échanges d’informations se
trouveraient-ils à un autre niveau chez l’homme?
Souvenons-nous ici que c’est le développement de la faculté de penser
qui distingue l’homme de l’animal. Toutes ces données évoluent
en fonction de l’avancement des découvertes scientifiques, notamment
dans le domaine de la biologie moléculaire. Ce que nous retiendrons,
c’est que des échanges de substances chimiques, induisent des réactions
endocriniennes ou comportementales. On peut donc affirmer
qu’une série causale que l’on avait qualifiée d’indépendante d’une
autre à une époque, peut se révéler, avec le développement des
connaissances ou des moyens d’investigation, en être très
dépendante. Souvenons-nous de la théorie de la génération
spontanée répandue à une époque et soutenue par l’église catholique,
jusqu’à ce que les travaux de Louis Pasteur viennent la détruire.
Le hasard
existe-t-il ?
Les nouveaux
développements de la physique, surtout après les travaux de l’illustre
Einstein (E=MC2), établissent que tout est énergie et que l’énergie est
le support de toutes choses, de toutes vies. Cette énergie est une, et
se subdivise dans un univers pluridimensionnel. Tous les règnes sont
issus d’une même source.
En effet, tout ce
qui existe est composé d’atome qui lui-même est composé d’éléments
subatomiques, les électrons, les neutrons et les protons. Ces derniers
éléments (neutrons et protons)
donnent par décompositions successives
des particules plus élémentaires, les « supercordes »
(superstrings, travaux de J. Schwartz et M. Green, 1984). Ces
supercordes infiniment petites (10 -33 cm) vibrent à des
fréquences plus ou moins élevées et sont par conséquent les supports de
l’énergie (par leurs vibrations). Les basses vibrations produisent la
matière. La physique quantique affirme même que le vide
n’existe pas et qu’il est « plein »
de particules énergétiques. En clair, tous les organismes sont des
assemblages particuliers de forme d’énergie, qui baignent dans un océan
d’énergies sous des formes différentes. Nous sommes tous une
combinaison particulière des mêmes particules élémentaires (électrons,
mésons, barions, leptons, muons, eux-mêmes composés de quarks,
eux-mêmes de bosons et de fermions). La physique quantique
affirme également que l’Univers est un continuum d’énergie allant de
l’infiniment petit à l’infiniment grand. Nous sommes donc liés les uns
aux autres. Nos actions, nos pensées, nos paroles ont un retentissement
sur les autres éléments de l’Univers. Voyez-vous, mes F\ F\,
nous ne sommes pas aussi libres que l’on pourrait le croire. Il semble
que l’Univers soit gouverné par des lois dont certaines sont bien
évidemment connues mais toutes ne sont pas encore connues au point où
certains physiciens disent même que « d’étranges
coïncidences existent à nous faire douter du hasard ». Voltaire
ne disait-il pas que « Ce que nous appelons hasard
n’est et ne peut être que la cause ignorée d’un effet connu ».
Il nous faut reconnaître qu’une Grande Intelligence est à l’œuvre dans
l’Univers.
Des recherches en
Psychologie nous apprennent que le cerveau humain fonctionne comme un
système de récepteur-décodeur-émetteur. Le décodeur (circuit
complexe des neurones) est fortement influencé par un grand nombre de
facteurs tels que le subconscient, les émotions, l’éducation, la santé,
etc. Le récepteur, l’inconscient, est continuellement bombardé
d’information (ondes, pensées, etc.). Ces informations, dans certaines
conditions sont captées par le récepteur, décodées par le circuit des
neurones, et l’émetteur, le conscient, les exécute. On affirme
même, qu’au stade actuel de l’humanité, la grande majorité d’entre
nous, n’est pas créatrice. Nous pensons, sans le savoir, ce que les
autres pensent, tout en croyant, penser de nous-même. Le hasard
existe-t-il ? Convenons avec Friedrich Engels que
« Partout où le hasard semble jouer à la surface, il
est toujours sous l'empire de lois internes cachées, et il ne s'agit
que de les découvrir ».
Mes
B\B\A\ A\F\ F\, je n’ai abordé jusqu’à présent que
certains éléments scientifiques touchant au thème du hasard. Cependant,
je voudrais que vous vous étonniez avec moi, du fait que ces vérités
que la Science « découvre »
furent enseignées depuis des temps immémoriaux dans les écoles de
mystères. Hermès n’avait pas la puissance d’analyse de la NASA
lorsqu’il disait que : « ce qui
est en bas est comme ce qui est en haut »
enseignant ainsi le principe d’analogie des lois. Il y a deux
millénaires que Jésus Christ conseillait qu’il fallait :
« s’aimer les uns les autres comme le Père nous
aime » enseignant par là même le grand principe de
notre origine unique et notre interdépendance.
Les écoles des
mystères, dépositaires de la Tradition, enseignaient qu’il existe de
nombreuses correspondances entre les chiffres, les couleurs, les sons,
les règnes vivants, les sentiments, les planètes, les régions du corps,
etc. : TOUT EST UN. Elles enseignaient que l’Univers est basé
sur des lois physiques et mathématiques et rien n’est laissé au
hasard. On pourrait dire avec l’écrivain français, Théophile
Gautier que :
« Le
hasard, c'est peut-être le pseudonyme de Dieu quand il ne veut pas
signer ».
La
F\ M \étant également une école des mystères, est dépositaire
d’une partie de la Tradition. Le F\ M\, travaille à
la construction d’un Temple en l’honneur et à la gloire du Grand
Architecte De L’Univers. Pour le M\, l’univers est le Temple de Dieu
qu’il sert et sa loi est concorde (planche tracée au
1er grade). Un architecte, conçoit des plans de construction
précis à l’usage des ouvriers. Il ne saurait avoir de hasard dans les
plans du G.A.D.L.U tant, nous le croyons, sa Sagesse est infinie.
Le sujet, vous en
convenez j’en suis sûr, et j’en suis conscient, est très
vaste. J’aurai pu discourir sur la synchronicité, sur l’astrologie, la
numérologie ou sur l’angéologie, et tant d’autres domaines. Le temps
qui m’est imparti à ce rendez-vous annuel ne me le permettrait pas. Mes
objectifs dans le choix de ce sujet étaient plus modestes.
Premièrement, vous donner quelques éléments d’information pour asseoir
votre conviction que l’Univers est régi par des lois, plus
prosaïquement « l’Univers est gouverné ». Deuxièmement,
celui de susciter la réflexion sur la phrase « il
n’y a pas de hasard » que j’ai tant entendu sur le
parvis et qui ne se trouve pas dans nos rituels. Si ces
objectifs sont atteints, alors, j’ai reçu mon salaire mes
F\ F\.
J’ai dit,
S\ Z\
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