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Pourquoi les Francs-Maçons sont-ils excommuniés ? Qui entend parler des francs-maçons se pose cette question. Les réponses qu'on peut obtenir à ses interrogations sont souvent partisanes, sans plus d'explication. Alors qu'en réalité cela fait appel à un processus logique historique de monopolisation du savoir, du pouvoir temporel et de l'appropriation ou la conservation de biens matériels dans le giron de l'église. Histoire des bâtisseurs chrétiens L'empereur romain Constantin, à l'origine de l'édit de Milan en 313, avait instauré le christianisme comme religion d'état. En 410 Saint Honoratus (Honorat) a fondé le monastère qui sera à jamais associée à son nom dans île de Lérins. La fondation du monastère Saint-Victor par Saint Jean Cassien se place aux environs de 415. Sous l'empire romain, le site de l'abbaye fut d'abord une carrière puis devint une nécropole chrétienne sous les actuelles rues Sainte et Paradis peut-être bâtie autour des dépouilles des martyrs Volusianus et Fortunatus Victor, selon Euchère, archevêque de Lyon au milieu du Ve siècle. Pape Clément V (photo ci-contre) Ce n'est que vers l'an 600 que nous retrouvons des traces de « collégia », de confréries de bâtisseurs. Ce sont les congrégations religieuses, les pouvoirs civils et militaires, qui ont été les premiers à utiliser un nombre important d'ouvriers pour la construction de leurs chapelles, monastères, églises, châteaux ou palais. Dès le début les corporations de métiers ont sans doute été partout en contact étroit avec le clergé local. Elles ont un statut particulier. Elles réalisaient pour ce dernier, non seulement des édifices religieux, mais aussi des dispositifs destinés à impressionner les fidèles. De ce fait, une certaine symbiose a conduit au statut de « prêtre-constructeur et architecte » ou au moins à celui de constructeur initié aux arcanes de la religion du lieu. Pour pouvoir construire ils devaient pouvoir se rendre sur le chantier, chercher des matériaux dans les carrières ou les forêts et, donc, circuler librement en troupes plus ou moins nombreuses. Ces collèges d'ouvriers, exemptés d'impôts et privilégiés pour les constructions publiques se perpétuèrent pendant tout la durée de l'empire romain et existaient encore à l'époque de la domination lombarde sous le nom de confréries ou de corporations franches. Saint Benoît Benoit de Nursie naît en 490 en Nursie en Italie centrale et ses parents aisés le destinent à une carrière administrative. Sa ferveur l'incite à vivre en ermite dans une grotte pendant 3 ans pour se consacrer à la prière et la méditation religieuse : « Voulant plaire à Dieu seul, il habita avec lui-même sous le regard de Dieu » (citation du pape Grégoire le Grand, 540-604). Il s'établit en 534 au mont Cassin (en Italie entre Rome et Naples) et y fonde un monastère dans lequel il rédigera sa célèbre « règle monastique de Saint Benoit » jusqu'à sa mort en 547. Cette règle décrit la vie spirituelle et matérielle des moines ainsi que l'organisation du monastère en faisant preuve d'une grande compréhension de la psychologie humaine. Il s'est probablement inspiré de textes anciens de Basile et de Cassien (qui a fondé le monastère Saint-Victor à Marseille vers 415). Le monastère du mont Cassin sera détruit par les lombards à la fin du VIe, et la dépouille de Saint Benoit sera retrouvée dans les ruines au VIIe avant d'être transférée à l'abbaye de Fleury-sur-Loire. En introduisant une règle monastique équilibrée, fondée sur la réhabilitation du travail manuel et du travail intellectuel et en invitant aussi ses moines à redécouvrir l'héritage intellectuel de l'Antiquité, Saint Benoît a ouvert la voie à un monde nouveau : Cette performance est d'autant plus remarquable qu'elle intervient dans une société en décomposition où la paix romaine a depuis longtemps cédé la place aux guerres entre barbares. Il s'agit du legs spirituel le plus important que la période mérovingienne laissera aux siècles suivants. Le pape Grégoire le Grand (590-604) s'emploiera à diffuser cette règle, ce qui contribuera au développement des abbayes bénédictines dans toute l'Europe durant les VII et VIIIe, Charlemagne va largement promouvoir cette règle dans le but de pacifier et d'unifier son territoire. En 817, son fils Louis le Pieux imposera à tous les monastères d'occident de la respecter, le nom de « Benoît » donnera naissance à l'ordre des « bénédictins », ordre d'appartenance des futurs clunisiens et cisterciens : il peut à juste titre être considéré comme le père du monachisme occidental. Les affrontements théologiques religieux débouchent sur la réforme Grégorienne qui centralise les monastères sous l'autorité d'un abbé, lui-même dans un ordre monastique avec un supérieur aux ordres du pape, (Grégoire VII 1060-1080). C'est l'époque de l'affrontement des divers courants religieux, les bénédictins prêchent pour une église qui doit s'enrichir. Cluny sera la plus grande abbaye du monde chrétien. Les ordres mendiants pour une pauvreté qui incarnera le sacrifice du Christ. Un grand nombre d'ordres mendiants et de moines érigèrent des Tiers-Ordres avec vœux simples et même parfois solennels. Les plus connus sont ceux des Franciscains, des Carmélites et des Dominicains. Le 4ème concile de Latran définit en 1215, l'érection de congrégations de moines et chanoines (prêtre). Les chanoines réguliers et les bénédictins devaient désormais se réunir en chapitres tous les trois ans. Et en 1274 le concile de Lyon interdit 22 ordres fondés depuis 1205 sans l'approbation de Rome. Saint Benoît de Nursie sera dans l'histoire contemporaine proclamé en 1958 père de l'Europe et saint patron de la Chrétienté occidentale. Saint Bernard Né dans une grande famille noble de Bourgogne, Bernard est le troisième des sept enfants de Tescelin le Roux (Tescelin Sorrel) et d'Aleth de Montbard. En 1112, il entre à l'abbaye de Cîteaux, fondée en 1098 par Robert de Molesme, et dont Étienne Harding vient juste d'être élu abbé. En 1115, Étienne Harding envoie le jeune homme à la tête d'un groupe de moines pour fonder une nouvelle maison cistercienne dans la vallée de Langres. La fondation est appelée « claire vallée », qui devient ensuite « Clairvaux ». Bernard est élu abbé de cette nouvelle abbaye et confirmé par Guillaume de Champeaux, évêque de Châlons et célèbre théologien. Les débuts de Clairvaux sont difficiles : la discipline imposée par Bernard est très sévère. Bernard poursuit ses études sur l'Écriture Sainte et sur les Pères de l'Église. Il a une prédilection presque exclusive pour saint Augustin et pour le Cantique de Salomon. Cet auteur et ce livre correspondent aux tendances de l'époque. Les gens affluent dans la nouvelle abbaye, et Bernard convertit même toute sa famille. Clairvaux connaît un essor prodigieux au point de compter 700 moines et de s'agréger 160 monastères. Dès 1118, de nouvelles maisons doivent être fondées pour éviter l'engorgement de Clairvaux En 1119, Bernard fait partie du chapitre général des cisterciens convoqué par Étienne Harding, qui donne sa forme définitive à l'ordre. La « Charte de Charité » qui y est rédigée est confirmée peu après par Calixte II. Saint-Bernard fonde jusqu'à 72 monastères, répandus dans toutes les parties de l'Europe : 35 en France, 14 en Espagne, 10 en Angleterre et en Irlande, 6 en Flandre, 4 en Italie, 4 au Danemark, 2 en Suède, 1 en Hongrie. En 1151, deux ans avant sa mort, il y a 500 abbayes cisterciennes. Bernard meurt en 1153, à 63 ans. Les bâtisseurs du temple L'ordre du Temple est un ordre religieux et militaire fondé en 1119 en Terre Sainte après la 1ère Croisade, à l'initiative du chevalier champenois Hugues de Payns aidé de quelques preux chevaliers. Le roi de Jérusalem Baudoin II, leur octroie pour installer leur siège la mosquée Al-Aqsa, où était anciennement situé le temple de Salomon, d'où leur nom. A l'automne 1127, Hugues de Payns voulut faire connaître son ordre, qui traversait une crise de croissance, et qu'il souhaitait étendre vers l'Occident. Il partit pour Rome avec cinq compagnons (dont Geoffroy de St-Omer) afin de solliciter du pape Honorius II une reconnaissance officielle. Celui-ci accepta et convoqua un concile à Troyes. Le Concile s'est ouvert le 13 janvier 1129, afin de reconnaître officiellement l'Ordre du Temple. Les Templiers, guerroyant plus que tous autres, eurent d'abord besoin d'ériger en Terre Sainte de multiples châteaux forts. De nombreux ouvriers maçons, groupés pour la plupart dans « l'Ordre du Saint Devoir de Dieu des honnêtes compagnons », les construisirent. Elargissant ensuite leurs activités au-delà de la Palestine, les Chevaliers du Temple firent élever bientôt, dans tous les pays d'Europe, une infinité d'établissements immobiliers. Plus de dix mille manoirs, outre les ouvrages militaires, portaient dans toute la chrétienté les couleurs de cet Ordre très puissant et prospère. Si on pense qu'entre le XII et le XIV siècle en France, en Europe et jusqu'au Moyen Orient, à l'apogée des Templiers, on pouvait rejoindre une halte templière tous les vingt kilomètres, on imagine le besoin de maîtres maçons et architectes issus de l'ordre templier pour réaliser cela. Sous l'égide des Templiers, les confréries de maçons, tailleurs de pierre, charpentiers, etc. se sont structurées. C'est sans doute à ce moment que les maçons ont choisi Saint Jean comme patron. Leurs protecteurs, les Templiers, se disaient eux aussi de Saint Jean. Est-ce à ce moment que les confréries de métiers sont devenues suspectes d'hérésie ? Il est bien connu que l'Eglise de Jean a toujours été opposée à l'Eglise de Pierre qui prônait l'esclavage et même l'amour de l'esclave pour le maître qui le bat, et en tous cas la soumission inconditionnelle à la hiérarchie établie. Mais au début du XII siècle, nous ne notons pas d'hostilité de l'Eglise envers les constructeurs qui œuvrent sur les grands chantiers des cathédrales et des ouvrages militaires destinés à la défense des lieux saints. D'autres se consacrèrent à la construction des ponts ; tels sont les frères pontifes que l'on trouve dans le Midi vers 1178. L'ordre des Frères bâtisseurs de ponts est fondé en 1189 et dure jusqu'en 1459 ; dissous par le pape pour cause de trop grandes richesses ; c'est une fraternité laïque spécialisée dans les travaux publics, construction de ponts, de routes et d'hospices, etc. C'est dans ce ciel serein que la première bulle d'excommunication des Francs-Maçons (Des Maçons francs opératifs, c'est-à-dire libre de suzerain et de circuler), qui nous soit connue tombe comme un coup de foudre. En 1189, le concile de Rouen excommunie les bâtisseurs libres et aussi les constructeurs d'aqueducs. Pourquoi ? Les Templiers eux-mêmes furent compris dans l'ordre de ces corporations et ne dédaignèrent pas de s'associer aux travaux de construction. Ils se chargèrent de l'entretien des trois grandes routes du Midi de la France. Déjà, les moines Pontifices avaient lancé le fameux pont d'Avignon sous la direction de leur prieur, l'abbé Bénézet (d'où le nom de pont Saint-Bénézet) comme aussi le pont de Bompas sur la Durance. Après le pont Saint-Nicolas, ces mêmes moines allèrent édifier le pont de Pont-Saint-Esprit. L'évêque s'accorda donc avec la Commanderie templière de Saint-Maximin-lez-Uzès pour obtenir que viennent les moines Pontifices. Le prieuré de Saint-Nicolas de Campagnac les hébergerait pendant les travaux, abritant leurs prières et psaumes d'après labeur. Les travaux commencèrent en l'an 1245. Ils ne s'achevèrent qu'en 1260. Il fallut quinze ans pour mener l'œuvre à terme. Mais le pont reste inébranlable depuis plus de sept cent quarante sept ans. Cet ordre constructeur comptait dans ses rangs des ingénieurs, des experts en carrières, des géologues, des architectes... Ils formaient une admirable équipe de bâtisseurs. Hors des travaux, ils portaient une coule blanche marquée au cœur par deux arches de pont brodées au lin rouge. Des réunions annuelles sont prévues pour la fête du patron de la confrérie ou à l'occasion d'autres solennités. Une messe est alors célébrée pour les confrères et ceux-ci assurent un service de luminaires auprès de l'autel de leur confrérie et distribuent des aumônes. Lorsqu'un des confrères meurt, les survivants le veillent, l'entourent pour ses obsèques, l'ensevelissent et font célébrer des messes pour le repos de son âme. Ceux qui manquent à leurs obligations sont exclus de la fraternité. Quelquefois les confrères se groupent pour une tâche plus précise, comme les frères pontifes qui, dans le Midi de la France, entretiennent les routes et construisent des ponts. La règle est plus ou moins commune à toutes ces confréries. Les papes leur accordèrent le monopole de la construction des églises et dans les chartes qu'ils leur donnèrent on voit qu'ils les exemptaient de toutes les lois et statuts locaux, édits royaux, règlements municipaux, concernant soit les corvées soit toute autre imposition obligatoire pour les habitants du pays. Munies de ces chartes les corporations franches se répandirent en Allemagne, en France et en Angleterre, leurs immunités firent donner à quelques-unes le nom de « francs-maçons ». Comme protecteurs des maçons opératifs, les Templiers étaient à ce moment très puissants, la bulle n'a pas eu de suites fâcheuses. Les maçons francs opératifs, se disant de Saint-Jean, abritaient peut-être dans leurs loges et sur leurs chantiers des hérétiques : des Cathares, des Bogomiles ? Surtout ces Cathares qui prêchaient l'évangile de Jean et qui l'avaient même traduit en langue d'oc. Dans leurs loges, à l'abri des oreilles du clerc, les constructeurs avaient-ils eu l'occasion de débattre des idées de Roger Bacon, le moine franciscain qui voulait soumettre la connaissance à l'expérimentation ? Ou des théories du moine dominicain Eckhart sur la dualité de l'être, virtuel en Dieu et concret sur terre ? Ils ont certes été en contact avec des constructeurs musulmans et on peut craindre qu'ils en aient rapporté des idées peu orthodoxes. De tout cela, concluons qu'il y a ainsi grande probabilité qu'au début du XIVe siècle d'anciens Chevaliers Templiers soient devenus Maçons, s'ils ne l'étaient déjà de longue date, à titre « d'acceptés ». Mais la fin de l'Ordre du Temple, en 1312 au début du XIVe siècle, (sous la pression du roi de France Philippe le bel et du pape Clément V), a privé les confréries de protection. Les grands déplacements de main d'œuvre ont cessé et déjà en 1326 le concile d'Avignon excommunie à nouveau les Francs-Maçons. Cette condamnation comporte un détail important nous lisons: Dans certains cantons de nos régions, il y a des gens, le plus souvent des nobles, parfois des roturiers, qui organisent des ligues, des sociétés, des coalitions interdites...ils se rassemblent une fois l'an, en quelque lieu, pour y tenir leurs conciliabules et leurs réunions... Parfois, après s'être revêtu d'un costume uniforme, et faisant usage de marques et de signes distinctifs, ils élisent l'un d'entre eux comme supérieur. Ce sont donc les prémisses de la démocratie et du libre choix des chefs, qui sont visés. Cette bulle concerne donc bien les Francs-Maçons et surtout ces nobles et parfois roturiers qui en font partie mais qui ne construisent pas. Il s'agit de la Franc-maçonnerie spéculative où des nobles, des savants ou des philosophes hérétiques ont trouvé refuge. L'église craignait sans doute une survivance de l'esprit du Temple ? Dès ce moment, à travers tout l'Europe, il n'y a plus une Franc-maçonnerie, mais des loges localement actives. Elles ont peu de rapports entre elles. Les connaissances du métier se sont atomisées, plus personne n'a le loisir de se déplacer, et encore moins de « philosopher », car toute l'activité est utilisée à la survie dans un climat de guerre perpétuelle. En 1326, le Concile d'Avignon condamne également les fraternités et les confréries, dont les pratiques, les insignes et le langage secret lui paraissent menacer l'orthodoxie de la foi. On attribue à la fin du XIVe siècle le manuscrit Hallywell, premier document connu attestant l'existence de la Franc-maçonnerie opérative anglaise. En 1479 et en 1564, les tailleurs de pierre allemands se réunissent, édictent ou renouvellent certaines règles. Il est curieux, en tout cas, de constater que c'est justement aux environs de ce milieu du XIV, siècle que, pour la première fois vraisemblablement, une Loge de Francs-maçons fut, en Angleterre, non plus dissoute et dispersée selon l'usage, après que l'édifice à propos duquel elle avait été ouverte fut terminé, mais, au contraire, maintenue en activité et donc conservée pour elle-même. Guerre de Religion Dès le quinzième siècle, surtout dans les villes universitaires allemandes, un nouveau courant de pensée a vu le jour. Parallèlement à la Réforme, des idées « hérétiques » ont germé. Ce qui se discutait peut-être dans le secret des loges est venu au grand jour. Mais l'inquisition veillait. Les savants « hérétiques » sont chassés des universités. Heidelberg est pris par les troupes catholiques. C'est la fuite en Angleterre, en Hollande ou dans les Pays Nordiques. Martin Luther (10 novembre 1483, Eisleben - 18 février 1546, Eisleben) est un moine allemand qui s'est opposé à des dérive du catholicisme romain et a été l'initiateur du protestantisme (luthéranisme). Il a traduit la Bible en allemand, « la langue du peuple ». En 1517, il a présenté 95 thèses contre le trafic des indulgences, dont la publication marque, au moins symboliquement, le début de la Réforme. Jean Cauvin, dit Calvin (Noyon, Picardie, 10 juillet 1509 - Genève, 27 mai 1564), marié à Idelette de Bure est un théologien français, réformateur prêt d'acheter une charge d'évêque quand il fuit à Genève, Il est, avec Martin Luther, l'un des initiateurs de la Réforme protestante (catholique qui proteste), en opposition à certains dogmes et rites de l'Église catholique romaine. Il développe une doctrine relativement différente de celle de Luther, doctrine qu'il expose dans son Institution de la religion chrétienne, mais c'est surtout par la pratique du culte que le calvinisme se distingue du luthéranisme. On considère généralement la doctrine de Calvin comme un développement de celle de Luther. L'Institution de la religion chrétienne est un traité de théologie écrit par Jean Calvin. Elle présente notamment la doctrine du calvinisme. Il le publia d'abord en latin en 1536, puis le traduisit lui-même en français en 1541. En 1561, Calvin en publia une dernière version. Cette œuvre développe de façon systématique la doctrine de la Réforme telle que prônée par Calvin. À travers son texte, il accentue le contraste entre la toute-puissance de Dieu et la misère de l'homme, égaré par le péché originel. Depuis ce péché qui a entraîné sa chute, l'homme est corrompu dans sa nature et privé de tout libre arbitre. Son salut dépend uniquement de la grâce divine, dont les bénéficiaires sont établis de façon prédestinée. C'est la seconde fois que le français est utilisé dans un traité de théologie. La première étant le Commentaire du Pentateuque par Rachi de Troyes (Salomon ben Isaac, Rabbi, env. 1040 - env. 1105). La première fois aussi que la prose française exprime des idées avec autant de précision, de rigueur et de clarté. C'est à ce titre que l'Institution de la religion chrétienne a contribué significativement au développement du français. Il était évident pour tous les réformateurs que c'était la Bible qui devait avoir la première place et elle devait être diffusée à grande échelle et être accessible au plus grand nombre ce qui favorisera l'alphabétisation des pays protestants. Ni Luther ni Calvin ne sont cependant revenus à l'idéal d'une Église séparée de l'État (comme elle existait à l'époque D'Irénée de Lyon Evêque ou de Tertullien de Carthage Théologien chrétien au IIe siècle), une Église qui ne prendrait donc pas la responsabilité de veiller sur les mœurs d'une cité ou qui ne travaillerait pas dans ce sens en liaison avec les souverains temporels. L'idéal d'une Église totalement affranchie des responsabilités temporelles sera incarné par la branche pacifique des anabaptistes avec des hommes comme Michael Sattler, Balthazar Hubmaïer ou Menno Simmons qui ne doivent pas être confondus avec Thomas Müntzer et les illuminés de Münster (Engels, Marx, Kautsky voient en lui le premier communiste. C'est un révolutionnaire social à l'ombre de la croix). En Angleterre Dans certaines loges anglaises et écossaises les penseurs entrent en force. La Loge de Warrington initie Elias Ashmole, le rosicrucien, qui formera très rapidement dans sa loge un groupe d'études scientifiques où l'on trouve les noms de Robert Boyle, William Lilly, Thomas Warton et d'autres chercheurs moins connus. En 1644, les trois quarts des membres de la Loge d'Edimbourg ne construisaient pas. Les loges étaient en passe de devenir totalement spéculatives quand, en 1666, l'incendie de Londres donne une nouvelle impulsion aux confréries de bâtisseurs. Il faut reconstruire. Pour attirer les maçons, on renouvelle leurs franchises et, naturellement, de nouvelles loges voient le jour. A la fin du siècle, Londres est reconstruit. Le Grand-Maître des Francs-Maçons était Christopher Wren présidents de la Royal Society, le constructeur de la cathédrale de St-Paul. Jacobite notoire et catholique convaincu, il a 87 ans en 1717. Sa succession est ouverte. C'est ici qu'intervient Desaguliers, huguenot et rochelais, grand pourfendeur de curés et ennemi juré de Rome et de la monarchie de droit divin des Bourbons. Le grand mérite de Desaguliers a été de comprendre qu'en noyautant les loges de Londres, et en y attirant des princes et des nobles, il pouvait faire pièce aux Bourbon et se venger des catholiques qui avaient persécuté sa famille lors de la révocation de l'Edit de Nantes. La Franc-maçonnerie anglaise était donc fortement axée sur la lutte contre les Bourbon et contre la Papauté. Aussi le soutien de l'Eglise et du Gouvernement de Londres s'explique facilement. Le recrutement des loges était axé sur la position sociale des candidats. La noblesse y avait la prépondérance et la Grande Loge de Londres pouvait se permettre d'avoir comme Grand Maître, de 1720 à 1724, le duc de Warton. En France La situation était différente Au début du XVIIIe siècle, la monarchie y régnait d'une manière souveraine. En 1709, Bossuet, dans sa « politique tirée des propres évangiles de l'Ecriture Sainte » prouve que: le gouvernement de Louis XIV est issu directement de la Bible. Le roi règne de droit divin. Il a reçu le pouvoir de Dieu, de ses ancêtres et de la Vraie Eglise. Nombre de nobles écossais avaient cependant suivi Henriette de France, veuve de Charles 1er, dans son exil. Sa garde était assurée par des régiments écossais, formés de catholiques fervents. Ce sont eux qui ont introduit la Maçonnerie écossaise sur le continent, recréant leurs loges militaires et y acceptant des nobles et officiers français. Contrairement aux loges anglaises, les loges continentales et écossaises furent plus heureuses dans le choix de leurs dignitaires. Sans doute ceux-ci étaient-ils moins voyants que les nobles anglais, et aussi moins adroits que Desaguliers. Ceci n'empêcha pas le bruit de courir, vers 1720, que les Francs-Maçons étaient des jésuites déguisés. Sans doute que la personnalité de Ramsay y fut pour quelque chose. Selon certains historiens et quelques théologiens, seules d'inavouables raisons politiques et purement contingentes (la lutte en Angleterre entre la dynastie des Stuart catholique et celle des Hanovre protestants pour lesquels la franc-maçonnerie anglaise prit parti) seraient à l'origine de l'excommunication des francs-maçons par Clément XII en 1738, et depuis lors, la condamnation de la franc-maçonnerie par l'Eglise serait dépourvue de tout fondement doctrinal sérieux. La bulle du pape Clément XII Eminenti Apostolatus Specula C'est dans ce contexte que le cardinal Corsini aurait guidé la main du Pape Clément XII, âgé à ce moment de 87 ans et aveugle, pour signer la première bulle contre la Franc-maçonnerie de l'histoire moderne. Nous avons bien dit « aurait », car l'original de la bulle ne porte pas la signature de Clément, ni d'ailleurs celle de son camerlingue de neveu Corsini. On n'y trouve que le nom d'Eugénius sous forme calligraphiée. Selon le Bullarum Romanum, la bulle est signée de N. Antonellus et d’I. B. Eugénius. Ces deux personnages sont cependant totalement inconnus et en tous les cas ne détenaient aucune fonction ecclésiastique d'importance. Des rivalités territoriales opposent les nobles catholiques et francs-maçons en Italie, c'est aussi un moyen de les mettre hors la loi. Quelles sont les considérations à la base de cette bulle ? (que beaucoup croient être la première contre les franc-maçons). A l'origine il semble bien qu'elle ait été une réaction d'autodéfense du Vatican contre les attaques lancées par les protestants anglais, soutenus par les Hanovre et les loges anglaises, contre la papauté. Et peut-être aussi contre les loges continentales qui s'opposaient à la royauté de droit divin en France. Sans parler des raisons politiques, la bulle reproche « le serment fait sur la bible », de garder le secret sur ce qui se fait et se dit en loge. Mais aussi en raison du secret de leurs assemblées et « pour d'autres motifs justes et raisonnables de Nous connus ». Pape Clément XII (Photo ci-dessus) Selon Alec Mellor (1907-88), ces motifs étaient de nature politico-religieuse, le pape protégeant les Stuarts, détrônés et réfugiés à Rome, mais ne voulant pas détacher les Écossais du Nord, partisans des Stuarts quoique protestants, du prétendant Charles-Édouard (qui préparait le débarquement de 1745 et aurait restauré le catholicisme en Angleterre). M.-P. Chevallier, au contraire, pense que le pape a craint de voir dans la maçonnerie une résurgence du jansénisme et du quiétisme. Relevons que cette bulle se réfère à une ancienne loi romaine destinée à lutter contre les Chrétiens. L'empereur Trajan avait stipulé : Lorsque plusieurs hommes intelligents se rassemblent, même si c'est pour lutter contre un incendie, il peut en résulter un danger bien plus grand que la destruction de quelques maisons ou même de la ville entière. Quoi qu'il en soit, le parlement français, qui n'avait aucune raison d'aider le Pape que l'on voyait avec déplaisir prendre de plus en plus d'emprise sur le peuple, n'enregistra jamais cette bulle. De ce fait, si, en France, le clergé des paroisses était docile aux injonctions romaines, nombre de prélats cultivés continuaient à fréquenter les loges. Dès ce moment, les bulles vont se succéder. En 1751 Benoit XIV se fera un peu plus explicite : Il cite seulement parmi les raisons très graves : dans cette société, il se réunit des hommes de toute religion, de toute secte, d'où l'on voit assez quel mal peut en résulter pour la pureté de la religion catholique. Encore une bulle sans grand effet. Pendant les années qui précédèrent la révolution française, sur les 629 loges que comptait le Grand Orient de France, il n'y en avait aucune qui ne compta un ou plusieurs ecclésiastiques parmi ses membres. Vingt-sept d'entre elles avaient même un ecclésiastique comme Vénérable. Mais changeons de siècle. En 1821, Pie VII s'en prend surtout aux Carbonari dont l'organisation était similaire à celle de la Franc-maçonnerie. Il condamne surtout le fait qu'ils ont la coupable audace de nommer Jésus-Christ leur Grand Maître. Y avait-il d'autres raisons ? Est-ce un hasard si cette bulle est promulguée juste une année après que Mgr. Affre, Archevêque de Paris, ait fulminé contre les savants et menacé d'excommunication quiconque oserait encore affirmer que la terre avait plus de 6820 ans. Les livres sacrés enseignent qu’Adam est né 4 000 ans avant Jésus, et que la terre a été formée mille ans avant Adam. Tous les interprètes du zodiaque de Denderra sont donc des ennemis de la religion. Cinq ans plus tard, en 1826, Léon XII s'en prend aux « sectes dites universitaires, où les jeunes sont pervertis par quelques maîtres, initiés à des mystères d'iniquité et formés à tous les vices ». Est-ce éventuellement l'école laïque qui est visée ? Léon XII veut rappeler les brebis égarées au bercail et il stipule : Pour leur rendre plus facile le chemin de la pénitence, Nous suspendons pendant l'espace d'un an...l'obligation de dénoncer leurs frères... Ils n'ont plus besoin de dénoncer leurs complices. Trois ans plus tard, Pie VIII renouvelle les accusations contre les sectes secrètes constituées récemment pour corrompre les âmes des jeunes gens. Nous en arrivons à Pie IX qui mérite une attention très spéciale. Quoique les documents qui y sont relatifs ont pratiquement tous disparu, nous savons que, de son nom de baptême il se nommait Giovanni Ferreti Mastaï. Il aurait été initié le 15 août 1809 à la loge Eterna Catena à l'Orient de Naples. Alors qu'il était délégué apostolique en Uruguay, il y fréquentait assidûment les loges. Devenu Pape sous le nom de Pie IX, il doit naturellement se défendre d'avoir été initié. Comme l'attaque est la meilleure des défenses, il fulmine et demande d'exterminer comme d'un glaive, cette secte qui respire le crime et s'attaque aux choses saintes. Rien d'étonnant Si le roi d'Italie Victor Emmanuel, en sa qualité de Grand-Maître de la franc-maçonnerie italienne, demande le jugement du Frère Mastaï. Celui-ci sera trouvé coupable de violation répétée de son serment et exclu de la Franc-maçonnerie. Le document sera diffusé dans tout le monde maçonnique. Nous en arrivons à la bulle de Léon XIII, très explicite cette fois. Cette bulle, promulguée en 1884, est sans doute encore de nos jours le document le plus représentatif de la controverse et aussi celui qui est le plus souvent cité. Nous y trouvons naturellement, et c'est regrettable, des accusations de bonnes femmes qui prêtent à sourire. Voyons cependant les vraies raisons, celles qui nous sont bien connues, même si ce ne sont pas nécessairement les mêmes que celles de Clément XII. Léon XIII ne les signale qu'en passant, sans insister. Il s'agit, bien sûr, de l'éternelle question du secret. Mais parmi les raisons bien réelles nous trouvons la séparation de l'Eglise et de l'Etat, qui est présentée comme l'œuvre des Francs-Maçons, et une négation de la révélation divine et de la mission de l'Eglise. Le dépouillement de la puissance temporelle des Papes est stigmatisé comme étant aussi l'œuvre des Francs-Maçons pour détruire la puissance sacrée des pontifes romains et détruire la papauté qui est d'inspiration divine. Nous lisons ensuite : la grande erreur du temps présent...est de mettre sur pied d'égalité toutes les formes religieuses. Or, à lui seul ce principe suffit à ruiner toutes les religions, et particulièrement la religion catholique, car, étant la seule véritable, elle ne peut, sans subir la dernière des injures et injustices, tolérer que les autres religions lui soient égalées. Plus loin, nous lisons Voici clairement définie l'erreur démocratique : les hommes sont égaux en droit, tous, à tous les points de vue, sont d'égale condition. Car Pierre enseigne en effet que les chrétiens doivent se soumettre, pour Dieu, à toute créature humaine qu'il a établie au-dessus d'eux. Voyons notre vingtième siècle. En 1937, Pie XI promulgue la seule bulle contre la Franc-maçonnerie qui est nulle et non avenue. En effet, à ce moment, il était prisonnier de Mussolini. Il ne se passait pas un dimanche sans qu'éclata une bagarre entre chemises noires et jocistes (Jeunesse ouvrière catholique). On se battait sur les parvis, dans les escaliers des clochers pour empêcher d'appeler les fidèles à la messe. Il fallait donner un gage de bienveillance au geôlier fasciste, et, en excommuniant les Francs-Maçons, les Rotariens, les Compagnons et aussi les autres bêtes noires de Mussolini, les communistes, un terrain d'entente était trouvé. Les ennemis de nos ennemis étant nos amis, il n'y avait plus de problème pour sonner les cloches. Où en sommes-nous aujourd'hui ? Aux XVe, XVIe et XVIIe siècles, la Franc-maçonnerie a ouvert ses portes aux divers courants scientifiques. Elle a servi de refuge aux victimes de l'inquisition, à ceux qui représentaient l'élan vers la liberté de pensée. Dans le sein des loges, dans un climat exempt de confrontation haineuse, ou d'a priori dogmatique, comme le grain mis en terre les idées nouvelles pouvaient germer, croître. Au XVIIIe siècle, la Franc-maçonnerie est devenue franchement révolutionnaire. Non seulement en France, ou aux Etats-Unis qui trouvèrent leur indépendance. En France, cette prétention de constituer l'Etat tout entier en dehors des institutions et des préceptes de l'Eglise déboucha, sous la IIIème République, sur tout un arsenal de lois et de règlements tels que : L'expulsion forcée de 265 congrégations religieuses non autorisées en 1880 (Jésuites, Dominicains, Bénédictins, Franciscains, Carmes...), interdiction de tout enseignement religieux dans les écoles publiques par la loi du 28 mars 1882, la suppression des aumôneries militaires en 1883, la suppression en août 1884 des prières publiques prévues au Parlement dans la Constitution de 1875, la fermeture de la quasi totalité des écoles catholiques du pays (16.000 établissements congréganistes) et l'adoption d'une loi interdisant à toute congrégation d'enseigner en 1904, la rupture en 1904 également des relations diplomatiques entre la France et le Vatican, enfin, le vote de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat en décembre 1905, loi selon laquelle la République ne reconnaît plus aucun culte... Mise en œuvre par des francs-maçons comme Jules Ferry (ministre de l'Instruction publique de 1879 à 1883) ou Emile Combes (président du Conseil entre 1902 et 1905), et destinée à priver l'Eglise et la foi catholique de toute assise et de toute influence sociales, cette politique (en particulier les lois scolaires relatives à la laïcisation de l'enseignement) sont largement à l'origine de la déchristianisation actuelle du pays. En analysant soigneusement le contenu de toutes ces bulles sans nous laisser distraire par les accusations que nous savons infondées, que reste-t-il ? Il semble en ressortir une grande crainte. C'est celle de voir s'étendre la liberté de conscience, car c'est pour cette liberté, pour tous les hommes, que les Francs-Maçons ont toujours lutté. Cette liberté implique naturellement le refus de tout dogme imposé pour permettre à chaque homme une recherche personnelle de la Vérité, à chaque chercheur de trouver en lui-même ce qui le relie à la transcendance. Chacun peut ainsi trouver une compréhension personnelle de son Dieu. Il semble que ce qui fait peur à l'église catholique c'est : • Au départ la
perte de contrôle des bâtisseurs qui
étaient au départ sous la tutelle de
l'église et aussi des richesses financières
immobilières qui vont avec. Les rapports conflictuels avec l'Eglise catholique s'expliquent par les origines protestantes de la Grande Loge de Londres. Mais aussi parce que la franc-maçonnerie se propose de réunir ce qui est épars et selon le texte initial des Constitutions d'Anderson de 1723, d'établir ici-bas cette religion sur laquelle tous les hommes sont d'accord et qui ferait d'elle le véritable centre d'union de l'Humanité toute entière... Selon l'ancien Code de Droit canonique de 1917, les catholiques affiliés à la franc-maçonnerie ou d'autres associations du même genre intrigant contre l'Eglise ou les pouvoirs civils légitimes, encouraient ipso facto l'excommunication réservée au siège apostolique (canon 2335). En revanche, et pour couper court à toute interprétation fallacieuse selon laquelle la double appartenance à l'Eglise et à la franc-maçonnerie serait désormais tolérée, « la Sainte Congrégation pour la Doctrine de la foi » publia le 26 novembre 1983 une déclaration sur la franc-maçonnerie, signée du Cardinal Ratzinger l'actuel Pape, précisant clairement que le jugement négatif de l'Eglise sur la franc-maçonnerie demeure inchangé, parce que ses principes ont toujours été considérés comme incompatibles avec la doctrine de l'Eglise ; c'est pourquoi il reste interdit par l'Eglise de s'y inscrire. Les catholiques qui font partie de la franc-maçonnerie sont en état de péché grave et ne peuvent s'approcher de la Sainte Communion. Il ressort donc, non seulement de la déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 26 novembre 1983, mais aussi des principaux documents pontificaux relatifs à la franc-maçonnerie que nous avons mentionnés, en particulier l'encyclique Humanum Genus de Léon XIII (20 avril 1884) entièrement consacrée aux francs-maçons, que la franc-maçonnerie est condamnée dans son ensemble (sans distinction de rites ou d'obédiences), parce que ses principes fondamentaux sont absolument incompatibles avec la doctrine de l'Eglise, qu'elle soit déiste ou athée, régulière ou irrégulière. Les avis sont partagés. D'un côté on tolère, de l'autre on fulmine. Est-ce pour ne pas trop se démarquer de Mgr. Lefèvre que le Pape Jean-Paul II a signé la déclaration de la congrégation pour la doctrine de la foi du 26 novembre 1983 qui condamne à nouveau la Franc-maçonnerie ? En effet, nous lisons dans les périodiques fondamentalistes : La liberté de conscience, les droits de l'homme, l'ouverture aux autres religions ou confessions, l'esprit de dialogue, sont contraires à l'esprit catholique. Toute liberté est celle de l'erreur contre la vérité. Tout dialogue est celui de l'homme éclairé et du serpent. Le respect des consciences, quand on a la chance d'avoir les serviteurs de la vérité qui détiennent le pouvoir, devient scandale ou abdication. Le Pape Jean-Paul II leva « officiellement » le 27 novembre 1983 l'excommunication de tous les francs-maçons, notifié dans le « Codex Iuris Canonici ». Le nouveau code promulgué le 27 novembre 1983, le lendemain de la déclaration de Ratzinger, ne mentionne plus expressément la franc-maçonnerie et se contente d'énoncer que quiconque adhère à une association qui agit contre l'Eglise doit être puni d'une juste peine et que quiconque soutient ou dirige une telle association doit être frappé d'interdit (ancien code canon 1374, nouveau code canon 2335). Aussi les catholiques qui adhèrent à la franc-maçonnerie ne sont-ils plus automatiquement excommuniés comme autrefois, mais en état de péché mortel. Tout cela ne parait pas conforme à l'esprit universel du christianisme et ne semble avoir pour but que de protéger le pouvoir temporel de quelques princes de l'église. Qu'en est-il de la Franc-maçonnerie actuelle ? La maçonnerie n'est ni une religion, ni catholique apostolique romaine, qui sont les deux premières conditions de l'excommunication dans le code du droit canon. Elle a les qualités et les défauts des hommes qui la composent. Une constante apparaît tout au long du cheminement en franc-maçonnerie. C'est la volonté de promouvoir la liberté de conscience pour tous les hommes et de permettre à tous, mais surtout aux membres des loges, de chercher à se situer librement dans leur relation avec le tout. En cherchant l'harmonie entre tous les hommes, la Franc-maçonnerie cherche à promouvoir l'épanouissement de l'humanité. Améliorer les rapports entre les hommes, rendre l'humanité plus consciente de ses imperfections à travers une introspection libre de préjugé ou de dogme ; cela n'est possible que par l'amélioration de l'individu, de chaque individu, et en premier lieu de chaque Maçon. Pour essayer d'atteindre ce but, la franc-maçonnerie actuelle utilise un moyen qui nous vient des anciens constructeurs et qui était déjà utilisé dans la bible en Grèce ancienne et en Egypte pharaonique : L'initiation. L'initiation est sans aucun doute le moment le plus important dans la vie d'un maçon. Aussi devons-nous préciser ce que nous entendons par Initiation, ce que celle-ci représente pour nous, ce qu'elle permet d'obtenir, comment elle agit, et ce qu'elle peut, de nos jours encore, signifier pour les hommes et les femmes de notre temps. Mircéa Eliade a écrit : On entend en général par initiation un ensemble de rites et d'enseignements oraux qui poursuit la modification radicale du statut social et religieux de l'homme à initier. Philosophiquement, l'initiation équivaut à une modification ontologique du régime existentiel. René Guénon précise : L'initiation est essentiellement une transmission et ceci peut s'entendre en deux sens différents. D'une part transmission d'une influence spirituelle et d'autre part transmission d'un enseignement traditionnel. C'est la transmission de l'influence spirituelle qui doit être envisagée en premier lieu, car c'est elle qui constitue essentiellement l'initiation au sens strict. René Guénon nomme initiation virtuelle, qu'il appartiendra au néophyte de rendre effective par son travail, son assiduité, sa persévérance. Ainsi l'initiation a pour objet, avant tout, de provoquer une modification radicale de notre mode de penser, de notre manière de vivre, de tout notre être. Il s'agit réellement, comme le précisent nos anciens rituels, de passer des ténèbres à la lumière. Il convient de changer réellement l'homme. Mais pour atteindre ce but, l'initiation nécessite plusieurs conditions. Tout d'abord le candidat doit être « libre et de bonnes mœurs ». Il doit, dans une première épreuve, se dépouiller de tous les préjugés reçus dans la vie profane, il doit « dépouiller le vieil homme ». Mais cette mort symbolique, déjà pratiquée dans les initiations égyptiennes et dans la Grèce antique, ne saurait avoir lieu n'importe comment et n'importe où. Les épreuves de l'initiation, les « voyages » symboliques, doivent avoir lieu dans un espace-temps séparé du monde, dans un « Temple », sacralisé par le Rite lui-même. En vivant ce psychodrame initiateur, le candidat le perçoit à la première personne ; lui seul est le Rite, l'acteur et le but de la cérémonie. Tous les Maçons présents ne sont que des canaux cherchant à insuffler au candidat l'esprit qui anime la « chaîne initiatique ». Comme par le passé, la franc-maçonnerie actuelle soumet des symboles collectifs à la méditation individuelle de ses membres. Héritiers moraux et spirituels des bâtisseurs de Cathédrales du Moyen-âge, les Francs-Maçons entendent élever ce qu'ils nomment le Temple idéal de l'humanité. Chaque Franc-maçon se considère comme étant une pierre de l'édifice qu'il contribue à élever. Une telle entreprise présuppose un effort constant dans la quête de la Vérité qu'il est appelé à chercher d'abord en lui-même. Chaque membre de cette société discrète entreprend cette démarche spirituelle en toute liberté, à l'écart des dogmes politiques, religieux ou philosophiques. |
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