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Pasquale Paoli, corse, démocrate et franc-maçon V\M\ et vous tous mes FF\ (et mes SS\) en vos grades et
qualités, pourquoi faire une Planche sur Pascal Paoli,
certains me diront : « Parce que la similitude de
prénom t’a séduit.
» Sans doute, mais en y réfléchissant,
j’ai d’autres raisons. C’est sur la route, en écoutant une radio locale que j’ai entendu un journaliste qui évoquait Paoli et son appartenance à la maçonnerie ; le dit journaliste semblait très bien informé, tant sur Paoli que sur la maçonnerie. De retour sur le continent, vous allez rire…ou plutôt pleurer, j’étais à deux doigts de dire de retour en France. De retour sur le continent, disais-je, j’essayai d’en savoir un peu plus en cherchant de la littérature sur Paoli à la bibliothèque municipale : je fis chou –blanc ; nos zélées fonctionnaires de la bibliothèque municipale entamèrent aussitôt une recherche auprès des éditeurs : toujours rien. Je m’en étonnais, car il me semblait bien avoir vu en devanture des librairies corses des publications sur Paoli. Une année passa, et je retournai en Corse fortuitement, et sur les conseils d’un jeune libraire corse de Calvi au crâne rasé et à la mine fière, du genre faction dissidente de la Cuncolta révolutionnaire, je fis l’acquisition de deux ouvrages écrits en français, s’il vous plaît, et j’eus la chance qu’il acceptât le règlement en bon argent français, sans rechigner. La lecture de ces documents et de quelques textes
glanés sur internet m’ont amené
à changer ma position vis-à-vis des Corses et
carrément à défoncer des portes
ouvertes : et commençons donc tout de suite par la
conclusion : Les sources de ma pl.\ ne sont vraisemblablement pas très objectives : les écrivains qui ont travaillé sur Paoli sont des admirateurs, ses détracteurs semblent avoir préféré l’ignorer tout comme l’histoire de France l’a fait alors que les Insurgers l’ont reconnu comme un précurseur de la Guerre d’Indépendance au point que plusieurs villes des Etats Unis portent son nom. Cette planche comportera trois parties : L’histoire romaine relate deux tentatives infructueuses de conquête de l’île, la république finit par prendre pied en Corse en liquidant les Carthaginois qui y avaient établi des comptoirs à la suite des Ibères, des Etrusques et des Phéniciens. Jusqu’au XVIIIème siècle l’histoire n’est que révolte contre les puissances colonisatrices venues de la péninsule : Pise, puis Gènes et la France. A chaque fois, la Corse fait appel à une autre puissance pour lui venir en aide, à chaque fois la puissance amie ne vient que pour assumer ses desseins stratégiques et colonisateurs. Chaque épisode égrène son cortège de traîtres et de héros ; citons ici Mariano da Gaggio, Sampiero Corso et son fils Alphonse d’Ornano qui devînt maréchal de France et qui refusa à sa protectrice Catherine de Médicis d’exécuter le Duc de Guise! Au début du XVIIIème
siècle, la Sérénissime
République de Gènes avait
délégué l’administration de
l’île à la Banque Saint-Georges. Le seul
but d’une banque étant de faire fructifier son
capital, la population avait bien sûr toutes les raisons de
mal s’accommoder de l’administration
génoise qui n’exerçait vraiment sont
pouvoir que dans les ports : Bastia, Saint-Florent, Calvi, Bonifacio
etc… La Sérénissime
République avait pourtant bien promulgué un code
de lois intitulé Statuts civils et criminels de
l’île de Corse, mais celui-ci
n’était appliqué qu’au profit
de l’oppresseur. En 1729, à nouveau les Corses se
soulevèrent mettant à leur tête
Giafferi, Talasani, André Ceccaldi, et de Vescovato ;
à cette occasion vingt théologiens
réunis au couvent d’Orezza proclament à
l’unanimité la légitimité de
l’insurrection ; à cette occasion, remarquons que
le clergé corse a toujours soutenu ses fidèles en
s’opposant parfois à la papauté. Lorsqu’on vient lui annoncer son élection dans son village, il commence par refuser, alléguant la lourdeur de la tâche, et proposa qu’on lui associât une autre personnalité. Il finit par prêter serment d’exercer sa charge avec « zèle, affection et désintéressement ». Et là, je vous demanderai si cela ne vous rappèle rien ? Sa première tâche fût de combattre Marius-Emmanuel Matra qui contestait son élection…et s’était aussitôt rapprocher des Génois. Il eut aussi dès le début à instituer et à organiser une Justice dans l’intérêt de tous. Il fit même condamner des proches pour tenter de juguler le système de la vendetta qui servait parfaitement les occupants génois. Il prouvait ainsi que l’idéal qu’il défendait se situait au-dessus de son propre clan. Et là je cite Paoli dans une circulaire aux podestats : « Savez-vous quel est le pays où l’action de la justice rencontre le moins d’obstacle ? C’est celui où l’homme disparaît pour ne laisser voir que l’organe de la loi. » Les magistrats étaient élus annuellement, sauf les membres de la cours suprême, la rota civile, des procédures d’appel étaient en place. Etait en place aussi une justice d’exception, les Juntes d’Observation et de Guerre chargée de rétablir au plus vite la paix civile en punissant les semeurs de troubles et les fautifs de manière exemplaire ; d’où l’expression : giustizia paolina (la justice paoline). Mais revenons au cours de l’histoire, nous
reviendrons plus tard sur les projets et les réalisations de
Paoli, la Corse étaient toujours soumise à deux
administrations, celle de Gênes sur ce qu’il
convient d’appeler des comptoirs, et celle de Paoli, la plus
démocratique des deux n’étant pas
forcément celle qui se faisait appeler la
Sérénissime République. Le
siège de la Nation corse qui était un royaume
depuis Théodore Ier, était à Corte, au
cœur de la montagne. Gênes continuait à
revendiquer sa légitimité sans avoir les moyens
de l’imposer. Elle fit de nouveau appel à la
France qui était en dette avec elle par le traité
de Compiègne en 1756. Officiellement le Comte de Vaux, puis
le Marquis de Castries venait prévenir les
prétentions anglaises sur la Corse et ceci pour une
durée de quatre ans. Cette période se passa sans
heurts, mais dès le départ des
français, les Génois attaquèrent
Furiani, position fortifiée aux portes de Bastia.
Repoussés, les Génois proposèrent de
négocier, ce qui fut refuser, les Corses connaissant la
valeur des promesses de leurs occupants. Une nouvelle guerre civile
s’en suivi, fomentée par les occupants
passés maîtres dans l’art de raviver les
vieilles jalousies. Ce traité d’assistance venait en compensation de la dette française à l’égard de Gênes, pour protéger les présides du littoral des vues anglaises. Choiseul voyait à terme l’implantation française au cœur de la Méditerranée afin d’y établir son propre contrôle. Le sentiment national corse fut blessé par l’attitude française, car les Corses continuaient à voir en la France un pays bienveillant à leur égard, une sorte de protecteur. L’orgueil corse supportait mal le manque de franchise et le ton hautain de Choiseul. Paoli, fin politique s’assura de la neutralité du Comte de Vaux et du Général de Marbeuf et continua son combat contre Gênes avec sa toute récente marine et s’empara de l’île de Capraja, l’île aux Chèvres. Le second traité de Compiègne
avait été signé pour quatre ans,
pendant lesquels il ne se passa rien entre les Corses et les
Français, quatre ans pendant lesquels Paoli
entretînt une correspondance secrète avec Choiseul
qui est un modèle d’habilité et de
dignité qu’il ne dévoila à
la diète réunie à Corte que lorsque le
nouveau traité où Gênes abandonnait ses
droits sur la Corse à la France fût connu. La
lutte armée devenait inévitable et
malgré quelques faits d’armes
héroïques et la victoire de Borgo,
l’armée corse fut défaite à
la bataille de Ponte Novo, le 9 mai 1769. Paoli était absent
du champ de bataille, et certains historiens lui en firent le reproche.
Paoli partit pour l’exil accompagné de trois cent
corses dont Charles Buonaparte (le père) pour
l’Italie. Il rejoignit l’Angleterre via
l’Allemagne, lors de son voyage il fût
reçu triomphalement et le jeune Goethe relate
s’être déplacé pour
apercevoir le grand homme. En quelques années, dans un pays à
l’économie essentiellement pastorale, et sans
grands moyens financiers il avait fait adopter la constitution la plus
moderne de son époque inspirée par J.J.Rousseau
où les femmes avaient le droit de vote, où les
Juifs qu’il encourageait à venir
s’installer pour développer le commerce, avaient
la citoyenneté et la liberté de culte. Il
organisa l’administration sous le contrôle de la
démocratie. Il créa la ville et le port de
l’Ile-Rousse afin de s’affranchir des installations
portuaires génoises, une petite marine de commerce
autorisée à pratiquer la course avec la marine
génoise. Il tenta de pacifier son pays en
réprimant sévèrement la vendetta, en
pourchassant les brigands. Il fonda une imprimerie nationale et fit
éditer un journal qu’il diffusa en Europe afin de
faire connaître ce qui se passait en Corse. Enfin, il
créa l’Université de Corte afin de
constituer une élite instruite qui contribuerait
à parachever son œuvre. 1789, Paoli accueille les nouvelles de France avec enthousiasme ; il écrit : « Il semble de toutes parts que le peuple veuille être libre, et peut-être le serons-nous, nous aussi, au moins comme des Français ». Les Etats Généraux rappellent Paoli après avoir déclarer la Corse partie intégrante de la France. Paoli est accueilli à Paris comme un héros, La Fayette lui sert de guide. Il est admis à l’Assemblée Nationale où il est acclamé, il y termine son discours ainsi : « Mon retour au sein de la patrie ne saurait vous faire douter de mes sentiments. Vous avez été généreux envers moi et je ne fus jamais esclave. Ma conduite passée que vous avez honorée de votre approbation est le meilleur garant de ma conduite à venir. Ma vie entière, j’ose le dire a été un serment non interrompu à la liberté. C’est tout comme si je l’eusse déjà prêté à la constitution que vous formez; mais il me reste à le prêter à la nation qui m’adopte et au monarque que je m’empresse de reconnaître. » Robespierre le reçoit aux Amis de la Constitution. Louis XVI l’accueille et lui confie le soin de conserver le calme dans l’île qui se plie avec grâce aux nouveaux principes et fait le commentaire suivant : « Mes derniers enfants sont donc les plus sages et les plus fidèles. » Paoli rentre triomphalement en Corse accompagné de Joseph Bonaparte, député d’Ajaccio et du jeune Napoléon, l’assemblée nouvellement élue en fait son président et le général des gardes nationales et malgré son refus vote une pension et l’érection d’un monument à sa gloire. Mais très vite la révolution s’amplifie et Paoli est débordé par sa gauche mais il recueille le soutien de Pozzo di Borgo qui deviendra l’ennemi acharné de Napoléon et l’ambassadeur du Tsar. Il lui est reproché l’échec d’une malheureuse tentative de conquête de la Sardaigne où le futur empereur ne se couvrit pas de gloire ; l’histoire ne retiendra que la prise de Toulon. Paoli devient suspect, et ses ennemis le font traduire devant la Convention Nationale malgré le soutien de l’assemblée corse. Paoli adresse un mémoire pour sa
défense à la Convention qui dans un esprit
d’apaisement suspend le décret à
l’encontre de celui-ci. Mais il était trop tard et
Paoli, vieil homme malade commet l’erreur qui le raya de
l’histoire de France: il engage le combat contre les
représentants du pouvoir central et appelle les Anglais
à lui venir en aide. Les soldats français sont
repoussés à la mer.
L’assemblée corse vote la séparation de
la France et prête allégeance au roi
d’Angleterre et à son représentant Sir
Elliot qui devient vice-roi, ce qui fut probablement la faute qui
empêchera les Anglais de se maintenir en Corse. Pozzo di
Borgo devenu le second personnage de l’Ile obtient
l’éloignement de Paoli à Londres. Un an
plus tard la Corse redevient française, le royaume
anglo-corse n’aura duré que deux ans. En 1802, le même Napoléon lui proposa le retour contre sa repentance, Paoli refusa par ces mots : « Notre patrie est maintenant libre, comme le reste de la France : pourquoi ne serais-je pas content ? Quelle que soit la main qui la donne, quelle soit bénie (la liberté) ! Les Corses sont libres. (…) Je fermerai les yeux pour le Grand Sommeil, content et sans remord pour mon action politique. Que Dieu me pardonne le reste ! » Paoli mourut le 5 février 1807 et fut
enterré à l’abbaye de Westminster
à coté des rois. Ses cendres furent
rapatriées en Corse sous la Troisième
République en 1889. V\M\, j’ai dit. |
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