GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 01/2009

La Lumière

"Au commencement de tout était la lumière, et de cette essence subtile extraite de lui-­même Dieu créa l'univers." Mais la lumière, c'est d'abord le soleil qui renaît chaque jour de lui-même et de ce fait symbolise la résurrection et l'immortalité conçue comme un corps lumineux. Nous devons nous nourrir spirituellement du feu du soleil, de la lumière et de la chaleur qui s'en dégage. Pour moi le feu est indissociable de la lumière, et je l'ai compris en passant mes soirées de loisirs, près de ma cheminée, à observer le feu, avec ses filaments lumineux et ses gerbes d'étincelles. En nous liant au feu visible, image matérielle du feu invisible et sacré qui est amour, intelligence et sagesse, nos pensées, et nos sentiments sont entraînés vers le haut par sa chaleur ascendante. Par analogie, j'en déduis que la lumière est amour, car elle se dégage du feu.

C'est par la combinaison des éléments et de l'énergie qu'il capte des rayons du soleil que l'arbre s'est développé en formant de la matière. L'être humain est comme l'arbre si on le brûle, il ne reste que quelques poignées de cendres de la matière servant à fixer les rayons du soleil. On pourrait en déduire que l'homme possède la même quintessence que le feu du soleil et qu'il est fait de feu et de lumière.

Dans l'être humain cohabitent 2 sortes de feu : le feu des passions ou brasier, qui consument l'être en le faisant par de grandes souffrances, le feu de l'amour divin et du sacrifice qui nous libère de nos faiblesses et de nos imperfections, en faisant ressortir ce qu'il y a de pur et noble en nous. Pour entretenir ce feu sacré et purificateur, nous devons apprendre à faire des sacrifices symboliques en brûlant nos instincts et nos passions, telles les branches mortes dans la cheminée. Nos âmes sont comparables à la flamme d'une bougie qu'un souffle suffit à éteindre.

Mais si cette flamme qui constitue la lumière en notre âme, est nourrie et entretenue, le souffle des ténèbres qui menaçait de l'éteindre, au contraire la renforce et la stimule : ainsi les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets. Trop de profanes préoccupés par leurs corps physiques, boivent, mangent et gesticulent, mais leur esprit est complètement éteint. Mais le feu, c'est aussi la chaleur que j'ai ressenti en côtoyant Claude et Salvatore, qui ont su reconnaître en moi, un fils de lumière. En me parrainant dans cette famille qu'est la franc-maçonnerie, j'ai retrouvé cette émanation de chaleur et d'amitié entre ses membres. Lors de mon initiation, avant de recevoir la lumière, je suis resté dans les ténèbres et lors des épreuves, le feu en me visitant a créé "l'illumination".

Ce mouvement de rapprochement de l'unité primordiale m'a permis : d'échapper aux forces chaotiques qui se déchaînent à la périphérie, dans le monde profane, de trouver la paix intérieure par une plus grande lucidité et une vision plus juste. L'homme est fait à l'image de Dieu et il peut lui aussi créer avec et par la lumière. En absorbant cette matière pure, subtile et rayonnante, il peut effectuer son façonnage, son modelage par un travail intérieur, en vue de créer. Par une image exotérique, on peut dire qu'il n'y a pas de "réalisation ou création sans volonté de faire ou émanation". La lumière c'est aussi symboliquement la perfection des couleurs, à partir de 3 couleurs fondamentales (le rouge, le bleu et le jaune) on obtient 3 autres couleurs (le vert, l'orange et le violet). Le mélange de ces 6 couleurs donne le blanc symbole de l'émanation divine ou la lumière. Ainsi, l'arc en ciel composé de 3 couleurs dont 1 est leur synthèse, constitue le secret essentiel de la lumière. Dans l'affrontement permanent de cette dualité exprimant 2 polarités universelles, "au-delà de la lumière, correspond aux ténèbres, et l'au-delà du blanc, synthèse des couleurs, correspond au noir qui n'est pas une couleur".

En tant qu'homme en proie à la dualité du bien et du mal, nous devons, pour réaliser nos idéaux, nous réunir dans un lieu pur et sacré, "le temple" à l'abri des perturbations du monde profane. Pour les initiés, la seule réalité est la lumière qui permet d'établir des communications avec le monde divin, en tissant des fils de lumière : cette lumière collective démultipliée, émanant de l'union par osmose des membres de notre assemblée, nous l'appelons " égrégore". Cette forme individuelle de rayonnement lumineux ou "aura" est le reflet de la personnalité de chaque individu.

Dans le temple, la lumière symbolique a 3 sources : les 3 lumières d'orient composées du soleil de la lune et du delta lumineux, forment le prototype du symbolisme universel, et sont placées derrière le vénérable, dans la direction cardinale où se lève le soleil, les rayons lumineux de l'astre du jour que laissent filtrer les 3 fenêtres, dont l'orientation suit la course du soleil. Les flambeaux matérialisés par le feu des cierges dont la répartition est 3 dans le monde des archétypes sur les piliers et 3 dans le monde sensible, détenus par les lumières de la loge.

Dans le temple, le vénérable donne la lumière à 2 occasions lors : de l'initiation à l'aide de l'épée flamboyante, de l'ouverture des travaux lorsque les 2 surveillants viennent allumer leurs flambeaux à sa lumière. On retrouve sur la table du vénérable, un chandelier à 7 branches ou "Menorah" qui éclairait le temple de Jérusalem et signifiait en hébreu à la fois lumière et feu. Ce chandelier est le support d'une double transformation permettant de relier "le terrestre au céleste et l'humain au divin". Cette lumière que nous avons reçue et fortifions dans le temple, nous devons la diffuser autour de nous afin que la lumière triomphe des ténèbres.

Publié dans le Bulim - Bulletin N° 4 - 30 Janvier 2009  -  Abonnez-vous

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