Obédience : NC | Loge : NC | 13/09/1821 |
SS PIUS VII
Encyclique : Ecclesiam a Jesu Christo PIE,
ÉVÊQUE
SERVITEUR DES
SERVITEURS DE DIEU
Aquila rapax Pie VII – 251éme Pape - 14/03/1800 – 20/08/1823Pour
en conserver
le perpétuel souvenir. L’Église
que Jésus-Christ notre Sauveur a fondée sur la
pierre ferme, et contre
laquelle, selon la promesse du même Sauveur, les portes de
l’enfer ne
prévaudront jamais, a été si souvent
attaquée, et par des ennemis si terribles
que, sans cette divine et immuable promesse, il eût paru
à craindre qu’elle ne
succombât entièrement, circonvenue, soit par la
force, soit par les artifices
de ses persécuteurs. Ce qui est arrivé dans des
temps déjà reculés se
renouvelle encore, et surtout à la déplorable
époque où nous vivons, époque qui
semble être ces derniers temps, annoncés tant de
fois par les apôtres, où
« viendront des imposteurs marchant
d’impiété en
impiété, en suivant leurs
désirs ». Personne n’ignore
quel nombre prodigieux d’hommes coupables se
sont ligués dans ces temps si difficiles contre le Seigneur
et contre le
Christ, et ont mis tout en œuvre pour tromper les
fidèles par les subtilités
d’une fausse et vaine philosophie, et pour les arracher du
sein de l’Église,
dans la folle espérance de ruiner et de renverser cette
même Église. Pour
atteindre plus facilement ce but, la plupart d’entre eux ont
formé des sociétés
occultes, des sectes clandestines, se flattant par ce moyen
d’en associer plus
librement un plus grand nombre à leurs complots et
à leurs desseins pervers. Il
y a
longtemps que ce Saint Siège, ayant découvert ces
sectes, s’éleva contre elles
avec force et courage, et mit au grand jour les
ténébreux desseins qu’elles
formaient contre la religion et contre la société
civile. Il y a déjà longtemps
qu’il excita l’attention
générale sur ce point, en provoquant la vigilance
nécessaire pour que ces sectes ne pussent tenter
l’exécution de leurs coupables
projets. Mais il faut gémir de ce que le zèle du
Saint-Siège n’a pas obtenu les
effets qu’il attendait, et de ce que ces hommes pervers ne se
sont pas désistés
de leur entreprise, de laquelle sont enfin
résultés tous les malheurs que nous
avons vus. Bien plus, ces hommes, dont l’orgueil
s’enfle sans cesse, ont osé
former de nouvelles sociétés secrètes. Dans
le
nombre il faut indiquer ici une société
nouvellement formée, qui s’est propagée
au loin dans toute l’Italie et dans d’autres
contrées, et qui, bien que divisée
en plusieurs branches et portant différents noms, suivant
les circonstances,
est cependant réellement une, tant par la
communauté d’opinions et de vues que
par sa constitution. Elle est le plus souvent
désignée sous le nom de Carbonari.
Ils affectent un singulier respect et un zèle tout
merveilleux pour la religion
catholique, et pour la doctrine et la personne de notre Sauveur
Jésus-Christ,
qu’ils ont quelquefois la coupable audace de nommer leur
grand-maître et le
chef de leur société. Mais ces discours, qui
paraissent plus doux que l’huile,
ne sont autre chose que des traits dont se servent ces hommes perfides
pour
blesser plus sûrement ceux qui ne sont pas sur leurs gardes.
Ils viennent à
vous semblables à des brebis, mais ils ne sont au fond que
des loups dévorants. Sans
doute, ce serment si sévère par lequel,
à l’exemple des anciens
Priscillianistes, ils jurent qu’en aucun temps et
qu’en aucune circonstance ils
ne révéleront quoique ce soit qui puisse
concerner la société, à des hommes qui
n’y seraient point admis, ou qu’ils ne
s’entretiendront jamais avec ceux des
derniers grades des choses relatives aux grades
supérieurs ; de plus, ces
réunions clandestines et illégitimes
qu’ils forment à l’instar de plusieurs
hérétiques, et cette agrégation de
gens de toutes les religions et de toutes
les sectes, dans leur société, montrent assez,
quand même il ne s’y joindrait
pas d’autres indices, qu’il ne faut avoir aucune
confiance dans leurs discours. Mais
il
n’est besoin ni de conjectures, ni de preuves, pour porter
sur leurs discours
le jugement que Nous venons d’énoncer. Leurs
livres imprimés, dans lesquels on
trouve ce qui s’observe dans leurs réunions, et
surtout dans celles des grades
supérieurs, leurs catéchismes, leurs statuts,
d’autres documents authentiques
et très dignes de foi, et les témoignages de ceux
qui, après avoir abandonné
cette société, en ont
révélé aux magistrats les artifices et
les erreurs ;
tout prouve que les Carbonari ont principalement
pour but de propager
l’indifférence en matière de religion,
le plus dangereux de tous les
systèmes ; de donner à chacun la
liberté absolue de se faire une religion
suivant ses penchants et ses idées ; de profaner et
de souiller la Passion
du Sauveur par quelques-unes de leurs coupables
cérémonies ; de mépriser
les sacrements de l’Église (auxquels ils
paraissent par un horrible sacrilège
en substituer quelques-uns inventés par eux), et
même les mystères de la
religion catholique ; enfin, de renverser ce Siège
Apostolique contre
lequel, animés d’une haine toute
particulière à cause de la primauté de
cette
Chaire (S. Aug.
Epist. 43), ils
trament les complots les
plus noirs et les plus détestables. Les
préceptes de morale que donne la
société des Carbonari ne sont
pas moins
coupables, comme le prouvent ces mêmes documents,
quoiqu’elle se vante
hautement d’exiger de ses sectateurs qu’ils aiment
et pratiquent la charité et
les autres vertus, et s’abstiennent de tout vice. Ainsi elle
favorise
ouvertement le plaisir des sens ; ainsi elle enseigne
qu’il est permis de
tuer ceux qui révéleraient le secret dont Nous
avons parlé plus haut ; et
quoique Pierre, le prince des apôtres, recommande aux
chrétiens « de se
soumettre pour Dieu, à toute créature humaine
qu’il a établie au-dessus d’eux,
soit au roi, comme étant le premier dans
l’État, soit aux magistrats, comme
étant les envoyés du roi,
etc. » (Ep. I. cap. II, vers. 13) et quoique
l’apôtre saint Paul ordonne que
« tout homme
sois soumis aux puissances plus
élevées, » (Rom. cap. III, v. 14) cependant cette
société enseigne qu’il est permis
d’exciter des
révoltes pour dépouiller de leur puissance les
rois et tous ceux qui
commandent, auxquels elle donne le nom injurieux de tyrans. Tels
sont les dogmes et préceptes de cette
société, ainsi que tant d’autres qui y
sont conformes. De là ces attentats commis
dernièrement en Italie par les Carbonari,
attentats qui ont tant affligé les hommes honnêtes
et pieux. Nous donc qui
sommes constitué le gardien de la maison
d’Israël, qui est la sainte
Église ; Nous qui, par Notre charge pastorale,
devons veiller à ce que le
troupeau du Seigneur, qui Nous a été divinement
confié, n’éprouve aucun
dommage, Nous pensons que, dans une cause si grave, il Nous est
impossible de
Nous abstenir de réprimer les efforts sacrilèges
de cette société. Nous sommes
aussi frappé de l’exemple de Nos
prédécesseurs, d’heureuse
mémoire, Clément XII
et Benoît XIV, dont l’un, par sa constitution In
eminenti du 28 avril
1738, et l’autre, par sa constitution Providas
du 18 mai 1751,
condamnèrent et prohibèrent la
société De’ Liberi Muratori
ou des Francs-Maçons,
ou bien les sociétés
désignées par d’autres noms, suivant la
différence des
langues et des pays, sociétés qui ont
peut-être été l’origine de
celle des Carbonari
ou qui certainement lui ont servi de modèle ; et
quoique Nous ayons déjà
expressément prohibé cette
société par deux édits sortis de Notre
Secrétairerie
d’État, Nous pensons, à
l’exemple de Nos prédécesseurs, que des
peines sévères
doivent être solennellement
décrétées contre la
société, surtout puisque les Carbonari
prétendent qu’ils ne peuvent être
compris dans les deux constitutions de
Clément XII et de Benoît XIV, ni être
soumis aux peines qui y sont portées. En
conséquence, après avoir entendu une
congrégation choisie parmi Nos
Vénérables
Frères les Cardinaux, et sur l’avis de cette
congrégation, ainsi que de Notre
propre mouvement, et d’après une connaissance
certaine des choses et une mûre
délibération, et par la plénitude du
pouvoir apostolique, Nous arrêtons et
décrétons que la susdite
société des Carbonari, ou de
quelque autre nom
qu’elle soit appelée, doit être
condamnée et prohibée, ainsi que ses
réunions,
affiliations et conventicules, et Nous la condamnons et prohibons par
Notre
présente constitution, qui doit toujours rester en vigueur. C’est
pourquoi Nous recommandons rigoureusement, et en vertu de
l’obéissance due au
Saint Siège, à tous les chrétiens en
général, et à chacun en particulier,
quels
que soient leur état, leur grade, leur condition, leur
ordre, leur dignité et
leur prééminence, tant aux laïques
qu’aux ecclésiastiques, séculiers et
réguliers ; Nous leur recommandons, disons-nous, de
s’abstenir de
fréquenter, sous quelque prétexte que ce soit, la
société des Carbonari
ou de la propager, de la favoriser, de la recevoir ou de la cacher chez
soi ou
ailleurs, de s’y affilier, d’y prendre quelque
grade, de lui fournir le pouvoir
et les moyens de se réunir quelque part, de lui donner des
avis et des secours,
de la favoriser ouvertement ou en secret, directement ou indirectement,
par soi
ou par d’autres, ou de quelque manière que se
soit, ou d’insinuer, de
conseiller, de persuader à d’autres de se faire
recevoir dans cette société, de
l’aider et de la favoriser ; enfin, Nous leur
recommandons de s’abstenir
entièrement de tout ce qui concerne cette
société, de ses réunions,
affiliations et conventicules, sous peine de
l’excommunication, qu’encourront
tous ceux qui contreviendraient à la présente
constitution, et dont personne ne
pourra recevoir l’absolution que de Nous, ou du Pontife
Romain alors existant,
à moins que ce ne soit à l’article de
la mort. Nous
leur ordonnons en outre, sous la même peine de
l’excommunication, réservée
à
Nous et aux Pontifes Romains Nos successeurs, de dénoncer
aux Évêques ou à qui
de droit tous ceux qu’ils connaîtraient pour
être membre de cette société ou
pour avoir trempé dans quelques-uns des complots dont Nous
avons parlé. Enfin,
pour
repousser plus efficacement tout danger d’erreur, Nous
condamnons et Nous
proscrivons ce que les Carbonari nomment leurs
catéchismes, leurs livres
où est écrit ce qui se passe dans leurs
assemblées, leurs statuts, leurs codes,
tous les livres écrits pour leur défense, soit
imprimés, soit manuscrits, et
défendons à tous les fidèles, sous la
même peine d’excommunication, de lire ou
de garder aucun de ces livres, leur ordonnant en même temps
de les livrer tous
aux autorités ordinaires et aux autres qui ont le droit de
les recevoir. Nous
voulons qu’on ajoute aux copies des présentes
même imprimées, signées de la
main d’un notaire public, et scellées du sceau
d’une personne constituée en
dignité ecclésiastique, la même foi que
l’on ajouterait aux présentes, si elles
étaient représentées ou
montrées en original. Qu’il
ne
soit donc permis à aucun homme d’enfreindre ou de
contrarier, par une
entreprise téméraire, cette Bulle de Notre
confirmation, rénovation,
approbation, commission, invocation, réquisition,
décret et volonté. Si
quelqu’un est assez téméraire pour le
tenter, qu’il sache qu’il encourra
l’indignation du Dieu Tout-Puissant, et des bienheureux
apôtres S. Pierre
et S. Paul. Donné à Rome, près Sainte-Marie-Majeure, le 13 septembre, de l’Incarnation de Notre Seigneur mil huit cent vingt-et-un, la vingt-deuxième année de Notre Pontificat. |
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