Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Par un escalier tournant Nombre d’escaliers tournants, dits à vis ou à spirale existent tel celui de l’Abbatiale romane du XII ème siècle de St Gilles (30), œuvre remarquable figurant au patrimoine mondial. Dans l’amphithéâtre d’Arles on trouve même 3 escaliers taillés dans une seule pierre. Vu leur grand nombre je vous épargnerais l’énumération des escaliers tournants qui existent. Juste avant la cérémonie de mon élévation à la maîtrise, lorsque j’ai entendu la S\ Exp\ dire: « C’est la Compagnonne… qui a gravi un escalier tournant, divisé en deux repos, l’un de trois marches, et l’autre de cinq »… (rituel) j’ai été surprise de l’expression « un escalier tournant »; et allez savoir par quel hasard mon esprit perturbé, et stressé, pensa alors, en vrac: enroulement… spirale du temps passé et à venir, vis sans fin, coquilles d’escargots, empreintes digitales , tourbillons de forces ascendantes ou descendantes… et tout cela me troubla passablement. Pas très encouragée par ma réflexion, mais confiante en mes SS\, je me suis laissée guider, à reculons, pour le début de la cérémonie d’élévation. Réfléchissant depuis plus sereinement, la spirale de l’escalier m’a rappelé aussi le caducée du corps médical qui image le bâton, symbole de l’arbre de vie, utilisé par Apollon pour séparer 2 serpents. Symboliquement les 2 serpents enroulés tout autour représentent la façon d’unifier les énergies opposées, et figurent tout autant l’équilibre des forces antagonistes, que l’alternance du ying et du yang… détail de l’Histoire:Pas conscient des vertus médicales qui lui seraient attribuées plus tard, Apollon donna son précieux bâton à Hermès en échange d’une lyre ! La première trace d’un caducée remonte à 2600 ans Av J.C., et les égyptiens disaient qu’il venait des « initiateurs divins », créateurs de toute vie sur terre. Plus de 4600 ans plus tard les vertus médicales attribuées aux serpents, n’ont pas livré tous leurs secrets, car ce sont des composants du venin de serpent qui ont permis de trouver la molécule de l’A.D.N. ! Etonnant tout de même lorsque l’on sait aussi que l’A.D.N. est représenté par une double hélice enroulée autour d’un axe… Et nous revoici dans la spirale ! Nous sommes toutes d’abord au niveau du sol, et seul l’éveil progressif de notre conscience nous permettra de parcourir notre chemin initiatique. Pour être reçue Maîtresse il faut avoir acquit l’enseignement des deux premiers grades… Or ceux-ci ne sont jamais totalement atteint: il faudra constamment tout remettre en question pour progresser dans la voie de la Connaissance. Cela me ramène au compas, et plus particulièrement à l’écartement de ses branches, dont il nous appartient d’accroître l’angle avec le temps. La Vérité que nous cherchons, notre inlassable quête du savoir, ne peut se dévoiler que graduellement, et en petites parties. A mon avis le perfectionnement vers lequel on tend doit porter sur le plan moral, comportemental, et spirituel. La perfection n’étant pas humaine, mais divine, notre perfectionnement personnel n’est qu’illusion: je pense très sincèrement que nous n’atteindrons jamais la perfection… nous diminuerons seulement, plus ou moins, notre imperfection. Ce qui compte dans le fond, n’est donc pas d’arriver vite «en haut», car cela ne veut rien dire, mais la constance de la sincérité, de la foi consciente, du travail, et de l’amour. Si nous arrivons à maîtriser notre intérieur et notre extérieur, si nous avons la sagesse de prendre ce chemin de l’Amour: notre progression sera plus facile. L’escalier tournant est un symbole figuré qui se développe dans l’espace. Lors de notre élévation nous étions au «centre du cercle», situé partout et nulle part, c’est à dire dans une dimension hors espace-temps, donc: hors du monde matériel… car l’esprit le domine. Cela nous libère de l’attachement au «plan», et nous introduit dans le «volume». Dans mon ressenti: l’escalier tournant symbolise parfaitement bien que nous quittons le plan matériel pour aller vers celui de l’esprit, espace transcendant. Plus simplement: de l’horizontal au vertical qui nous conduit à notre élévation spirituelle, si bien imagée par la spirale. Il révèle également un processus rituellique par son aspect de cosmologie, car l’espace nous amène de l’occident à l’orient, du nord au midi, du nadir au zénith ! Tout concept reste vivant, mais dénaturé si on le sort de son contexte universel et sacré. Le mouvement humain est en perpétuelle mutation. Nous devons gravir un escalier tournant pour atteindre le temple: lieu de jonction entre la terre et le ciel… porte d’un autre monde. Le macrocosme tutoie le microcosme, car: le temple est à la fois le Monde et l’Homme. L’escalier tournant: quel beau symbole de liaison entre la compagnonne et la future maîtresse ! Il me plait de rappeler ici la lettre G, 7ème lettre de l’alphabet, et ébauche d’une sorte de spirale de par sa forme, spirale de transformation des états d’être. Plantagenet a écrit que «les anciens rituels donnent à la lettre Gle sens fondamental de géométrie, base essentielle d’initiation maçonnique». Quoi qu’il soit censé représenter: géométrie, gravitation, génération, génie, gnose, le G inscrit au cœur de l’étoile flamboyante sert toujours à exprimer une idée de création et d’élévation. Marche après marche, la montée de l’escalier est significative des efforts constants, et des luttes menées contre soi-même pour continuer d’avancer. La marche du dessus bloque celle du dessous et ainsi de suite… mais: parfois certaines marches nous semblent plus hautes que les précédentes…heureusement qu’il y a des paliers, des degrés ! Chaque étape nécessite un repos propice pour en distiller l’essence. Chaque marche nous ramène également au niveau, et nous remémore l’équilibre. Il faut sans cesse trouver la force d’aller plus haut, et par cette ascension quitter la noirceur des bas-fonds. Cette lente montée des marches souligne les difficultés d’une progression régulière, et nous ébranle par des doutes et des contradictions… qu’il nous appartient de résoudre. Cela coupe l’élan, l’assurance, et contrait à de nouveaux efforts, et de nouvelles réflexions pour repartir… car la marche exprime des rapports qualitatifs et non quantitatifs, puisqu’elle permet d’accéder symboliquement au monde de l’essentiel. Elle est graduation de la marche de notre vie dans la verticalité du fil à plomb ! Se perfectionner doit rester le fil d’Ariane de notre lumière intérieure, celle de l’esprit: petite lumière souvent vacillante… petite voix de la conscience qui alerte, mais qui éclaire et guide suffisamment si nous lui accordons notre attention. Pour assurer notre stabilité chaque marche nous contraint donc à la persévérance, à la vigilance, et à reconnaître notre seuil d’incompétence avec humilité. Une montée en ligne droite aurait probablement été plus aisée… mais en tournant cela nous oblige à réactualiser l’espace effectué. Monter tout droit n’aurait semble t-il pas de sens car l’ordre céleste est circulaire, comme nous l’indique le G.A.D.L.U. un compas à la main. Carl JUNG a écrit «la voie vers le but s’élève en spirale». En effet celle-ci, forme circulaire, reste ouverte… vers l’éternel Progrès. Avec le temps la conscience prend forme, et l’on réalise que l’important n’est pas d’être en haut, mais de monter ! Toute vie est une sorte de pèlerinage vers une « terre promise »… et notre chemin est forcément parsemée d’épreuves. Ces tournants symboliques, voyages dans l’espace, peuvent nous inciter à nous diriger de la périphérie vers le centre de nous-mêmes pour accéder à notre propre cœur, et ouvrir notre temple intérieur… : C’est là que l’on trouvera là réelle élévation verticale ! car ces tournants nous amènent toujours vers l’invisible. Cet invisible est comme un grand réservoir de force, semence de vie… Notre Maître: c’est l’Amour; et si nous le trouvons un jour dans sa radieuse splendeur, nous n’aurons alors pas seulement la robe, mais l’esprit d’une vraie initiée. Mais... il faudra aussi savoir, parfois, faire le chemin inverse… la marche à reculons ! Il nous est précisé que nous avons franchi: - Le
premier palier a 3 marches…3, nombre créateur par excellence,
ternaire également des dimensions: longueur, largeur, hauteur. Sans
l’approfondissement du ternaire aucune progression, aucune
harmonie, n’est possible. Le ciseau, l’esprit, est primordial car un escalier nécessite un plan préparatoire et des pierres bien taillées pour que l’édifice ne s’écroule pas. Cela conforte encore l’idée qu’il faut avancer à son rythme, mais de façon stable, car tout mauvais départ a par la suite des conséquences fâcheuses sur l’œuvre à venir. Travail, toujours travail... Plan, besoins, détermination des centres de gravité, résistance… l’escalier, comme toute construction obéit à une autre loi ternaire: nécessité de fondations, élévation, structuration dans l’espace. Le résultat ne devient harmonie et équilibre qu’à la seule condition que soient unis le travail manuel et le travail intellectuel. L’homme est une pierre, la marche est une pierre, et la pierre fait le temple ! L’escalier qui tourne va vers le centre et forme un cercle. Le cercle: symbole parfait de la totalité. Si nous sommes au centre, ne sommes-nous pas symboliquement au centre du cosmos ? Quel fort sentiment m’étreint alors que je ne suis même pas une poussière... ! Cet escalier tournant est constitué de 3 éléments: le centre, la circonférence, et le rayon qui relie les deux premiers. Nous pouvons très bien l’imaginer, et force est de constater que tous les rayons coexistent en son centre en une seule unité; sa périphérie fermée sur elle-même forme une roue qui évoque l’idée du mouvement possible. La circonférence, comme le cercle, symbolise l’univers sans commencement ni fin. Le rayon, lui, représente le lien permanent entre la circonférence et le centre: il indique le plus court chemin qui mène au centre. Toujours se re-centrer ! Le centre symbole d’unité et de globalité représente le UN, image du Principe d’où naît toute création. Ce noyau central est en quelque sorte notre « point d’attache ». L’escalier tournant nous entraîne comme un moteur invisible et immobile. Ce cercle nous rappelle celui qui nous avons si maladroitement tracé lors de notre premier travail de maîtresse, nous soulignant du même coup la difficulté de trouver « notre centre ». Dans un escalier nous retrouvons aussi la notion de l’équerre qui donne la mesure des plans horizontaux et verticaux. Sa succession de degrés rapproche aussi des nombres, et exprime leurs rapports. Décidément il a beaucoup à nous dire et à nous apprendre ! Il nous permet, si on s’en donne la peine, « d’aller plus loin» dans notre recherche, et de rassembler ce qui est épars. Mais si un escalier peut être monté, n’oublions surtout pas qu’il peut aussi être descendu ! Voire dégringolé ! Pour bien le gravir il est nécessaire de savoir passer de marche en marche, sans chercher à en gravir plusieurs à la fois. Sur chaque marche nous avons tant à travailler avant de songer à franchir la suivante ! Une force nous propulsera peut-être un jour vers la marche supérieure... mais seulement quand le temps sera venu. Point de précipitation, ne nous a-t-on pas répété que le temps ne compte pas en F\M\ ? En effet le temps est une énigme car il est à la fois le cadre de notre anéantissement, et celui de notre accomplissement. Il faut savoir attendre patiemment que la marche précédente soit devenue un appui solide et fiable ! Tout comme avant de gravir la marche suivante il est nécessaire de nous alléger de faux lests…ah !…ces terribles métaux ! Chaque marche a sa spécificité, n’a aucun privilège, et ne connaît aucune supériorité. Chacune assume sa propre fonction sans exclure de possibles, et souhaitables, relations harmonieuses avec les autres. L’escalier de notre conscience nous sert à changer de sphère, et doit nous aider à nous élever au plus haut des possibilités que nous offre la vie. Le symbolisme de la spirale qui s’enroule autour d’un axe central rejoint l’axe du monde qui relie la terre et le ciel. Cela nous ramène à la gravitation ascensionnelle qui ne pourra s’accomplir qu’en passant par l’introspection guidant notre cheminement en spirale. Pour agir de façon constructive il nous faut anticiper, imaginer notre action future, mais la garder toujours calquée sur «le possible». Un aspect de l’escalier tournant est que l’on peut également, regarder en arrière et voir les marches gravies…tout comme on peut regarder celles à gravir… et qui nous paraissent plus dures et plus difficiles. A chaque marche notre perspective, notre visée, changent et appellent une autre étape… Je pense intimement que si rien de fâcheux ne nous arrive, nombreuses marches ou degrés resteront toujours potentiellement à franchir avant d’atteindre la dernière marche… car celle-ci… je le suppute... doit nous conduire à l’Orient éternel ! Coexistent à mon sens deux escaliers tournants en F\M\: le visible et l’invisible ! Celui que l’on gravit physiquement, et celui que l’on gravit dans notre coeur. Pour terminer, je vous avoue à présent mon sentiment difficilement définissable, mais fortement ressenti, qu’en revenant sans cesse à mon « moi profond»: je ressens comme une intime conviction que peu à peu, vraiment peu à peu !… je prends un autre chemin qui m’amène vers une sensation plus forte de présence divine, et je me questionne (sans prétention): est-ce l’éveil de ma conscience de franc-maçonne ? Chaque tournant est une nouvelle voie, une autre direction, et chaque orientation nouvelle est un changement, et enrichissement personnel important. St Exupéry a écrit dans « terre des hommes »: « Liés à nos FF\ par un but commun qui se situe en dehors de nous, l’expérience nous montre qu’aimer, ce n’est point nous regarder l’un l’autre mais regarder ensemble dans la même direction ». Nous sommes devenues des Maîtresses en gravissant un escalier tournant… mais celui-ci est sans fin….car de profanes, nous sommes devenues des F\M\ pour tenter d’aller vers l’Humain accompli… autrement dit: nous sommes vouées à nous perfectionner sans cesse, marche après marche ! M\S\ |
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