Obédience : NC | Loge : NC | 09/11/1846 |
SS
PIUS IX
Encyclique
: Qui pluribus
Lettre
encyclique de S.S. PIE IX Crux de cruce Pie IX –
255éme
Pape - 16/06/1846 – 07/11/1878
Nous qui,
depuis un nombre d’années
assez considérable, Nous livrions comme Vous, selon toute la
mesure de Nos
forces, à l’accomplissement de cette charge
épiscopale si pleine de travaux et
de sollicitude de tout genre ; Nous, qui Nous efforcions de
diriger et de
conduire sur les monts d’Israël, aux bords des eaux
vives, dans les pâturages
les plus féconds, la portion du troupeau du Seigneur
confiée à Nos soins ;
Nous voici, par la mort de Grégoire XVI, notre
très illustre prédécesseur, et
dont la postérité, saisie d’admiration
pour sa mémoire, lira les glorieux actes
inscrits en lettres d’or dans les fastes de
l’Église ; Nous voici porté au
faîte du Suprême Pontificat, par un dessein secret
de la divine Providence, non
seulement contre toute prévision et toute attente de Notre
part, mais au
contraire avec l’effroi et la perturbation extrêmes
qui alors saisirent Notre
âme. Si, en effet, et à toutes les
époques, le fardeau du ministère apostolique
a été et doit être toujours justement
considéré comme extrêmement difficile
et
périlleux, c’est bien certainement de nos jours et
de notre temps, si remplis de
difficultés pour l’administration de la
république chrétienne, qu’on doit le
regarder comme extrêmement redoutable. Aussi, bien
pénétré de Notre propre
faiblesse, au premier et seul aspect des imposants devoirs de
l’Apostolat
suprême, surtout dans la conjoncture si difficile des
circonstances présentes,
Nous nous serions abandonné entièrement aux
larmes et à la plus profonde
tristesse, si Nous n’avions promptement fixé toute
Notre espérance en Dieu.
notre salut, qui ne laisse jamais défaillir ceux qui
espèrent en Lui, et qui,
d’ailleurs, jaloux de montrer de temps à autre sa
toute puissance, se plaît à
choisir pour gouverner son Église les instruments les plus
faibles, afin que de
plus en plus tous les esprits soient amenés à
reconnaître que c’est Dieu Lui-même,
par son admirable Providence, qui gouverne et défend son
Église. D’ailleurs, ce
qui Nous console et soutient aussi considérablement notre
courage, Vénérables
Frères, c’est que, en travaillant au salut des
âmes, Nous pouvons Vous compter
comme Nos associés et Nos coadjuteurs, Vous qui, par
vocation, partagez Notre
sollicitude, et Vous efforcez, par Votre zèle et Vos soins
sans mesure, de
remplir Votre saint ministère et de soutenir le bon combat. Assis,
malgré Notre peu de mérite,
sur ce siège suprême du prince des
apôtres, à peine avons Nous reçu en
héritage, dans la personne du bienheureux apôtre
Pierre, cette charge si
auguste et si grave, divinement accordée par le prince
éternel au souverain de
tous les pasteurs, de paître et de gouverner, non seulement
les agneaux,
c’est-à-dire tout le peuple chrétien,
mais aussi les brebis, c’est-à-dire les
chefs du troupeau eux-mêmes ; non, rien certainement
n’a plus vivement
excité Nos vœux et Nos désirs les plus
pressants, que de Vous adresser les
paroles qui Nous sont suggérées par les plus
intimes sentiments de notre
affection. C’est
pourquoi, venant à peine de
prendre possession du suprême pontificat dans notre basilique
de Latran, selon
l’usage et l’institution de nos
prédécesseurs, sur le champ Nous Vous adressons
les présentes lettres dans le but d’exciter encore
Votre piété, déjà si
éminente ; et afin que, par un surcroît
de promptitude, de vigilance et
d’effort, Vous souteniez les veilles de la nuit autour du
troupeau confié à vos
soins, et que, déployant la vigueur et la fermeté
épiscopales dans le combat
contre le plus terrible ennemi du genre humain, vous soyez pour la
maison
d’Israël cet infranchissable rempart
qu’offrent seuls les valeureux soldats de
Jésus Christ. Personne
d’entre vous n’ignore,
Vénérables
Frères, dans notre époque déplorable,
cette guerre si terrible et si acharnée
qu’à machinée contre
l’édifice de la foi catholique cette race
d’hommes qui
unis entre eux par une criminelle association, ne pouvant supporter la
saine
doctrine, fermant l’oreille à la
vérité, ne craignent pas d’exhumer du
sein des
ténèbres, où elles étaient
ensevelies, les opinions les plus monstrueuses,
qu’ils entassent d’abord de toutes leurs forces,
qu’ils étalent ensuite et
répandent dans tous les esprits à la faveur de la
plus funeste publicité. Notre
âme est saisie d’horreur, et Notre cœur
succombe de douleur, lorsque Nous nous
rappelons seulement à la pensée toutes ces
monstruosités d’erreurs, toute la
variété de ces innombrables moyens de procurer le
mal ; toutes ces
embûches et ces machinations par lesquelles ces esprits
ennemis de la lumière
se montrent artistes si habiles à étouffer dans
toutes les âmes le saint amour
de la piété, de la justice et de
l’honnêteté ; comment ils
parviennent si
promptement à corrompre les mœurs, à
confondre ou à effacer les droits divins
et humains, à saper les bases de la
société civile, à les
ébranler, et, s’ils
pouvaient arriver jusque là, à les
détruire de fond en comble. Car, Vous le
savez bien, Vénérables
Frères, ces implacables ennemis du nom chrétien,
tristement entraînés par on ne
sait quelle fureur d’impiété en
délire, ont poussé l’excès
de leurs opinions
téméraires à ce point
d’audace, jusque là inouï,
qu’ils n’ouvrent leur bouche
que pour vomir contre Dieu des blasphèmes ;
qu’ouvertement et par toutes
les voix de la publicité, ils ne rougissent pas
d’enseigner que les sacrés
mystères de notre religion sont des fables et des inventions
humaines, que la
doctrine de l’Église catholique est contraire au
bien et aux intérêts de la
société. Ils vont plus loin encore : ils
ne redoutent pas de nier le
Christ et jusqu’à Dieu Lui-même. Pour
fasciner encore plus aisément les
peuples, pour tromper surtout les esprits imprévoyants et
les ignorants, et les
entraîner avec eux dans les abîmes de
l’erreur, ils osent se vanter d’être les
seuls en possession de la connaissance des véritables
sources de la
prospérité ; ils
n’hésitent pas à s’arroger le
nom de philosophes, comme
si la philosophie, dont l’objet est de rechercher et
d’étudier la vérité de
l’ordre naturel, devait rejeter avec dédain tout
ce que le Dieu suprême et très
clément, l’auteur de toute la nature, par un effet
spécial de sa bonté et de sa
miséricorde, a daigné manifester aux hommes pour
leur véritable bonheur et pour
leur salut. C’est
pour cela qu’employant une
manière de raisonner déplacée et
trompeuse, ils ne cessent d’exalter la force
et l’excellence de la raison humaine, de vanter sa
supériorité sur la foi très
sainte en Jésus Christ, et qu’ils
déclarent audacieusement que cette foi est
contraire à la raison humaine. Non, rien ne saurait
être imaginé ou supposé de
plus insensé, de plus impie et de plus contraire
à la raison elle-même. Car, bien que
la foi soit au-dessus
de la raison, jamais on ne pourra découvrir qu’il
y ait opposition et
contradiction entre elles deux; parce que l’une et
l’autre émanent de ce Dieu
très excellent et très grand, qui est la source
de la vérité éternelle. Elles
se prêtent bien plutôt un tel secours mutuel que
c’est toujours à la droite raison
que la vérité de la foi emprunte sa
démonstration, sa défense et son soutien
les plus sûrs ; que la foi, de son côté,
délivre la raison des erreurs qui
l’assiègent, qu’elle
l’illumine merveilleusement par la connaissance des choses
divines, la confirme et la perfectionne dans cette connaissance. Les ennemis de
la révélation
divine, Vénérables Frères,
n’ont pas recours à des moyens de tromperie moins
funestes lorsque, par des louanges extrêmes, ils portent
jusqu’aux nues les
progrès de l’humanité. Ils voudraient,
dans leur audace sacrilège, introduire
ce progrès jusque dans l’Église
catholique : comme si la religion était
l’ouvrage non de Dieu, mais des hommes, une espèce
d’invention philosophique à
laquelle les moyens humains peuvent surajouter un nouveau
degré de
perfectionnement. Jamais hommes
si déplorablement en
délire ne méritèrent mieux le reproche
que Tertullien adressait aux philosophes
de son temps : « Le christianisme que vous
mettez en avant, n’est
autre que celui des stoïciens, des platoniciens et des
dialecticiens ». En effet, notre
très sainte
religion n’ayant pas été
inventée par la raison, mais directement
manifestée
aux hommes par Dieu, tout le monde comprend aisément que
cette religion,
empruntant toute sa force et sa vertu de
l’autorité de la Parole de Dieu
Lui-même, n’a pu être produite et ne
saurait être perfectionnée par la simple
raison. Donc, pour que la raison humaine ne se trompe ni ne
s’égare dans une
affaire aussi grave et de cette importance, il faut qu’elle
s’enquière soigneusement
du fait de la révélation, afin qu’il
lui soit démontré, d’une
manière certaine,
que Dieu a parlé, et qu’en conséquence,
selon le très sage enseignement de
l’apôtre, elle lui doit une soumission raisonnable.
Mais qui donc ignore ou
peut ignorer que, lorsque Dieu parle, on lui doit une foi
entière, et qu’il n’y
a rien de plus conforme à la raison elle-même, que
de donner son assentiment et
de s’attacher fortement aux vérités
incontestablement révélées par Dieu,
qui ne
peut ni tromper ni se tromper ? Et combien
nombreuses, combien
admirables, combien splendides sont les preuves par lesquelles la
raison
humaine doit être amenée à cette
conviction profonde : que la religion de
Jésus Christ est divine, et qu’elle a
reçu du Dieu du ciel la racine et le principe
de tous ses dogmes, et que par conséquent il n’y a
rien au monde de plus
certain que notre foi, rien de plus sûr ni de plus
vénérable et qui s’appuie
sur des principes solides. C’est cette foi qui est la
maîtresse de la vie, le
guide du salut, le destructeur de tous les vices, la mère et
la nourrice
féconde de toutes les vertus ; consolidée par la
naissance, la vie, la mort, la
résurrection, la sagesse, les prodiges et les
prophéties de son divin auteur et
consommateur, Jésus Christ; répandant de tous
côtés l’éclat de sa doctrine
surnaturelle, enrichie des trésors inépuisables
et vraiment célestes de tant de
prophéties inspirées à ses
prophètes, du resplendissant éclat de ses
miracles,
de la constance de tant de martyrs, de la gloire de tant de saints
personnages.
De plus en plus insigne et remarquable, elle porte partout les lois
salutaires
de Jésus Christ ; et de jour en jour
acquérant et puisant sans cesse de
nouvelles forces dans les persécutions les plus cruelles,
armée du seul
étendard de la croix, elle conquiert l’univers
entier, et la terre et la mer,
depuis le levant jusqu’au couchant ; et,
après avoir renversé les
trompeuses idoles, dissipé les
ténèbres épaisses de
l’erreur, triomphé des
ennemis de toute espèce, elle a répandu les
bienfaisants rayons de sa lumière
sur tous les peuples, sur toutes les nations et sur tous les pays, quel
que fût
le degré de férocité de leurs
mœurs, de leur naturel et de leur caractère
barbare, les courbant sous le joug si suave de Jésus Christ,
et annonçant à
tous la paix et le bonheur. Certes, toutes
ces magnificences
resplendissent assez de toute part de l’éclat de
la puissance et de la sagesse
divines, pour que toute pensée et toute intelligence
puissent saisir
promptement et comprendre facilement que la foi chrétienne
est l’œuvre de Dieu. Donc,
d’après ces splendides et
inattaquables démonstrations, la raison humaine est
amenée à ce point qui
l’oblige à reconnaître clairement et
manifestement que Dieu est l’auteur de
cette même foi ; la raison humaine ne saurait
s’avancer au-delà ;
mais, rejetant et écartant toute difficulté et
tout doute, elle doit à cette
même foi une soumission sans réserve,
puisqu’elle est elle-même assurée que
tout ce que la foi propose aux hommes de croire et de pratiquer, tout
cela vient
de Dieu. On voit donc
manifestement dans
quelle erreur profonde se roulent ces esprits qui, abusant de la raison
et
regardant les oracles divins comme des produits de l’homme,
osent les soumettre
à l’arbitrage de leur interprétation
particulière et téméraire. Puisque
Dieu
Lui-même a établi une autorité vivante,
laquelle devait fixer et enseigner le
véritable et légitime sens de sa
révélation céleste, et mettrait fin,
par son
jugement infaillible, à toutes les controverses soit en
matière de foi, soit en
matière de mœurs, et tout cela afin que les
fidèles ne fussent pas entraînés
à
tout vent dans les fausses doctrines, ni enveloppés dans les
immenses filets de
la malice et des aberrations humaines. Cette autorité
vivante et infaillible
n’est en vigueur que dans cette seule Église que
Jésus Christ a établie sur
Pierre, le chef, le prince et le pasteur de toute
l’Église, auquel il a promis
que sa foi ne serait jamais en défaillance ;
l’Église constituée de
manière qu’elle a toujours à sa
tête et dans sa chaire immuable ses Pontifes
légitimes, lesquels remontent, par une succession non
interrompue, jusqu’à
l’apôtre Pierre, et jouissent comme lui du
même héritage de doctrine, de
dignité, d’honneur et de puissance sans rivale. Et
comme là où est Pierre, là
est l’Église ; comme Pierre parle par la
bouche du Pontife romain, qu’il
est toujours vivant dans ses successeurs, qu’il exerce le
même jugement, et
transmet la vérité de la foi à ceux
qui la demandent, il s’ensuit que les
divins enseignements doivent être acceptés dans le
même sens qu’y attache et y
a toujours attaché cette Chaire romaine, Siège du
bienheureux Pierre, la mère
et la maîtresse de toutes les Églises, qui a
toujours conservé inviolable et
entière la foi donnée par le Seigneur
Jésus Christ ; qui l’a toujours
enseignée aux fidèles, leur montrant à
tous le chemin du salut et
l’incorruptible doctrine de la Vérité. Cette
Église est donc l’Église
principale où l’unité sacerdotale a
pris son origine, elle est la métropole de
la piété, et dans laquelle reste toujours
entière et parfaite la solidité de la
religion chrétienne ; toujours on y a vu florissant
le Principat de la
Chaire apostolique vers laquelle toute l’Église,
c’est-à-dire tous les fidèles
répandus sur la terre doivent nécessairement
accourir, à raison de sa
principauté suréminente, Église sans
laquelle quiconque ne recueille pas,
disperse. Nous donc qui
avons été placé, par
un impénétrable jugement de Dieu, sur cette
Chaire de Vérité, nous venons
exciter très vivement dans le Seigneur votre
piété si remarquable,
Vénérables
Frères, afin que Vous renouveliez tous vos efforts, Votre
sollicitude et Vos
soins, avertissant et exhortant continuellement tous les
fidèles confiés à
Votre vigilance, que chacun d’eux, fermement
attaché à ces principes, ne se laisse
jamais tromper ni attirer par l’erreur de ces hommes
abominables dans leurs
recherches, qui ne s’appliquent, en cette étude et
dans la poursuite du progrès
humain, qu’à la destruction de la foi, qui ne
veulent, dans leurs efforts
impies, que soumettre cette foi à la raison de
l’homme, et ne reculent pas
devant l’audace de faire injure à Dieu
Lui-même, après qu’Il a
daigné, dans sa
clémence et par Sa divine religion, pourvoir au bien et au
salut des hommes. Mais Vous
connaissez encore aussi
bien, Vénérables Frères, les autres
monstruosités de fraudes et d’erreurs par
lesquelles les enfants de ce siècle s’efforcent
chaque jour de combattre avec
acharnement la religion catholique et la divine autorité de
l’Église, ses lois
non moins vénérables ; comment ils
voudraient fouler également aux pieds
les droits de la puissance sacrée et de
l’autorité civile. C’est à ce
but que
tendent ces criminels complots, contre cette Église romaine,
siège du
bienheureux Pierre, et dans laquelle Jésus Christ a
placé l’indestructible
fondement de toute son Église. Là tendent toutes
ces sociétés secrètes sorties
du fond des ténèbres pour ne faire
régner partout, dans l’ordre sacré et
profane, que les ravages et la mort ;
sociétés clandestines si souvent
foudroyées par l’anathème des Pontifes
romains nos prédécesseurs dans leurs
Lettres apostoliques, lesquelles Nous voulons en ce moment
même confirmer et
très exactement recommander à
l’observation par la plénitude de Notre puissance
apostolique. C’est
encore le but que se proposent
ces perfides sociétés bibliques, lesquelles,
renouvelant les artifices odieux
des anciens hérétiques, ne cessent de produire
contre les règles si sages de
l’Église, et de répandre parmi les
fidèles les moins instruits les livres des
saintes Écritures traduits en toute espèce de
langues vulgaires, et souvent
expliquées dans un sens pervers, consacrant à la
distribution de ces milliers
d’exemplaires des sommes incalculables, les
répandant partout gratuitement,
afin qu’après avoir rejeté la
tradition, la doctrine des Pères et
l’autorité de
l’Église catholique, chacun interprète
les oracles divins selon son jugement
propre et particulier, et tombe ainsi dans l’abîme
des plus effroyables
erreurs. Animé d’une juste émulation du
zèle et des saints exemples de ses
prédécesseurs, Grégoire XVI, de sainte
mémoire, et dont Nous avons été
constitué le successeur, malgré
l’infériorité de Notre
mérite, a condamné par
ses Lettres apostoliques les mêmes
sociétés secrètes que Nous entendons
aussi
déclarer condamnées et flétries par
Nous. C’est
encore au même but que tend
cet horrible système de l’indifférence
en matière de religion, système qui
répugne le plus à la seule lumière
naturelle de la raison. C’est par ce
système, en effet, que ces subtils artisans de mensonge,
cherchent à enlever
toute distinction entre le vice et la vertu, entre la
vérité et l’erreur, entre
l’honneur et la turpitude, et prétendent que les
hommes de tout culte et de
toute religion peuvent arriver au salut éternel :
comme si jamais il
pouvait y avoir accord entre la justice et
l’iniquité, entre la lumière et les
ténèbres, entre Jésus Christ et
Bélial. C’est
à ce
même but encore que tend
cette honteuse conjuration qui s’est formée
nouvellement
contre le célibat
sacré des membres du clergé, conspiration qui
compte,
ô douleur ! parmi
ses fauteurs quelques membres de l’ordre
ecclésiastique,
lesquels, oubliant
misérablement leur propre dignité, se laissent
vaincre et
séduire par les
honteuses illusions et les funestes attraits de la volupté.
C’est là que tend
ce mode pervers d’enseignement, spécialement celui
qui
traite des sciences
philosophiques, et par lequel, d’une manière si
déplorable, on trompe et l’on
corrompt une imprévoyante jeunesse, lui versant le fiel du
dragon dans la coupe
de Babylone. à ce même but tend cette
exécrable
doctrine destructrice même du
droit naturel et qu’on appelle le communisme, laquelle, une
fois
admise, ferait
bientôt disparaître entièrement les
droits, les
intérêts, les propriétés et
jusqu’à la société
humaine ; là
tendent aussi les embûches profondément
ténébreuses de ceux qui cachent la
rapacité du
loup sous la peau de la brebis,
s’insinuent adroitement dans les esprits, les
séduisent
par les dehors d’une
piété plus élevée,
d’une vertu plus
sévère ; les liens qu’ils
imposent
sont à peine sensibles, et c’est dans
l’ombre
qu’ils donnent la mort ; ils
détournent les hommes de toute pratique du culte ;
quand
ils ont égorgé
les brebis du Seigneur, ils en déchirent les membres. C’est
là enfin, pour ne point
énumérer ici tous les maux qui Vous sont si bien
connus, c’est à ce but funeste
que tend cette contagion exécrable de petits livres et de
volumes qui pleuvent
de toutes parts, enseignant la pratique du mal ;
composés avec art, pleins
d’artifice et de tromperie, répandus à
grands frais dans tous les lieux de la
terre, pour la perte du peuple chrétien, ils jettent partout
les semences des
funestes doctrines, font pénétrer la corruption,
surtout dans les âmes des
ignorants, et causent à la religion les pertes les plus
funestes. Par suite de
cet effroyable débordement d’erreurs partout
répandues, et aussi par cette
licence effrénée de tout penser, de tout dire, et
de tout imprimer, les mœurs
publiques sont descendues à un effroyable degré
de malice ; la très sainte
religion de Jésus Christ est
méprisée ; l’auguste
majesté du culte divin
dédaignée ;
l’autorité du saint Siège apostolique
renversée ; le
pouvoir de l’Église sans cesse attaqué
et réduit aux proportions d’une
humiliante servitude ; les droits de
évêques foulés aux pieds, la
sainteté
du mariage violée, l’administration de
l’une et de l’autre puissance
universellement ébranlée ; tels sont
entre autres, Vénérables Frères, les
maux qui dévorent la société civile et
religieuse, et que Nous sommes obligé de
déplorer aujourd’hui en mêlant Nos
larmes avec les Vôtres. Au milieu donc
de ces grandes
vicissitudes de la religion, des événements et
des temps, vivement préoccupé du
salut de tout le troupeau divinement confié à Nos
soins, dans l’accomplissement
de la charge de Notre ministère apostolique, soyez
assurés que Nous n’omettrons
ni tentatives, ni efforts pour assurer le bien spirituel de la famille
entière
des chrétiens. Nous venons cependant exciter aussi dans le
Seigneur toute
l’ardeur de Votre piété,
déjà si remarquable, toute Votre vertu et toute
Votre
prudence. Comme Nous,
appuyés sur le secours
d’en haut, défendez avec Nous et valeureusement,
Vénérables Frères, la cause de
l’Église, fermes au poste qui Vous est
confié, et soutenant la dignité qui Vous
distingue. Vous comprenez que la combat sera rude, car Vous
n’ignorez point le
nombre et la profondeur des blessures qui accablent
l’Épouse Immaculée de Jésus
Christ, et quelles dévastations terribles ses ennemis
acharnés lui font
éprouver. Or, Vous savez
parfaitement que le premier
devoir de Votre charge est d’employer Votre force
épiscopale à protéger et à
défendre la foi catholique, à veiller avec le
soin le plus extrême à ce que le
troupeau qui Vous est confié demeure ferme et
inébranlable dans la foi, sans la
conservation entière et inviolable de laquelle il
périrait certainement pour
l’éternité. Ainsi ayez donc le soin le
plus grand de défendre et de conserver
cette foi selon Votre sollicitude pastorale, et ne cessez jamais
d’en instruire
tous ceux qui Vous sont confiés, de confirmer les esprits
chancelants, de
confondre les contradicteurs, de fortifier les faibles, ne dissimulant
ou ne
souffrant rien qui puisse paraître, le moins du monde,
blesser la pureté de
cette foi. Avec le même courage et la même
fermeté, Vous devez favoriser
l’union et l’attachement de tous les
cœurs à cette Église catholique, hors
de
laquelle il n’y a point de salut ; la soumission à
cette Chaire de Pierre sur
laquelle repose, comme sur le plus inébranlable fondement,
tout le majestueux
édifice de notre très sainte religion. Employez
la même constance à veiller à
la conservation des très saintes lois de
l’Église, par lesquelles vivent et
fleurissent parfaitement la vertu, la religion et la
piété. Mais comme
c’est une preuve
incontestable de grande pitié que de signaler les
ténébreux repères des impies
et de vaincre en eux le démon, leur maître, Nous
Vous en conjurons, employez
toutes les ressources de Votre Zèle et de Vos travaux
à découvrir aux yeux du
peuple fidèle toutes les embûches, toutes les
tromperies, toutes les erreurs,
toutes les fraudes et toutes les manœuvres des
impies ; détournez avec
grand soin ce même peuple de la lecture de tant de livres
empoisonnés, et enfin
exhortez assidûment le peuple fidèle à
fuir, comme à l’aspect du serpent, les
réunions et les sociétés impies, afin
qu’il parvienne ainsi à se préserver
très
soigneusement du contact de tout ce qui est contraire à la
foi, à la religion
et aux bonnes mœurs. Pour obtenir de
tels résultats,
gardez Vous bien de cesser un instant de prêcher le Saint
Évangile ; car
c’est une telle instruction qui fait croître le
peuple chrétien dans la science
de Dieu et dans la pratique de plus en plus parfaite de la
très sainte loi du
christianisme ; par là, il sera
détourné du mal et marchera dans les voies du
Seigneur. Et puisque Vous
savez que Vous
remplissez la charge de Jésus Christ, lequel se
déclara doux et humble de cœur,
qui vint sur la terre, non pour appeler les justes, mais les
pécheurs, nous
laissant son exemple, afin que nous imitions sa vie et marchions sur
ses
pas ; ne négligez jamais, toutes les fois que Vous
découvrirez quelques
délinquants dans la voie des préceptes du
Seigneur, et lorsque Vous les verrez
s’éloigner du sentier de la justice et de la
vérité, ne négligez jamais
d’employer auprès d’eux les
avertissements de la tendresse et de la mansuétude
d’un père ; et, afin de les corriger,
reprenez les par de salutaires
conseils ; dans vos instances, comme dans vos reproches,
employez toujours
les officieuses ressources de la bonté, de la patience et de
la doctrine ;
car il est démontré que, pour corriger et
réformer les hommes, la bonté a
souvent plus de puissance que la
sévérité, l’exhortation
l’emporte sur la
menace, et la charité va plus loin que la puissance. Joignez encore
tous Vos
efforts,
Vénérables Frères, pour obtenir un
autre
résultat important, savoir, que les
fidèles aiment la charité, fassent
régner la paix
entre eux et pratiquent avec
soin tout ce qui sert à l’entretien de cette
charité et de cette paix. Par là,
il n’y aura plus de dissensions,
d’inimitiés ni de
rivalités, mais tous se
chériront dans une mutuelle tendresse ; ils seront
parfaitement unanimes
dans le même sentiment et la même
vérité, la
même parole, le même goût en
Jésus
Christ Notre Seigneur. Appliquez Vous
à inculquer au
peuple chrétien le devoir de la soumission et de
l’obéissance vis-à-vis des
princes et des gouvernements ; enseignez lui, selon le
précepte de
l’Apôtre, que toute puissance vient de
Dieu ; que ceux-là résistent
à
l’ordre divin et méritent
d’être condamnés, qui
résistent à la puissance, et
que ce précepte d’obéissance
vis-à-vis du pouvoir ne peut jamais être
violé
sans mériter de châtiment, excepté
toutefois lorsqu’il exige quelque chose de
contraire aux lois de Dieu et de l’Église. Cependant,
comme rien n’est plus
propre à disposer continuellement les âmes
à la pratique de la piété et au
culte de Dieu, que la vie et les actes exemplaires de ceux qui se sont
consacrés au ministère divin, et que tels sont
les prêtres, tels sont
ordinairement les peuples, Vous comprenez dans Votre
éminente sagesse,
Vénérables Frères, que Vous devez
employer tous Vos soins à ce que chaque
membre de Votre clergé brille par la gravité des
mœurs, par la sainteté et
l’intégrité de la vie, et par la
doctrine ; et à ce que les prescriptions
des saints canons et de la discipline ecclésiastique soient
exactement gardées,
et que là où la discipline a succombé,
on lui rende son antique splendeur. À
cet effet, ainsi
que Vous le
savez très bien, Vous devez éviter avec le plus
grand
soin d’imposer les mains
à aucun aspirant, avec trop de précipitation, et
contre
l’avis de
l’Apôtre ; mais Vous n’admettrez
à
l’initiation des ordres sacrés, et Vous
n’élèverez à la puissance
redoutable de
consacrer les saints mystères, que les
lévites auparavant éprouvés et
examinés
scrupuleusement, que ceux qui se
distingueront par l’ornement de toutes les vertus, et qui
auront
mérité la
juste louange d’une sagesse intacte ; de telle sorte
qu’ils puissent être
d’utiles ouvriers, et la gloire de
l’Église, dans
chacun de Vos diocèses, et
enfin ceux qui, s’éloignant soigneusement de tout
ce qui
est contraire à la vie
cléricale, s’adonnant plutôt
à
l’étude, à la prédication,
et à la
connaissance
approfondie de la doctrine, sont, en effet, le parfait exemple des
fidèles,
dans leur parole, dans leur conduite, dans la charité, dans
la
foi, dans la
chasteté ; de telle sorte qu’à
leur approche
tous éprouvent le sentiment
d’une vénération
méritée ; que
par eux, de plus en plus, le peuple
chrétien se forme, s’excite et
s’enflamme à
l’amour de notre divine religion.
Car il est mille fois préférable, selon
l’avis si
parfaitement sage de Benoît
XIV, l’un de Nos prédécesseurs
d’immortelle
mémoire, qu’il y ait un nombre
restreint de prêtres, pourvu qu’ils se montrent
excellents,
capables et utiles,
plutôt que d’en avoir un grand nombre, incapables
de toute
manière de procurer
l’édification du corps de Jésus Christ,
qui est
l’Église. Vous n’ignorez pas
non plus qu’il faut examiner avec le plus grand soin quelles
sont
spécialement
les mœurs et la science de ceux à qui sont
confiées
la charge et la conduite
des âmes, afin que, ministres fidèles et
dispensateurs des
diverses formes de
la grâce de Dieu, dans l’administration des
sacrements
auprès du peuple qui
leur est confié, ils sachent le nourrir et
l’encourager
par la prédication de
la parole divine et le soutien continuel du bon exemple ;
qu’ils sachent
le former à tous les enseignements et à toutes
les
pratiques de la religion, et
le maintenir dans le chemin du salut. Vous savez parfaitement que
c’est à
l’ignorance des pasteurs ou à la
négligence des
devoirs de leur charge qu’il
faut attribuer perpétuellement le relâchement des
mœurs parmi les fidèles, la violation
de la discipline chrétienne, l’abandon, puis la
destruction totale des
pratiques et du culte religieux, enfin le débordement de
tous
les vices et des
corruptions qui pénètrent alors facilement dans
l’Église. Voulez-Vous que la
parole de Dieu, qui est toujours vivante et efficace et plus
pénétrante qu’un
glaive à deux tranchants, établie pour le salut
des
âmes, ne s’en retourne pas
inutile et impuissante par la faute de ses ministres ; ne
cessez
jamais,
Vénérables Frères,
d’inculquer dans
l’âme des prédicateurs cette parole
divine,
et de leur recommander la méditation spirituelle, profonde,
des
devoirs de
cette auguste et si grave fonction ; dites leur
qu’ils ne
doivent point
employer dans le ministère évangélique
cet apparat
et cet artifice que l’habileté
mondaine enseigne pour persuader sa fausse sagesse, non plus que ces
vaines
pompes et ces charmes ambitieux qui caractérisent
l’éloquence profane, mais
qu’ils s’exercent plutôt et
très
religieusement dans la démonstration de
l’esprit et de la vertu de Dieu. Traitant ainsi
convenablement la
parole de
vérité, ne se prêchant pas
eux-mêmes, mais
Jésus Christ crucifié, qu’ils
annoncent aux peuples simplement et clairement les dogmes de notre
sainte
religion selon la doctrine de l’Église catholique,
d’après l’enseignement des
Pères, et en une élocution toujours grave et
majestueuse ; qu’ils
expliquent exactement les devoirs particuliers et spéciaux
de
chacun ;
qu’ils inspirent à tous l’horreur du
vice et une
vive ardeur pour la piété afin
que les fidèles, salutairement imbus et nourris de la parole
divine, fuyant
tous les vices, pratiquant toutes les vertus, et évitant
ainsi
les peines
éternelles, puissent arriver à la gloire du ciel.
Selon les
devoirs de Votre charge
pastorale, et d’après les inspirations de Votre
prudence, avertissez sans cesse
tous les ecclésiastiques placés sous Vos ordres,
excitez les à réfléchir
sérieusement à l’auguste
ministère qu’ils ont reçu de
Dieu ; que tous
soient exacts à remplir avec la plus grande diligence la
part de fonction qui
leur est échue ; que,
pénétrés des sentiments les plus
intimes d’une
véritable piété, ils ne cessent leurs
prières et leurs supplications au
Seigneur ; que, dans cet esprit, ils accomplissent le
précepte
ecclésiastique de la récitation des heures
canoniales, afin de pouvoir obtenir
pour eux-mêmes les divins secours si nécessaires
pour s’acquitter des devoirs
si graves de leur charge, et rendre le Seigneur toujours
apaisé et favorable à
tout le peuple chrétien. Toutefois,
Vénérables Frères, que
Votre sagesse ne l’oublie pas, on ne peut obtenir
d’excellents ministres de
l’Église qu’en les formant dans les
meilleurs
instituts cléricaux ; le
reste de leur vie sacerdotale se ressent ainsi de la forte impulsion
dans la
voie du bien qu’ils ont reçue dans ces pieux
asiles.
Continuez donc à porter
toute l’énergie de Votre Zèle vers
cette exacte
préparation des jeunes
clercs ; que par Vos soins on leur inspire, même
dés
l’âge le plus tendre,
le goût de la piété et d’une
vertu
solide ; qu’ils soient initiés sous Vos
yeux à l’étude des lettres,
à la pratique
d’une forte discipline, mais
principalement à la connaissance des sciences
sacrées.
C’est pour cela que rien
ne doit Vous être plus à cœur, ni Vous
paraître plus digne de tous Vos soins et
de toute Votre industrie que d’accomplir l’ordre
des
Pères du saint Concile de
Trente, s’il n’est déjà
exécuté, en instituant des séminaires
pour les
clercs ; que d’augmenter, s’il le faut, le
nombre de
ces institutions
pieuses, d’y placer des maîtres et des directeurs
excellents et capables, de
veiller sans repos, et avec une ardeur toujours ferme, à ce
que
dans ces saints
asiles les jeunes clercs soient constamment formés dans la
crainte du Seigneur,
à l’étude, et surtout dans la science
sacrée, toujours conformément à
l’enseignement
catholique, sans le moindre contact avec l’erreur, de quelque
espèce que ce
soit, selon les traditions ecclésiastiques et les
écrits
des Pères ;
qu’ils y soient exercés très
soigneusement aux
cérémonies et aux rites sacrés,
afin que plus tard Vous trouviez en eux des coopérateurs
pieux
et capables,
doués de l’esprit ecclésiastique,
sagement
fortifiés par la science, et qu’ils
puissent dans l’avenir travailler avec fruit le champ de
Jésus Christ et
combattre vaillamment les combats du Seigneur. Or, comme Vous
êtes
Vous-mêmes très
convaincus que, pour conserver et maintenir la dignité et la
sainte pureté de
tout le sacerdoce ecclésiastique, rien n’est plus
efficace
que l’institution
des pieux exercices spirituels ; d’après
les
impulsions de Votre zèle et
de Votre charité épiscopale, ne cessez point
d’exhorter, d’engager, de presser
même très vivement tous Vos prêtres
à
s’adonner à la pratique d’une
œuvre aussi
salutaire ; que fréquemment, tous ceux qui sont
engagés dans la sainte
milice sachent choisir une solitude favorable à
l’accomplissement de ces saints
exercices ; que là, séparés
absolument de
toute espèce de préoccupation
extérieure, uniquement absorbés par la redoutable
considération des vérités
éternelles, et par la profonde méditation des
choses
divines, ils puissent
ainsi s’épurer des taches qu’auront pu
laisser sur
leur âme sacerdotale la
poussière et le contact des affaires du monde, se renouveler
dans l’esprit
ecclésiastique, et que, se dépouillant
entièrement
du vieil homme et de tous
ses actes, ils se revêtent de
l’éclatante
pureté de l’homme nouveau qui fut
créé dans la sainteté et la justice.
Ne Vous
plaignez point si Nous avons si
longuement insisté sur cette nécessité
de
l’institution et de la discipline
cléricale. Car Vous ne
pouvez ignorer qu’il y
a à notre époque un grand nombre
d’esprits qui, fatigués à la vue de
l’innombrable variété, de
l’inconsistance et du mouvement
désordonné de
l’erreur, éprouvent intérieurement la
nécessité de croire à notre sainte
religion, et qui seront enfin, par le secours de la grâce
divine, amenés
d’autant plus facilement à embrasser la pratique
de la doctrine et des
prescriptions de cette religion divine, qu’ils verront le
clergé briller
au-dessus des autres par plus de piété, de
pureté, de sagesse et de vertu. Enfin,
Frères bien
aimés, Nous ne
pouvons douter que Vous-mêmes ne soyez animés
d’une
ardente charité envers Dieu
et pour tous les hommes, enflammés de l’amour le
plus vif
pour tous les
intérêts de l’Église, munis
de vertus
presqu’angéliques, armés et
fortifiés du
courage et de la prudence si nécessaires à
l’épiscopat,
pénétrés par le
même
désir de la volonté divine, marchant
d’un pas
constant sur les traces des pas
des apôtres, et imitant, comme il sied à des
pontifes,
l’exemplaire divin des
pasteurs, le Seigneur Jésus Christ, dont Vous
représentez
la personne ;
devenus, par le zèle et par les sentiments les plus
unanimes,
les types
spirituels du troupeau fidèle ; par
l’éclat
resplendissant de la sainteté
de Votre vie, illuminant à la fois le clergé et
le peuple
et ayant acquis des
entrailles de miséricorde, Vous sachiez toujours,
compatissant
aux misères de
l’ignorance et de l’erreur, à
l’exemple du
Pasteur de l’Évangile, courir avec
tendresse après les brebis perdues ;
malgré leurs
égarements, les chercher
longtemps jusqu’à ce que Vous les rencontriez et,
paternellement émus quand
Vous les avez retrouvées, les placer affectueusement sur Vos
épaules et les
rapporter au bercail. N’omettez jamais ni soins, ni
réflexions, ni travaux de
tout genre pour arriver à l’exact et religieux
accomplissement de tous les
devoirs de Votre charge pastorale ; et après avoir
défendu des attaques,
des embûches et de la fureur des loups ravisseurs toutes les
brebis si chères
au cœur de Jésus Christ, puisqu’Il les a
rachetées au prix inestimable de son
sang divin ; après les avoir gardées
dans les saints
pâturages,
soigneusement éloignées de la contagion, Vous
puissiez,
et par Vos paroles, et
par Vos actions, et par Vos exemples, les ramener toutes ensemble au
port du
salut éternel. Travaillez donc
courageusement,
Vénérables Frères, à
procurer la plus grande gloire de Dieu ; et, par un
déploiement extraordinaire de sollicitude et de vigilance,
comme par un même
effort, faites en sorte d’arriver à ce
qu’après l’entière
destruction des
erreurs et l’extirpation absolue des vices, la foi, la
piété, la vertu
acquièrent de jour en jour, et par toute la terre, un
admirable
accroissement ; que tous les fidèles, repoussant
avec dédain les œuvres de
ténèbres, marchent dignement comme des fils de la
lumière céleste sous les yeux
de Dieu, auquel leurs actions sont toujours
agréables ; et, dans les
angoisses, les difficultés et les périls
extrêmes, qui sont inséparables,
aujourd’hui principalement, de l’accomplissement de
Vos si graves fonctions du
ministère épiscopal, gardez Vous bien de jamais
succomber à la craintive ;
mais plutôt fortifiez Vous dans le Seigneur, et fiez Vous
à la puissance de
Celui qui, nous considérant du haut du ciel,
engagés dans la lutte que nous
soutenons pour son nom sacré, encourage ceux qui
s’enrôlent, soutient les
combattants et couronne les vainqueurs. Mais comme rien
ne saurait être
pour Nous plus agréable, plus doux à Notre
cœur, plus désirable pour le bien de
l’Église, que de Vous aider tous, ô Vous
que Nous chérissons tendrement dans
les entrailles de Jésus Christ, et que Nous
désirons environner de Notre amour,
de Nos conseils, que de pouvoir travailler de concert à la
défense et à la
propagation de la gloire de Dieu et de la foi catholique, et que
même Nous
sommes prêt, pour le salut des âmes, à
donner s’il le faut, Notre propre vie, ô
Nos Frères, venez, Nous Vous en prions et supplions,
approchez Vous avec grand
cœur et en toute confiance de cette Chaire du bienheureux
prince des Apôtres,
de ce centre de l’unité catholique, ce sommet
suprême de l’Épiscopat,
d’où
découle toute l’autorité de ce
nom ; accourez donc auprès de Nous toutes
les fois que Vous éprouverez la
nécessité d’avoir recours à
l’aide, au soutien
et à la force que renferme pour Vous
l’autorité de ce Siège apostolique. Or, Nous aimons
à
espérer que Nos
très chers fils en Jésus Christ, les princes,
guidés par leurs sentiments de
piété et de religion, auront toujours
présente
à leur mémoire cette
vérité : que
l’autorité suprême
ne leur a pas seulement été donnée
pour le
gouvernement des affaires du monde, mais principalement pour la
défense de
l’Église ; et Nous-même,
qu’en donnant
tous Nos soins à la cause de
l’Église, Nous travaillons paisiblement au bonheur
de leur
règne, à leur propre
conservation et à l’exercice de leurs
droits ; Nous
aimons à espérer,
disons Nous, que tous les princes sauront favoriser, par
l’appui
de leur
autorité et le secours de leur puissance, des
vœux, des
desseins et des
dispositions ardentes au bien de tous, et que Nous avons en commun avec
eux.
Qu’ils défendent donc et protègent la
liberté et l’entière
plénitude de vie de
cette Église catholique, afin que l’empire de
Jésus
Christ soit défendu par
leur puissante main. Pour que tous
ces projets
arrivent
à des résultats heureux et prospères,
recourons
avec confiance, Vénérables
Frères, au trône de la grâce ;
et tous
ensemble, par un concert unanime et
persévérant de ferventes prières, avec
toute
l’humilité dont notre cœur sera
capable, supplions le Père des miséricordes et le
Dieu de
toute consolation,
afin que, par les mérites de Son Fils unique, Il daigne
répandre sur notre
faiblesse, l’ineffable abondance de toutes les faveurs
célestes ; que par
la vertu de sa toute puissance, il repousse Lui-même ceux qui
s’opposent à
Nous ; qu’Il répande et augmente partout
la foi, la
piété, la dévotion, la
paix ; par où la sainte Église,
après avoir
été délivrée des
adversités et
de toutes les erreurs qui l’assiègent, puisse
jouir enfin
du calme désirable et
nécessaire, et qu’il n’y ait plus
désormais
qu’un seul bercail et un seul
pasteur. Mais, pour que le Seigneur très clément
incline
plus efficacement son
oreille divine vers nos prières, et accueille plus
favorablement
nos vœux,
ayons toujours auprès de Lui, comme intercession et
intermédiaire puissante, la
très sainte et très immaculée
Mère de Dieu,
qui est toujours notre plus douce
Mère, notre médiatrice, notre avocate, notre
espérance et notre confiance la
plus parfaite et dont le patronage maternel est ce qu’il y a
auprès de Dieu de
plus fort et de plus efficace. Invoquons aussi
le prince des
Apôtres, auquel Jésus Christ lui-même a
confié les clés du royaume des cieux,
qu’il a constitué lui-même la pierre
fondamentale de l’Église, contre laquelle
les portes de l’enfer ne pourront jamais
prévaloir. Invoquons saint Paul, le
compagnon de son apostolat ; tous les saints du ciel, qui
possèdent déjà
la palme et la couronne, afin que tous nous aident à
obtenir, pour
l’universalité du peuple chrétien,
l’abondance si désirable de la divine
miséricorde. Enfin,
Vénérables Frères, comme
gage de tous les dons célestes et surtout comme un
témoignage de Notre ardente
charité pour Vous, recevez Notre
bénédiction apostolique que Nous Vous
accordons du fond intime de Notre âme, ainsi
qu’à tous les membres du clergé et
à tous les fidèles laïques
confiés à Vos soins. Donné à Rome, près Sainte Marie Majeure, le 9 novembre de l’année 1846 et l’an premier de Notre pontificat. |
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