GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 02/2009

Le Coq des Villes et le Coq des Campagnes

Il était une fois Maître coquillard, coq des campagnes
Et son cousin, Maître coq-art, habitant quelque part en ville.

Maître coq-art... c'est ainsi qu'il aimait se faire appeler, se délecter des débats à l'assemblée... tandis que... Coq des champs n'avait point d'autre ambition que de siéger sur ses griffes, affinant son chant en guise de louange pour le soleil levant.

Un jour, pour une ridicule mésaventure...oh rien de grave !

Juste quelques écorchures sans importance... mais suffisante pour justifier une mise à l'écart... Maître coquard prit la clef des champs et rendit visite à son frère des provinces. Était-ce dans l'air ou était-il poussé par une conscience fertilisée par la fumure des actes les plus vils que l'on peut concevoir de l'architecture des villes... nul ne le sait!... Mais arrivé sur les lieux, Maître coquin jugea utile d'omettre le motif de sa visite et s'enquit de proposer à son hôte le privilège d'un surcroît de savoir pour mener à bien de bons projets pour une société civilisée :

Le subtil des bonnes manières, avec effet de style dans tout ce qui est utile à un volatile pour être reconnu des hommes des villes... une pincée de culture savamment étalée, bien enrobée du langage courtisé des vieilles badernes, Teintera tant et si bien les vessies de droiture... que bientôt elles seront perçues comme des lanternes !... Bref !... tout un programme pour combler les carences d'un coq ignorant aux pattes crottées, sans ambition ! Maître "coq-ignare"... c'est ainsi qu'il fut nommé... accepta les premiers enseignements.

Coq des brouillards articula quelques mots... sautant du coq à l'âne et de l'âne au coq... discordant son discours d'avec le réel... mais subjuguant la basse-cour jusqu'à devenir la coqueluche de ses dames, lesquelles dans leur supplément d'âme ne caquetaient que d'éloges et n'avaient d'oreilles que pour balivernes incongrues professées par coquecigrue !...

Maître coq-art s'adressa alors à son fossile de frère, car c'est ainsi qu'il le raillait...Eh !... coq- laid...tu as vu comment on fait ? Discours habiles et attitudes affectées

dénotent rarement la vertu, et priser la vertu n'aurait point exposé l'œil de Maître coq-art à ce coquard... pensa t-il... Un coq qui veille sur son faîte comme sur la flèche d'une église devrait devenir protecteur, gardien de la vie, au lieu de s'exposer comme girouette ballottée à tout vent, à se faire écho de tous les sons de cloches, pour je ne sais quels intérêts...

Notre bon coq des campagnes comprit le futile de la vanité de son cousin réfugié; il discerna le mobile, son désir de se mettre à l'abri, de se faire oublier de quelques autres gallinacés en colère et probablement dupés!... Il répondit : Tu nous fais miroiter monts et merveilles par des discours évités de la vérité !

Tu es comme un arbre coupé de ses racines, et qui promet les meilleurs fruits! Du haut de mes pieds crottés, sous la voûte étoilée, je préfère chanter mon bien-aimé annoncé par l'étoile du matin qui déjà scintille l'heure opportune de sa présence que reflète notre sœur la lune.

F\ JL Dum\ - RL Héliopolis O\ de Foix

Publié dans le Bulim - Bulletin N° 5 - 28 Février 2009  -  Abonnez-vous

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