Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Allégorie
des Oies Bernaches
Il y a quelques jours, ayant en garde ma petite-fille, nous regardions, elle blottie sous mon bras , un splendide reportage sur les oiseaux au Canada. Cette situation très douce me permettait de me laisser à rêver à partir des images qui nous étaient présentées. Parmi les paysages splendides du nord canadien est apparu un vol d’oies bernaches qui alimenta ma rêverie et provoqua en moi cette allégorie que je vais partager avec vous ce soir. Le vol de ces oies bernaches, en deux lignes obliques est somptueux, harmonieux et immense. Il fend l’espace dans cette forme de V. Une des oies est en tête, elle le leader du vol du groupe. Pour la reconnaître c’est facile, c’est celle qui est devant. Ce vol en formation est efficace et économique. En effet cette organisation de vol permet à chaque oiseau d’économiser près de 70% de leur énergie et donc de voler très longtemps sur de longues distances. La position de tête est la plus fatigante et pour conserver l’efficacité du clan observez le relais de tête. Chaque oie, à tour de rôle prend la place de leader de la formation. Emerveillé par ces images, je me suis demandé : et le pouvoir la dedans ? Celle qui l’a, c’est clair, c’est bien celle qui est devant. Mais celle qui est devant change ! Alors quel rapport a-t-elle avec les autres ? Est-ce que c’est elle qui tire ou est-ce les autres qui poussent ? D’autre part, pourquoi elle ne se détache pas, celle qui est devant puisqu’elle est la plus forte, cette première ? J’en ai traduit qu’en fait elles sont ensemble, elles font corps comme on dit, et dans un corps aucun organe n’a le pouvoir : les pieds, la tête, l’abdomen, le cœur…tout est essentiel et soudé. Donc cette oie, celle qui est devant, elle tire autant qu’on la pousse. Elle se contente de tout donner, pour un temps. Car vite, au premier signe d’épuisement, elle est remplacée, sans histoire, discrètement . Tellement discrètement que l’on ne s’en aperçoit pas. Le groupe a toujours un leader, là, devant. Je suis alors posé une autre question : et ce pouvoir ou est-il maintenant ? Est-il devant ou derrière ? Apparemment il a changé de mains ou plutôt de pattes puisque ce n’est plus la même qui mène. Se sont-elles organisées pour l’avoir chacune leur tour, se l’échangeant, se le passant vite de l’une à l’autre. Où bien j’entrevois qu’aucune ne l’a, elles l’ont toutes. Elles sont donc leader chacune leur tour mais le pouvoir aucune ne l’a individuellement. C’est le groupe qui a ce pouvoir…ou ce que l’on pourrait appeler désir ou encore appétit va savoir ? Car c’est vrai que l’on peut voir le monde de demain en observant les appétits d’aujourd’hui. Le pouvoir, en fait, est dans le groupe, le leader n’est qu’un exécutant. Il y a plus de cent ans, un poète disait « Le roi est l’esclave de l’histoire ». En effet il est tenu par la société, les évènements et les désirs de chacun. Et le groupe qui a le pouvoir vaut le meilleur des leaders, sans doute, car celui qui prend le relais est le plus frais, le plus reposé, le plus expert pour la tâche du moment. Jamais le même, ils se passent le relais. Dans un groupe les pouvoirs sont multiples. Il y a le pouvoir de libérer la puissance collective et les capacités de chacun, le pouvoir de trouver le bon cap selon les situations, le pouvoir de trouver des ressources, le pouvoir d’apaiser et de soigner, le pouvoir d’initier les jeunes, celui d’expliquer aux plus vieux ce qui a changé et à quel propos ont les attend. C’est celui qui peut associer les forces, celui qui peut coordonner, organiser et soutenir. Autant de missions, toutes aussi importantes, elles se complètent les unes aux autres avec chacune leur leader pour un temps. Aucune personne qui compose le groupe n’est plus importante qu’une autre, toutes ont un rôle et tous les rôles devant bien se jouer pour que l’ensemble soit bon et harmonieux pour chacun. Cette organisation des oies bernaches me séduit car la gouvernance, à mon avis n’a que faire de la référence unique. Celui par qui tout doit passer n’existe pas. Je me suis mis à rêver à une société émancipée, à des citoyens qui trouvent leur cap en étant ouverts les uns aux autres en s’écoutant pour s’entendre et avancer d’un bon pas tout simplement. Vous allez tous me dire : ce type de fonctionnement nous est familier, à nous Francs-maçons ! Dans nos Loges, aucune place n’est laissée vide. Un Frère s’en va, est absent ou fatigué, un autre Frère prend la place. Chaque poste est confié pour une période donnée, pour remplir une fonction. Même si les choses se développent marquées par la personnalité du Frère, il n’en donne que le ton, il est poussé par ce qui se passe dans l’atelier. Il n’a pas le pouvoir, ce pouvoir reste dans la loge ; Ce pouvoir appartient à l’ensemble des frères. La loge ne vit que par l’engagement de chacun dans les travaux effectués au sein de l’ensemble. Mais la Franc-maçonnerie, étant composée d’hommes et femmes, ce comportement ne va pas de soit comme chez les oies bernaches, et ce type fonctionnement ne peut marcher qu’avec une démarche volontariste et respectueuse de l’engagement pris lors de notre initiation. J’ai dit J\ S\ |
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