GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 02/2009

L’Air

Supposez que vous puissiez devenir un instant tout l'air qui existe en ce monde. Vous êtes un Etre immense qui rassemble toutes les consciences. Vous appartenez à tous ceux qui respirent sur la terre, avec chacun vous entretenez une relation particulière. Vous êtes au commencement quand le grand Architecte communique aux hommes la vie, par le souffle. Vous pouvez dire. J'entre et je sors en chaque créature dans un rythme propre à chacun, et certains nouent une relation particulière avec moi par un rythme original, ils habitent leur souffle, et moi j'irradie leur sève de vie. Je porte toute la conscience du monde : je la communique dès qu'un être prend la parole aux oreilles de ses auditeurs. Et ce qui n'est pas reçu s'en va au vent dans des lieux inhabités, redevenant inconscient. C'est pourquoi les hommes qui voulaient garder un esprit, œuvraient dans des temples ou des espaces fermés, des mausolées et y maintenaient leur flamme. Les peuples natifs ne craignaient pas de perdre le souffle car ils habitaient mon propre souffle. Nul ne sait ni d'où je viens ni où je vais, je suis simplement ma nature. Du froid je vais vers le chaud, du pesant je vais au léger, je rassemble les extrêmes pour les unifier. Mes fils sont les fils du Vent. Ce fut le nom donné au peuple gitan, c'est aussi le nom de tous ceux qui sont nomades, dans leur vie sinon dans leur âme. 

Comme toute force spirituelle, je porte une force colossale mais je ne peux bouger un caillou, ou une conscience bornée. Car mon être se déploie dans toutes les voiles ouvertes, et je les emmène aussi loin qu'elles resteront ouvertes. Je m'épuise dans les villes des hommes à changer leur souffle corrompu, moi, je reprends vie dans les grands espaces, je ressuscite là où les arbres fidèles rassemblés en multitude me rendent un culte immémorial. Je les étreins dans une communion incessante qui nous lie indissolublement. Tout le verbiage des hommes et leur amour aussi vit en moi. Il n'est pas de séparation en tout ce qui respire, je pénètre en tous et les rassemble dans la communion de mon être. Je porte en moi toutes les effluves du monde, des plus grossières aux plus subtiles, je les fais partager toujours au plus grand nombre et personne ne saurait m'en empêcher. Nul espace clos ne demeurera hors de mon éternité.

Parfois je m'attache à un être, j'entre en lui et sa conscience me traverse et m'imprime son esprit pour que je touche une oreille, ou que je porte sa prière. Je porte en moi tous les souffles qui n’ont jamais existé, je porte la conscience des hommes. Comme ma Mère la Terre connaît tout de leur chair. Comme ma sœur l'eau connaît le fond de leur cœur à travers les âges. Comme mon Père le soleil connaît tout des esprits qui n'ont jamais vécu et qui vivent aujourd'hui. A toi qui veut me connaître, sache que tu n'es jamais séparé de moi, imagine dans ta poitrine ce même souffle qui communie aux arbres. Deviens forêt, tu es cette multitude de feuilles qui s'offrent à moi. C'est ce même souffle qui vibre maintenant en toi, qui m'accompagne jusqu'au bout de toi, maintenant beaucoup plus vaste. Respire à plein poumons comme un navire gonfle pleinement sa voile pour exprimer la totalité de son être. Nous sommes un, et tous les êtres sont UN quoiqu'ils l'ignorent puisqu'ils rêvent en des espaces confinés.

Tu est le Vent, mon Fils...

F\ L\ Fab\ O\ de Cabestany

Publié dans le Bulim - Bulletin N° 5 - 28 Février 2009  -  Abonnez-vous

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