Obédience : NC | Loge : NC | 05/01/1999 |
Akhenaton Ce 17ème jour du mois Mésori, saison Shémou, trois jours après notre dernière Saint Jean, je volais vers la Réunion, île qui porte si bien son nom. Après avoir distraitement observé quelques côtes Italiennes par le hublot de notre avion, nous nous enfoncions dans le désert Egyptien. Aussi incroyable que cela puisse paraître, alors que je survolais l'Egypte pour la première fois de ma vie, mon esprit était ailleurs...à la préparation de ce voyage professionnel. J'en fus même surpris au bout d’une heure de sable de voir apparaître un long ruban vert... Ma première rencontre avec le Nil. Soudain très attentif, j’essayais d’évaluer notre latitude avec le secret espoir de survoler Gizeh et Saqqarah. Non, nous étions déjà plus au Sud. Un rapide coup d’Œil à l’écran de l’avion me montrait que nous étions à égale distance du Caire et de Louxor, de Memphis et de Thèbes... Soudain, une sorte de coquille Saint Jacques de désert d’une dizaine de kilomètres de long sur cinq de profondeur pointait dans le Nil par l'Orient, délimité par de hautes falaises. Je survolais Amarna, ce petit village construit sur le site détruit d’Akhetaton. Tous les livres que j’avais lus ces derniers mois sur Akhenaton prenaient forme au dessus d’un bout de désert, tâche aride dans ce Nil verdoyant où, il y a 3.500 ans, s’étendait l’opulente capitale du « Pharaon Mystique ». Sachant qu’Akhenaton et moi avons le même père (J'ai vu le jour dans la R\ L\ Aménophis III !), j’avais reçu ce sujet de planche avec un sourire de contentement à peine dissimulé… Privé de Gizeh, privé aussi de Louxor, notre avion relia directement Rome à Amarna, puis Amarna à Médine avant de plonger au dessus de l’océan Indien. Il n’y a pas de hasard ! Replaçons Akhenaton dans son contexte historique. Quand il naît vers 1380 av. J.-C., il s’appelle encore Aménophis, fils d’Aménophis III, 9ème Pharaon de la 18ème dynastie. L’Egypte existe déjà depuis plus de 2.000 ans dans ses structures royales et cléricales. 200 ans plus tôt, ses aïeux Kames et Ahmosis 1er mirent fin à un siècle et demi de la domination asiatique des Hyksos, qui ravagea la spiritualité de l'Egypte et qui lui fit perdre ses secrets « ancestraux ». Depuis Ahmosis, les grands initiés Egyptiens ne travaillent plus sur les secrets transmis par Khéops ou Imhotep... Ils essaient de retrouver les secrets perdus en travaillant sur des « secrets substitués ». La 18ème dynastie se fonde donc sur une obligation de renouvellement, de renaissance, sans autres témoins du passé ésotérique que les legs architecturaux et les quelques cultes locaux qui subsistent en Haute Egypte. Les Hyksos ayant épargné Thèbes et la Haute Egypte, Ahmosis et ses successeurs, les Touthmôsis, les Aménophis, sans oublier la « Pharaonne » Hatchepsout, vont édifier leur dynastie autour de leur antique capitale et de son Dieu local Amon. En reconquérant l’Egypte, ils vont installer le culte d’Amon, Dieu au caractère guerrier affirmé, et surtout son clergé comme élément réunificateur...et vont donner bien involontairement à ces prêtres un pouvoir disproportionné. Un état fort a besoin d’un clergé fort mais il n’a pas le droit de faiblir...! Surtout si ce clergé n’est plus adossé à 2.000 ans d’humilité. Donc, pendant les 200 premières années de la 18ème dynastie, l’Egypte renaît de ses cendres sur un plan « Géopolitique ». Ses frontières redeviennent sûres, ses alliés et ses ennemis la respectent, le clergé redevient fort, les temples et les palais sortent des sables...l’ennui la guette ! Aménophis III déjà, se préoccupe plus d’architecture que de protection de ses frontières où les hittites menacent. De multiples influences étrangères lui font tourner la tête... Son père, Thoutmosis IV, était un métis nubien. Sa femme, la reine Tiyi dont nous reparlerons est une Nubienne. La Nubie, l’actuel Soudan, est une civilisation parallèle à l’Egypte, plus tournée vers le culte solaire... Or, pendant ces 200 premières années, les grands initiés Egyptiens rebâtissent une spiritualité qui gêne énormément, cela se conçoit, le clergé d’Amon à Thèbes. Les pharaons récents, tels Thoutmosis IV et Aménophis III, vont s’ouvrir aux doctrines oubliées comme le culte d’Aton à Héliopolis et celui de Thoth à Hermopolis, tant pour leur mystique personnelle que pour faire contrepoids au potentat insolent du clergé corrompu de Thèbes. Ainsi que je l’ai déjà dit, Aménophis III était le 9ème Pharaon de la 18ème dynastie...9ème... Il aurait pu être le dernier...Beethoven, Schubert et tant d’autres n’ont pas écrit de 10ème Symphonie... Le 10 est un recommencement, une renaissance... Akhenaton fut le 10ème. Aménophis III eut quatre fils. Le premier, l’héritier de cœur, le fruit de son grand amour avec Tiyi, s’appelait Thoutmosis... Il ne devint jamais Thoutmosis V, il mourut jeune. Le deuxième, le fils délaissé, voire détesté, s’appelait Aménophis. Il devint Aménophis IV, puis Akhenaton. Le troisième, le très énigmatique Semenkarê régna peut-être pendant quatre ans après la mort de son frère. Le quatrième...nous y reviendrons. Le Jeune Aménophis IV est très différent de ce que son père voudrait comme successeur. Il est poète, renfermé, voire taciturne. Il présente certaines difformités physiques, il est laid, son corps est chétif, il a un ventre ballonné et un crâne trop allongé. Selon son père, tout à sa douleur d’avoir perdu son premier héritier, Aménophis IV est tout sauf un futur pharaon... Il est trop intellectuel, il est victime de tuberculose et de fréquentes crises d’épilepsie, il n’a pas le goût du pouvoir, il n’est pas viril, il n’est pas féminin non plus, il est au milieu des deux, il est ailleurs... Il est influençable, spécialement par la gente féminine... Il en tire une mystique très personnelle, certes compréhensible par son père, mais incompatible avec la fonction de Pharaon. En fait, comme tout deuxième fils, il aurait dû se destiner aux fonctions sacerdotales...mais voila, il se retrouve successeur désigné à la mort de Thoutmosis, et c’est l’un de ses jeunes frères qui se chargera du sacerdoce clérical ! J’imagine Aménophis IV forcé de succéder à ce père qui le déteste, mais qu’il aime de toute la pureté de son cœur. Ce père qui a dû pester souvent devant son fils contre le clergé d’Amon qui prenait tant de pouvoirs... Le fils a certainement dû décider secrètement de réussir là où Aménophis III avait échoué...dans le but d’être aimé et reconnu, même à titre posthume, par ce père distant. N’oublions pas qu’Aménophis IV n’a pas inventé Aton ! Ce dieu d’Héliopolis était vénéré dans son nome depuis plus de 1.500 ans... Thoutmosis IV et Aménophis III l'avaient déjà ressuscité afin de contrer le clergé d’Amon, en faisant ré-ouvrir les « écoles de mystères » et en relançant de ce fait la Franc-maçonnerie Egyptienne. Sur la fin de son règne, ce dernier se faisait lui-même appelé « l’Aton resplendissant », tout comme sa barque royale et son régiment de gardes personnels. Il était de tradition qu’un Pharaon, sur la fin de son règne nomme son fils corégent afin de l’initier à l’art de gouverner. Sur ce point, différentes hypothèses sont émises, mais il semble qu’il n’y ait pas eu de période de corégence entre le père et le fils... Lequel a refusé ? L'histoire ne nous le dit pas. J’émets l’hypothèse qu’Aménophis III n’a pas voulu s’embarrasser de cet extra-terrestre qu’était son fils... Il a peut-être cru qu’il vivrait et régnerait plus longtemps... Voyant sa mort venir, il a préféré faire encadrer son fils par les deux femmes qui lui étaient les plus proches : - Sa femme, la dure reine Tiyi, la
Nubienne. Entre ces deux femmes étrangères, assoiffées de pouvoir et d’ambition, le jeune Aménophis IV n’aurait pour le moins que peu de liberté de mouvement ! Ne nous étonnons pas que l’unique porte de sortie d’Akhenaton sera d’être un révolutionnaire ! Aménophis III muselle donc son fils, et, de plus, j’imagine qu’il ne le fera même pas initier... J’imagine mal Aménophis III appeler son fils « mon frère » et lui transmettre le sceptre, le fouet et le flambeau de Mâat dans une effusion de pleurs de bonheur fraternel ! Je pose l’hypothèse qu’Aménophis IV sera le premier Pharaon de l’histoire Egyptienne à arriver sur le trône d’Horus sans être préalablement initié... Il devra commencer son chemin initiatique après la mort d’Aménophis III... Son père, sa mère et le clergé d’Amon l’avaient sûrement jugé falot ou dangereux. Aménophis IV va donc monter sur le trône vers - 1352. Le grand jour est arrivé. Toute cette frustration contenue depuis tant d’années va exploser au grand jour. De plus, il se sait malade et comptable de son temps, Il doit aller vite. Il ira trop vite... Son mariage avec Néfertiti sera son premier pas d’apprenti, sa rupture avec le passé...il montrera à son peuple que l'union extérieure de la Belle et de la Bête préfigure l’union intérieure indispensable entre ces mêmes aspects. En amenant Néfertiti à égalité à ses côtés, il montrera une voie d'harmonie, extérieure et intérieure, laquelle à ce moment n’était détenue que par les grands initiés. En montrant l’Homme dans son entier, dans sa quintessence, il transgressera déjà, alors qu’il n’est que jeune apprenti, les secrets des Maîtres montré au compagnon uniquement. A son avènement, il se comporte comme un prophète. Il institue une nouvelle trinité : Aton - Roi - Reine. Aton est, selon l'Egyptologue Jean YOYOTTE, « le moteur sans entraves du monde physique, dispensateur de la lumière et de l’air, providence de tout être vivant... L’existence en Aton est chantée sur le mode optimiste... Le cosmos Amarnien est toute sécurité, toute beauté... La dévotion des fidèles embrasse, avec Aton, les seules personnes du roi terrestre et de son épouse en qui sont parfaites les perfections du disque, manifestations charnelles du père-mère céleste... Ce tendre ménage modèle et mystique manifeste le Dieu unique sur terre, le disque solaire dont les bras rayonnent la vie... ». Selon Alain ZIVIE, Maître de recherches au C.N.R.S., la relance du culte d’Aton est plus une hérésie qu'une réforme religieuse... En effet, le roi n’a pas rompu avec les traditions, il a simplement choisi de mettre en relief un aspect plus tangible du Dieu, qu’il veut rendre accessible à tous : Aton est visible dans sa course quotidienne de vingt quatre heures, Tandis qu’Amon reste le grand mystère...invisible, le fils du n-tr, l’énergie primordiale. De plus, et ce n’est pas le moindre des aspects, le disque du Soleil est immédiatement sensible à toute l’humanité, Asiatiques, Nubiens, Egyptiens... Il doit donc être capable de cimenter l'Empire Egyptien mieux que les armes et la violence. Au début de son règne, il respectera la ligne de son père, prendra Thèbes pour capitale et fera une apparente allégeance au clergé d’Amon, le temps de l’étudier profondément. Mais déjà, à l’est du temple d’Amon, il construisit à Karnak le temple d’Aton, le soleil bienfaiteur qui sait aussi être brûlant sur la ville d’Héliopolis, ce vivier d’initiés philosophes réfractaires, cette ville des lumières qui amènera indirectement la révolution d’Akhenaton. Cette révolution commencera par un changement total, immédiat et autoritaire de tout l’art Egyptien qui n’avait absolument pas bougé depuis 2.000 ans, l’architecture, la sculpture, la peinture...même l’habillement se singularisera par l’adoption de voilés entrecroisés, de transparences...et la littérature adoptera la langue parlée. Akhenaton, poète « ivre de Dieu », composera des hymnes enflammés, dont l'un sera textuellement repris 700 ans plus tard dans le psaume biblique n° 104. - L’architecture : Si les temples gardent les mêmes proportions, leurs autels seront à ciel ouvert...leur méthode de construction va radicalement changer sur un plan qui peut nous donner matière à réflexion. En effet, auparavant, les tailleurs de pierres et les maçons assemblaient des pierres de formes et de tailles différentes pour bâtir les murs des temples, ensuite, les peintres et les sculpteurs venaient y créer d’immenses fresques. Désormais, chaque pierre de dimension égale selon une proportion rectangulaire qui nous est chère, sera individuellement sculptée avec un motif qui lui est propre et unique. Les pierres, nommées « Talatates », seront ensuite assemblées selon une logique qui nous dépasse à ce jour encore. Toujours en architecture, alors que les temples avaient toujours deux piliers frontaux et deux obélisques en avancée, Aménophis IV ne mettra qu’UN obélisque centré. Est-ce une préfiguration d’un naos extérieur, visible par chacun ? Une manifestation de l’Unité de Dieu ? Une nouvelle transgression du secret...? D’autre-part, les maisons Amarniennes seront construites avec une cour intérieure...pour laisser passer le Soleil... - La sculpture. Auparavant, on sculptait en creux, à l’intérieur de la pierre. Dès lors, l’on sculptera en plein, en relief, pour la première fois de l’histoire de l’Homme. Cette méthode, de toute évidence, donnait de la vie au motif, en lui donnant de la profondeur, du volume, de l’ombre sous le soleil... Et nous retrouvons là le prêche permanent du Roi pour qui tout doit être sacrifié à Mâat, la Vérité, source de l’équilibre, de la justice, de la vie, reflet du Divin. - Idem pour la peinture, auparavant figée dans un symbolisme immobile depuis 2.000 ans, elle devient réaliste, vivante. On peint des scènes de vie au foyer, à la chasse, à l’école...on peint des enfants dans des scènes quotidiennes familières d’un naturalisme naïf et touchant. L’apprenti Aménophis IV est prolixe ! Ses planches sont magnifiques, révolutionnaires, son comportement fait très peur au clergé d’Amon. Le silence lui pèse, il est temps qu’il passe compagnon, il veut bouger, il veut rassembler, il veut emmener, il veut unifier. Il a compris « d’où nous venions », il doit désormais répondre à la question du 2ème degré : « Qui sommes nous ? » Trois ans après le début de son règne, il décide de créer une capitale de toute pièce. Il veut unifier le royaume en un seul lieu sacré, pour la gloire d’Aton. Il choisira une zone désertique à mi-chemin de Thèbes et de Memphis, au centre exact d’une ligne reliant la quatrième cataracte du Nil et l’Euphrate, au centre exact de l’Empire. Cette zone pourtant située au bord du Nil, n’a jamais été habitée auparavant. Les hommes savaient qu’elle n’était pas propice à la vie... Notre jeune initié n’en aura cure ! Il mobilisera tous les artisans de l’empire pour édifier en seulement trois ans une ville magnifique à Amarna, à quelques kilomètres d’Hermopolis. Il appellera sa ville Akhetaton, le repos ou l’horizon d’Aton. Dans le même temps, il se fera nommer Akhenaton, celui qui est agréable à Aton. En toute simplicité... Il vient de créer une ville entière pour Aton, lui-même et sa femme ! Il vient de créer un 43ème nome, alors qu’il n’y a que 42 étoiles majeures dans le ciel d’Egypte, 42 juges-assesseurs derrière Osiris. Il se déclame unique interlocuteur d’Aton, fils d’Aton. Il fait effacer toutes les représentations d’Amon, où qu’elles soient jusqu’au sommet des obélisques. Il interdit le clergé et le culte d’Amon, Il interdit le culte des anciens Dieux, à l’exception notable de ceux de l’énnéade d’Héliopolis devenus toutefois « inférieurs » : Nout, Geb, Osiris, Isis, Horus... Tous nés d’Aton et de Chou, le feu et l’air. Il y a trois ans, Amarna était une coquille St Jacques de désert au bord du Nil, Akhenaton ne sait pas encore que dans quinze ans seulement, elle le redeviendra. Ce jeune Pharaon n’a pas bénéficié des leçons de son père...lequel avait bâti à Thèbes le « Temple des millions d'années », le plus grand, le plus solide...dont il ne reste pas une pierre, hormis les deux colosses de Memnon qui en gardaient l’entrée. Dans le même temps, il impose un style pictural totalement nouveau : - Il impose de représenter Aton comme un disque solaire, rayonnant seulement vers Akhenaton et Néfertiti. Pour les égyptiens qui n’avaient jamais vénéré de Dieux sans qu’ils n’aient forme humaine ou animale, c’est une révolution. - Il impose que Néfertiti soit représentée à taille égale à ses côtés, du moins au début de son règne. Là aussi, révolution. - Il impose que Néfertiti et lui soient représentés sous forme androgyne. Là encore, révolution. Rappelons que l’androgyne alchimique est celui qui a terrassé le dragon, la bête intérieure, et qui assume désormais sa double nature, masculine et féminine, pour avancer uni. Ce même dragon ailé et cracheur de feu (l’air et le feu...) que réunissent Aton et Chou... - Il impose que ses filles soient représentées à leurs côtés dans de tendres scènes de famille. Pharaon, désormais fils de Dieu et non plus Dieu lui-même, se montre comme un Homme normal...Révolution. Résumons : Il est le seul fils de Dieu, sa femme est son égale, Il est le seul à pouvoir recevoir et transmettre la parole de Dieu. En même temps, il est pharaon, il a le pouvoir temporel, Il a cassé le clergé, Il a cassé le lien dynastique, Il a cassé l’ancienne spiritualité, il a même essayé de casser la structure patriarcale... Il y a du Staline dans cet homme là ! A la petite différence près que Staline a défendu les frontières et l’intégrité de son empire, alors qu’Akhenaton a laissé l’Egypte se désagréger. Il aurait pu être le fossoyeur définitif du pays si ses successeurs, en particulier Horemheb, n’avait pas réagi. Nous commençons à toucher du doigt l’immense erreur d’Akhenaton, son grand pas de travers : Il n’a pas vu qu’il avait 1.350 ans d'avance, il était trop pressé ! Avant l’heure, ce n’est pas l’heure ! Si seulement son père l’avait fait initier, il aurait appris qu’une ère solaire dure près de 2.200 ans, et que celle du Bélier de Thèbes, Amon-Râ, avait commencé quelques huit cents ans plus tôt seulement. Il ne sert à rien d’aller contre son temps ! Rassures-toi mon Frère Akhenaton, dans 1.350 ans, un autre fils de Dieu viendra inaugurer la toute nouvelle ère du Poisson, celle des fils de Dieu, des frères en Dieu, qui succédera à celle du Bélier, l’ère des Dieux. Il te devra beaucoup, et il le sait, car lui, sera un grand initié Egyptien du Temple de Qumran. Devant tant d’empressement et d’erreurs, le peuple Egyptien n’adhère pas à la révolution d’Akhenaton. Il ne l’accepte pas. Le clergé d'Amon, lui, laisse passer sa crise d’adolescence... Petit à petit, Akhenaton ne voyagera plus. II restera reclus dans son Akhetaton, entouré d’une cour de flatteurs intéressés. Tiyi et Néfertiti montent la garde. Triste, épuisé, désillusionné, Akhenaton prépare son pas de retour, son accession à la Maîtrise, il va aborder la question du 3ème degré : le, « Où allons-nous ? ». Néfertiti apparaît de plus en plus petite dans les sculptures... Elle court derrière lui alors qu’elle était à ses côtés auparavant. Akhenaton a bien compris que sa démarche était stérile... Avant l’heure, ce n’est pas l’heure. D’ailleurs, point de hasard si Néfertiti ne lui a donné que des filles, six en tout... Son septième enfant et 1er fils, il l’aura avec une femme de son Harem lorsque l’étoile de Néfertiti aura sérieusement pali. Il s’appellera un jour Touthânkaton, puis Toutankhamon... Ce premier fils fait naître en lui une lumière, celle de la transmission... Et lui transmettre quoi ? Un pays aux frontières enfoncées qui se désagrège dans une révolution de palais subie par le peuple ? J’imagine Akhenaton passer de plus en plus de temps avec son jeune frère, celui qui est devenu Grand Prêtre Hiérophante de Héliopolis, celui qui a étudié Aton sans avoir la charge du pouvoir temporel, celui qui a compris les erreurs d’Akhenaton et qui est bien décidé à en tirer la substantifique moelle pour le futur... Ces discussions entre les deux frères aboutiront à une séparation que j’imagine être orchestrée. L'un, Akhenaton, semble retourner à Thèbes à la fin de son règne. Il refera allégeance au clergé d’Amon et mourra d’une énième crise d'épilepsie... L’autre, que nous appellerons Moïse, emmènera les fidèles du Dieu unique et révélé hors d’Egypte, en prenant soin de :- Se déclarer prophète, berger ou messager, mais jamais « Fils de Dieu », - D’interdire toute représentation de Dieu, - D’interdire de nommer Dieu, - De ne jamais mélanger le temporel et le sacerdotal, - De ne jamais imposer son culte à un peuple qui y serait réfractaire, - De ne jamais poser le pied sur la terre promise qu’il délimitera avec 12 tribus comme Akhenaton avait délimité Amarna avec 12 stèles frontières. - D’emmener avec lui les textes Amarniens de son Frère, qu’il intégrera à la Bible. Il semble que Néfertiti, tombée en disgrâce, soit restée à Akhetaton, cette ville devenue fantôme. Certains disent qu’elle aurait peut-être succédé à Akhenaton en étant cet énigmatique Semenkarê qui aurait régné 4 ans, mais j’en doute car il semble qu’elle n’ait jamais renié sa vision du nouveau monde et que le peuple ne lui ait jamais pardonné d’avoir croqué la pomme... L’ordre est revenu. L’Egypte du dedans accélère sa désagrégation jusqu’à l’arrivée d’Horemheb, puis des Ramessides, quelques 30 ans plus tard. L’Egypte du dehors, la spirituelle, prend corps avec Moïse en pays de Canaan, à seulement 300 km d’Héliopolis. La révolution d'Akhenaton est ratée. Ratée ? En est-on si sûrs ? Le réel acquis d’une révolution est rarement évaluable du temps de celle-ci… La révolution française nous le montre bien. Essayons de voir ce qu’Akhenaton a semé, directement ou indirectement. Nous l’avons vu, il a peut-être ouvert la Mer Rouge à Moïse, puis l’a refermée pour le protéger, et ce d’autant plus facilement qu’il n’y a nul besoin de traverser la Mer Rouge pour aller d’Egypte en Palestine. Il a aussi installé Toutankhamon, petit Pharaon mort très jeune, dont le principal titre de gloire sera de réveiller l’Egypte 3.200 ans plus tard. Les deux Pharaons qui lui ont succédé, Ay et Horemheb, étaient tous deux des hauts fonctionnaires renégats, mais formés par Akhenaton. Le dernier des deux, l’ancien Chef d’état major d’Akhenaton, créera la dynastie des Ramsès et détruira toute trace d'Akhenaton, tout comme ce dernier avait essayé de faire de même avec toute représentation d’Amon. Redescendons l’histoire pour trouver d’autres graines semées par Akhenaton. La quête est difficile. Beaucoup de personnages auront l’un ou l’autre des traits d’Akhénaton, commettront l’un ou l’autre de ses coups de génie, de ses erreurs... Comme Jésus Christ, Henri VIII Plantagenet, Lénine...que des initiés... Certains autres écriront Hamlet, l’Idiot ou 1984... Notre frère Sigmund Freud psychanalysera Akhenaton longuement et en tirera le complexe d’Oedipe... Le meurtre du père comme préalable à la libération. Je n’ai en fait trouvé qu’un seul personnage qui ait eu les mêmes pouvoirs et commis les mêmes erreurs, qui a eu la même enfance et presque la même fin, qui a essayé de créer une nouvelle religion, très...maçonnique d'ailleurs, au milieu d’une grande révolution, qui était laid, chétif, malade et détesté... J’ai nommé notre frère Maximilien de Robespierre, qui a terminé son...« règne » dans le même délire tragique et destructeur. Akhetaton formait la clé de voûte entre les piliers de Thèbes et de Memphis. Le Paris de la fin du 18ème siècle, celui des lumières, était la clé de voûte entre l’ancien et le nouveau monde. Paris, comme Héliopolis, a essaimé ses idées grâce à la Franc-maçonnerie. La révélation autoritaire et prématurée de ces idées a amené Robespierre au paroxysme de la mégalomanie et de la paranoïa...tout comme Akhenaton. Par bonheur, même sur un tas de fumier, il pousse des roses, et les coqs y chantent le lever du jour. Freud disait d’Akhenaton qu’il était « une usine à phantasmes ». Oui, bien sûr, Il en reste si peu d’Akhenaton en Egypte...et tant au dehors ! J’ai tout entendu sur Akhenaton ! C’était le « Pharaon femme » ...pas du tout, il avait simplement réuni l’Homme et la Femme... C’était le « prophète du monothéisme » ...pas du tout, l’Egypte a toujours été monothéiste... Même le grand Egyptologue Schwaller de Lubicz lui inventa un temple en face de celui d’Hatchepsout afin d’opposer le Pharaon « femme » à la Pharaonne « Homme » qui aurait vécu en même temps... Elle a vécu 100 ans plus tôt et il n’y a jamais eu d’autre temple en face du sien...ce qui aurait été une hérésie en termes d'orientation. Nous avons aussi récemment entendu ici-même qu’Akhenaton était le petit du canard ! Cette remarque est pleine de bon sens...le vilain petit canard ! J’ai aussi entendu qu’il avait été l’ancêtre des socialistes...la question peut rester ouverte...j’espère simplement qu’ils ont fait des progrès depuis, car Akhenaton a combattu le dogmatisme par un autre dogmatisme...ce qui n’a jamais donné un « visage humain » au socialisme ! Cela dit, il a certainement voulu libérer l’HOMME... D ésormais, nous avons compris que le préalable à la libération de l’Homme est la séparation de l’Eglise et de l’Etat. J'ai dit séparation et non éradication mes frères Robespierre et Akhenaton ! Laissons faire le temps ! Si une religion doit mourir, c’est qu’elle ne porte plus en elle les raisons de sa pérennité...et elle mourra d’elle même. Notre Frère Rudyard Kipling nous l’a encore récemment rappelé dans son « Homme qui voulait être Roi ». L’église et l’état sont le Yin et le Yang...la mort de l’église (même avec substitution d’une autre, non voulue par le peuple) entraîne la mort de l’état et le malheur du peuple. Akhenaton a été bien présomptueux, voire irresponsable, de vouloir réunir les deux pouvoirs dans sa seule main... C’est identique en moi, en nous. Akhenaton, que je dirais être un auto-initié, nous a indirectement mis en garde contre le déséquilibre en nous et entre nous de la sphère active et de la sphère passive, de l’homme et de la femme, du temporel et du mystique, de l’état et de l'église. Mais surtout, Akhenaton a trop parlé, trop montré, trop imposé...comme un jeune initié qui, ne respectant pas son serment de silence, irait divulguer et imposer aux profanes les révélations qui lui ont été transmises par ses Maîtres. Grâce à toutes ses erreurs, ses faiblesses, ses lumières aussi... Cet HOMME, ce simple HOMME, mériterait, mon F\ élymosinaire, d’être à l’appel de la R\ L\ Aménophis III comme son fils, notre frère à tous. Autant il nous a profondément balisé le chemin, autant nous pourrions l’aider quelque peu...en assumant ses erreurs et en le baignant dans notre fraternité, qu’il n’a pas dû beaucoup connaître. Cette planche aurait pu être beaucoup plus Egyptologique, mais, ainsi que je l’ai dit en préambule, je n’ai que survolé Amarna ! Si je l’ai voulu quelque peu romancée, c’est que les sources archéologiques sur Akhenaton sont très rares et très limitées. Presque tout a été détruit. Et puis, il était difficile de plancher sur un HOMME sans s’y retrouver soi-même un peu... Alors, je suis souvent derrière l’HOMME que je décris, et aussi souvent, je le regarde en face ! J’espère avoir seulement réussi à pointer que, foin des fonctions, des titres et des révolutions de palais récurrentes, Akhenaton nous a montré la voie de l’HOMME, par ses erreurs, par ses côtés précurseurs, en nous assurant que, quoi que soit aujourd'hui, Aton se lève toujours demain...mais que ce soleil levant brillera d’autant plus que l’on ne révélera pas AVANT L'HEURE les secrets des grands initiés. La parole est d’argent, mais le silence est d’Or. Cet HOMME a accompagné mon voyage ces derniers mois... Tout d’abord passionné par mon guide et intrigué par son chemin, j’ai ensuite commencé à résister à son attraction... puis j’ai tracé ma propre route. Je dois réunir les pierres, et non les éparpiller. Je dois semer le Verbe, et non imposer ou divulguer le Verbe. Si Akhenaton et nous avons le même père, je choisi pour ma part de rester Aménophis IV dedans, voire Moïse dehors, ou encore l’énigmatique Semenenkarê ailleurs...ou plus certainement celui que je suis et que je deviens. Quitte à surprendre, je ne suis pas Akhenaton... Je l’ai peut-être été...il y a bien longtemps... Dans un passé que j’ai payé cher, pour avoir cru que toutes les oreilles étaient prêtes à entendre et toutes les jambes prêtes à marcher... Je ne suis plus Akhenaton, je ne suis que l’un des ses frères, et, comme nous tous ici, j’ai essayé de profiter de ses erreurs, de mes erreurs. Désormais, je sais que les oreilles et les jambes sont souvent défaillantes, mais que les coeurs sont tous prêts à battre si on ne le leur impose pas et qu’on respecte leur temps. Désormais, le V\ M\ vérifie au préalable qu’« il est l’heure et que nous avons l’âge ». J’ai dit. |
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