Obédience : NC | Loge de Recherche | Date : NC |
Pierre d’Aumont Je vis la Cité
Sainte, Jérusalem nouvelle, qui
descendait du ciel, de chez Dieu ;
elle s’est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux. Apocalypse 21, 2 Ci-dessus : le blason de l’Ordre, qui se lit ainsi : écartelé, aux 1 et 4, d’argent, à la croix de gueules ; au 2, d’or au sautoir de sable, au franc-quartier d’argent chargé d’une croix pattée de gueules (blason du Grand Maître Général) ; au 3, d’azur au chien braquet courant d’argent langué de gueules (blason de baron de Hund). Numéro 9 Les Cahiers de Pierre d’Aumont constituent la revue semestrielle de la Loge de Recherches Pierre d’Aumont relevant de la Grande Loge Ecossaise d’Occitanie, suffragante du Grand Chapitre Provincial d’Occitanie de l’ordre écossais des chevaliers du saint temple de Jérusalem, sous l’autorité directe du Grand Maître Provincial de la IIIème Province templière de l’Ordre. Comité de rédaction : D\ B\, G\ B\, C\-R\ d’E\, P\ G\-A\, J\ O\. Secrétaire de rédaction : P\ G\-A\ Prix du numéro : 10 euros (5 euros pour les membres de l’Ordre). Chevalerie et Tradition. Adresse : Pierre Girard-Augry, 14 bis, rue de Cognac 17160 Matha, France. Cahier à l’unité expédié en France : 12 euros (sous pli fermé). Le message du Grand Maître Général En dépit des vicissitudes passées, comme peut en connaître toute institution humaine, fût-elle régie par un principe spirituel supérieur, notre Ordre continue son chemin tracé par ses fondateurs. En témoigne ce nouveau numéro des Cahiers de la loge de recherches Pierre d’Aumont qui se veut proposition de réflexions et matière à « rumination » sur le dur chemin de l’initiation. Car, malgré les apparences que certains lui attribuent, la voie maçonnique est, par excellence, une voie de réalisation spirituelle s’appuyant sur les rites et symboles de nos ancêtres, les maçons opératifs. Son ouverture au Rite Ecossais Rectifié et au Rite Originel et Primitif de Swedenborg sont le témoignage de sa vitalité, tout en restant fidèle à l’article 31 de ses Statuts et règlements particuliers : « La Stricte Observance Templière contemporaine reconnaît pour équivalents tous les grades du Régime Ecossais Rectifié et est habilitée à pratiquer tout grade, système ou rite ayant quelque rapport avec son origine et son histoire (en particulier les grades du Système de Clermont et ceux du Rite de Mélésino ». En reprenant l’ancienne dénomination d’Ordre Ecossais des Chevaliers du Saint Temple de Jérusalem, titre qui peut sembler long, les dirigeants de l’Ordre Ecossais d’ancienne observance, n’ont pas voulu seulement se démarquer des structures qui ont abusivement repris le titre d’Ordre Illustre de la Stricte Observance, mais souligner que nous proposons trois niveaux d’initiation. A savoir les grades d’Apprenti, Compagnon et Maître de la Franc-Maçonnerie spéculative, mais aussi les grades chevaleresques de Novice et de chevalier du Temple, précédés par celui de Maître Ecossais ou Ecossais Vert. Quant aux grades du Cléricat, ils exigent un engagement plus solennel et l’acceptation du caractère chrétien de l’Ordre, à travers les grades de Postulant, Novice clérical et Chanoine Régulier du Saint Temple de Jérusalem. Chacune des initiations s’accompagne nécessairement de la transmission d’une influence spirituelle qui confirme à l’institution un caractère non humain. Ces initiations sont autant de « chocs » spirituels qui nécessitent que le candidat ait travaillé sa pierre brute, sinon le choc en retour - qui peut prendre des aspects divers et faire que le candidat n’en est pas forcément conscient- est tel qu’un abandon de l’oie initiatique est toujours à redouter. Mais point n’est besoin de se décourager car l’initiation s’offre à tout homme « de désir » et nul ne peut prévoir quel sera son devenir. Les plus anciens peuvent témoigner de la richesse de la Franc-Maçonnerie qui n’est pas seulement « le panthéon des initiations mortes » mais qui témoigne de l’efflorescence de grades - surtout au XVIIIe siècle - qui permet de choisir sa voie : alchimie spirituelle, kabbale, théurgie, invocation de noms divins ou angéliques…en fonction de son être profond et de ses aspirations spirituelles. Seule la persévérance est « payante », en dehors de toute recherche de décorations et autres titres ronflants. Car le miroir aux alouettes, qui peut refléter les divers aspects de l’initiation, peut aussi conduire à prendre le reflet pour la réalité. Corneille dans Polyeucte ne fait-il pas dire à X : « Avez-vous cependant une pleine assurance / D’avoir assez de vie ou de persévérance » (I, 1) ? Chacun de nous peut se poser cette question et l’avoir en tête lors de l’approche de profanes, quelque soit son statut social et son curriculum vitæ. Puisse le Grand Architecte de l’Univers nous aider sur le chemin rugueux de l’initiation car, comme le dit le Psaume 127 (1) : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain que travaillent les maçons ». Pierre Girard-Augry, Grand Maître Général, Régent de l’Ordre et Conservateur du Rite… Le mot du Grand Maître Provincial Voici entre vos mains le cahier numéro 8 de notre Loge de recherches. Ce cahier, fruit d’études de divers Frères et Sœurs de l’Ordre, vous apportera de la Lumière pour l’étude de l’Art Royal. Ce cahier est édité par notre loge de recherches « Pierre d’Aumont », suite au travail effectué par les membres du comité de rédaction, membres de cette loge symbolique, travaillant aux trois premiers grades, véritable conservatoire des connaissances de la maçonnerie et de ses sciences sacrées, tout en étudiant les « hauts grades » de rites qui nous sont proches, permettant un approfondissement des joyaux de l’Art Royal et des sciences occultes dans le véritable sens du terme. Le samedi 5 juin 2010 a d’ailleurs été installé notre Conservatoire du rite de Stricte Observance, véritable phare de la pureté du rite, sans rajout, sans modifications et gardant l’esprit et la lettre du baron von Hund, créateur du rite. Ce rite maçonnique de Stricte Observance s’inscrit bien dans le concert des rites maçonniques universels qui sont travaillés lors des tenues dans les terres et au-delà des mers. N’oublions jamais que notre Ordre est d’origine écossaise et que son prolongement se trouve dans la chevalerie et dans les grades cléricaux. Notre rite nous permet
d’être des hommes libres (voir le rituel
d’Apprenti de Stricte Observance) qui savent
déposer leurs métaux à la porte du
temple, qui savent se dépouiller de leurs
préjugés et qui agissent dans l’amour
au lieu de réagir dans la haine. Dans l’enceinte
de nos loges, par le travail sur la symbolique, nous vivons une
véritable fraternité et non point une forme de
« complicité »
maçonnique. Nous sommes ainsi un courant de
pensée, œuvrant dans l’étude
des symboles et des mythes, des rituels qui contiennent les clefs
permettant notre avancement spirituel. En cela nous sommes conformes
aux travaux de nos ancêtres qui déjà au
XVIIIème siècle travaillaient de cette
façon, reprenant un passage d’une lettre du 10
novembre 1734 de M. O’Brien : « Le
principal motif des réunions est d’accueillir des
néophytes dont les noms sont inscrits sur une liste et qui
ont pour travail de prononcer une dissertation devant
l’auditoire ». Mettons en pratique cette devise de Socrate « Connais-toi toi-même » et tentons de réunir ce qui est épars en faisant fi des prévaricateurs de la maçonnerie qui divisent au lieu de réunir, qui s’enlisent dans la médiocrité, qui estiment que la maçonnerie doit confirmer et honorer leur position sociale et qui ont surtout une influence néfaste dans une maçonnerie où le maçon ne trouve jamais son avantage. Ouvrons notre esprit bien grand aux sciences traditionnelles, ayons confiance dans la Franc-Maçonnerie qui est une véritable école de sagesse, dans cet héritage que nous ont légué nos ancêtres. D\ B\, Eques Professus a Sancto Jacobo. Double grade : Général des Argonautes et Chevalier de la Toison d’Or D’après Ragon (1), plusieurs systèmes maçonniques ont pratiqué ce double grade, donné souvent comme deux grades différents : Chevalier des Argonautes et Chevalier de la Toison d’Or. Dans la nomenclature du rite pratiqué par la Mère-Loge écossaise de Marseille (1750), ou Rite philosophique en 18 degrés, les deux grades y figuraient déjà, précédés par celui de Vrai Maçon : 9ème Vrai
Maçon, Le Rite des Illuminés d’Avignon fut l’œuvre d’Antoine-Joseph Pernéty, bénédictin, écrivain ascétique, alchimiste, littérateur et voyageur, qui naquit à Roanne en 1716 et mourut à Valence (Dauphiné) en 1801. Créé vers 1766, il fut pratiqué à Avignon en 1778 et transporté l’année suivante à Montpellier sous le titre d’Académie des Vrais Maçons. On y pratiquait les six grades suivants :
Un démembrement de
cette Académie aurait donné naissance au Chapitre
des Chevaliers de la Toison d’Or qui ne professait que les
cinq derniers grades ci-dessus.
Thory cite également les deux grades de Chevalier des Argonautes et de Chevalier de la Toison d'Or comme étant « le nom du premier point du grade de la Toison-d’Or dans le Rite hermétique de Montpellier » pour le Chevalier des Argonautes, le Chevalier de la Toison d’Or étant « le nom du 6ème grade » du dit rite. En 1806, le Rite hermétique devient le Rite de Saint-Alexandre d’Ecosse et pratique encore les grades de Chevalier des Argonautes et de Chevalier de la Toison d'Or (au nombre de douze seulement). Le Chevalier de la Toison d’Or réapparaît au sein du Rite de Memphis, créé par Marconis de Nègre et apparu en France en 1839. Dérivé en grande partie du Rite Ecossais et de celui de Misraïm, répandu en France à compter de 1814, il comportait alors 92 grades divisés en 7 classes : le 80ème est celui de Sublime Chevalier de la Toison d’Or. Après 1875, la fusion des deux rites en un troisième dit de Memphis-Misraïm en 97 grades sous l'impulsion de John Yarker, auquel il amalgama d'autres rites, conserve toujours le Chevalier de la Toison d'Or (10ème grade). Mais, dans la dernière réforme de Memphis-Misraïm, qui date de 1980, les 33 premiers degrés ont été alignés sur le Rite Ecossais Ancien et Accepté, si bien que ce grade a malheureusement disparu. Les rituels de Général des Argonautes et de Chevalier de la Toison d'Or font référence, comme leur nom l'indique, à l'expédition des Argonautes et à la conquête de la Toison d'or par Jason, en Colchide. Plusieurs interprétations de ce récit mythologique ont été données. Nous en retiendrons deux. La première considère cette expédition maritime d'un point de vue évidemment légendaire, mais dans une perspective rationaliste. « L'insistance avec laquelle le récit tourne autour d'une fourrure de bélier permettrait de penser que le palladium des Colques, trésor d'Aiétès, pouvait être une figure de bélier en or soigneusement dressée sur un autel garni d'une épaisse toison, ou encore enfermée dans un coffre, et enveloppé dans l'une de ces peaux qui, à force d'avoir servi à drainer les paillettes d'or dans le lit des torrents caucasiens, étaient imprégnées d'une rutilance, ici sans doute conservée à titre d'hommage et de respect » (2). La seconde, qui nous intéresse plus particulièrement ici, est la signification alchimique de cette fameuse toison, résumée en quelques lignes par Fulcanelli (3) : « Dans le
langage des Adeptes, on appelle Toison-d'or la matière
préparée pour l'œuvre, ainsi que le
résultat final. Ce qui est très exact, puisque
ces substances ne se différencient qu'en pureté,
fixité et maturité ». L'Histoire dans laquelle l'emblème du grand oeuvre est contenu donné in fine du rituel du second grade retrace l'expédition des Argonautes et développe le mythe dans une perspective évidente d'un processus alchimique opératoire. Les grades alchimiques ; dans les systèmes maçonniques actuels, sont rares. Citons le Chevalier du Soleil ou Prince Adepte, 28ème degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté et 51ème degré du Rite Egyptien ou de Misraïm, le mot de passe Stibium (antimoine) évoquant l'Antimoine des sages, matière première extraite directement de la mine, selon Fulcanelli, et première matière de toutes choses, d'après les philosophes hermétiques, dont l'opération correspond à l'une des phases préparatoires du grand œuvre ; ou encore le Vrai maçon adepte, 58ème degré du Rite Egyptien, dont la loge prend le nom d'Académie. Vuillaume, dans son Tuileur, cite le Sublime élu de la Vérité « dont il existe un conseil métropolitain, près du Souv\ Princes Rose-Croix de la parfaite union, à l'O\ de Rennes (5) ; le Sublime élu de la Vérité était divisé en deux grades : le Chevalier adepte ou Chérubin qui n'est que l'introduction au Sublime élu de la Vérité ». Il ne faut pas essayer de rattacher ce double grade à l'Ordre nobiliaire de la Toison d'or fondé par Philippe le Bon, duc de Bourgogne le 10 janvier 1430, jour de son mariage avec Isabelle de Portugal. Il s'agit de l'ordre le plus glorieux et le plus illustre de tous les ordres honorifiques de chevalerie. Son but principal était la gloire de Dieu et la défense de la religion chrétienne, comme le rappelait l'inscription sur le tombeau du duc à Dijon : « Pour
maintenir l'Eglise qui est de Dieu maison, Très rapidement la symbolique biblique devait prévaloir sur la légende hellénique de l'expédition des Argonautes et la conquête de la Toison d'or par Jason. Dès la fin du règne de Philippe le Bon, l'évêque Guillaume de Fillastre, qui fut chancelier de l'Ordre, ne trouve pas moins de six toisons, celle de Jason, de Gédéon, de Jacob, de Mesa, de Job et de David, correspondant chacune à une vertu que devait posséder tout bon chevalier : mais, de toutes ces toisons, la seule qui fût d’or est bien celle que Jason rapporta de Colchide. A plusieurs reprises, Charles Quint et ses successeurs se réservèrent le titre honorifique de Duc de Bourgogne, comme chef de cette maison, afin de pouvoir conserver la maîtrise de l'Ordre. A la mort de Charles II, roi d'Espagne, dernier descendant de Charles Quint, son petit-neveu, Philippe d'Anjou, petit-fils de Louis XIV et de l'Infante Marie-Thérèse, qu'il avait institué héritier de tous ses Etats, s'attribua également les titres et les souverainetés non territoriales de la Maison de Bourgogne, à commencer par celle de la Toison d'or. Ainsi naquit la division de l'Ordre. Aujourd'hui, l'ordre habsbourgeois de la Toison d'or, aux destinées duquel préside Son Altesse Impériale Otton, archiduc d'Autriche, a conservé le caractère religieux et aristocratique que lui avait donné Philippe le Bon. Son rituel d’admission demeure, avec adoubement par l’épée et serment solennel, et le français est resté sa langue officielle. L'Ordre espagnol a pour grand maître, depuis le 14 mai 1977, le roi Juan Carlos Ier d'Espagne. Le décret royal de 1847 qui en fit un ordre royal à caractère civil précisait qu'il continuerait à être régi par ses anciens statuts, avec les mêmes insignes et le même nombre de chevaliers qui était de vingt-quatre lors de sa création et qui fut successivement porté à trente, puis cinquante. Les articles XXII et suivants des anciens statuts règlent, avec minutie, la tenue des chapitres de l’Ordre. Charles Quint fit encore ajouter au fastueux cérémonial qui entourait ces solennités. Des chroniqueurs, tel Lefèvre de Saint-Rémy, nous ont, d’autre part, laissé des descriptions détaillées de ces chapitres. On possède, d’Olivier de la Marche, un Avis pour célébrer dignement un chapitre de l’Ordre quant aux festins. La description la plus colorée est, sans doute, celle que l’on peut lire dans un manuscrit du XVIème siècle, sous le titre : « Le Triumphe d’Anvers » (1553). Un chapitre était prévu tous les trois ans, le second jour de mai, un délai plus court étant possible. Après avoir placé son frère Joseph sur le trône d'Espagne le 6 juillet 1808 à Madrid, et vaincu l’Autriche à Wagram le 6 juillet 1809, Napoléon Ier eut l'idée de fusionner les deux Ordres de la Toison d'Or, l'espagnol, et l'autrichien, en y ajoutant une branche française. Le 15 août 1809, il décida de créer l’Ordre des Trois Toisons d’Or, mais le projet souleva de telles protestations de la part des titulaires de la Légion d’Honneur que le décret resta sans lendemain. Jason et la conquête de la toison d’or « Au milieu [du bois sacré], le puissant tronc d’un chêne qui touche les cieux de sa cime déploie à la ronde ses rameaux sur une grande partie du bois. C’est là que, de part et d’autre d’une longue branche, pend la toison d’or sur laquelle veille un terrible serpent, monstre funeste aux mortels, indicible prodige : il est couvert d’écailles d’or et, circulant en haut du tronc avec ses formidables anneaux, il est le desservant du monument de Zeus infernal, montant près de la toison une garde incessante […] Jouant sur la corde la plus grave de ma lyre, j’entonnai un chant en sourdine, sans l’articulation de mes lèvres silencieuses […] une soudaine torpeur s’empara des yeux du dragon monstrueux, pareille à la mort : celui-ci laissa choir sur le sol sa longue nuque, la tête alourdie sous ses écailles. A cette vue, Médée au triste destin fut saisie de stupeur et, encourageant le noble fils d’Aison, elle l’envoya prendre au plus vite sur l’arbre la toison à la laine d’or. Jason l’entendit et n’eut garde de désobéir : il enleva l’immense toison et gagna le navire [Argô]. Grande était la joie des héros Myniens et ils élevèrent les mains vers les Immortels qui habitent le vaste ciel ».
Blason des Ducs de Bourgogne dans le collier des chevaliers de la Toison d'Or Double grade : Général des Argonautes et Chevalier de la Toison d’Or Le manuscrit de ce double grade se
trouve à la Bibliothèque municipale
d’Avignon (ms. 3084, fol. 1 à 27) et peut
être daté du XVIIIème siècle. 1er grade Général des Argonautes Titre des F\ F\ Dans ce grade le Maître s’appelle Très Vaillant Général et tous les autres F\ F\ se nomment Vaillants Généraux et gardent ce titre jusqu’après la réception du 2ème grade, et après l’ouverture du conseil de guerre de la seconde salle. Il y aura dans cette 1ère salle un globe en guise de tableau car il n’y en a pas au 1er grade. Décoration de la salle et des Généraux La salle du conseil de guerre des Généraux des Argonautes sera ornée comme celle de l’académie des Vrais Maçons (6) ; elle sera éclairée d’une seule mais grande lumière. Le Très Vaillant Général et les Vaillants Généraux seront décorés comme les Vrais Maçons et armés, au lieu d’une baguette de fer qui se porte en ce dernier grade, d’une massue et d’un glaive. Il n’y a dans ladite salle ni trône ni tableau, comme on a dit plus haut, mais une table couverte d’un tapis vert, laquelle sera ronde, et autour seront assis tous les Vaillants Généraux. Les fauteuils où ils seront assis seront de même couleur et on observera que le Très Vaillant Général soit placé à l’orient, sans autre distinction, et les Vaillants Généraux à sa droite et à sa gauche, chacun suivant l’ordre de sa réception. Manière d’entrer dans le conseil de guerre Quand un Général des Argonautes voudra entrer dans la salle du conseil de guerre, il frappera un grand coup avec le pied droit. Le dernier reçu des Généraux entendant ce bruit criera : « Qui va là ? » Celui qui est à la porte répondra : « Général des Argonautes ». Le dernier reçu répliquera : « Halte-là ! », et en s’adressant au Maître dira : « Très Vaillant Général, on frappe à la porte en Général des Argonautes ». Le Très Vaillant Général dit : Ayez la bonté, Vaillants Généraux derniers reçus, de vous armer de vos massues et de vos glaives et d’aller à la porte vous faire donner l’ordre et la consigne. L’ordre s’exécute, le dernier reçu ouvre la porte et la garde tandis que l’autre sort pour se faire donner l’ordre et la consigne qu’il fait passer par le Général qui garde la porte jusqu’au Très Vaillant Général. Le Très Vaillant Général les ayant trouvés justes dit : Ouvrez la porte à ce Vaillant Général et introduisez-le dans la salle en la forme ordinaire. Les deux derniers reçus l’introduisent, se placent à ses côtés et par la marche ordinaire le conduisent vis-à-vis le Très Vaillant Général ; et alors tous les trois ensemble, ayant leur massue sur l’épaule gauche et le glaive à la droite (ce qu’on appelle en parade), baisseront leurs glaives. Le Très Vaillant Général et les Généraux, qui seront pour lors debout, répondront à ce salut de la même manière ; après quoi, le Très Vaillant Général dit au Général introduit : Prenez place dans notre conseil. Ouverture du conseil de guerre Quand tous les Généraux, ou du moins un nombre suffisant, seront assemblés, placés et assis, le Très Vaillant Général se lèvera, ainsi que tous les Généraux, et frappera un coup de son glaive, après lequel il demandera : D. Vaillants
Généraux, à quelle heure
s’ouvre le conseil de guerre ? Vaillants Généraux, puisque le conseil de guerre s’ouvre un instant avant le combat, que le combat se donne dans toutes les saisons et dans la Thessalie, que nous y sommes, je vous annonce que le conseil de guerre est ouvert. A ce dernier mot, tous les Vaillants Généraux feront le signe et crieront trois fois Combat. Réception Lorsqu’un Vrai Maçon - car il faut avoir ce grade pour pouvoir être reçu - aura toutes les qualités requises par les ordonnances et qu’il aura été admis par tous les Chevaliers, il viendra se présenter tout seul à la porte de la salle du conseil de guerre le jour que son présentateur lui aura indiqué pour sa réception, et il lui apprendra les réponses ; il frappera en Vrai Maçon. Le dernier reçu criera : Qui va là ? Le candidat répondra : Le dernier reçu dira : Le candidat : Le dernier reçu dira : Et rendra compte au Très Vaillant Général et à tous les Vaillants Généraux. Le Très Vaillant
Général dit : Le dernier reçu exécute l’ordre, introduit le récipiendaire et se tient à son côté pour lui dicter les réponses. Alors le Très Vaillant
Général dit d’un ton ferme : (Ici, tous les
Généraux frappent de leur glaive sur la table
pour marquer là leur consentement.) La susdite parole
donnée ou obligation prêtée, le
Très Vaillant Général dit au plus
ancien des Généraux : Après cette cérémonie, le Très Vaillant priera l’ancien Général de faire avancer jusqu’à lui par la marche ordinaire le récipiendaire pour lui donner le signe, l’ordre, la consigne, le nom, l’attouchement et l’accolade comme suit. Signe, ordre, consigne, nom, attouchement et accolade Le signe est de fermer un poignet dans l’autre, de les lever du côté de l’épaule droite, de les laisser tomber sur la hanche gauche et, enfin, de relever le poignet droit fermé du côté de l’épaule droite et de faire semblant de vouloir frapper. L’ordre ou mot
d’ordre est Vulcain et Lemnos. Instruction D. Qui êtes-vous ? Clôture du conseil de guerre L’instruction finie, le Très Vaillant Général se lève, ainsi que tous les Généraux, frappe un coup de son glaive sur la table et fait les questions qui suivent après que tous les Vaillants Généraux se sont mis en parade. D. A quelle heure se ferme le
conseil de guerre ? « Puisque le conseil de guerre se ferme à l’instant qu’on a délibéré de combattre et que nous devons combattre à présent, quittons la Thessalie et embarquons-nous pour Colchos ». Après ces mots, tous les Vaillants Généraux crient trois fois Combat, ensuite passent dans la seconde salle et laissent le récipiendaire tout seul. Fin 2ème grade Chevalier de la Toison d’Or Décoration de la salle du conseil de guerre des Chevaliers de la Toison d’Or Cette salle, qui doit aussi porter le nom de conseil de guerre, doit être tendue de blanc et de rouge. Elle sera éclairée par un grand chandelier à trois branches avec trois grosses bougies de cire jaune. Il doit y avoir deux terrines dans l’une desquelles il y aura des cendres et dans l’autre de l’esprit de vin, placées au milieu de la loge dite conseil de guerre. Il y aura un globe ou sphère comme dans la première salle des Vaillants Généraux des Argonautes. Titre et ornements des Chevaliers Le Très Vaillant Général et les Vaillants Généraux seront ornés et nommés comme dans la première salle jusqu’à la fin de la réception ou jusques après l’ouverture du conseil de guerre s’il n’y a point de réception. Alors, ils prendront les titres, savoir le Très Vaillant, de Très Illustre Chevalier, et les Généraux, d’Illustres Chevaliers de la Toison d’Or. Ils seront décorés d’une couronne de laurier, d’un sceptre peint en blanc, des gants blancs doublés et bordés de rouge, d’un crachat (8) où sera brodé en or un soleil rayonnant, d’une écharpe de soie rouge frangée en or et d’une chaîne dont les chaînons seront alternativement l’un en or et l’autre en argent qu’on portera en sautoir et où sera suspendu le bijou de ce grade qui est une croix. Le ceinturon du glaive dont ils seront armés sera rouge ou or et le fourreau blanc. Les fauteuils sur lesquels seront assis les Chevaliers seront blancs et rouges. On observera comme dans la première salle que le Maître soit à l’orient et les autres F\ F\ à droite et à gauche suivant l’ordre de leur réception. Les figures du tableau se trouveront dans la description qu’on donnera ci-après et dans le catéchisme ou instruction. Manière d’entrer dans la salle des Chevaliers de la Toison d’Or On frappera un grand coup avec la
main droite. D. D’où
venez-vous ? Ouverture du 2ème conseil de guerre Le Très Puissant frappe un coup de son glaive sur la table et demande : D. A quelle heure
s’ouvre le conseil de guerre ? « Vaillants Généraux, puisque le conseil de guerre s’ouvre un instant avant la victoire, que la victoire s’obtient après dix mois de combat et qu’il faut le remporter à Colchos dans le champ de Mars, débarquons-nous puisqu’il y a dix mois que nous naviguons et que nous voici arrivés à Colchos et allons aussi sans différer au champ de Mars remporter la victoire qui nous attend ». Après ce dernier mot, le Très Vaillant Général et les Vaillants Généraux feront le signe du Général des Argonautes et crieront trois fois : « Combat ! » S’il n’y a point de réception, tous les F\ F\ se décoreront des attributs de Chevaliers de la Toison d’Or. S’il y en a, on procédera comme suit. Réception Tous les Généraux des Argonautes étant passés à la seconde salle, le dernier Général reçu ira trouver le récipiendaire qui [est] resté seul dans la première salle, c’est-à-dire après l’ouverture du conseil de guerre. Il lui couvrira les yeux d’un bandeau et le conduira jusqu’à la porte de la seconde salle ; il lui dira d’attendre là le signal qu’on lui donnera pour frapper un grand coup à ladite porte avec le pied droit. Le dernier reçu qui est déjà rentré dans la salle, entendant ce coup, criera : « Qui vive ! » Le récipiendaire répondra : « C’est un Vaillant Général des Argonautes qui désire faire le voyage de Colchos ». Le dernier reçu répondra : « Halte-là ! », et rendra compte au Très Vaillant et aux Vaillants Généraux. Le Très Vaillant Général dit au dernier reçu : « Vaillant Général, allez examiner le récipiendaire sur le grade qu’il vient de recevoir et, s’il satisfait à vos questions, vous l’introduirez après que vous serez assuré qu’il a les yeux couverts et avoir fait parvenir jusqu’à moi l’ordre et la consigne ». Le dernier reçu exécute l’ordre du Très Vaillant, questionne le récipiendaire, l’introduit et le place à l’occident. Dès que le candidat est introduit et placé, le Très Vaillant Général lui fait les questions suivantes : (Nota. On dicte au récipiendaire les réponses.) D. Vaillant
Général, que demandez-vous ? Cette réponse faite, tous les Vaillants Généraux frappent de leur glaive sur la table pour marquer leur consentement. Le Très vaillant Général continue : D. Avez-vous les vertus
nécessaires ainsi que les qualités pour faire ce
voyage et mériter par [là] la
récompense de vos travaux ? (Nota. On prononçant ces mots, on fait étendre la main droite au récipiendaire et la porter ensuite en équerre sur le [Volume de la Sainte Loi]. Cette obligation prêtée, le Très Vaillant Général et tous les Vaillants Généraux quitteront les attributs de Vaillants Généraux et se décoreront de ceux de Chevaliers de la Toison d’Or et en prendront en même temps le titre, c’est-à-dire le Maître de Très Illustre et les F\ F\ d’Illustres Chevaliers de la Toison d’Or. Ensuite, le Très Illustre dit au plus ancien Chevalier : « Illustre et ancien Chevalier, ayez la bonté d’aller sortir le bandeau au récipiendaire auquel vous ferez faire le tour du globe terrestre et lui ferez frapper avec la massue et le glaive duquel il est armé les deux éléments qui le composent, ainsi que la marche ordinaire, et le ferez ensuite parvenir jusqu’à moi ». Le plus ancien Chevalier exécute l’ordre, lui fait faire le tour du globe, frapper et lui fait traverser par la marche ordinaire de Général des Argonautes une terrine de cendres et une autre où il y a de l’esprit de vin ; après quoi, il le fait parvenir jusqu’au Très Illustre Chevalier par la marche des Chevaliers de la Toison d’Or qu’il lui apprend pour y recevoir l’ordre, la consigne, le signe, l’attouchement et l’accolade comme suit. Consigne, signe, attouchement, accolade et ordre La consigne est le mot Eriotcive (9) [Victoire]. Le signe est de lever la main droite et de la fermer comme si on prenait quelque chose et de montrer avec l’index le bijou que l’on a sur la poitrine. L’attouchement est de prendre avec les deux poings fermés de celui qui vous reconnaît. L’accolade est de baiser au front celui qui vous reconnaît, c’est-à-dire comme à la 1ère salle. L’ordre, c’est le mot Segam ed meelhteb (10) [Mages de Bethléem]. Décoration et création de Chevalier Le Très Illustre Chevalier, après avoir donné au récipiendaire l’ordre, le signe, l’accolade et l’attouchement, il le décore de tous les ornements et attributs de Chevalier de la Toison d’Or, et ensuite le crée en lui disant : « Par la plénitude de la puissance dont je suis revêtu et du consentement des Illustres Chevaliers de la Toison d’Or, je vous délie de toutes les obligations que vous avez contractées jusques ici dans la carrière maçonnique, n’en exceptant que celles que vous avez prêtées pour obtenir les grades de Vrai Maçon et de Vaillant Général des Argonautes, et d’Illustre Chevalier de la Toison d’Or que je vous confère pour jouir à perpétuité des prérogatives et avantages que vos combats et vos victoires vous ont si glorieusement acquis ». Après les dernières paroles du Très Illustre, tous les Chevaliers font le signe et crient ensemble trois fois Victoire. Ensuite, le Très Illustre dit au récipiendaire de s’aller faire reconnaître à tous les Illustres Chevaliers, laquelle reconnaissance faite il lui dit de prendre séance selon son rang et de prêter l’oreille à l’instruction qui suit. Instruction par demandes et réponses D. Qui êtes-vous ? (En disant ces derniers mots, l’Illustre Chevalier qui répond montre la croix de son bijou.) D. A quoi vous en
êtes-vous servi ? L’instruction faite, le Très Illustre Chevalier priera le Chevalier le plus ancien de faire au Chevalier nouveau reçu l’explication du tableau et l’histoire de ce grade comme suit. Explication du tableau Le tableau offre d’abord à nos vues une mer d’airain, emblème de la mer philosophique de laquelle, par le moyen de la massue d’Hercule et du glaive de Jason, c’est-à-dire des instruments de la nature et de l’art, l’on doit extraire les trois principes, sel, soufre et mercure, désignés par les trois marches, et les réunir dans le pavé cubique pour être ensuite, par le feu élémentaire naturel et surnaturel du chandelier à trois branches, divisé dans les alambics, représentés par les Colonnes d’Hercule, en fumée rouge et en fumée blanche, pour produire par la croix - je veux dire la poudre de projection – et mériter par là la couronne de laurier que tout artiste doit ambitionner, comme le non plus ultra de l’Art royal que nous avons atteint par nos combats et nos victoires. Tableau
reconstitué du Chevalier de la Toison d’Or Aison, qui eut pour père Créthée, Eole pour aïeul, pour bisaïeul Jupiter et pour épouse Alcymède, fille d’Antiokhos, avait déjà envoyé son fils Jason sur le mont Pélion pour y être élevé dans l’art de la médecine par le centaure Chiron, lorsque Pélias, son [oncle], lui usurpa le trône que sa naissance et son mérite lui avaient acquis. Jason, ayant appris une si triste nouvelle et assez éclairé dans la théorie de l’art dont il voulait faire un jour profession, quitta le mont Pélion, après avoir remercié son maître des soins qu’il avait pris pour lui, et se rendit dans la Thessalie pour revendiquer de son oncle Pélias la couronne qu’il avait injustement arrachée à son père Aison. Pélias, surpris de la démarche de Jason et craignant d’ailleurs son mérite, lui promit de la lui restituer toutefois à condition qu’il irait auparavant conquérir la Toison d’or. Les difficultés d’une entreprise où tant de héros avaient échoué ne rebutèrent point Jason. Il accepta la proposition et, pour se mettre en devoir de l’exécuter, il s’associa cinquante hommes qu’il nomma Argonautes, tous de la race des dieux, et fit construire par Argus le vaisseau Argo dont la déesse Minerve lui avait donné le dessin. Le bois de ce vaisseau fut tiré du mont Pélion et celui du mât pris dans les forêts de Dodone dont les arbres avaient accoutumé de rendre des oracles. Dès que ce vaisseau fut fini, Jason le fit appareiller et l’approvisionna pour dix mois et nomma Lyncée pour son vice-amiral, et pour ses pilotes Orphée, Tiphys et Ancaios. Eurypylos, fils de Neptune, informé du dessein de Jason et sachant qu’il était prêt à partir, vint lui faire présent, avant son départ, d’une terre noire que Médée, à son arrivée à Colchos, regarda comme un présage le plus heureux. Tout étant ainsi disposé et le vent étant favorable, Jason s’embarqua avec ses compagnons, fit lever l’ancre, déployer la voile qui était de couleur noire et partit. On ne tarda pas à s’apercevoir qu’Hercule était un peu incommode tant parce qu’il faisait presque aller le navire à fond par la pesanteur de son corps qu’à cause qu’il était aussi de trop grande vie et consommait trop de provisions ; de plus, qu’il rompait à tout propos la rame. Mais il arriva un accident qui les en délivra heureusement : c’est qu’ayant amené avec lui son cher Hylas et qu’un jour, pressé de soif, il l’eut envoyé chercher de l’eau fraîche, il tomba dans la fontaine où il en puisait ; ce qui fit dire que les Nymphes l’avaient enlevé. Cela fut cause qu’il quitta la compagnie et le vaisseau pour l’aller chercher. Jason aborda d’abord à l’île de Lemnos pour se rendre Vulcain favorable, qui était adoré dans cette île, et s’acquérir les bonnes grâces d’Hypsipylé dont l’odeur était puante pour avoir manqué de respect à Vénus, qui seule conserva la vie à son père Thoas qui pour lors était roi de l’île. Au sortir de Lemnos, les Tyriens livrèrent un sanglant combat aux Argonautes qui furent tous blessés, à l’exception de Glaukos qui disparut et fut mis au nombre des dieux de la mer. Après le combat, les Argonautes abordèrent à Marsyas, à Cyzique, à l’Ibérie, et s’arrêtèrent ensuite dans la Bébrycie où Amycos qui y régnait avait accoutumé de défier au combat du ceste (18) ceux qui arrivaient dans ses Etats. Pollux accepta le défi et le fit périr sous ses coups. De la Bébrycie, les Argonautes se rendirent vers les Scythes de la Lybie par où l’on va en Egypte. Le danger qu’il y avait à traverser les Scythes fit prendre à Jason et à ses compagnons le parti de porter le vaisseau sur leurs épaules pendant deux jours à travers les déserts de la Lybie ; au bout de quel temps, ayant retrouvé la mer, ils remirent le vaisseau à flot et furent rendre visite à Phinée, prince aveugle et sans cesse tourmenté par les Harpies dont il fut délivré par Calaïs et Zétès, enfants de Borée, qui avaient des ailes. Phinée devint plus clairvoyant des yeux de l’esprit que du corps et leur indiqua la route qu’ils devaient tenir. « Il faut, leur dit-il, premièrement aborder aux îles Cyanées qu’on nomme autrement Symplégades ou écueils qui s’entre-heurtent. Ces îles jettent beaucoup de feu mais vous en éviterez le danger en envoyant une colombe. Vous passerez de là en Bithynie et laisserez à côté Thynias. Vous verrez Maréandyne, Achérusia, la ville d’Aiétès, Carambis, le marais Anthémoeisis, la Cappadoce, les Chalybes, et arriverez enfin au fleuve Phase qui arrose la terre de Circé et, de là, en Colchide où est la Toison d’or ». Avant d’y arriver, les Argonautes perdirent leur pilote Tiphys et mirent Ancaios à sa place. Toute la troupe débarqua enfin sur les terres d’Aiétès, fils du Soleil et roi de Colchos, qui leur fit un accueil très gracieux. Mais comme ce roi était extrêmement jaloux du trésor que Phrixos avait conservé et suspendu dans un bois au dieu Mars, lorsque Jason parut devant lui et l’eut informé du motif qui lui avait fait entreprendre un voyage si pénible, il parut consentir de bonne grâce à sa demande ; mais pour le détourner de son projet, il lui fit un détail immense des obstacles qui s’opposaient à son désir. Il lui prescrivit des conditions si dures qu’elles auraient été capables de rebuter Jason si Junon n’eût convenu avec Minerve de l’encourager et rendre Médée amoureuse de lui, afin qu’au moyen des enchantements de cette princesse il fût garanti des périls où il allait s’exposer pour pouvoir résister dans ses entreprises. Médé, en effet, ayant vu Jason, prit un tendre intérêt pour lui. Elle lui releva le courage et lui promit tous les secours qui dépendraient d’elle, pourvu qu’il s’engageât à lui donner sa foi. Jason le lui ayant promis, cette princesse lui donna un onguent pour s’oindre le corps et se garantir par son moyen du venin du dragon, et une eau pour éteindre le feu qui sortait des narines des deux taureaux gardiens de la Toison d’or. Jason ainsi préparé attaqua d’abord les deux taureaux avec l’eau, les soumit au joug et, après les avoir fait labourer, il les tua ainsi que le dragon qu’il endormit par un pharmaque (19) somnifère et auquel il arracha les dents qu’il sema ; et de cette semence naquirent quantité d’hommes armés qui se tuèrent les uns les autres. Jason ainsi victorieux de ces monstres enleva la Toison d’or. Après cette expédition il épousa Médée et retourna en Thessalie avec elle et les Argonautes ; et dans la crainte qu’Aiétès ne les poursuivît, Médée amena avec elle le petit Absyrtos, son frère, qu’elle mit en pièces, dispersant ses membres sur le chemin afin que son père, s’amusant à les recueillir, il leur donnât un plus grand temps et le loisir de s’échapper. Jason, arrivé en Thessalie, entra en possession du royaume de son père et Médée rajeunit le vieillard Aison par la boisson de la Toison d’or. Enfin, le vaisseau Argo qui l’avait conduit à Colchos et ramené dans sa patrie fut mis au rang des dieux par toute la cour céleste. Cette histoire finie, le Très Illustre Chevalier, après avoir félicité le Chevalier nouveau reçu, fait la clôture du conseil de guerre comme suit. Clôture du 2ème conseil de guerre Le Très Illustre Chevalier frappe un coup de son glaive sur la table et se lève, ce que font aussi tous les Chevaliers. Ensuite il dit à tous les Illustres Chevaliers de la Toison d’Or : D. A quelle heure se ferme le
conseil de guerre ? « Illustres Chevaliers de la Toison d’Or, puisque le conseil de guerre se ferme un instant après la victoire et qu’on obtient la victoire après dix mois de combat, je vous annonce avec la plus grande satisfaction que nous sommes arrivés à ce terme et que nous voilà possesseurs de la Toison d’or ». Nota. A ces dernières paroles du Très Illustre, tous les Chevaliers font le signe et crient Victoire ; après quoi, le Très Illustre continue : « Hâtons-nous donc de retourner dans notre patrie et dans la crainte que les méchants, les fols et les ignorants ne nous enlèvent un trésor si précieux, mettons en pièces nos écrits afin que, tandis qu’ils seront occupés à en ramasser les débris, nous puissions leur échapper et aller jouir tranquillement et à l’ombre de nos lauriers des avantages que nos combats et nos victoires nous ont si justement mérités ». Après que le Très Illustre aura fini de parler, tous les Chevaliers feront l’un après l’autre la marche ordinaire et diront trois fois Io paean ! F\ F\. Ces paroles sont le chant qu’on entendit quand Apollon eut tué à coups de flèches le serpent Python et qu’on entonnait aux jeux publics et aux triomphes ; ainsi terminent-ils le conseil. Quelques précisions sur ce rituel Le Rituel qui précède date du XVIIIème siècle et, le moins que l’on puisse dire, est qu’il est éminemment alchimique ; comment ne pas y reconnaitre la « patte » d’un des alchimistes les plus réputés de son époque : le père Bénédictin Antoine Joseph Pernéty qui l’adapta pour le Rite des Illuminés d’Avignon. Même si Dom Pernéty fut une sommité en matière d’alchimie, il a souvent une façon très personnelle d’évoquer certains aspects de l’Art, comme la plupart des alchimistes connus, D’ailleurs, chacun ayant sa propre sensibilité et sa propre personnalité, cela donne parfois des comparaisons énigmatiques particulièrement difficiles à déchiffrer. Pour prendre un exemple flagrant, voyons les deux symboles les plus apparents utilisés tout au long de la cérémonie : la massue et le glaive. Pourquoi utiliser deux armes aussi éloignées l’une de l’autre qu’un écraseur naturel et un tranchant fabriqué de main d’homme ? Personne n’ignore que la massue était l’arme favorite d’Héraclès (ou d’Hercule) et que ce dernier fut du nombre des Argonautes, tout au moins pendant une certaine période, puisqu’il dut quitter le groupe en cours de route pour se consacrer d’urgence à la reprise de ses douze travaux. Pendant le Rituel, on demande au nouveau reçu de frapper le globe de sa massue ; c’est une façon discrète de signaler qu’en alchimie la « Terre » (la materia prima, la pierre philosophique ou l’antimoine) doit être pilée pour en séparer les principes et ainsi mieux parvenir à les purifier. On retrouve cette fonction dans l’instruction de Vaillant Général : - « Quelles sont vos armes ? » - « La massue d’Hercule et mon glaive ». – « A quoi devez-vous vous en servir ? » - « A purger la terre et la mer des monstres qui l’infectent ». La massue joue donc, ici, le rôle du pilon qui sert à réduire en poudre, dans le mortier, l’antimoine ou la première matière. Il faut préciser que l’allusion à la massue est relativement rare dans les textes alchimiques, mais, pas inexistante. Par contre, la représentation du glaive est nettement plus fréquente ; n’oublions pas que le glaive, l’un des symboles de la Justice, devrait toujours être manié par un Sage. Dans l’Art d’Hermès, c’est un outil précieux en bien des circonstances, notamment pour occire le dragon noir, scène représentée, le plus souvent, par l’action d’un vaillant chevalier (incarné ici par Jason) qui le manie avec une dextérité sans pareille. Au début de l’œuvre au noir, il permet donc de faire mourir la matière afin de forcer sa renaissance dans le bon sens. Il est également utilisé pour « ouvrir » l’œuf des Philosophes, et là encore, il est question de la séparation des trois principes, le blanc étant le Mercure qui représente l’Esprit, le jaune, le Soufre qui symbolise l’Âme, et la coquille, le Sel associé au Corps. Dans tous les cas, le glaive devrait être représenté flamboyant, ou plutôt « igné », puisqu’il est sensé être le Feu issu du Sel, seul capable de provoquer cette ouverture. Nul récit mythique n’a autant inspiré les alchimistes que ce périlleux voyage de Jason et de ses compagnons, partis à la conquête de la Toison d’Or. Fulcanelli lui-même nous apprend que cette Toison, « dans le langage des adeptes, désigne la matière préparée pour le Grand Œuvre, mais également le résultat final ». Elle fut aussi une source d’inspiration pour des auteurs de toutes époques : Histoire de Jason en 1563 par Jacques Gohory, Aureum vellus (Toyson d’Or) en 1612 par Salomon Trismosin, et, plus proche de nous, Alchimie en 1964 par Eugène Canseliet, pour n’en citer que quelques-uns. Il faut dire, pour justifier cet engouement, que cette traversée mouvementée réunit les principaux ingrédients symboliques propres à l’opération alchimique ou s’en rapproche significativement :
(Pour certains auteurs, la Toison d’Or ne serait que le parchemin supportant le secret de la « Chrysopée » ou fabrication de l’or, mais rien ne vient étayer cette affirmation.) Il ne fait aucun doute que la « Voie humide » est privilégiée dans ce récit. Bien que cette voie soit plus longue et parfois plus difficile que la voie sèche, elle est aussi plus sûre quant au résultat final. Les « opérations » se multiplient comme autant de combats à gagner pour remporter la victoire, et donc parvenir au Grand Œuvre et à sa récompense. Mais, comme pour tout périple dangereux, un besoin de protection se fait sentir de façon impérative. Le navire Argo, dédié à une divinité, ainsi que le sacrifice du bélier rappellent le passage de l’alchimiste à « l’oratoire » afin d’y réitérer sa Foi et obtenir le fameux « donum Dei », le don de Dieu sans lequel il ne pourrait rien. Rappelons pour mémoire que la figure de proue du navire construit par Argos avait été taillée dans une branche du chêne sacré de Zeus à Dodone, cadeau d’Athéna qui l’avait douée de parole pour récompenser la ferveur des Argonautes envers elle et Apollon ; encore une image plaisante de la Foi profonde récompensée. Ensuite, la mort du dragon est souvent représentée en alchimie pour imager la transformation de la terre noire en un composé blanchâtre qui sera ensuite décomposé par l’action du Feu des Philosophes. Les dents du dragon semblent se rapporter aux germes que contient toute matière morte, ou plutôt « inerte », pour accéder à une nouvelle vie. Une fois semées, comme elles le seront ici, au Champ de Mars, on obtient ce que les métallurgistes nomment « boutons de retour » permettant d’affiner tout métal adéquat et le transformer en or. Mais, avant d’obtenir ce précieux résultat, il faudra en passer par des combats épiques, comme ceux que connurent Jason et ses compagnons, contre une horde d’adversaires armés issus de chaque dent mise en terre. Heureusement, ces combattants se dressent souvent les uns contre les autres, atténuant ainsi le risque de défaite. C’est ce à quoi nous sommes confrontés avec nos pires ennemis : nos vices. Quand au précieux trophée, arraché par Jason à l’adversité, il s’agit bien de la Pierre philosophale, présentée ici sous la forme d’une toison de bélier chargée de paillettes d’or. Certains passages de l’instruction au grade de Chevalier de la Toison d’Or demandent également quelques précisions. Le mot d’ordre est : « Segam ed meelhteb », c’est-à-dire « Mages de Bethleem » en inversant les mots. Comment doit-on interpréter cette référence aux trois Rois Mages qui vinrent honorer la naissance du Christ ? Quel rapport y a-t-il entre ces derniers, la Toison d’or et l’alchimie ? Tout d’abord, chacun d’eux apporta un cadeau caractéristique de l’honneur à mettre en exergue, mais possédant également un aspect alchimique. Dans le très bon ouvrage de Jean Chopitel et Christiane Gobry sur les « Rois Mages », on apprend que « les trois présents offerts par les Rois Mages au Roi des rois symbolisent le ternaire de la manifestation humaine, Corps-Âme-Esprit, ou plutôt l’accomplissement de ce ternaire dans la royauté, la prêtrise et le prophétisme, qui représentent respectivement la renaissance à la materia prima, à l’eau purifiée et au feu de l’Esprit ». Vient ensuite un passage de René Guénon qui renforce encore cette démonstration. Il nous dit : « Les Rois Mages, par l’hommage qu’ils rendent au Christ et par les présents qu’ils lui offrent, reconnaissent expressément en Lui la source de cette autorité dans tous les domaines où elle s’exerce : le premier (Melchior) lui offre l’or et le salue comme roi ; le second (Gaspard) lui offre l’encens et le salue comme prêtre ; enfin le troisième (Balthazar) lui offre la myrrhe et le salue comme prophète ou Maître spirituel par excellence, ce qui correspond directement au principe commun des deux pouvoirs : sacerdotal et royal. L’hommage est ainsi rendu au Christ, dès sa naissance humaine, dans les « trois mondes » dont parlent toutes les doctrines orientales : le monde terrestre, le monde intermédiaire, et le monde céleste ». La conclusion semble évidente, grâce au rapprochement entre la vision des Rois Mages et celle des alchimistes : le Sel correspond à l’encens, à la prêtrise et représente le Corps ou principe émanant de la fusion Eau-Terre ; le Mercure correspond à la myrrhe, à la prophétie et représente l’Esprit ou principe émanant de la fusion Air-Eau ; enfin, l’or peut être assimilé à l’Âme, donc au principe résultant de la fusion Feu-Air, c’est cette Âme Soufre qui doit se transmuter de pierre en or obtenant ainsi la couronne « Royale » et le pouvoir qui lui correspond. Le second justificatif de ce mot d’Ordre concerne l’étoile que suivirent les Mages afin de parvenir à destination et ainsi avoir la possibilité de rendre leur hommage. A plusieurs reprises, nous avons eu l’occasion d’évoquer cette « étoile » qui apparaît dans le substrat alchimique à la fin de l’œuvre au blanc, l’étoile qui surgit dans le compost et dont le nom « compost-stella » désigne également le chemin de Saint-Jacques ; c’est, en quelque sorte, une exhortation à persévérer qui nous dit : « tu es sur le bon chemin, continue ! ». Ceci justifie le mot d’Ordre et le passage de l’instruction : « Pourquoi prenez-vous ces mots pour notre Ordre ? » - « Parce que comme eux j’ai été éclairé par une étoile qui m’a conduit à la vérité ». Dans cette instruction, nous retrouvons aussi une mention évoquant l’unité et le retour à cette unité par les nombres de 1 à 4 et par le 10, symbole de l’univers. « Combien frappez-vous de coups pour entrer dans la salle du conseil de guerre ? » - « Un seul grand coup avec le pied droit ». – « Pourquoi cela ? » - « Pour montrer qu’après avoir commencé par 1 et continué par 2, 3, et 4, je suis enfin parvenu à l’unité par le 5ème, moitié du nombre sphérique qui est 10, et qu’en outre je sais opérer ». Précisons : nous sommes tous les rejetons du premier homme ayant connu l’unité parfaite, l’alliance suprême avec le Divin, désignées par le 1. Par suite d’une erreur de parcours, il eut conscience de sa possible dualité, le 2. Puis nous avons découvert l’existence d’une échappatoire permettant de corriger cette erreur et de connaître une nouvelle alliance avec le Dieu de notre cœur : c’est l’utilisation du ternaire pour revenir à une certaine perfection, donc par les vertus du 3 grâce auquel les alchimistes conçurent les trois principes : Sel, Mercure et Soufre. Mais comment obtinrent-ils ces trois principes ? En utilisant les seuls éléments dont ils pouvaient disposer sans limite : le Feu, l’Air, l’Eau et la Terre, d’où le 4. Enfin, en mixant intelligemment les « Principes », ils pouvaient accéder au 5, qu’ils nommèrent « Quintessence » en créant une cinquième essence capable de prodiges. Seule cette Quintessence est apte à recréer la matière incorruptible et donc immortelle. Il semble que Pythagore avait déjà sous-entendu cette conception des choses à l’aide de sa « Tétractys » puisque : 1+2+3+4 = 10 et que 1+0 = 1, le retour à l’unité, à condition d’en passer par le 5 et de l’acquérir justement. Pour terminer cette explicitation des deux rituels, détaillons quelque peu le tableau du grade. La mer d’airain symbolise le lieu où l’on se purifie ou bien, ici, l’endroit que l’on doit purifier. Elle correspond, en alchimie classique à la materia prima de laquelle seront extraits les trois principes issus des quatre éléments, comme on l'a vu précédemment. Cette materia prima est la pierre des philosophes, la terre noire, ou encore l’antimoine, En alchimie spirituelle, elle nous représente directement puisque c’est en nous que doivent avoir lieu toutes les transmutations. Elles nous permettront peu à peu de devenir « l’Elie artiste », c’est-à-dire celui qui a réussi son retour à l’unité et conclut ainsi sa nouvelle alliance avec Dieu. Les trois marches représentent chacune l’un des trois principes : Mercure, Sel et Soufre émanant de la mer d’airain, extraits à l’aide de la massue et du glaive (ou en clair : le pilon du mortier et le Feu). Cette phase est celle de la dissolution (le solve) permettant de purifier plus facilement chaque partie extraite. La Pierre cubique est sensée contenir la réunion des trois principes une fois purifiés (c’est le coagulat). L’ensemble ne peut se réaliser sans l’aide du Feu secret des Philosophes, symbolisé ici par le chandelier à trois branches. Dans l’explication succincte du tableau donnée au cours de la cérémonie, il est bien précisé que le chandelier produit un Feu élémentaire naturel et surnaturel. Tout alchimiste sait que le Feu secret est d’une nature double et qu’il ne brûle pas les doigts, comme le disait si bien Eyrénée Philalèthe. Le Feu naturel incite inexorablement le Feu surnaturel à venir lui prêter main forte et, bien que la nature de ce Feu ne puisse être divulguée, d’où son qualificatif de « secret », il semble que le problème ne soit pas trop difficile à résoudre ! Les deux colonnes d’Hercule, que l’on peut comparer aux colonnes du Temple de Salomon, symbolisent les alambics ou les fourneaux d’où sortent des fumées, rouges pour l’une et blanches pour l’autre. L’axe horizontal de la Croix, le matériel, conjoint à l’axe vertical, le spirituel, produit, en son centre, le résultat final dit Pierre philosophale ou poudre de projection (rouge rubis). Enfin, lorsque la victoire est acquise, …les lauriers suivent… Pour conclure cette approche explicative du Rituel de Général des Argonautes et Chevalier de la Toison d’Or, disons que les symboles alchimiques, évidents ou non, sont légion, et proviennent, sans conteste, de la qualité de leur auteur; Ils nécessiteraient de plus longues explications seules accessibles aux véritables Adeptes. Ajoutons simplement que ces deux grades se retrouvent dans des Rites très différents de 1750 à 1980, une belle longévité, qui va du « Rite philosophique de Marseille » en 1750, en passant par les « Illuminés d’Avignon » en 1766, le « Rite hermétique de Montpellier » vers 1776, la « Loge du Contrat Social », autrefois « Loge Saint-Lazare à Paris », en 1776, le Rite de Saint-André d’Ecosse en 1806, le Rite de Memphis de 1839, et jusqu’au Rite de Memphis-Misraïm créé en 1875. Ce n’est qu’à la réforme de ce dernier, lorsque fut adoptée en partie l’organisation du Rite écossais ancien et accepté, en 1980, que ces grades disparurent. Voici donc, au travers de ce superbe Rituel, quelques belles leçons d’espérance, de persévérance et de foi qui font résonner en nous la 2ème Epître de Pierre (1, 19) : « Jusqu’à ce que le jour vienne à paraître et que l’Etoile du matin se lève en nos cœurs… ». G\ B\ La conquête de la Toison d’or (Tragédie de Pierre Corneille, 1661, acte I, scène I) La toison est à vous si
vous pouvez la prendre, Il existe au Rite Ecossais Ancien et Accepté un vingt-huitième degré intitulé Chevalier du Soleil ou Prince adepte. Le Tuileur de Vuillaume (1830) précise que « le local n’est éclairé que par la seule lumière d’un soleil transparent, placé au-dessus de la tête du président » qui se nomme Adam et représente « le père des hommes ». Il n’y a qu’un seul Surveillant « qui est, en même temps, introducteur et préparateur, lorsqu’il y a réception ; il se nomme F\ de la Vérité, et, comme tel, il sera aussi l’orateur en titre du conseil. Les autres membres de la loge sont nommés Chérubins ». Il ne peut y avoir que sept chérubins, nombre « déterminé par celui des anges préposés à la conduite des sept planètes que connaissaient les anciens : Michaël (Qui est semblable à Dieu) gouverne Saturne. Gabriel (Homme de Dieu) gouverne Jupiter. Ouriel (Feu de Dieu) gouverne Mars. Z’rahhiel (Dieu soleil levant). Hhamaliel (Indulgence de Dieu) gouverne Vénus. Raphaël (Médecin de Dieu) gouverne Mercure. Tsaphiel (Contemplation de Dieu) gouverne la Lune. Cependant, s’il y a des membres au-delà de ce nombre, on peut les porter jusqu’à douze, les cinq excédents sont nommés Sylphes (habitants des airs). Le mot de passe est Stibium (antimoine). Quelques loges ajoutent trois mots grecs : Hèlios (le soleil), Mènè (la lune) et Tétragrammaton (le nom de Dieu en quatre lettres ou iod, hé, vav, hé). Le mot sacré est Adonaï, à quoi l’on répond Abra ou Abrag, que l’on interprète : roi sans tache. Lorsque l’on ouvre, il est nuit sur la terre, mais le soleil est à son midi sur la loge. Lorsque l’on ferme, les hommes suivent toujours l’erreur ; peu la combattent, peu parviennent au saint lieu. Chambre de préparation Elle sera tendue de noir et au milieu sera une table couverte d’un tapis de même couleur sur laquelle sera une tête de mort et de chaque côté une terrine allumée remplie d’esprit de vin ; derrière la table, sur la tapisserie, on aura soin d’y placer un grand tableau fond noir représentant Eve abandonnée aux remords d’avoir trompé son mari. Décoration de la L\ Elle doit être tendue de couleur de feu ; il n’y aura aucune lumière visible. Au milieu du dais sera une pleine lune en transparent et, de chaque côté, un croissant ; aux 4 coins de la Loge, sur des guéridons de 6 pieds (20) de haut sera un croissant de même en transparent. Le Maître, qui porte le titre de Tout Puissant, sera sur un trône élevé de 3 degrés et à deux pieds de lui sera un autel couvert d’un tapis couleur de feu galonné en argent tout autour ; sur le devant sera brodé en or un croissant surmonté d’un cœur traversé par deux flèches et le cœur surmonté d’une étoile à cinq rayons. Sur cet autel il y aura un réchaud à esprit de vin, une bouteille remplie de limonade et le livre de l’Evangile. Au milieu de la Loge on aura soin d’y dresser une table couverte de même d’un tapis couleur de feu galonné de même en argent sur laquelle on y placera 3 boîtes pour l’usage dont il sera parlé ; et au pied de cette table l’on y placera un arbre fait en fer blanc, lequel aura environ deux pieds de hauteur, dont la tige du milieu sera creuse et remplie d’eau de senteur jusqu’aux branches qui sont au nombre de 7, lesquelles doivent être peintes en couleur de bois ainsi que la tige du milieu au haut de laquelle il y aura un bouton, lequel en pressant dessus doit faire jouer un ressort qui fasse tomber les branches ; et de cette chute doit sortir un jet d’eau. Au dessous de cet arbre sera placé à terre le tableau lequel représente, dans le haut, une pleine lune et, de chaque côté, un croissant ; plus bas est la fortune élevée sur une boule tenant de la main droite la corne d’abondance et renversant toutes sortes de richesses ; du côté du midi sera un taureau blanc, en face au nord une grenouille verte et, tout à fait au bas du tableau, un cœur traversé par deux flèches. Dans un des coins de la Loge l’on y placera une machine, laquelle en la faisant partir doit faire un bruit semblable à celui du tonnerre ; la suite en enseignera l’usage. Chaque S\ aura sur la tête un grand fichu de mousseline en forme de voile et sur le front un bandeau couleur de feu avec une étoile brodée en argent au milieu. Le T\ Puissant aura un bonnet de gaze ou d’étoffe d’argent en forme de croissant sur la tête et tous les FF\ et SS\ seront, ainsi que lui, décorés chacun d’une paire de gants et d’un tablier blanc doublés et bordés de couleur de feu et, sur le milieu du tablier, sera brodé un cœur traversé par deux flèches. Les FF\ auront tous l’épée au côté. Ouverture de la L\ Le T\ Puissant frappe six coups de cette façon : Oo…Oo…Oo…de son maillet sur l’autel ; c’est-à-dire un gros et un moyen, lesquels lui sont répondus à l’ordinaire ; ensuite il dit au 1er Surveillant : D. Grand Inspecteur des astres,
à quelle heure s’ouvre la Loge des
Chevalières de la Lune ? Ceci annoncé sur les deux colonnes ainsi qu’il est ordonné, tous les FF\ et SS\ lèvent la main droite au ciel ; alors le T\ Puissant frappe 6 coups dans ses mains et dit : Radix vitiosa (21) ; aussitôt tous les FF\ et SS\ laissent tomber ensemble leurs mains sur leur tablier en prononçant de même Radix vitiosa et s’assoient ; chacun ayant pris sa place, l’on procède à la réception comme il suit. Réception La Loge étant ouverte, le Chevalier Introducteur se lève, va se mettre à genoux en face du T\ Puissant ; puis, ayant demandé la parole, il lui dit : La S\ Maîtresse Ecossaise, après avoir éprouvé les bontés de cette Loge l’implore de nouveau pour obtenir les effets favorables du grand astre dont elle désire d’être faite Chevalière. Le T\ Puissant, prenant la parole, lui dit : Allez, mon F\, faire avaler à cette S\ le calice d’amertume afin qu’elle soit entièrement purifiée. Il remplit alors un gobelet de la liqueur qui est sur l’autel, le porte à la S\ et le lui fait boire ; cela étant fait, il lui bande les yeux, puis il la prend par une main et la conduit à la Loge où, étant, il frappe 6 coups comme ci-devant, auxquels on répond en dedans par 6 autres et, après la cérémonie d’usage pour annoncer et ouvrir, le Grand Inspecteur des astres, sur l’ordre du T\ Puissant, se rend à la porte, l’ouvre, fait donner à l’aspirante le mot de passe d’Ecossaise (22) ; puis il l’introduit en Loge. Au moment qu’elle entre, le tonnerre gronde et de suite le Grand Inspecteur des astres lui fait faire deux fois le tour de la Loge. Ces voyages finis, le Grand Inspecteur la fait asseoir sur un siège qui lui est destiné et dit : T\ Puissant, la S\ a parcouru les 4 points cardinaux qui sont sous ma domination ; elle a traversé sans peine la mer Rouge et il ne lui manque plus qu’à connaître nos mystères. Alors le T\ Puissant lui dit : Faites avancer la S\ au pied de l’arbre par 7 pas. Lorsqu’elle y est arrivée, il la fait mettre à genoux sur un coussin ; ensuite le T\ Puissant lui dit : Vous voilà, ma S\, arrivée au point de pénétrer nos plus profonds mystères. L’astre qui nous éclaire et que le voile des ténèbres vous cache encore va désormais présider à toutes vos actions ; l’égalité de son cours nous donne lieu d’espérer que cette égalité sera le guide de votre cœur et de votre caractère, comme l’un et l’autre nous sont de sûrs garants de votre zèle pour nos FF\ et SS\ et de votre fidélité d’observer les lois de la Maçonnerie. Très Illustres FF\ et SS\, consentez-vous que la S\ sorte des ténèbres ? Toute la Loge applaudit en la forme ordinaire. Alors le T\ Puissant frappe un coup de son maillet sur l’autel pour signal aux FF\ et SS\ de se lever de leurs sièges ; il en frappe un 2ème pour signal aux FF\ de mettre tous la main à l’épée ; au 3ème, ils la tirent ; au 4ème on fait relever l’aspirante ; au 5ème, tous les FF\ lui présentent la pointe de leurs épées à la hauteur du col ; au 6ème, on laisse tomber le bandeau à l’aspirante et toutes les SS\, pendant ce temps, se mettent à genoux ; pendant ce temps aussi, le tonnerre gronde ; après quoi le T\ Puissant frappe un 7ème coup pour signal à tous les FF\ et SS\ de reprendre chacun leur place, ce qu’ils font alors. Le T\ Puissant dit à l’aspirante : Ma S\, toutes ces épées que vous avez vues en même temps que la lumière du grand astre qui nous éclaire sont autant d’armes prêtes à voler à votre secours dès que vous en aurez besoin ; le bruit qui se fait entendre dans les airs est un signe de joie de l’acquisition d’une S\ telle que vous. Grand Inspecteur, conduisez la S\ au travail. Celui-ci la conduit alors à l’autel sur lequel sont les 3 boîtes dont on a parlé ; là, il lui fait frapper 3 coups égaux sur celle du milieu et la ramène à sa place où étant, le T\ Puissant lui dit : D. Qu’a produit le
travail de la S\ ? Celui-ci obéit : il porte la boîte fermée sur l’autel du T\ Puissant qui lui dit : Allez faire faire à la S\ son dernier travail. Il la mène alors au pied de l’arbre dont on a parlé et lui dit : Il faut, ma S\, déraciner cet arbre et le porter aux pieds du T\ Puissant. Il lui montre alors ce qu’elle doit faire et lorsque, après la chute des branches (comme on l’a dit), le jet d’eau a cessé de couler, il lui fait prendre l’arbre et le porter aux pieds du T\ Puissant qui lui dit : Ma S\, votre travail est complet, vous allez en recevoir la récompense dès que vous aurez prêté votre obligation. Ce qu’il lui fait faire aussitôt : [Obligation (23)] « Je jure et promets devant le Créateur de l’univers, le conservateur de tous les êtres, et le vengeur du crime, et en présence de mes chers Frères et Sœurs, de na jamais rien révéler du grade de [Chevalière de la Lune] qui va m’être conféré à aucune Apprentie, Compagnonne, Maîtresse [ou Maîtresse Ecossaise] ; de pratiquer les vertus que l’on me prescrira, nonobstant celles qui m’ont été prescrites, sous les peines d’être regardée par les Maçons vertueux comme une parjure qui ne mérite que leur indignation et leur mépris ». Lorsqu’elle l’a prêté, le T\ Puissant la fait relever et passer à sa droite où étant, il lui met sur la tête un grand fichu de mousseline en forme de voile, puis il lui applique sur le front le bandeau dont on a parlé en lui disant : Par le pouvoir que j’ai reçu et du consentement unanime de cette auguste assemblée, je vous reçois Chevalière de la Lune. Il lui remet ensuite une paire de gants et un tablier pareil à ceux dont on a vu la description ci-devant ; puis il lui donne les signes, mots et attouchement comme il suit. Le signe se fait en en levant la main droite vers le ciel, les doigts fermés et l’index levé en l’air. L’on y répond en joignant les deux mains, croisant les deux mains croisées à plat sur le cœur et baissant les yeux. Le 1er signifie que tout dépend de Dieu et le second, je l’aime de tout mon cœur. L’attouchement se donne en se prenant mutuellement la main droite et se la portant alternativement sur le cœur. Le mot est amouzin albomatatos (24) qui signifie la vertu récompensée ; il sert aussi de mot de passe. Il l’embrasse ensuite et l’envoie se faire reconnaître comme Chevalière à toute l’assemblée ; ce qu’elle fait. De retour auprès de lui, il lui fait prendre place parmi les SS\, puis il procède à l’instruction de la manière et ainsi qu’il suit ci-après. Instruction D. Etes-vous Chevalière
de la Lune ? Après cette réponse, le T\ Puissant frappe six coups comme ci-devant de son maillet, auxquels le Grand Inspecteur des astres répond par 6 autres ; ensuite le T\ Puissant dit à toute l’assemblée : Mes FF\ et SS\, puisque le grand astre qui nous éclaire va terminer sa course, nous allons terminer nos travaux et fermer la Loge. Le Grand Inspecteur ayant annoncé la même chose sur les deux colonnes, le T\ Puissant dit : Mes FF\ et SS\, la Loge est fermée ; faisons notre devoir. Tous ensemble on fait alors le signe, on applaudit ensuite par chacun 6 coups comme ci-devant dans ses mains en disant ensemble et tout haut Radix vitiosa ; cela fait, l’on se donne le baiser de paix ; puis, la quête pour les pauvres étant faite, chacun, après le banquet, se retire en paix. Finis P\ G\-A\
Histoire du rite primitif et originel de Swedenborg Le Théosophe suédois Emmanuel Swedenborg est né en 1688. Docteur en Philosophie de l’Université d’Upsala, il parcourt l’Europe, apprend les langues et écrit des ouvrages scientifiques. Revenu en Suède, il y fonde la première revue scientifique, « Dédale Hyperboréen », et continue à publier d’intéressants ouvrages scientifiques qui lui vaudront de devenir membre de l’Académie des Sciences Suédoise grâce au parrainage du grand naturaliste Linné et d’être anobli, ce qui lui permet de changer son nom de naissance « Swedberg » en celui de Swedenborg, sous lequel il devint célèbre. Approuvé par le Roi au Collège des Mines, il est mis à la tête de divers grands travaux. Il a pour la première fois des visions en 1741. Dieu lui parle par l’intermédiaire de certains anges et archanges. Il abandonne bientôt toute activité scientifique et démissionne du Collège des Mines pour se consacrer exclusivement à la rédaction d’ouvrages de Mystique Chrétienne comme « Les Arcanes Célestes », « Du Ciel et de l’Enfer », « De la Vraie Religion Chrétienne », etc. Il va répandre sa doctrine au cours de voyages en France, Hollande, Allemagne et Angleterre où il influencera John Wesley, le fondateur du « Méthodisme Protestant ». Il meurt à Londres en 1772. Sa doctrine est dite de la Nouvelle Jérusalem ou doctrine pour la Nouvelle Eglise, celle que le Seigneur doit fonder car l’Ancienne Eglise est venue à sa fin. Elle affirme que tout a un sens, mais que Dieu seul peut révéler celui-ci aux hommes. Le sens interne de la Genèse et de l’Exode est capital et le premier Chapitre de la Genèse expose spirituellement la renaissance et la régénération de l’être humain. Après la mort de Swedenborg, une société swedenborgienne se constitua à Londres et, en 1788, un premier culte fut célébré sous l’égide de la Nouvelle Eglise. Cette Nouvelle Eglise, dite aussi de la Nouvelle Jérusalem, s’est peu à peu organisée, d’abord en Angleterre, puis aux Etats-Unis et un peu dans le reste du monde. De nos jours, on admet qu’il y a quelque 25.000 chrétiens swedenborgiens dans le monde, regroupés principalement aux Etats-Unis, en deux églises concurrentes, et en Angleterre, en une seule Eglise, plus quelques groupes épars ailleurs dans le monde. C’est un moine bénédictin défroqué, Dom Antoine Joseph Pernéty, qui, le premier, à la cour de Frédéric II de Prusse, introduisit les idées de Swedenborg dans une société paramaçonnique « Les Illuminés de Berlin ». Ceux-ci migrèrent ensuite à Avignon où ils devinrent les « Illuminés d’Avignon », ou « Illuminés Théosophes », société fréquentée par différents membres de l’élite de la société française, dont un certain Marquis de Thomé qui, s’inspirant de leurs idées, créa, en 1783, le premier Rite Maçonnique dit de Swedenborg, lequel en fait ne fut jamais Maçon et ne s’intéressa jamais de près ou de loin à la Maçonnerie. Ce Rite fut importé en Angleterre, vers 1785-86, par un certain Bénédicte Chastanier, mais tant en France qu’en Angleterre, le rite n’eut guère, voire pas du tout, de succès et s’éteignit vraisemblablement au début du XIXème siècle. C’est en 1859 qu’à New York, Samuel Beswick, un émigré anglais de 37 ans, a probablement créé la première Loge du Rite Swedenborgien. De là, ce Rite, vraisemblablement pure création de Beswick, émigra au Canada, et du Canada en Angleterre où John Yarker, un maçon très actif dans les Rites irréguliers, déjà rénovateur du Rite de Memphis-Misraïm lui donna une certaine vitalité qu’il perdit très rapidement, jusqu’à ce que Willam Wynn Westcott, un autre Maçon très actif dans les Rites irréguliers, un des trois fondateurs de la fameuse société magique paramaçonnique de la « Golden Dawn », « l’Aube Dorée », lui redonna force et vigueur, créant des ateliers en Allemagne et un atelier en France, INRI N°14, où le mage Papus fut initié. Du Chapitre INRI surgira une Grande Loge swedenborgiennee de France, qui reçut une charte de Yarker le 15 mars 1906. Après la mort de Yarker, en 1913, le Rite swedenborgien privé de son chef suprême n'eut plus guère de succès, supplanté par les rites égyptiens promis à un bien meilleur avenir. Lorsque Papus passa à l'Orient éternel, le 25 octobre 1916, Charles Détré, son adjoint depuis 1906, lui succéda comme grand maître de la Grande Loge swedenborgienne de France. Mais il mourut à son tour deux ans plus tard, le 26 septembre 1918. Georges Bogé de Lagrèze se prévalut de la grande maîtrise dans une lettre adressée par celui-ci à l'Américain Ralph M. Lewis, imperator de L'AMORC, en date du 12 septembre 1945, sans qu'il soit possible de savoir de qui il détenait ses pouvoirs en l'espèce. En tout cas, Lagrèze mourut en 1946 et personne, après lui, ne semble plus se soucier en France du Rite swedenborgien. Samuel Beswick, s’appuyant sur les trois premiers degrés symboliques, créa trois hauts grades dits Phranc-Maçon Eclairé (ou Frère Vert), puis Sublime Phranc-Maçon (ou Frère Bleu) et enfin Parfait Phranc-Maçon (ou Frère Rouge). Une de ses grandes originalités est qu’il écrit Phranc-Maçon avec « Ph ». Selon Beswick, Phranc-Maçon viendrait de deux anciens mots, « Phre » (ou Pi-re) qui voudrait dire « la lumière », et « mason » qui voudrait dire « chercher » ou « tâter quand on est aveugle ». Le Phremason serait donc, selon Beswick, un candidat aveugle ou perdu et cherchant son chemin vers la lumière. Aujourd’hui, le Rite de Swedenborg est travaillé au sein du Chapitre « La Nouvelle Jérusalem » qui fut consacré et installé en la Vallée de Saint-Jean-d’Angély le 14 mai 2011, dans la traduction fidèle de l’anglais à partir de deux sources différentes. Bibliographie : Rituals of the Swedenborgian Rite of Masonry, Anonymous, Kessinger Publishing’s Rare Reprints, LaVergne, USA, 2010.
Blason du Chapitre La Nouvelle Jérusalem I.N.R.I. Le sens du sacré Le Franc-maçon ne se
contente pas de naître et de mourir, tout au long de son
cheminement initiatique il cherche l’approche de
l’invisible qui peut le relier au-delà des
apparences à quelque chose
d’indéfinissable qui le dépasse Depuis
le début de l’humanité les rites
sacrés initiatiques sont considérés
comme plus importants que les rites de naissance, de passage ou
funèbres, aussi lourds de significations soient-ils. Ce sacré invisible, et pourtant si présent, en loge - source où baigne notre monde ésotérique - se concrétise entre autre dans l’égrégore. L’initiation s’adresse à tout être susceptible d’assimiler. Un être déjà en parti éveillé, désirant avec plus ou moins de conscience de recevoir une nouvelle vision du monde. En cela, elle met tout simplement sur la voie du Sacré ; et ce, grâce à une méditation individuelle toute personnelle, par le vecteur du rite et du rituel qui sont inséparables de toute voie initiatique. Cette méditation mettra en action et fera vivre les symboles qui agiront invisiblement ainsi en lui. C’est par une connaissance intuitive transcendante révélée par les symboles que l’aspect intérieur et sacré des choses se dévoilera. Nos civilisations modernes, à l’inverse des sociétés tribales antiques, sont déconnectées du Sacré. Ce n’est plus que dans les religions et dans certaines obédiences maçonniques que chaque geste, chaque parole sont encore reliés au Sacré. Aussi, tout Franc-maçon se doit, pour vivre pleinement son engagement, participer à la vie des archétypes de sa loge, se relier à son Sacré en s’intégrant aux racines de son obédience ; alors un jour il se posera cette question : qu’est-ce que le Sacré ? C’est tout simplement ce qui transcende par rapport au monde profane, mais c’est surtout ce qui est séparé et circonscrit. Le Sacré confère une connotation transcendantale, parfois dévoyé de son essence première. A titre d’exemple : l’expression « l’argent est sacré ». Non l’argent n’est pas sacré, je dirais même que c’est tout le contraire avec tout ce qu’il véhicule de négatif et de non mental. Cela résume bien cette « déviance » car le sacré prend toute son efficience dans l’invisible, le non palpable ! Toutefois si le sacré peut parfois être créé par l’homme en lien avec ce qui est « d’origine non humain », il n’en est pas le maître, l’invisible sacré s’impose à lui. Ce Sacré ne possède pas le caractère vague d’un concept métaphysique mal compris car il a sa propre réalité ; j’ose dire une dimension où se meut le Maçon. L’invisible pour lui est plus présent, plus sensible que n’importe quelle partie de son corps. En effet, le Sacré est aussi un milieu qui enregistre chacune de ses actions terrestre et les réfléchit. Certains préfèrent au terme « l’invisible » le terme de numineux pour donner corps et sens au sacré. Selon Jung et Rudolf Otto, est numineux ce qui saisit l’individu, ce qui venant « d’ailleurs » lui donne le sentiment d’être dépendant à l’égard d’un « tout autre ». Ce qualificatif de numineux s’applique spécifiquement à la sphère au-delà de l’éthique et du rationnel et qui donc se présente sous le double aspect de mystère parfois effrayant et fascinant tout à la fois. C’est le mana et le Sacré : émanation de la puissance spirituelle d’un groupe qui contribue à le rassembler. Ce Sacré touche donc au surnaturel, à ce qui nous dépasse en se révélant comme mystérieux. Il devient évident, alors, que pour exister et prendre vie, il se doit d’être une facette de notre sensibilité. C’est cette facette sur laquelle repose l’attitude religieuse, celle qui lui confère sa spécificité, imposant un sentiment de respect particulier. Le Sacré ne fait pas partie du monde du cartésianisme, j’oserais dire du vulgaire. Il est bien au-delà, il fait partie d’autres sphères, car le Sacré prémunit la foi contre l’esprit d’examen, le Sacré soustrait à toutes discutions ; oui, le Sacré se situe au dehors et au-delà de toute raison, de toute rationalité ! Aussi faut-il que le Franc-maçon puisse intégrer en loge qu’il est en présence d’une chose indicible, innée, immanente, et située en dehors de lui-même qui recèle une valeur non humaine qui sera toujours incomprise et incompréhensible par ce dernier, car il le dépasse trop ! Pour terminer disons simplement que le Sacré se place au dehors de la raison, le reliant ainsi un peu plus au Créateur de toutes choses, sous les auspices duquel il œuvre en tant que maçon ! Merveilleux et énigmatique Sacré qui, tout comme l’encre sympathique, ne se voit point… Mais reste à jamais ineffaçable au cœur de l’homme et du vrai Maçon. Le Grand Prieur de l’Ordre, Eques a Caritate lucentis. Les fils de lumière (…) La lumière, comme tout le reste, n’existe que comme créature de Dieu : lumière du jour qui émergea du chaos originel (Gn 1, 1-5) ; lumière des astres qui éclairent la terre jour et nuit (1, 14-19). (…) Comme les autres créatures, la lumière est un signe qui manifeste visiblement quelque chose de Dieu. Elle est comme le reflet de sa gloire. A ce titre, elle fait partie de l’appareil littéraire qui sert à évoquer les théophanies. Elle est le vêtement dans lequel Dieu se drape. (…) La révélation de Jésus comme Lumière donne un relief certain à l’antithèse des ténèbres et de la lumière, non dans une perspective métaphysique, mais sur un plan moral : la lumière qualifie le domaine de Dieu et du Christ comme étant celui du bien et de la justice, les ténèbres qualifient le domaine de Satan comme étant celui du mal et de l’impiété (cf 2 Co 6, 14s), bien que Satan, pour séduire l’homme, se déguise parfois en ange de lumière (11, 14). L’homme se trouve pris entre les deux, et il lui faut choisir, de sorte qu’il devienne « fils des ténèbres » ou « fils de lumière » (…) ceux qui font le mal fuient la lumière, pour que leurs œuvres ne soient pas dévoilées ; ceux qui agissent dans la vérité viennent à la lumière (Jn 3, 19ss) et ils croient en la Lumière pour devenir des fils de lumière (Jn 12, 56). (…) Par naissance, tous les hommes appartenaient au domaine des ténèbres, notamment les païens aux pensées enténébrées (Ep 4, 18). C’est Dieu qui « nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 P 2, 9). Nous arrachant à l’empire des ténèbres, il nous a transférés dans le Royaume de son Fils pour que nous partagions le sort des Saints dans la lumière (Col 1, 12s). (…) Jadis, nous étions ténèbres, maintenant lumière dans le Seigneur (Ep 5, 8). Cela détermine pour nous une ligne de conduite : « vivre en fils de lumière » (Ep 5, 8, cf 1 Th 5, 5). (…) Il faut revêtir les armes de lumière et rejeter les œuvres de ténèbres (Rm 13, 12s) de peur que le Jour du Seigneur ne nous surprenne (1 Th 5, 4-8). Toute la morale entre aisément dans cette perspective : le « fruit de la lumière », c’est tout ce qui est bon, juste et vrai ; les « œuvres stériles des ténèbres » comprennent les péchés de toute sorte (Ep 5, 9-14). (…) Celui qui vit ainsi, en vrai fils de lumière, fait rayonner parmi les hommes la lumière divine dont il est devenu dépositaire. (…) Engagé dans une telle voie, l’homme peut espérer la merveilleuse transfiguration que Dieu a promise aux justes dans son Royaume (Mt 13, 43). En effet, la Jérusalem céleste où ils parviendront finalement reflétera sur elle la lumière divine, conformément aux temps prophétiques (Ap 21, 23ss ; cf Is 60) ; alors les élus, en contemplant la face de Dieu, seront illuminés par cette lumière (Ap 22, 4s). Tel est l’espoir des fils de lumière. Vocabulaire de théologie biblique, Les Editions du Cerf, Paris, 1962. A propos de la Jérusalem céleste « Non nobis, Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam » (Non pas à nous, Seigneur, non, pas à nous, mais à ton nom donne gloire. [Psaume 115, verset 1]) Rappels de quelques notions 1 - principe de la base décimale ou base 10 L’idée fondamentale de ce principe réside dans la prédominance de groupement par : - dizaines ou « paquets » de dix, - centaines ou « paquets » de dix dizaines, - milliers ou « paquets » de dix centaines, etc. La numérotation écrite actuelle se sert de symboles auxquels on donne le nom de chiffres arabes, à savoir : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 Ces 9 premiers symboles figurent les unités simples du premier ordre décimal. Ils sont soumis au principe de position puisque leur valeur varie en fonction de la position qu’ils occupent dans l’écriture du nombre. Ainsi 2 peut valoir 2 unités, 2 dizaines ou 2 centaines selon qu’il occupe la 1ère, la 2ème ou la 3ème position dans ce genre de représentation chiffrée en partant de la droite vers la gauche. Quant au zéro, il sert à marquer l’absence de chiffre d’un certain ordre ou à exprimer le sens du « nombre nul » qui peut être le résultat d’une opération comme la soustraction d’un nombre par lui-même. La base dix est le premier nombre représenté au moyen de deux chiffres. Il s’écrit 10 soit 1 dizaine, 0 unité. Exemples : 11 = 1 dizaine, 1 unité
ou dix-un = 10+1 20 = 2 dizaines, 0
unité ou deux-dix = 2*10 100 = 1 centaine, 0 dizaine, 0
unité ou cent = 102 1000 = 1 millier, 0 centaine, 0
dizaine, 0 unité ou mille = 103 10 000 = 1 myriade, 0 millier, 0
centaine, 0 dizaine, 0 unité ou myriade = 104 64 632 6 myriades 4 - mille 6 -
cent 3 - dix 2 Notons par ailleurs que le zéro correspond à l’un des concepts les plus abstraits que l’homme ait pu imaginer. 2 – principe de la base 2 Le système binaire est un système de numération utilisant la base 2. On nomme couramment bit les chiffres de la numération binaire positionnelle. Ceux-ci ne peuvent prendre que deux valeurs, notées par convention 0 et 1. Le système binaire le plus courant est l'équivalent en base deux de la numération de position que nous utilisons quotidiennement en base dix. Dans ce type de codage, chaque nombre est représenté (de façon unique) par une combinaison de puissances de la base. Si on se limite dans un premier temps aux nombres entiers positifs. En base dix ces puissances sont : 10n Un (1), dix (représenté par 10), cent (dix fois dix, représenté par 100), mille (dix fois cent, représenté par 1000), dix mille (10 fois mille, représenté par 10 000) etc. ; En base deux, ces puissances sont : 2n Un (1), deux (représenté lui aussi par 10), quatre (deux fois deux, représenté par 100), huit (deux fois quatre, représenté par 1000), seize (deux fois huit, représenté par 10000) etc. On voit que la signification des représentations 10, 100, 1000, etc. dépend de la base utilisée : 10 est toujours égal à la base, c'est-à-dire dix en base dix, mais deux en base deux. En base dix, on a besoin de dix chiffres, de zéro à neuf ; et en base deux, on a besoin de seulement deux chiffres : zéro et un. Chaque 1 représente la valeur verticale de la colonne. Le résultat rouge est la valeur décimale ou somme horizontale des valeurs de 1. Exemple de déroulement parallèle d’énumération d’expressions binaires (0 et 1) et équivalent décimal (entiers naturels en rouge).
Poids des bits Dans un nombre binaire, la valeur d'un bit, appelée poids, dépend de la position du bit en partant de la droite, A la manière des dizaines, des centaines et des milliers pour un nombre décimal, le poids d'un bit croît d'une puissance de deux en allant de la droite vers la gauche comme le montre le tableau suivant :
L’octet est une unité d’information composée de 8 bits soit 8 chiffres binaires. Il permet par exemple de stocker un caractère, tel qu’une lettre ou un chiffre. Pour un octet, le plus petit nombre est 0 (représenté par huit zéros 00000000), et le plus grand est 255 (représenté par huit chiffres « un » 11111111), ce qui représente 256 possibilités de valeurs différentes. 3 - Les nombres dans l’Ecriture ou la Bible Quelle est leur forme ? La plus part du temps ils se présentent ainsi : 12 000, 300, 45 000, 5000, 20, 60, 30 ou parfois 153, 144 000, 2,5 - 1,5 etc. Nous calculerons sans tenir compte des unités (coudées, entre autres). Cependant en appliquant les unités les résultats sont très significatifs : 6 coudées = 6 * 0,5236
= 3,1416 = π Comment les interpréter ? 1 (10*1000=2*1000=2000=40*10=400=8*10=80
=8*2=16) Toutes ces dimensions sont issues du tableau composé de représentations binaires qui comportent des 0 et des 1 qui elles - mêmes ont une structure décimale de base 10 prenant les valeurs de la base 2 (progression des puissances de 2). 10 = 2 et 10/5 = 2 sont
les paramètres de référence de cette
dimension ou plus globalement la formule :
–10n = 2n La progression est : 10 = 2 – 20 = 4 - 40 = 8
– 80 = 16 – 160 = 32 – 320 = 64
– 640 = 128 - 1280 = 256 La Jérusalem Céleste Apocalypse de Jean - chapitre 21 - La nouvelle Jérusalem « (…) Elle avait une haute et grande muraille. Elle avait douze portes, et sur les portes douze anges, et des noms écrits, ceux des douze tribus des fils d’Israël : à l’orient trois portes, au nord trois portes, au midi trois portes, et à l’occident trois portes. La muraille de la ville avait douze fondements, et sur eux les douze noms des douze apôtres de l’agneau (…) Celui qui me parlait avait pour mesure un roseau d’or, afin de mesurer la ville, ses portes, et la muraille. La ville avait la forme d’un carré, et sa longueur était égale à sa largeur. Il mesura la ville avec le roseau et trouva 12 000 stades ; la longueur, la largeur et la hauteur en étaient égales. Il mesura la muraille, et trouva cent quarante-quatre coudées, mesure d’homme, qui était celle de l’ange ». La ville mesure 12 000 stades. Si nous considérons 12 000 comme une expression binaire octale, écrivons la correspondance suivante en binaire : 1100 000 ou 1100 (binaire) = 12 décimal 1100 000 en binaire correspond à 96 décimal ou 12*8 = 96 puisque 1000 = 8. Le côté
d’un carré représentant la ville vaut :
96/4 = 24 et chaque porte vaut : 24/3 = 8 Nous avons 3 portes par
côté donc 9 volumes identiques (3*3) et chaque
volume vaut 13824 / 9 = 1536, La qualité d’un signal de 1 « bit » est égal à 0,6 Bel. Pour 1 octet ou 8 bits il est de 0,6*8 = 4,8 Bels. Convertissons cette valeur pour qu’elle corresponde à la dimension de la Bible (base 10 multiple de 5 et de 2). Nous trouvons 4,8*5 = 24 qui se trouve être le côté du carré de Jérusalem céleste. Le Bel comme unité est particulièrement pertinente dans les domaines où la perception humaine est mise en jeu. Il était appelé unité de « transmission » à l’origine. La valeur linéaire pour
Jérusalem est de : 0,6*5*8 = 24 Que mettons-nous en valeur ? 5*8 = 40 coefficient pour lequel insiste particulièrement la Bible. Valeur linéaire : 5*8 =
40 Autres valeurs mises en évidences: 0,6*5 =
3
0,61* 401 = 24 En multipliant par 8 nous
calculons pour 8 bits ou 1 octet valeur linéaire. Jérusalem correspond à l’expression géométrique volumique de la qualité du signal d’1 octet. La valeur de 3 bits = 3*0,6 =1,8
Bel. La valeur de 6 bits = 6*0,6 = 3,6
Bel La valeur de 12 bits = 12*0,6 =
7,2 Bel Nous retrouvons : Volume du Temple de Salomon en mesure biblique : 60*30*20 = 36 000 = 36*8. Gardons le stade comme
unité. Il vaut 177,6 m. Malgré tout nous nous
trouvons dans une dimension divine, celle de l’Ecriture,
dimension où nous devons compter différemment.
Nous appliquons donc la règle des 5. 12 000 octal = 12*1000 = 12*8 = 96 En définitive 888, nombre de Jésus, de la rédemption, est contenu dans la mesure même de Jérusalem : 12000 stades. Jésus est la porte. 888 dans ce cas est la dimension
de chacune des 12 portes de Jérusalem. Gloire soit rendue à son Nom ! J\ O\ Type
de la Jérusalem céleste dans les miniatures
médiévales. Jérusalem
Céleste avec muraille
C’est bien la sainte Eglise, universelle et apostolique, qu’il faut donc voir dans la Jérusalem céleste : « Elle s’est faite belle, comme une jeune mariée, parée pour son époux ». (Ap 21, 2). Car elle est l’épouse du Christ, « la fiancée, l’Epouse de l’Agneau ». (Ap 21, 9). Elle s’est faite belle, car elle a été purifiée de tous ses péchés, et aussi parce que tous les pécheurs impénitents en ont été exclus. « Seulement ceux qui sont inscrits ». (Ap 21,27). Elle sera le lieu d’un bonheur impérissable. « Il essuiera toute larme de leurs yeux ; de mort, il n’y en aura plus ; de pleurs, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé ». (Ap 21, 4). Et surtout la gloire de Dieu et Dieu lui-même résideront dans son enceinte. « Voici la demeure de Dieu avec les hommes ». (Ap 21, 3). « Avec en elle la gloire de Dieu ». (Ap 21, 11). « Le trône de Dieu et de l’Agneau sera dressé dans la ville, et les serviteurs de Dieu l’adoreront ; ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts ». (Ap 22, 3-4). C’est bien le paradis, le lieu de la vision intuitive et face à face de Dieu, de la Sainte Trinité même. « Puis l’Ange me montra le fleuve de Vie [l’Esprit, cf. Jn 7, 38-39], limpide comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu [le Père] et de l’Agneau [le Fils] ». (Ap 22, 1). L’Esprit découle, ou procède, du Père et du Fils. « Ces paroles sont certaines et vraies ». (Ap 22, 6). J\ F\ La vie des loges : La Rose de Jéricho n° 9 Ecartelé d’argent et de sable : à une rose de gueules posée en cœur brochant sur un buisson ardent flammé d’or et tigé du deuxième, ainsi se présente le blason de la loge La Rose de jéricho. Nom choisi par les créateurs de celle-ci. Le célèbre héraldiste du XVIème siècle, Hierome de Bara, dans son ouvrage Le blason des armoiries, attribue aux couleurs et aux émaux des particularités et des attributions spécifiques qui en font leur spécificité et que nous avons pris pour référence. Ainsi l’argent et le sable en écartelé choisis comme fond de l’écu sont censés représenter l’eau et la terre dont la rose peut se passer longtemps mais qui se trouve régénérée à leur contact. Le nom savant de cette fleur : Anastatica hierochuntica est issu du latin anastasis qui signifie résurrection, référence à la fois au Christ mais également à la ville de Jéricho qui, dit-on, subit à plusieurs reprises les épreuves du feu et à chaque fois fut rebâtie d’où la position de la rose au cœur d’un brasier symbolisant les ravages du feu qui n’a pu la détruire. L’or en héraldique symbolise en effet entre autres le feu ; le buisson sur lequel est posé la rose est donc de cet émail. Quant à la couleur de la rose, ce fut le gueules que l'on retint : en effet, c’est la teinte la plus souvent attribuée au manteau du Seigneur lors de sa résurrection et figurant son amour ardent pour tous les hommes, exemple parfait de ce même amour qui doit unir tous les maçons d’une loge. La légende attribue la rose de Jéricho comme couche sur laquelle l’enfant Jésus aurait été placé, fleurs bénies par la Vierge, sa mère, lors de sa fuite à Nazareth. Quand elle est desséchée, la rose de Jéricho ressemble à un poing fermé, ce qui lui a valu, dans le désert, le nom de « kaff maryam », la main de Marie. Il était logique alors que la devise de cette dernière fût : Ex aqua et igne rosa, que l’on peut traduire « par l’eau et le feu vit la rose ». Du fait de sa nature qui fait
qu’elle se régénère sans
cesse, elle est le symbole parfait de la
persévérance, vertu éminemment
maçonnique. C’est bien le paradis, le lieu de la vision intuitive et face à face de Dieu, de la Sainte Trinité même. « Puis l’Ange me montra le fleuve de Vie [l’Esprit, cf. Jn 7, 38-39], limpide comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu [le Père] et de l’Agneau [le Fils] ». (Ap 22, 1). L’Esprit découle, ou procède, du Père et du Fils. « Ces paroles sont certaines et vraies ». (Ap 22,6). J\ F\ Mais il ne faisait aucun doute, non plus, que cette Jérusalem nouvelle qui descendait du ciel ne fût l’Eglise déjà pérégrinant sur cette terre, en ce moment où nous vivons. En effet, elle contient les douze tribus de la maison d’Israël (cf. Ap 21,12) et son rempart « repose sur douze assises portant chacune le nom d’un des douze Apôtres de l’Agneau ». (Ap 21,14). Or ces douze tribus, Juda, Ruben, Gad, Aser, Nephtali, Manassé, Siméon, Lévi, Issachar, Zabulon, Joseph et Benjamin (cf. Ap 7,5-8), et ces douze apôtres « Pierre, Jean, Jacques, André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d’Alphée et Simon le zélote, et Jude frère de Jacques » (Ac 1,13), puis Matthias (cf. Ac 1,26), furent bien des réalités terrestres. Jérusalem aussi, à l’origine, était une réalité terrestre, même si elle nous apparaît maintenant transfigurée. L’Eglise actuelle, l’Eglise de Dieu, l’Eglise de cette terre, règne déjà dans les cieux, d’où elle redescendra pour devenir à jamais « la demeure de Dieu avec les hommes ». (Ap 21,3). « L’accomplissement de toutes les promesses des prophètes de l’Ancien Testament et de Jésus lui-même s’accomplit dans la Jérusalem céleste ». Dieu fait « l’univers nouveau ». Il s’agit d’une nouvelle création, d’un ‘nouveau ciel et d’une nouvelle terre où « il n’y aura plus de pleur, de peine et de mort, car l’ancien monde s’en est allé ». Ce monde sera donc radicalement différent de celui que nous connaissons aujourd’hui. La prophétie d’Isaïe (66, 22), reprise dans la seconde épître de saint Pierre, se réalise lors de « l’avènement du Jour de Dieu. Car ce sont de nouveaux cieux et une terre nouvelle que nous attendons selon sa promesse, où la justice habitera ». (2 P 3, 11-13) « La Jérusalem céleste est la cité des élus, en contraste avec Babylone. La Cité sainte est un don de Dieu, c’est le lieu où les noces de l’Agneau sont célébrées. L’époux est l’Agneau, l’épouse qui s’est faite belle est l’Eglise purifiée par le sang de l’Agneau grâce à ses œuvres de justice, c’est-à-dire son adoration de l’Agneau. Le dessein sauveur de Dieu est pleinement réalisé. Notons bien la joie de l’épouse qui se marie à l’Agneau. Dans cette nouvelle création, le péché et la mort n’existent plus, ni les idolâtres (Ap 21, 8). Ils ont été jugés et condamnés pour leurs mauvaises actions. La mer en 21, 1 symbolise l’habitat du démon et le mal qui, elle aussi, a disparu. La création tout entière se réjouit d’être elle aussi libérée du péché ». L’appellation « rose de Jéricho » désigne deux plantes relativement semblables mais avec des implantations géographiques différentes : Asnastatica Hierochuntica. La Selaginella lepidophylla est une sélaginelle de la famille des Sélaginellacées originaire du désert de Chihuahua situé à la frontière entre le sud des États-Unis et le Nord du Mexique. Elle est également connue sous les noms : « plante de la résurrection » et « fleur de rocher ». Il ne faut pas la confondre avec « Anastatica hierochuntica » et « Asteriscus hierochuntica » qui portent aussi l'appellation de « rose de Jéricho », mais qui sont originaires d'Afrique du nord et du Proche Orient. La rose de Jéricho (Selaginella lepidophylla) est une espèce de la famille des Sélaginellacées. Elle vient d'Amérique du Sud ou du Texas. Autres noms communs : plante de la résurrection, fleur de rocher. Le nom de « Rose de Jéricho » fait allusion à la ville biblique de Jéricho. En effet, cette ville renaissait sans cesse de ses cendres tout comme cette plante qui est douée de la capacité de reviviscence (Propriété de certains végétaux qui peuvent, après avoir été longtemps desséchés, reprendre vie à l'humidité). Grâce à ses propriétés, la Rose de Jéricho fût un porte-bonheur qui se transmettait dans les familles de génération en génération au Moyen Age. Adaptée au milieu désertique, la Rose de Jéricho possède la capacité de pouvoir se passer d'eau durant une période de plusieurs ans en se desséchant. Pendant de longues périodes, cette rose vit et se reproduit dans des régions désertiques, comme une plante normale, jusqu'au moment où elle ne supporte plus les conditions. Lorsque les fleurs et les feuilles sont mortes, et la plante a complètement séché, les tiges se retirent, formant une boule. Les racines lâchent et le vent du désert emporte la plante, jusqu'à ce qu'elle trouve un nouvel endroit humide où elle peut continuer à pousser. La boule se déploie et jette ses graines, qui vont germer. Lorsque ces jeunes plantes reçoivent de l'eau, elles vont très vite bourgeonner. On pourrait dire que cette plante « étudie » son environnement puisqu'elle ne s'arrête pas nécessairement au premier endroit humide. Elle attend de ressentir si l'environnement est approprié à sa survie ; sinon, elle poursuivra son voyage. Au Mexique, la Rose de Jéricho est vendue comme diurétique. Elle est aussi utilisée dans les rites du vaudou et du santeria cubaine pour évoquer l'amour et la fortune. Devant les Hébreux, se dresse Jéricho, une ville forte entourée de murailles. Comment faire ? La forteresse paraît imprenable. Pourtant, elle ouvre la route du cœur de Canaan. Il n'y a pas d'alternative, la ville doit être prise ! Yhavé vient en aide à Josué : sept prêtres devront faire le tour de la cité, pendant sept jours, en faisant bien haut retentir sept trompettes. Et les murailles s'effondrent. Les Hébreux pénétrèrent alors dans la ville et la détruisent, complètement. Ils assassinent, les hommes, les femmes et même les enfants. Josué, 20: Le peuple poussa des cris, et les sacrificateurs sonnèrent des trompettes. Lorsque le peuple entendit le son de la trompette, il poussa de grands cris, et la muraille s'écroula ; le peuple monta dans la ville, chacun devant soi. Ils s'emparèrent de la ville. Notes :1 Cf. « Annexe III. - Note sur la présence de la Toison d'Or dans la Franc-maçonnerie », in Toison d'Or et Alchimie, par A. Faivre, p. 138-146 ; Les rites maçonniques de Misraïm et Memphis, par le comte Gastone Ventura, p. 66, 192. 2 Georges S. Toudouze, Le secret des Argonautes, Editions Berger-Levrault, Paris, 1947, p. 146. 3 Fulcanelli, Le mystère des cathédrales. Chez Jean-Jacques Pauvert, Paris, 1970, p. 194-195. 4 Canseliet (Eugène), Alchimie. Etudes diverses de Symbolisme hermétique et de pratique philosophale. Chez Jean-Jacques Pauvert, Paris, 1978, p. 195-239. 5 Vuillaume, Manuel maçonnique ou tuileur des divers rites de Maçonnerie pratiqués en France. Paris, 1830. Rééd. Dervy-Livres, Paris, 1975, p. 194-195. (6) « L’académie sera tendue de noir, avec des colonnes blanches et rouges placées de distance en distance ; elle sera éclairée de 3 lumières placées en triangle sur le tableau de l’académie ; elle sera garnie de tous les instruments nécessaires au grand œuvre ». (Rituel de Vray Maçon, 1774, Bibliothèque municipale d’Avignon, ms. 3080, fol. 97.) (7) Pour ce grade et le suivant, l’orthographe des noms propres a été revue et corrigée. (8) Plaque des degrés supérieurs d’un ordre de chevalerie. (9) Victoire, en lisant de droite à gauche. (10) Mages de Bethléem, en lisant de droite à gauche. (11) Iasôn en grec. (12) Iasô était, chez les Grecs, la désse de la santé. (13) Montagne de Bétique, aujourd’hui Gibraltar. (14) Montagne de Mauritanie. (15) Excités, stimulés, augmentés. (16) Cuits dans une tourtière. (17) Ou nec plus ultra, non plus loin. (18) Liqueur magique. (19 Gantelet de cuir garni de fer ou de plomb, dont se servaient les athlètes dans les pugilats. (20) Soit 1,94 m. (21) Racine des vices. (22) Le mot de passe de Parfaite Maçonne de la Maçonnerie d’adoption adonhiramite est Beth-Abara, « qui veut dire maison de passage ». (23) Cette obligation est celle de Maîtresse Parfaite de la Maçonnerie d’adoption adonhiramite, quatrième et dernier grade du système. Les termes entre crochets ont été adaptés au grade développé ici. (24) Ces mots sont à l’évidence corrompus ; faut-il lire virtus remunerata ? D\ B\ |
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