Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Le Chapeau Dans l’inventaire de nos symboles et outils maçonniques, le chapeau occupe sans doute la place dévolue aux accessoires, aux marges des images flamboyantes que sont par exemple le VLS, le compas ou l’équerre. Et pourtant, il y a bien un mystère du chapeau que découvre très tôt l’apprenti en voyant apparaître en loge le VM\ coiffé. Je me rappelle comment je cherchais alors, sans grand succès, une lumière à ce propos dans nos textes. Le Rituel du 1er degré se contente de préciser « Le V\ M\ se couvre avant d’entrer dans le T ». Voilà donc un mystère que je ne fus guère surpris de retrouver au grade de Maître. Mais que raconte ce chapeau, si discret et si présent ? Bien sûr, chacun a tôt fait de comprendre lorsqu’il est apprenti que le Chapeau dont est équipé le V\ M\ témoigne du statut particulier de ce dernier et qu’il mérite bien le nom de « couvre-chef ». C’est donc l’insigne qui couvre le chef de la Loge. En quelque sorte la couronne de notre souverain. D’ailleurs le « Rituel d’apprenti » publié par Ragon en 1859 ne dit-il pas que « Les frères étant réunis dans le local et revêtus de leurs insignes maçonniques, le Vénérable monte au Trône »… Voilà donc l’emblème d’un pouvoir, de celui qui « guide ses frères », c'est-à-dire qui voit et conduit. Le V\ M\ opère alors en tant que guide, comme le prophète ou l’oracle qui voit. C’est le registre du sors (-tis) antique qui fixe les destins à l’aide de sorts, voire de sortilèges. Voilà sans doute pourquoi le chapeau est aussi l’emblème des sorciers, l’accessoire des sorciers, de Merlin à Harry Potter : le chapeau pointu. De façon significative, l’image du sorcier tel qu’on vient de l’évoquer est sympathique, positive ; alors que l’image de la sorcière est plutôt négative. Mais il est vrai que son attribut, à la sorcière, est moins le chapeau que le balai ; sa façon à elle en le mettant entre ses jambes de montrer son élévation. Mais cela est une autre question. Revenons au chapeau. Symbole d’autorité, il dérive du latin cappa (coiffure) et de caput (-itis), la tête, auquel on doit aussi capillus, le cheveu, la chevelure. La tête est le siège de la pensée, la partie de nos activités éthérées, élevées. Ici nous entrons dans le registre de la verticale. La tête, c’est la position haute de l’axe vertical et c’est en ce sens que la tête est le chef du corps qu’il dirige. Mais, symboliquement, quelle la géographie du chapeau ? Le chapeau, étape sur le chemin de l’élévation, marche vers le zénith, point de passage entre la partie la plus élevée de l’homme et ce qu’il y a au dessus. A l’opposé les pieds, la partie la plus basse du corps humain, la moins noble ? En tout cas parmi les plus sales, les moins élevées. C’est la partie de l’ancrage dans le réel, « les pieds sur terre », la maîtrise du réel, de la terre. Bref on a là les 2 extrémités d’une entité qui fait le lien entre le haut et le bas, entre le ciel et la terre. L’alpha et l’omega sans que l’on sache nécessairement qui est le premier, qui est le dernier. Car les extrêmes se touchent : c’est Jésus lavant les pieds des apôtres, mais aussi Marie-Madeleine lavant les pieds du Christ, pour ensuite les essuyer de sa chevelure. Et là il ne faut pas voir qu’un signe de dévotion, d’humilité, mais bien la rencontre du haut et du bas dans une forme circulaire représentée sous forme de sculpture au fronton de certaines cathédrales. Le haut n’existe pas sans le bas sur lequel il prend appui, il ne peut pas existe seul et en soi. Sur l’axe vertical, si la base apparaît au niveau des pieds, elle est aussi au niveau du fondement, cette partie qui prend appui sur le Trône. C’est là que ce situe le sacrum. Un os étrange en bas de la colonne vertébrale. Il doit son nom au caractère sacré que lui prêtaient les anciens. C’est en effet cette partie qui était en priorité dédiée aux divinités lors des sacrifices animaux ou humains. Par un de ces facétieux retournements de sens, le sacer était ce qui était sacré ou consacré mais aussi, étant offert en sacrifice, ce qui était maudit, exécrable. Il est intéressant de noter que le sacrum, qui est au fondement, est formé par la soudure de 5 os et qu’à l’extrémité de sa forme de pyramide inversé se situe à l’apex le coccyx, là encore une soudure d’os, 3 en l’occurrence, qui tire son nom d’un mot grec signifiant coucou, les anciens jugeant certainement que l’os avait la forme allongée du coucou. Quoi qu’il en soit, il s’agit bien d’un apex qui désigne la pointe, mais aussi le sommet, ou encore les extrémités, comme la tête et la queue. Bref, la tête et par extension le chapeau, représente une des extrémités dont il est question dans la forme du corps humain. Tête, caput (-itis), chapeau, chevelure…si les pieds réalisent l’ancrage dans la terre et pour certaines traditions mettent en contact avec les forces telluriques, à l’opposé la tête, « dans les étoiles », est vu comme point de passage de l’énergie issu du feu. D’où le rôle dévolu aux cheveux dans certains mythes dont le plus connu est celui de Samson qui stockait pour ainsi dire sa force dans ses cheveux. D’où encore les dangers associés à la chevelure, d’où aussi l’acte de soumission lié à la tonsure, ou de respect en s’inclinant ou en enlevant son chapeau. Au Moyen-âge rares étaient ceux qui avaient le droit de rester couverts devant le roi, il s’agissait d’un privilège réservé à ceux qui n’était pas directement dans un état de suzeraineté. Réminiscence peut-être du chapeau donné par le maître comme symbole de liberté à l’esclave affranchi… J’ai dit. F\ L\ |
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