La
Calotte
La calotte.
L'habitude du port de la calotte est très récente
dans notre atelier et à fait l'objet d'une prise de position
par vote, pour que nous adoptions cette tradition. Comme je suis
curieuse de nature j'ai voulu connaître la
finalité de cette modification du rituel, ou tout au moins
la finalité de ce changement dans nos usages.
Notre F\ S\
B\, alors V\ de la Loge St. Martin se présentait chez nous
revêtu de ses décors, de son chapeau et de son
épée. Il nous avait dit quelques mots sur son
couvre-chef...mais pour moi c'était de l'exotisme
dû à son rang et a son Rite Ecossais
Rectifié (R\ E\ R\).
Quand notre A\ a décidé de porter cet attribut
j'ai commencé à chercher dans la
littérature de notre ordre et à part une ou deux
petites planchettes je n'ai rien trouvé de
convainquant...puis chemin faisant mes investigations se sont
étoffées.
Nous entrons dans un domaine, qui bien sûr est symbolique et
qui me laisse une certaine liberté d'extrapolations
personnelles. Ce sujet appartient aussi au Rituel et à la
Tradition Maçonnique. Par là il m'oblige
à une rigueur au plus près des textes. Ce travail
sera donc parfois une compilation d'écrits, de
citations...avec toutefois des interprétations
très libres de mon imaginaire...
Ce qui me préoccupait au premier « Chef »
était : pourquoi ce décor, pourquoi une calotte
et pas un voile ou un chapeau, quelle est sa signification
maçonnique ?
Comme point de départ, je suis allée aux sources
du dictionnaire : le Larousse encyclopédique en 12 vol.,
voici ce que j'ai retenu pour « CHAPEAU »
: « mot d'origine latine venant de CAPA =
COIFFURE » : « se
met pour sortir » Chez nous ce serait
plutôt pour entrer à l'intérieur d'une
chambre particulière, appelée
« du milieu » !
« Porter le chapeau »
: « distinction de classe, qui distingue
du peuple qui porte le bonnet ou la casquette »...
Est-ce pour nous distinguer des AppApp\ et des CompComp\ ? Oui sans
doute mais pourquoi ? La réponse est
peut-être contenue dans la définition suivante...
« Nom donné en botanique
à l'ensemble des appareils reproducteurs des
végétaux »... Cette
identification m'entraîne à penser que les
Maîtres pourraient parfois avoir une parenté avec
les « légumes »
,...qu'ils ont seuls la possibilité de se
reproduire… Je me rassure en pensant que les
végétaux ne sont pas que chapeaux -
reproducteurs, ils ont des racines solides, nourricières.
Les Maîtres reproducteurs peuvent proposer les profanes,
futurs nouveaux - nés de nos Loges, qui ensuite construiront
leurs racines....
« Commentaire, qui en quelques lignes
présente une étude, un document, une recherche,
une œuvre »... Là
cette définition me convient, je suis en pleine
recherche...donc dans le « Chapeau »
mais certainement pas dans l'œuvre.
J'ai noté aussi que le mot « Chapelle »,
n'était pas à l'origine un lieu de culte, mais
celui de la conservation de reliques et qu'il a la même
racine que notre « Chapeau ».
Au Moyen -Age il s'appelait « Chapel »,
et de nos jours encore en occitan il est dit « Lou
Capel »... « Lou
Capel » a coiffé tout ce qui
se dit important : les Grands, les Chefs, les Nobles, les Militaires et
les religieux de toutes confessions, partout dans le monde...
A noter que les femmes, en France ont dû attendre le
18ème siècle pour porter couramment le
« chapeau »...et
qu'elles l'ont jeté par dessus les moulins dès le
début de leur émancipation..., se coupant les
cheveux dans la même soif d'indépendance.
« La calotte vient de cale »
mot d'origine allemande désignant une qualité
d'étoffe et par extension « le
bonnet ».
Pour moi cette « calotte »
évoque tout de suite la coiffure des prêtres
(noire, violette, rouge ou blanche). En chambre du milieu, la
nôtre est noire brodée de fil d'or. Nous savons
tous que l'or a une valeur alchimique utilisée depuis que ce
métal a attiré les hommes et qu'ils cherchent
à se mettre en relation avec les forces cosmiques...mais
ceci est un autre débat !
« La calotte »
: c'est encore ainsi qu'est désignée la partie
supérieure du crâne humain, en anatomie. Cette
partie osseuse, résistante, protège nos
méninges et ne se soude que progressivement. Cette
« calotte »,
nos ancêtres anthropophages la découpaient avec
soins, quelques fois sur des êtres encore vivants...pour se
régaler de leur cerveau. Ils se nourrissaient ainsi, et dans
le même temps augmentaient leur potentiel
génétique en prenant à la source
l'aliment le plus adapté, ceci d'instinct sans avoir
conscience de la chimie qui allait s'en suivre. Leur
démarche se rattachait aussi aux croyances. Ils
espéraient connaître par ce rituel les
pensées secrètes de leurs proies, les ennemis les
plus courageux étaient très
côtés !
Il y aurait un autre travail à faire sur le protocole, les
étiquettes, rituels, pouvoirs et usages de la coiffure
à travers les époques (ex. : hennin, tchador,
bonnet phrygien, casquette) mais je voudrais tenter de revenir
à notre symbolique maçonnique.
L'usage de se couvrir la tête au 3ème
degré, donc les cheveux, au Rite Ecossais Ancien et
Accepté est en contradiction pour les hommes avec ce qui est
la loi dans le profane. A notre époque un homme se
découvre dans une église, devant une femme,
devant un supérieur et l'usage est inverse pour les femmes.
Dans notre ordre mixte, l'égalité
règne que l'on soit Lune ou Soleil, le port se
décide par vote des MM\ d'une même L\ pour tous
les VV\ MM\ ou aucun.
Au 18ème siècle seul le T\ R\ M\
portait « le Chef »
au 1er, 2èmeet 3ème degré. Etendu
à tous les VV\ MM\ d'un AT\ seulement au 3ème
grade, ce « couvre – chef »
matérialise les règles. Nous avons tous les
mêmes droits et les mêmes devoirs mais cette
coiffure de chef signifie que nous pouvons tous être un jour
appelés à toutes les charges et donc au
Vénéralat.
Voilà
un exemple concret de nivellement par le haut de la pyramide, et non
par le bas comme nous le vivons si souvent dans la vie profane. La
noblesse de cœur, la confiance, la responsabilité,
la fraternité, le respect de la personne humaine sont les
qualités signifiées par ce « couvre
– chef » dans un temps
où nous sommes rituellement tous
élevés au titre de V\ M\.
Je vous cite
Oswald Wirth ( le Maître) : « le
M\ qui au XVIIIème s. dirigeait les travaux de sa L\ restait
couvert en signe d'autorité... Les FF\
élevés au 3ème se couvraient de
même en Chambre du Milieu s'affirmant ainsi égaux
de leur PRESIDENT ». « Symboliquement
tout l'intérêt du chapeau se limite au fait qu'il
remplace la couronne (le KETHER) 1ère séphire des
kabbalistes...et qu'il a pour mission de faire comprendre à
celui qui le porte, qu'il n'est pas un chef ayant le pouvoir de
commander arbitrairement, ni selon ses appréciations
personnelles... Le Maître ne dirige donc pas la Loge
à son idée, mais il s'inspirera des aspirations
les plus élevées de la
collectivité » (fin de
citation).
Toujours
à l'époque du siècle des
Lumières, le T\ R\ M\ pouvait se couvrir d'un tricorne. S'il
le portait pointes vers l'Orient et vers l'Occident il était
dit en « colonnes »
; pointes orientées vers le Nord et vers le Sud, il
était dit en « bataille »...
Je comprends pourquoi les nôtres n'ont plus de
cornes !
Revenons à notre chapeau. Nous prônons des
principes d'égalités, voici bien des arguments en
cette faveur, et n'oublions pas la F\.
Nous sentons au travers d'Oswald Wirth, en filigrane, combien le port
rituel du « Chapeau »rend
responsable chacun de nous dans les décisions qui se
prennent sous notre double « calotte »
d'étoffe et d'os. Plus aucune pensée,
décision, vote ne peut-être émis sans
que l'intérêt de la L\ et/ ou de la M\ en soit le
moteur unique. Cette calotte M\ n'est-elle là que pour nous
rappeler à nos devoirs, nous responsabiliser, nous recentrer
et nous dégager de nos métaux ?
Egalité, F\...et la Liberté où se
trouve-t-elle dans ce décor ? Ce petit bout de tissu
aurait-il le pouvoir de nous libérer de l'ordinaire, de nous
isoler du profane ? Cela peut sembler paradoxal, puisque justement les
prêtres, moines, nonnes se tonsurent ou se rasent les cheveux
dans certaines religions, pour se détacher de la chevelure
considérée comme « récepteur
de l'influence céleste », de
la force pour Samson à travers les légendes
antiques, signe d'abondance, signe de richesse, de vitalité
et de jeunesse pour les publicitaires du 20ème
siècle qui en abusent.
Le système pileux a toujours joué un grand
rôle dans nos sociétés, pour
mémoire : Vercingétorix et sa natte, Barbe -
Bleue dans nos contes, les Vikings et leurs cheveux de feu. Les poils
longs et fins (cheveux) sont considérés comme
récepteurs..., les poils courts et gros (barbe, moustaches
et poils pubiens) seraient les émetteurs.
Les Sages Orientaux portent la barbe, les hippies avaient les cheveux
longs, je vous laisse libres de vos conclusions...sans doute : tous les
poils mènent au paradis...ou au nirvana.
Cacher nos « cheveux »,
cela pourrait-il avoir un rapport avec l'expression :
« sa vie ne tient qu'à un
cheveu ? »
Est-ce une autre façon de se mettre hors du temps, de la
souffrance, de nous libérer de notre âge, de nos
disparités physiques ? Est-ce une recherche
supplémentaire pour : « être
à couvert ? » à
l'abri des influences profanes et du profane ?
La réponse vient de Jean-Pierre Bayard : La symbolique
maçonnique (page 450 - 4). « D'après
les paroles de l'Ecclésiaste, la tête signifie :
Esprit... »... « Cette
partie supérieure de cette intelligence, c'est la raison
représentée par le haut de la tête, la
partie inférieure étant la
sensualité...». «
Le chapeau isole comme le parasol porté au dessus de la
tête d'un souverain »...
«Le dais des princes ou des personnages importants...».
En somme, nous posons un couvercle sur notre « cafetière ».
Ceci est une traduction très libre et personnelle de J.P.
Bayard, mais par expérience je connais l'utilité
de ce couvercle. Il permet, lorsqu'il s'entrouvre, à toute
la pression accumulée de s'échapper en
évitant l'explosion. A l'inverse, bien fermé la
cuisson va bien plus vite, le couvercle met à l'abri,
conserve, cache aux yeux indiscrets...permet la mise en valeur du
produit qui est à l'intérieur, l'isolant de
l'extérieur. Et là je rejoins J.P. Bayard (pages
450-451), qui souligne : « ...Que le magistrat se
couvre au moment de juger, car aucune influence ne peut plus modifier
son jugement ».
Cette affirmation m'entraîne vers cette question : Est-ce que
toute tête doit porter : fichu, voile, chéchia,
fez, tricorne, auréole...ou calotte maçonnique
pour fermer ce chakra que les orientaux appellent : SAHASRARA-CHAKRA ou
CHAKRA-CORONAL ou LOTUS à Mille PATTES...et qui pour les
Bouddhistes se termine en un Lotus à mille
pétales, rituélique, obtenu en fin de cycles des
renaissances humaines, quand notre « moi »
devenu universel atteint l'état de Bouddha...
Le sommet du crâne, pour ces traditions, est le
siège du 7ème chakra, le plus important, celui de
notre glande pinéale située sous la fontanelle,
petite glande archaïque, dont l'utilité
physiologique est encore mal déterminée par nos
médecins, nos chercheurs « es-cerveaux »...
Dans la littérature il est décrit
« que certaines tumeurs engendrent chez
l'enfant une accélération de la croissance, avec
masturbation précoce... » Et
l'homme de la rue y ajoute son cortège de tabous sociaux. Le
port rituélique du « chapeau »
veut-il nous éviter une croissance trop rapide, une
masturbation intellectuelle maçonnique...et tout le
reste… !
L'Orient dans sa sagesse et ses traditions, s'est transporté
vers notre Occident apportant ses connaissances liées aux
circulations d'énergies et à leurs
libérations. Par exemple : la colonne vertébrale
canalise la KUNDALINI ou énergie vitale de la conscience
cosmique propre à chacun, mais qui représente
aussi un lien qui nous réunit tous. Si le Chakra aux mille
pétales est recouvert, son « énergie
vitale » ne s'échappe plus.
Elle s'intériorise et permet d'accéder
à la « Connaissance »
par la concentration, la méditation et la
réflexion. A la sortie de la tenue, notre calotte
enlevée, toute notre réflexion
emmagasinée peut s'échapper inconsciemment ou se
mêler consciemment aux pensées émises
par les autres Hommes. Cela s'appelle pour certains
« la transmission de pensée »
ou « la prémonition »
ou pour d'autres « une idée qui
flotte dans l'air ». Les scientifiques
connaissent bien ce phénomène de
découvertes simultanées en plusieurs points du
globe, qui rend difficile l'attribution de la paternité pour
une trouvaille expérimentale.
Ainsi le T\ R\ M\ et tous les VV\ MM\ se couvrent et se
découvrent selon que les Travaux sont fermés,
puis ouverts, puis fermés. Ils influencent grâce
à cette gestuelle : la pensée, la
capacité d'entrée et de sortie des ondes
extérieures et de leurs propres vibrations internes.
Il est un autre point sensible de notre sommet chevelu ou chauve que
les orientaux appellent : « TROU de BRAHMA ».
Cet orifice attend nos derniers instants de vie pour entrer en
activité maximum. Les êtres
réalisés s'échappent, à
leur mort, par cet endroit et les autres espèrent sortir par
ce trou de Brahma.
Alors, après ces considérations, que
décider : faut-il un couvercle ou non ? Mais qu'est - ce
qu'un couvercle ? Si je le dessine en trois dimensions cela va de soi,
il introduit la notion de cercle, qui m'évoque
« le soleil à midi plein »
découvert au premier grade : la vie ; ou bien encore les
globes terrestres rencontrés au second degré et
qui donnent la notion d'espace, du temps, de jour et de nuit...mais au
3ème, ce cercle rappelle-t-il la puissance des cercles
magiques des Indiens, des trois enceintes de la Jérusalem
céleste, de la roue de la vie, ou les circumambulations
autour du corps d'Hiram qui évoquent le labyrinthe des
légendes antiques ou celui de nos cathédrales.
Est-ce pour nous dire que le cercle n'est qu'une succession de points
côte à côte et ayant le même
point centre ? Nous ne pouvons être qu'un tout. Si un seul
point manque, il n'y a plus de cercle, plus de couvercle, plus de
sécurité. Il faut alors ressouder notre
construction, le cercle de notre Chaîne d'Union...
Si je continue à dessiner ce rond, ce couvre VV\ MM\ : il a
une épaisseur même minime. Il a un dessus et un
dessous. Ont-ils une fonction similaire ?
- Non l'un est exposé au Cosmos, cet autre
cercle mystérieux. Il joue le rôle de filtre, pour
que nous ne soyons pas brûlés par les rayons trop
puissants émis au-delà de notre
atmosphère. Il reste perméable et laisse passer
aussi bien les pensées des VV\ MM\ émetteurs que
les ondes reçues de l'extérieur.
- Il a la forme d'une parabole de
télévision, qui permet de capter dans les
meilleures conditions les signaux lointains... Est-ce un hasard ? Nos
ancêtres communiquaient-ils comme cela ?
- Les petits hommes verts sont
représentés ainsi : avec une capuche et des
antennes... En avons-nous besoin de capuche et d'antennes pour
être Maîtres ?
Je sens que je
continue « à travailler du
chapeau », que mon chapeau bout, que
« je porte le chapeau »
pour cet éclairage incomplet, mais avant de vous saluer
« chapeau bas »,
je livre à votre entendement cet axiome de notre V\ M\ J\ B\
(page 279 -3) la symbolique maçonnique : «
En se couvrant la tête, le Maître montre par
là, qu'il n'a plus rien à recevoir, c'est
à dire qu'il est parvenu au terme final de
l'INITIATION ».
Je ne suis pas sûre que cette affirmation ne soit pas un
petit peu présomptueuse Si par ce titre provocateur, mais
surtout humoristique sous ma calotte, j'ai pu attirer votre
curiosité, j'aimerais avoir fait passer l'idée du
caractère sacré de ce décor qui n'a
rien d'anodin.
Je maintiens donc à bas la calotte et tous les calotins qui
restent aveuglés par des consignes, des principes rigides,
à bas tout ce qui tend à être sectaire,
tout ce qui embolies notre jugement, notre autonomie, notre
Liberté. Pourtant je dirai, comme Julien Green le notait
dans son journal du 23 juillet 1945 : « l'anticléricalisme
et l'incroyance ont leurs bigots tout comme l'orthodoxie ».
Ce jugement me confirme : vive la calotte portée dans le
respect de la tradition venue de notre histoire maçonnique
et de la réflexion des VV\ MM\ qui nous ont
précédés en sagesse et connaissances.
Notre AT\ a, en son temps, voté pour se conformer
à cet usage, respectons nos engagements en toute
Liberté.
N\ G\
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