Vénus

Mes Frères et mes Sœurs de l’atelier, après ce superbe morceau d’architecture sur le signe du Taureau prodigué par notre frère Jean-Daniel, je me sens un peu circonspect… en effet, ma prose et mes talents de conteur sont loin d’égaler ceux de notre frère et je crains de vous endormir avec une planche qui pourra vous paraitre quelque peu insipide… j’ai quelques qualités certes mais pas celle d’être un écrivain et vu que ma créativité est à peu près au niveau de celle d’une palette de parpaings, je vous demanderai à l’avance un peu de votre mansuétude…

Mais il n’en reste pas moins que les thèmes de ce soir sont le signe du Taureau et, pour ce qui me concerne, sa planète associée Venus. Mon frère Jean-Daniel et moi-même partageons le signe du Taureau en tant que thème astral au point que nous sommes nés à la même date, celle-ci étant le 20 mai. Bon, comme il fait un peu plus vieux que moi, j’admets que nous avons quelques années d’écart. Cette date qui est la dernière du signe fait de nous des personnages fortement influencés par le signe suivant du Gémeaux avec son côté épicurien et intellectuel.

Parmi les choses associées au Taureau, on y trouve l’élément Terre et les pierres précieuses que sont l’Emeraude (1) - le matériau de la fameuse Table éponyme mais ceci est un autre sujet de planche à lui tout seul... Il y a aussi l’Aigue marine qui a d’ailleurs une composition chimique proche, la couleur verte - couleur de l’émeraude bien sûr et la planète Vénus, planète qui sera l’objet principal de ma planche, planète qui est associée au métal cuivre. Pourquoi le cuivre me demanderez-vous, et bien c’est probablement parce qu’il n’existe pas de métal de couleur verte à l’état natif et que le cuivre laissé à l’air libre se couvrira d’une couche de sulfate de couleur verte appelée vert-de-gris dans le langage commun.

Alors parlons de Vénus et tout d’abord du point de vue de l’astronomie afin d’évacuer les bases scientifiques nécessaires même si elles peuvent paraitre quelque peu soporifiques à certains. L’orbite de Vénus autour du soleil est quasiment circulaire et sa distance au soleil d’environ 108 millions de kilomètres (celle de la Terre variant entre 147 et 152 millions). Lorsque sa révolution l’amène relativement près de la Terre (2), Vénus et un objet céleste très brillant dans le ciel et est très souvent visible en fin d’après-midi.  Chez, nous à la Réunion, si vous avez comme moi votre logis sur la côte Ouest de l’île, vous pourrez facilement apercevoir Vénus au coucher du soleil assez bas sur l’horizon au-dessus de la mer en direction de l’ouest, du moins par ciel dégagé, ce qui n’est comme vous l’avez constaté pas vraiment le cas ces jours-ci. Elle est aussi souvent très visible, tôt le matin à l’Est et on la surnomme étoile du Berger (3).

Pour être exhaustif et rester sur l’astronomie, le Taureau n’est pas seulement associé à la planète Vénus mais également à une constellation qui porte son nom. La constellation du Taureau a la forme d’un triangle quasi isocèle, bien visible à la Réunion en particulier en hiver entre la constellation d’Orion et celle des Pléiades et dont l’étoile principale est Aldébaran, la géante rouge d’un système binaire située à environ 65 années-lumière de notre petite planète (4).

Vénus a été très souvent comparée à la Terre dans le passé. Les histoires de science-fiction à son sujet qui ont démarré dès la fin du 19ème siècle en faisaient une planète peuplée par des êtres vivants, appelés bien sûr des Vénusiens. Elle fut popularisée par des grands noms du genre tels que Edgard Rice Burroughs (le père de Tarzan) dans ses romans « Le Cycle de Vénus » ou Alfred E. Van Vogt avec ses romans « Le Monde du à» et « Les Joueurs du à», romans sur les thèmes de la quête d'identité personnelle pour le premier et la quête d'identité cosmique pour le second. Ces romans sont fortement symboliques et la sémantique générale, système de pensée qui propose, entre autres, de consciemment séparer l'objet de sa représentation y est omniprésente (5).

L’exploration spatiale ayant fait des progrès, nous savons aujourd’hui que Vénus est loin d’être ce petit paradis peuplé de ces magnifiques créatures décrit pas les poètes mais plutôt un petit enfer. En effet, la pression atmosphérique à la surface de la planète 100 fois supérieure à celle à la surface de la terre soit est équivalente à celle qui règne à 1000m de profondeur dans nos océans et, à la surface de Vénus l’atmosphère est essentiellement composée de gaz carbonique. Par ailleurs, la température y est allégrement au-dessus de 400°C soit assez pour faire fondre le plomb. Et pour couronner le tout, la couche supérieure de l’atmosphère consiste principalement en gouttelettes d’acide sulfurique et d'acide chlorhydrique, ce qui a proprement dissous en quelques minutes la première sonde qui y fut envoyée par les Russes en 1967. La suivante se posera au sol et tiendra le coup 23 minutes. Bref, Taureau ou pas, ce n’est pas un endroit que je recommanderais pour des vacances et nous devrons nous contenter de rêver avec les belles histoires que l’on à associées à Vénus avant que l’on en sache plus sur la planète en question.

Alors laissons là l’astronomie et parlons des jolis côtés de Vénus. Commençons par la mythologie. Chez les romains, Vénus est une déesse dédiée à l’Amour. Elle est charnelle et sensuelle, symbole de la fertilité. Elle est d’ailleurs mère, entre autres, de Cupidon dieu de l’amour. Pour la petite histoire, Vénus trompa son mari Vulcain dieu du feu et des forgerons avec son frère Mars - le dieu de la guerre avec qui elle eut 3 enfants : 2 fils nommés Phobos (la crainte) et Deimos (la terreur) (6) - et une fille : Hermione. Ce couple « Vénus-Mars » est d’ailleurs considéré comme le couple « sexuel » du zodiaque dont la légende, digne d'un vaudeville, est une des plus populaires de la mythologie en Grèce comme à Rome… ah la coquine !

Chez les grecs, elle se nommait Aphrodite et là aussi, c’était la Déesse de l’amour, des arts et de la beauté.

Vénus-Aphrodite fut représentée de très nombreuses fois par les peintres les plus talentueux : tout le monde connait le célèbre tableau « La naissance de Vénus » de Sandro Botticelli qui date de 1485. Le modèle du peintre était Simonetta Vespucci, épouse de Marco Vespucci qui, faisant honneur à sa lignée mythologie était par ailleurs la maîtresse de Julien de Médicis. L’histoire la décrit comme une magnifique femme aux cheveux roux considérée comme la plus belle femme de son époque. Elle est malheureusement décédée d’une pneumonie à l’âge de 23 ans. Botticelli termina d’ailleurs son tableau post-mortem. Vénus fut également représentée par d’autres peintres célèbres comme Titien, Pierre Paul Rubens ou Diego Velasquez et d’autres parfois moins connus comme William-Adolphe Bouguereau. Mais mis à part chez Rubens ou dans le tableau d'Edouard Steinbrück où elle est (à peine) voilée, la Vénus est nue, révélation de la beauté et de la grâce féminine sur la scène du monde.

Vénus dans la mythologie est fille d’Ouranos, dieu du Ciel et de Gaia, déesse de la terre. Mais le récit mythologique indique que lorsque le titan Cronos s'est révolté contre son père Ouranos, il l'a castré et a jeté ses organes génitaux dans la mer, ce qui a produit une écume fertile. Vénus est donc aussi fille du Ciel et de la Mer. La féminité incarnée est souvent représentée naviguant sur une conque, symbole de son écrin d'une blancheur de nacre et dont la forme de ce coquillage constitue une métaphore de sa vulve, tout comme sa blancheur celle de l'hymen. D'un point de vue symbolique Vénus, astre de l’art et de l’acuité sensorielle représente donc l’Amour, les sentiments, le désir, la sympathie, l’affectivité, l’esthétique et le sens du toucher. Pas étonnant que le signe du zodiaque ou elle est le mieux « domiciliée » soit le taureau (7). Aaah… Amour quand tu nous tiens… Vénus est donc la synergie chez l’humain des sensations, des sentiments et de la sensualité, de l’élan de plaisir et de la joie de la fête ou plus simplement de la joie de vivre, de la paix du cœur, bref du bonheur.

Mais elle trouve aussi sa place dans les plaisirs plus raffinés de la spiritualité et de l’esthétique. En effet, en astrologie, on associe Vénus et le Taureau à la valorisation non seulement des biens matériels mais aussi aux acquis spirituels et intellectuels. Le Taureau à un grand sens de la propriété ! Ouf… la morale est sauve.

Par ailleurs dans un thème astral, Vénus représente notre façon d’aimer, notre vie sentimentale, nos liens affectifs, notre conception de l’amour et du plaisir. Vénus porte l’énergie de l’éveil des sens, de la sensibilité à la beauté, qui permet d’établir des valeurs personnelles. Elle nous renseigne sur notre approche de l'amour et du sentiment et nous précipite sans réserve sur la pente du désir, de l'attraction et de l'amour physique. La sublime déesse représente la femme non pas en tant que mère ou épouse mais en tant qu'amante, maitresse et irrésistible séductrice. Vénus nous parle également de la beauté, de l'élégance et régit tous les lieux dédiés au plaisir…

L’énergie de Vénus est comme on le voit une énergie éminemment féminine qui, pour l’astrologie, aura une influence particulière et unique sur chacun d’entre nous. D’ailleurs, Vénus est une planète dite « personnelle » ; c’est-à-dire qu’elle gouverne nos relations et notre personnalité de manière individuelle et non pas en tant que membre d’un groupe.

Carburant essentiel de la libido, on peut néanmoins compter sur elle pour nous mettre plus subtilement sur une voie qui spiritualiserait peu à peu nos pulsions et transformerait alors notre soif de jouissance terrestre en aspiration à la sublime transcendance… Ouf… encore une fois, la morale est sauve.

Je terminerai sur un petit rappel symbolique alchimique. Le signe du Taureau est, comme on l’a vu, associé à la Terre. Le symbole graphique de de la Terre est le même symbole que celui de Vénus, mais renversé : une croix au-dessus du rond. La Terre, qui est la planète qui arrive juste après Vénus dans le système solaire, est bien celle où l'on s'incarne, où le matériel domine le spirituel, où l'on vient faire l'expérience d'un corps matériel – la Malkut de l’arbre séphirotique. Quant à Vénus, la planète est associée au métal cuivre avec lequel elle partage un symbole graphique similaire à celui de la Terre mais inverse : un rond surmontant une croix. La symbolique de la croix est associée au monde matériel, tandis que le rond est associé à l'énergie de la source, de Dieu, de l'Unité. Le symbole graphique de Vénus et du cuivre montre donc une étape de la vie où le spirituel domine le matériel : c’est le rond au-dessus de la croix.

Vénus nous rappellera alors peut-être les paroles du V\M\ lors du deuxième voyage de l’initiation : « les nécessités de la chair sont choses enfin mortes pour vous, mais les passions de l'esprit demeurent, impérieuses et exigeantes »… Vénus ne nous lâchera pas facilement même l’âge aidant.

J’ai dit I\C\T\O\

(1) Les mines de Djebel Zabarah dans le sud de l’Egypte près de la mer rouge étaient exploitées dans l’Egypte antique pour les grands personnages dès la 12ème dynastie (-1964).

(2) Elle peut arriver à moins de 40 millions de km.

(3)Les bergers étant habitués à la vie en pleine nature, l’expression « étoile du Berger » viendrait de l'affection de ceux-ci pour cette planète à force de la retrouver tous les matins et tous les soirs.

(4)Les anciens se rappelleront que c’est vers Aldébaran que se dirige la sonde spatiale américaine Pionner 10 lancée en 1972.

(5)Il s’agit d’un système général d'évaluation et de prédictibilité pour la résolution de problèmes humains crée par l’ingénieur Alfred Korzybski en 1933.

(6)Qui sont d’ailleurs les noms données par les astronomes à deux satellites de la planète Mars.