Obédience : NC | Loge : NC | 13/03/1826 |
SS LEO XII
Quo Graviora Léon XII
Lettre apostolique Quo graviora sur les sociétés secrètes Condamnation de la Société dite des Francs-Maçons LETTRE APOSTOLIQUE
DE N. S. P. LE PAPE
LÉON XII
CONDAMNATION DE LA SOCIÉTÉ DITE DES FRANCS-MAÇONS ET DES AUTRES SOCIÉTÉS SECRÈTES LÉON, ÉVÊQUE. SERVITEUR DES SERVITEURS DE DIEU
Canis et Coluber Léon XII
–
252éme
Pape - 28/09/1823 – 10/02/1829
Pour en
conserver le perpétuel
souvenir. Plus sont
grands les
désastres qui
menacent le troupeau de Jésus-Christ, notre Dieu et Sauveur,
plus doit
redoubler, pour les détourner, la sollicitude des Pontifes
Romains auxquels,
dans la personne de saint Pierre, prince des apôtres, ont
été conférés le
pouvoir et le soin de conduire ce même troupeau.
C’est
à eux, en effet, comme
étant placés au poste le plus
élevé de
l’Église, qu’il appartient de
découvrir
de loin les embûches préparées par les
ennemis du
nom chrétien pour exterminer
l’Église de Jésus-Christ (ce
à quoi ils ne
parviendront jamais) : c’est à
eux qu’il appartient tantôt de signaler aux
fidèles
et de démasquer ces
embûches, afin qu’ils s’en gardent,
tantôt de
les détourner et de les dissiper
de leur propre autorité. Les Pontifes
Romains, Nos
prédécesseurs, ayant compris qu’ils
avaient cette grande tâche à remplir,
veillèrent toujours comme de bons pasteurs, et
s’efforcèrent, par des
exhortations, des enseignements, des décrets, et en exposant
même leur vie pour
le bien de leurs brebis, de réprimer et de
détruire entièrement les sectes qui
menaçaient l’Église d’une
ruine complète. Le souvenir de cette sollicitude
pontificale ne se retrouve pas seulement dans les anciennes annales
ecclésiastiques, on en retrouve
d’éclatantes preuves dans ce qui a
été fait de
nos jours et du temps de nos pères par les Pontifes Romains,
pour s’opposer aux
associations secrètes des ennemis de
Jésus-Christ ; car Clément XII, Notre
prédécesseur, ayant vu que la secte dite des
Francs-Maçons, ou appelée d’un
autre nom, acquérait chaque jour une nouvelle force, et
ayant appris avec
certitude, par de nombreuses preuves, que cette secte était
non seulement
suspecte mais ouvertement ennemie de l’Église
catholique, la condamna par une
excellente constitution qui commence par ces mots : In
eminenti
publiée le 28 avril 1738, et dont voici la teneur :
(lien).
Cette Bulle ne
parut pas suffisante
à Notre prédécesseur
d’heureuse mémoire, Benoît XIV, car le
bruit s’était
répandu que Clément XII étant mort, la
peine d’excommunication portée par sa
Bulle était sans effet, puisque cette Bulle
n’avait pas été expressément
confirmée par son successeur. Sans doute il était
absurde de prétendre que les
Bulles des anciens Pontifes dussent tomber en
désuétude si elles n’étaient
pas
approuvées expressément par leurs successeurs, et
il était évident que Benoît
XIV avait ratifié la Bulle publiée par
Clément XII. Cependant, pour ôter aux
sectaires jusqu’au moindre prétexte,
Benoît XIV publia une nouvelle Bulle
commençant ainsi : Providas, et
datée du 18 mars 1751 ; dans
cette Bulle, il rapporta et confirma textuellement et de la
manière la plus
expresse celle de son prédécesseur. En voici la
teneur : (lien).
Plût
à Dieu que ceux qui avaient le
pouvoir en main eussent su apprécier ces décrets
autant que l’exigeait le salut
de la religion et de l’État !
Plût à Dieu qu’ils eussent
été convaincus
qu’ils devaient voir dans les Pontifes Romains, successeurs
de saint Pierre,
non seulement les pasteurs et les chefs de
l’Église catholique, mais encore les
plus fermes appuis des gouvernements et les sentinelles les plus
vigilantes
pour découvrir les périls de la
société ! Plût à
Dieu qu’ils eussent
employé leur puissance à combattre et
à détruire les sectes dont le Siège
Apostolique leur avait découvert la perfidie ! Ils
y auraient réussi dès
lors ; mais, soit que ces sectaires aient eu
l’adresse de cacher leurs
complots, soit que, par une négligence ou une imprudence
coupable, on eût
présenté la chose comme peu importante et devant
être négligée, les
Francs-Maçons ont donné naissance à
des réunions plus dangereuses encore et plus
audacieuses. On doit placer
à leur tête celle
des Carbonari, qui paraîtrait les renfermer toutes dans son
sein, et qui est la
plus considérable en Italie et dans quelques autres pays.
Divisée en
différentes branches et sous des noms divers, elle a
osé entreprendre de
combattre la religion catholique et de lutter contre
l’autorité légitime. Ce
fut pour délivrer l’Italie et les autres pays, et
spécialement les États du
Souverain Pontife, de ce fléau qui avait
été apporté par des
étrangers dans le
temps où l’autorité pontificale
était entravée par l’invasion, que Pie
VII,
Notre prédécesseur d’heureuse
mémoire, publia une Bulle, le 13 septembre 1821,
commençant par ces mots : Ecclesiam a
Jesu Christo. Elle condamne
la secte dite des Carbonari sous les peines les plus graves, sous
quelque
dénomination et dans quelque pays qu’elle existe.
En voici la teneur : (lien).
Il y avait peu
de temps que cette
Bulle avait été publiée par Pie VII,
lorsque Nous avons été appelé,
malgré la
faiblesse de nos mérites, à lui
succéder au Saint Siège. Nous Nous sommes
aussitôt appliqué à examiner
l’état, le nombre et la force de ces associations
secrètes et Nous avons reconnu facilement que leur audace
s’était accrue par
les nouvelles sectes qui s’y sont rattachées.
Celle qu’on désigne sous le nom
d’Universitaire a surtout fixé notre
attention ; elle a établi son siège
dans plusieurs universités, où des jeunes gens,
au lieu d’être instruits, sont
pervertis par quelques maîtres, initiés
à des mystères qu’on pourrait appeler
des mystères d’iniquité, et
formés à tous les crimes. De
là vient que si
longtemps après
que le flambeau de la révolte a été
allumé
pour la première fois en Europe par
les sociétés secrètes, et
qu’il a
été porté au loin par ses agents,
après les
éclatantes victoires remportées par les plus
puissants
princes et qui Nous
faisaient espérer la répression de ces
sociétés ; cependant, leurs
coupables efforts n’ont pas encore
cessé : car, dans
les mêmes contrées où
les anciennes tempêtes paraissaient apaisées,
n’a-t-on pas à craindre de
nouveaux troubles et de nouvelles séditions que ces
sociétés trament sans
cesse ? N’y redoute-t-on pas les poignards impies
dont ils
frappent en
secret ceux qu’ils ont désignés
à la
mort ? Combien de luttes terribles
l’autorité n’a-t-elle pas eu
à soutenir
malgré elle, pour maintenir la
tranquillité publique ? On doit encore
attribuer à ces
associations les affreuses calamités qui désolent
de toute part l’Église, et
que Nous ne pouvons rappeler sans une profonde douleur : on
attaque avec
audace ses dogmes et ses préceptes les plus
sacrés ; on cherche à avilir
son autorité, et la paix dont elle aurait le droit de jouir
est non seulement
troublée, mais on pourrait dire qu’elle est
détruite. On ne doit pas
s’imaginer que Nous
attribuions faussement et par calomnie à ces associations
secrètes tous les
maux et d’autres que Nous ne signalons pas. Les ouvrages que
leurs membres ont
osé publier sur la religion et sur la chose publique, leur
mépris pour
l’autorité, leur haine pour la
souveraineté, leurs attaques contre la divinité
de Jésus-Christ et l’existence même
d’un Dieu, le matérialisme qu’ils
professent,
leurs codes et leurs statuts, qui démontrent leurs projets
et leurs vues,
prouvent ce que Nous avons rapporté de leurs efforts pour
renverser les princes
légitimes et pour ébranler les fondements de
l’Église ; et ce qui est
également certain, c’est que ces
différentes associations, quoique portant
diverses dénominations, sont alliées entre elles
par leurs infâmes projets. D’après
cet exposé, Nous pensons
qu’il est de Notre devoir de condamner de nouveau ces
associations secrètes,
pour qu’aucune d’elles ne puisse
prétendre qu’elle n’est pas comprise
dans
Notre sentence apostolique et se servir de ce prétexte pour
induire en erreur
des hommes faciles à tromper. Ainsi,
après avoir pris l’avis de
Nos Vénérables Frères les Cardinaux de
la sainte Église Romaine, de Notre
propre mouvement, de Notre science certaine et après de
mûres réflexions, Nous
défendons pour toujours et sous les peines
infligées dans les Bulles de Nos
prédécesseurs insérées dans
la présente et que Nous confirmons, Nous
défendons,
disons-Nous, toutes associations secrètes, tant celles qui
sont formées
maintenant que celles qui, sous quelque nom que ce soit, pourront se
former à
l’avenir, et celles qui concevraient contre
l’Église et toute autorité
légitime
les projets que Nous venons de signaler. C’est
pourquoi Nous ordonnons à
tous et à chaque chrétien, quels que soient leur
état, leur rang, leur dignité
ou leur profession, laïques ou prêtres,
réguliers ou séculiers, sans qu’il soit
nécessaire de les nommer ici en particulier, et, en vertu de
la sainte
obéissance, de ne jamais se permettre, sous quelque
prétexte que ce soit,
d’entrer dans les susdites sociétés, de
les propager, de les favoriser ou de
les recevoir ou cacher dans sa demeure ou autre part, de se faire
initier à ces
sociétés dans quelque grade que ce soit, de
souffrir qu’elles se rassemblent ou
de leur donner des conseils ou des secours ouvertement ou en secret,
directement ou indirectement, ou bien d’engager
d’autres, de les séduire, de
les porter ou de les persuader à se faire recevoir ou
initier dans ces
sociétés, dans quelque grade que ce soit, ou
d’assister à leurs réunions, ou de
les aider ou favoriser de quelque manière que ce
soit ; au contraire,
qu’ils se tiennent soigneusement
éloignés de ces sociétés,
de leurs associations,
réunions ou assemblées, sous peine
d’excommunication dans laquelle ceux qui
auront contrevenu à cette défense tomberont par
le fait même, sans qu’ils
puissent jamais en être relevés que par Nous ou
Nos successeurs, si ce n’est en
danger de mort. Nous ordonnons
en outre à tous et à
chacun, sous peine de l’excommunication
réservée à Nous et à Nos
successeurs,
de déclarer à
l’évêque et aux autres personnes que
cela concerne, dès qu’ils en
auront connaissance, si quelqu’un appartient à ces
sociétés ou s’est rendu
coupable de quelques-uns des délits
susmentionnés. Nous condamnons
surtout et Nous
déclarons nul le serment impie et coupable par lequel ceux
qui entrent dans ces
associations s’engagent à ne
révéler à personne ce qui regarde ces
sectes, et à
frapper de mort les membres de ces associations qui feraient des
révélations à
des supérieurs ecclésiastiques ou
laïques. N’est-ce pas, en effet, un crime que
de regarder comme un lien obligatoire, un serment,
c’est-à-dire un acte qui
doit se faire en toute justice, et où l’on
s’engage à commettre un assassinat,
et à mépriser l’autorité de
ceux qui, étant chargés du pouvoir
ecclésiastique
ou civil, doivent connaître tout ce qui est important pour la
religion et la
société, et ce qui peut porter atteinte
à leur tranquillité ? N’est-ce
pas
indigne et inique de prendre Dieu à témoin de
pareils attentats ? Les
Pères du Concile de Latran ont dit avec beaucoup de sagesse
(can. 3)
« qu’il ne faut pas considérer
comme serment, mais plutôt comme parjure
tout ce qui a été promis au détriment
de l’Église et contre les règles de la
tradition. » Peut-on tolérer
l’audace ou plutôt la démence de ces
hommes
qui, disant, non seulement en secret, mais hautement, qu’il
n’y a point de
Dieu, et le publiant dans leurs écrits, osent cependant
exiger en son nom un
serment de ceux qu’ils admettent dans leur secte ? Voilà
ce que Nous avons arrêté pour
réprimer et condamner toutes les sectes odieuses et
criminelles. Maintenant,
Vénérables Frères, Patriarches,
Primats, Archevêques et Évêques, Nous
demandons, ou plutôt Nous implorons votre secours ;
donnez tous vos soins
au troupeau que le Saint-Esprit vous a confié en vous
nommant évêques de son
Église. Des loups dévorants se
précipiteront sur vous et n’épargneront
pas vos
brebis. Soyez sans crainte, et ne regardez pas votre vie comme plus
précieuse
que vous-mêmes. Soyez convaincus que la constance de vos
troupeaux dans la
religion et dans le bien dépend surtout de vous ;
car, quoique nous
vivions dans des jours mauvais et où plusieurs ne supportent
pas la saine
doctrine, cependant beaucoup de fidèles respectent encore
leurs pasteurs, et
les regardent avec raison comme les ministres de
Jésus-Christ et les
dispensateurs de ses mystères. Servez-vous donc, pour
l’avantage de votre
troupeau, de cette autorité que Dieu vous a
donnée sur leurs âmes par une grâce
signalée. Découvrez-leur les ruses des sectaires
et les moyens qu’ils doivent
employer pour s’en préserver. Inspirez-leur de
l’horreur pour ceux qui
professent une doctrine perverse, qui tournent en dérision
les mystères de
notre religion et les préceptes si purs de
Jésus-Christ, et qui attaquent la
puissance légitime. Enfin, pour Nous servir des paroles de
Notre prédécesseur
Clément XIII, dans sa Lettre encyclique A quo die
à tous les Patriarches,
Primats, Archevêques et Évêques de
l’Église catholique, en date du 14 septembre
1758 : « Pénétrons-nous,
je vous en
conjure, de la force de l’Esprit du Seigneur, de
l’intelligence et du courage
qui en sont le fruit, afin de ne pas ressembler à ces chiens
qui ne peuvent
aboyer, laissant nos troupeaux exposés à la
rapacité des bêtes des champs. Que
rien ne nous arrête dans le devoir où nous sommes
de souffrir toutes sortes de
combats pour l’amour de Dieu et le salut des âmes.
Ayons sans cesse devant les
yeux celui qui fut aussi, pendant sa vie, en butte à la
contradiction des
pécheurs ; car si nous nous laissons
ébranler par l’audace des méchants,
c’en est fait de la force de
l’épiscopat, de l’autorité
sublime et divine de
l’Église. Il ne faut plus songer à
être chrétiens si nous en sommes venus au
point de trembler devant les menaces ou les embûches de nos
ennemis. » Princes
catholiques, Nos très chers
fils en Jésus Christ, pour qui Nous avons une affection
particulière, Nous vous
demandons avec instance de venir à Notre secours. Nous vous
rappellerons ces
paroles que Léon le Grand, notre
prédécesseur et dont Nous portons le nom,
quoique indigne de lui être comparé, adressait
à l’empereur Léon :
« Vous devez sans cesse vous rappeler que la
puissance royale ne vous a
pas seulement été conférée
pour gouverner le monde, mais encore et
principalement pour prêter main forte à
l’Église, en comprimant les méchants
avec courage, en protégeant les bonnes lois, en
rétablissant l’ordre dans
toutes les choses où il a été
troublé ». Les circonstances actuelles
sont
telles que vous avez à réprimer ces
sociétés secrètes, non seulement pour
défendre la religion catholique, mais encore pour votre
propre sûreté et pour
celle de vos sujets. La cause de la religion est aujourd’hui
tellement liée à
celle de la société, qu’on ne peut plus
les séparer ; car ceux qui font partie
de ces associations ne sont pas moins ennemis de votre puissance que de
la
religion. Ils attaquent l’une et l’autre et
désirent également les voir
renversées ; et s’ils le pouvaient, ils
ne laisseraient subsister ni la
religion ni l’autorité royale. Telle est la
perfidie de ces hommes
astucieux, que, lorsqu’ils forment des vœux secrets
pour renverser votre
puissance, ils feignent de vouloir l’étendre. Ils
essaient de persuader que
Notre pouvoir et celui des évêques doit
être restreint et affaibli par les
princes, et qu’il faut transférer à
ceux-ci les droits, tant de cette Chaire
apostolique et de cette Église principale, que des
évêques appelés à partager
Notre sollicitude. Ce
n’est pas la haine seule de la
religion qui anime leur zèle, mais l’espoir que
les peuples soumis à votre
empire, en voyant renverser les bornes posées dans les
choses saintes par
Jésus-Christ et son Église, seront
amenés facilement par cet exemple à changer
ou à détruire aussi la forme du gouvernement. Vous aussi,
Fils chéris, qui
professez la religion catholique, Nous vous adressons
particulièrement Nos
prières et Nos exhortations. Évitez avec soin
ceux qui appellent la lumière
ténèbres et les ténèbres
lumière. En effet, quel avantage auriez-vous à
vous
lier avec des hommes qui ne tiennent aucun compte ni de Dieu ni des
puissances,
qui leur déclarent la guerre par des intrigues et des
assemblées secrètes, et
qui, tout en publiant tout haut qu’ils ne veulent que le bien
de l’Église et de
la société, prouvent par toutes leurs actions
qu’ils cherchent à porter le
trouble partout et à tout renverser ? Ces hommes
sont semblables à ceux à
qui l’apôtre saint Jean ordonne de ne pas donner
l’hospitalité, et qu’il ne
veut pas qu’on salue (IIe Épître, v.
10) ; ce sont les mêmes que nos pères
appelaient les premiers nés du démon. Gardez-vous
donc de leurs
séductions et des discours flatteurs qu’ils
emploieront
pour vous faire entrer
dans les associations dont ils font partie. Soyez convaincus que
personne ne
peut être lié à ces
sociétés sans se
rendre coupable d’un péché
grave :
fermez l’oreille aux paroles de ceux qui, pour vous attirer
dans
leurs
assemblées, vous affirmeront qu’il ne se commet
rien de
contraire à la raison
et à la religion, et qu’on n’y voit et
n’y
entend rien que de pur, de droit et
d’honnête. D’abord ce serment coupable
dont Nous
avons parlé, et qu’on prête
même dans les grades inférieurs, suffit pour que
vous
compreniez qu’il est
défendu d’entrer dans ces premiers grades et
d’y
rester ; ensuite, quoique
l’on n’ait pas coutume de confier ce
qu’il y a de
plus compromettant et de plus
criminel à ceux qui ne sont pas parvenus à des
grades
éminents, il est
cependant manifeste que la force et l’audace de ces
sociétés pernicieuses
s’accroissent en raison du nombre et de l’accord de
ceux
qui en font partie.
Ainsi ceux qui n’ont pas passé les rangs
inférieurs
doivent être considérés
comme les complices du même crime, et cette sentence de
l’apôtre (Épître aux
Romains, ch. 1) tombe sur eux : « Ceux qui
font ces
choses sont
dignes de mort, et non seulement ceux qui les font, mais même
ceux qui
s’associent à ceux qui s’en rendent
coupables ». Enfin, Nous
Nous adressons avec
affection à ceux qui, malgré les
lumières qu’ils avaient reçues, et la
part
qu’ils avaient eue au don céleste et aux
grâces de l’Esprit-Saint, ont eu le
malheur de se laisser séduire et d’entrer dans ces
associations, soit dans les
rangs inférieurs, soit dans les degrés plus
élevés. Nous qui tenons la place de
Celui qui a déclaré qu’il
n’était pas venu appeler les justes mais les
pêcheurs, et qui s’est comparé au
pasteur qui, abandonnant le reste de son troupeau,
cherche avec inquiétude la brebis qu’il a perdue,
Nous les pressons et Nous les
prions de revenir à Jésus-Christ. Sans doute ils
ont commis un grand crime,
cependant ils ne doivent point désespérer de la
miséricorde et de la clémence
de Dieu et de son Fils Jésus-Christ ;
qu’ils rentrent dans les voies du
Seigneur, il ne les repoussera pas ;; mais semblable au
père de l’enfant
prodigue, il ouvrira ses bras pour les recevoir avec tendresse. Pour
faire tout
ce qui est en Notre pouvoir et pour leur rendre plus facile le chemin
de la
pénitence, Nous suspendons pendant l’espace
d’un an après la publication de ces
Lettres apostoliques dans le pays qu’ils habitent,
l’obligation de dénoncer
leurs frères, et Nous déclarons qu’ils
peuvent être relevés de ces censures,
même en ne dénonçant pas leurs
complices, par tout confesseur approuvé par les
Ordinaires des lieux qu’ils habitent. Nous usons
également de la même
indulgence à l’égard de ceux qui
demeurent à Rome. Si quelqu’un (ce
qu’à Dieu
ne plaise !) était assez endurci pour ne pas
abandonner ces sociétés dans
le temps que Nous avons prescrit, il sera tenu de dénoncer
ses complices, et il
sera sous le poids des censures s’il revient à
résipiscence après cette
époque ; il ne pourra obtenir
l’absolution qu’après avoir
dénoncé ses
complices, ou au moins juré de les dénoncer le
plus tôt possible. Cette
absolution ne pourra être donnée que par Nous, Nos
successeurs ou ceux qui
auront obtenu du Saint-Siège la faculté de
relever de ces censures. Nous voulons
que les exemplaires
imprimés du présent Bref apostolique,
lorsqu’ils seront signés de la main d’un
notaire public et munis du sceau d’un dignitaire de
l’Église, obtiennent la
même foi que l’original. Que personne ne
se permette
d’enfreindre ou de contredire Notre présente
déclaration, condamnation, ordre,
défense, invocation, réquisition,
décret et volonté. Si, néanmoins,
quelqu’un
se le permettait, qu’il sache qu’il
s’attire par là la colère du Dieu
tout-puissant et des saints apôtres Pierre et Paul. Donné
à Rome, près Saint-Pierre,
l’année de l’Incarnation de
Notre-Seigneur 1825, le 3 des ides de Mars (13
mars), de notre Pontificat l’an II. |
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