Obédience : NC Loge : NC 15/11/2011

 

Du scribe au rituel le scribe



L’écriture est une des plus formidables aventures humaines, et sans doute une des plus prolifiques, qui débute vingt mille ans avant notre ère, alors que des hommes tracent leurs premiers dessins.

Avant d’être capable de dessiner, les hommes ont commencé par graver, il y a de cela environ trente mille ans. Ils faisaient des entailles dans des os et c’était un moyen pour eux de compter soit le gibier, le bétail, les hommes ou encore de noter les phases de la lune. Ces signes sont les plus anciennes marques laissées par la main des hommes. Puis voici un peu plus de 5 000 ans, au bord des fleuves de Mésopotamie, des hommes ont commencé à écrire. L'aventure des écritures débute par les Sumériens, premiers dont on ait conservé des documents écrits.

Chaque culture qui en a l'usage en réinvente les graphies, se les réapproprie selon ses mythes et ses langues, mais partout, l'écriture naît du besoin de fixer des messages et de consigner faits et pensées de façon durable. Elle fonde l'ordre social, politique et religieux.

En Egypte, l'image d'un homme assis en tailleur et tenant un rouleau de papyrus ouvert sur ses genoux était la pose traditionnelle des scribes.

Les Scribes recopiaient et amélioraient les livres tel que le livre des Pyramides, le livre des Sarcophages, le livre des Morts, injustement nommé, à l'usage des défunts afin que leur âme retrouve le chemin de retour à la Lumière pour accéder à l'Éternité. Ils consignaient également toute la vie courante.

Pour l'Egyptien, l'écriture a au delà de l'enregistrement des lois, des évènements, des biens, une fonction magique. Elle permet de garder en mémoire les actes essentiels destinés à assurer la Maât.

Grâce aux Scribes et à leur outil le « calame », leurs messages et vision du monde ont traversé les âges jusqu'à nous.

L'écriture égyptienne était d'un maniement difficile. Elle exigeait un long apprentissage et une pratique constante, d'où le rôle que joue le scribe dans la civilisation égyptienne. C'est lui la cheville ouvrière de l'administration pharaonique. Comme le remarque un texte égyptien ancien : « C'est le scribe qui fait le compte de tout ce qui existe. Même l'armée dépend de lui. C'est lui qui amène les magistrats devant Pharaon. C'est lui qui administre le pays tout entier et chaque affaire dépend de lui ».

Les hiéroglyphes portaient le nom de « paroles de Dieu » (medou neter) et furent enseignés aux égyptiens, selon la légende, par le dieu Thôt. C'est la seule écriture figurative connue qui ne s'est pas écartée de son modèle d'origine et fut utilisée sur une très longue période.

Le métier de scribe était en principe réservé aux hommes, (au début cette charge se transmettait de père en fils) on connaît cependant des femmes scribes sous le Moyen Empire et à la Basse Époque. Pour écrire, le scribe avait besoin d'un support à la fois souple et résistant, c'est pourquoi il choisit le papyrus. Support qui a traversé les millénaires bien à l'abri dans les tombeaux.

Il gravait également la pierre, pour l'éternité, ce qui donnait une dimension magique, donnant Vie à la pierre...

Deux divinités président à l'écriture : la déesse Seshat et le dieu Thôt, à tête d'ibis. Thôt est le secrétaire des dieux, il est aussi le patron des scribes qui, bien souvent, lui offraient une libation ou lui adressaient une invocation avant d'entreprendre un travail important. Sechat et Thôt forment le couple de la Connaissance.

L'enseignement se faisait dans les Maisons de Vie, toujours situées à l'intérieur des enceintes sacrées, il était transmis par des prêtres, démarrait dès l'âge de cinq ans et durait une douzaine d'années.

Cet enseignement était basé sur l'humilité et le respect de l'ordre établi.

Pour les Égyptiens, posséder la sagesse et la connaissance était un grand honneur. En effet, la connaissance, apparaissait comme le bien le plus précieux.

En laissant vagabonder ma pensée sur ce scribe qui écrivait et consignait tout, dont la connaissance était grande une idée m'a effleurée. Cela m'a fait penser à la lame 2 du Tarot La Papesse.

La papesse

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La Papesse, lame 2 du Tarot, est assise tenant un livre ouvert sur les genoux. Elle est coiffée d'une tiare à trois étages, et derrière elle, un voile couleur chair est suspendu entre deux colonnes.

La Papesse est la Mère, la Mère divine, la gardienne du seuil, Isis la Grande Prêtresse, gardienne sacrée du processus de la Révélation.

Elle est celle qui peut la rendre accessible aux initiés en expliquant les étapes nécessaires qui mènent à elle, par apprentissage, pour aboutir au Livre de la Tradition à transmettre, dont elle est la gardienne.

La Papesse, deuxième Arcane du Tarot qui en comporte 22, correspond au féminin supérieur, à la fois passif et fécond, celui qui reçoit et transmet. Elle est la gardienne de la porte qui donne accès au sanctuaire de la sagesse et de la connaissance symbolisée par le voile situé derrière elle qu'il faut lever pour accéder au lieu où se révèlent les mystères.

Ce voile est donc bien un miroir cosmique, une interface entre le monde d'en haut (derrière le voile) et celui d'en bas (le Livre sur les genoux).

La papesse nous invite à renaître en conscience à soi et au monde (la conscience de soi passant par la conscience du monde) elle nous met en contact avec notre âme, notre espace intérieur.

Elle nous apprend qu'il y a deux façons d’accéder à la connaissance : soit par le livre, soit par le voile. Prendre le voile c'est prendre celui que l'on a à l’intérieur de la tête et de le retirer, afin de se dévoiler, de se révéler à nous-mêmes pour trouver notre part de vérité.

J'aime bien cette citation de Rûmi : « La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé.Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve ».

Par le processus divin qu'elle enseigne, la Papesse fait passer par quatre paliers, correspondant aux qualités que l'initié doit acquérir et maîtriser pour atteindre l'état d'Être réalisé : celui qui croit, qui comprend, qui agit et qui pense.

L'initié a ainsi la vocation d'enrichir le Livre de la Tradition par sa propre expérience et d'en perpétuer la transmission en ayant compris au préalable que cette mission se réalise dans le silence, dans le secret.

Le Grand Livre qu'elle porte sur ses genoux fait référence au travail intellectuel, à l'apprentissage, à la réflexion intérieure qu'il induit, à sa transcription en écrit, en parole ou dans la construction de notre chef-d’œuvre. Sur le livre de notre Papesse, s’inscrivent ces lignes noires, fines et ondulées. Lignes de vie où se rédige la longue route qu’effectue chaque homme de la naissance à la mort, route d’évolution qui passe forcément par des souffrances, des deuils, des ruptures mais aussi des joies et des bonheurs tout aussi intenses. L’évolution, le développement de notre être aboutissent à l’amour, c’est cela qui est inscrit dans le livre : Cherchez, nous dit la Papesse ! Cherchez et vous trouverez ! Vous trouverez la clé pour ouvrir la porte qui est celle de l’Amour et donc de la Connaissance ! Car aimer c’est connaître, c’est vivre, c’est croire !

La Papesse nous montre le chemin pour retrouver notre centre intérieur et le faire rayonner. Elle nous invite à nous écouter, à prendre en compte nos émotions, nos sentiments, nos pensées, tout ce qui vient de nous, sans jugement, sans critique. Il faut tout écouter puisque tout vient de nous.

Elle nous invite donc à nous écouter en silence : pour regarder avec attention à l’intérieur de soi. Le regard ne se tourne plus vers l’extérieur et son mouvement incessant, mais vers l’intérieur de l’être. En nous écoutant, nous devenons créateur de notre propre vie, nous agissons selon notre moi profond, et non à la façon d’autrui. Et nous y introduisons l'amour.

Exister c’est aller au bout de ce que l’on ressent, c’est vivre ses rêves, c’est combattre ses peurs et ses doutes, c’est tout mettre en œuvre pour arriver à ce qu’au fond de soi-même, dans son ventre, on sait être juste et vrai !Cela demande beaucoup d’énergie, mais cela en vaut la peine, c’est notre vie entière qui en sera transformée, enrichie. C’est par cette victoire sur nous-mêmes que nous pourrons également enrichir les autres en leur faisant partager notre vécu.

Le livre nous donne des pistes mais c'est à nous de l'écrire.

Cela ne vous fait-il pas penser à quelque chose ? Un livre qui contient tout ce que nous devons savoir mais à nous de le découvrir : notre rituel.

Le rituel


L'écriture maçonnique, à travers essentiellement celle des rituels et de nos travaux n'est pas celles des « grandes œuvres », elle sert à faire entendre l'inouï, l'ineffable, c'est celle qui est active par son rythme et son ton générateur du sens véritable.

Le message verbal passe par l'écrit et se fait de façon inconsciente, de façon insoupçonnée par le rythme possible dans le silence.

L'homme initié grâce à des symboles mis en action par un rituel, s'intègre dans un autre monde ; quittant le monde profane, il ne cherche plus le pouvoir, et grâce à l'atmosphère sacrée et à la pensée traditionnelle, il peut atteindre la connaissance spirituelle. Et à l'aide de son imagination intuitive, l'initié parvient à concevoir un autre état, car la F\ M\ et la loge ne font que transmettre ce qui permet de déclencher le processus.

Le mystère du rituel, écrit et visuel, qui touche au plus profond de l'Être, c'est d'ouvrir les portes secrètes de la conscience dont on ignore le plus souvent l'existence ou que l'on croyait verrouillées à jamais.

Les véritables enseignements ne sont pas apparents dans les rituels, et l'aide d'un Maître est indispensable pour s'en approprier la substance. Car comme nous dit Clément d'Alexandrie : « Les mystères, comme Dieu...se transmettent de façon mystérieuse d’initiateur à initié, d’intelligence à intelligence ». Les rituels ne sont que le support matériel « d'autres choses » laissées à la compréhension de ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Soulever le voile pour passer de l'autre coté du miroir, mais il faut savoir que ceci est irréversible.

Le travail dans loge nous permet de disposer d’un cadre dans lequel nous pouvons transmuter sans cesse notre conscience. Le rituel est notre gardien qui nous remémore sans cesse l’importance de nous rappeler du chemin qui nous guide au divin. Par le rituel nous empruntons les chemins que nos ancêtres ont traversés pour s’approcher de la lumière. Les règles, les principes, les symboles, nos déplacements en loge ont pour but de transmettre les éléments nécessaires à l’éveil de notre conscience. La connaissance et donc l’expérimentation des symboles nous donnent des clés pour travailler sur la pierre mais la conscience de cette rectification nous donne le sens de notre évolution.

Ce travail en profondeur qui au fur et à mesure de mon cheminement m’emmène au plus profond de moi-même, me permet de ramener du cœur de mon inconscient des sensations, des informations, des impulsions que ma conscience aura à cœur de déchiffrer par une lente décantation.

Par ce chemin vertical, entre le haut et le bas, j’augmente mon niveau de conscience par la conciliation permanente de ma dualité.

J'ai dit.

A\ K\ L\


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