GLFM | Bulletin : Bulim Misraïm | 02/2009 |
Jésus l'Egyptien Comment comprendre
certains aspects de la vie de Jésus sans
remettre en question, après Moïse,
l’appartenance de Jésus à la nation
juive.
Notons tout de suite que celle-ci n'a jamais
été un dogme dès le concile de
Nicée (en 325 de notre ère)? Il est vrai
qu'aujourd'hui certains s'autorisent
à
considérer Jésus comme catholique. Et notre
vérité se confond souvent avec ce
que nous apprenons avec le lait de l'enfance. C'est
pourquoi ceci appelle un
certain développement. Dans cette planche, je
m'appuierai pour le résumer sur
le travail d'un savant copte : le Docteur Sarwat Anis
Al-Assiouty, auteur de
“Jésus le non-juif” (paru en 1987 chez
Letouzay & Ané, Paris). Introduction Les
chrétiens connaissent l'histoire de
la sainte
famille fuyant le despotisme
d'Hérode pour se
réfugier en Égypte. De même
après la mise au
tombeau, Pierre trouvera au
sépulcre vide des
bandelettes (Luc 24:12 TOB),
ce qui est
d'un usage égyptien mais non
juif. Mais reprenons
plutôt l'histoire de Jésus
sans a priori. Les généalogies
lui donnent pour ancêtre
David ? Mais ceci est réfuté par Jésus
lui-même
selon l'évangile de Matthieu (22:42). Il
contredit les pharisiens qui pensent que
le Christ est fils de David, grâce à une parole
de David lui-même qui dit “Le Seigneur
a dit à mon Seigneur :“Assieds-toi à ma
droite...”...”Si David l'appelle
Seigneur, comment
est-il son fils ? Nul ne put lui répondre. Donc
pour Jésus, le Christ n'est pas descendant de David. Les
deux généalogies, différentes, ont
été ajoutées aux Évangiles
pour
convaincre les juifs récalcitrants que Jésus
de la maison David est le Messie attendu.
Les chrétiens d'Égypte, à
Alexandrie ont
toujours rejeté catégoriquement toute judaïsation
du christianisme, tout comme l'ont
fait Marcion et Tatien. Ajoutons encore que David, descendant de
Ruth, est Moabite, donc non -juif, du sud de
la Jordanie; le nom de sa mère
n'a pas été transmis. Les sadducéens, les
chauvinistes, ont refusé à la maison de David
l'accès à la
judéité. On objectera que
Jésus né en Palestine
ne pouvait
être que juif. Écoutons Strabon, géographe
grec contemporain à Jésus : “A partir de
Jérusalem, presque tout le reste du pays est
fractionné entre tribus mélangées d'Égyptiens,
d'Arabes et de phéniciens. tel est effectivement
l'aspect du pays dans la Galilée, dans
les cantons de Jéricho et de Philadelphie et dans le
canton de Samarie.” Précisons
que la Palestine, comme son nom l'indique n'est pas
une nation juive. Au VI° siècle, les
babyloniens déportent la population juive (2 Rois XXV:11), ceci
représentait 4600 personnes selon
Jérémie (LII:30), le reste s'étant
enfui en Égypte (2 Rois XXV :26). En 538, Cyrus, roi de Perse
permit aux juifs de retourner en
Israël, mais la majorité refusa, bien
installée dans la Diaspora. Esdras les dénombre
42360 au retour (II:64); ce qui semble
disproportionné au nombre de départ. Mais avant
ou après l'exil, les juifs sont
peu nombreux et se situent dans un amalgame de nations non juives,
gouvernées par un monarque non juif, comme
Hérode le grand au temps de
Jésus. Si l'on en croit le codex Sinaïticus,
Jérusalem était cosmopolite (cf Actes II:5, II:9-11), le
Codex vaticanus qui lui est postérieur
transforme le terme “il
y avait demeurant à
Jérusalem des
hommes dévots de toutes
les nations” par
“les juifs qui résidaient
à Jérusalem
étaient des hommes venus de toutes les
nations”. Concluons par le fait que la
Judée dépendait du royaume lagide,
donc de la dernière dynastie égyptienne.
La religion égyptienne, l'osirisme furent
les bases du développement de la tradition
chrétienne, comme l'ont reconnu Clément
d'Alexandrie et Justin le Martyr. Le Dieu
de Jésus n'était pas le dieu
d'un seul peuple
élu parmi des peuples déchus, mais le dieu
universel de la pensée égyptienne. Précisons
encore que le monothéisme n'est pas
une création de Moïse puisqu'il
apparaît bien avant Akhenaton dans le
culte à Amon- Râ
(Un hymne qui lui est dédié
déclare : Tu es UN, SEULEMENT UN). Vie
de Jésus Qu'en est-il du nom juif de Jésus: Yehoshû'a (=Yahvé sauve). La dernière lettre Aïn n'est mentionnée par aucune des sources araméennes, hébraïques ou arabes, ni même dans la transcription grecque. Irénée de Lyon, au II° siècle (contre les Hérésies II:24,2) interprète les trois lettres du nom de Jésus, ISh-W, comme “Seigneur du Ciel et de la Terre”. Or ces trois lettres existent dans les inscriptions anciennes nabatéennes et latines et correspondent à un nom égyptien Aïn (=i), S (Sh) et Ou en hébreu (comme Esaü) ou A en arabe (soit Isâ), Isha en égyptien. Ceci nous ramène selon le texte des Pyramides (III° millénaire avant notre ère) au cri D'Osiris en détresse : Isha-wi qui bravant les forces du mal, avertit le monde et se sacrifie pour sauver l'homme. Alors Nout, le Ciel vient à son secours, Osiris ressuscite d'entre les morts puis est couronné de gloire. Isha-wi signifie l'Annonciateur, c'est un attribut millénaire d'Osiris. La mère de Jésus porte un nom égyptien, même les savants catholiques le concèdent, ce nom est attesté dès le XXI° siècle avant J.C. dans la littérature du Moyen-Empire signifie l'aimée, la chérie, comme Maria - Amon fille de Thoutmès III. Maria ne se retrouve dans aucun des prénoms de femmes juives si ce n'est la sœur de Moïse l'égyptien. Ainsi quand Maria sentit le danger de rester en Palestine, elle se réfugia chez les siens. La conception divine de Marie est similaire à la conception d'Aménophis III ou d'Hatchepsout. Le 2° chapitre de Matthieu (II: 15 = Osée XI: 1) rappelle la prophétie “d'Égypte, j'ai appelé mon fils”. Poursuivons, la circoncision est une coutume égyptienne attestée depuis le III° millénaire avant notre ère, bien avant Abraham. La discussion de Jésus âgé de 12 ans avec les docteurs de la Loi dans le Temple reproduit un conte égyptien populaire au 1° siècle où Satme un fils de Ramsès II, appelé Si-Osiris, plongea dans l'étonnement les scribes de Double maison de Vie du temple de Ptah, et à l'âge de 12 ans avait surpassé scribes et savants dans la lecture des livres sacrés. A propos du baptême conféré par Jean Baptiste, l'évangile des Hébreux met dans la bouche de Jésus les paroles suivantes : “Quel péché ai-je commis pour aller me faire baptiser par lui (Jean Baptiste) ? De même Marcion refusera d'intégrer dans son évangile l'épisode de ce baptême, considéré comme une addition judaïsante. Durant les cinq premiers siècles, et l'art paléochrétien en témoigne, la croyance dominante en Orient comme en Europe était que Jésus fut baptisé enfant. Le baptême en Égypte existait dès le 2° millénaire avant notre ère. Il était couramment pratiqué à la période gréco-romaine dans le culte d'Isis. Jésus s'exprimait en araméen, non pas dans l'hébreu académique et aristocratique. Sa dernière parole est en araméen invoque El-i, mon Dieu, mais aussi bien en hébreu qu'en araméen ou en phénicien. L'évangile de Pierre, trouvé en Haute Égypte, nomme Jésus Seigneur (et non pas avec le terme judéomessianique Christ) ; les derniers mots qui lui sont attribués sont en égyptien : “Mon ka, mon ka, tu m'as délaissé”, en grec dynamis, force. Dans la théologie égyptienne, c'est Atoum qui est le ka de tous les dieux dès le 3° millénaire avant notre ère, puis c'est le monothéisme d'Isis, précurseur du christianisme, qui prendra la relève. Et les femmes présentes commémorèrent la mort d'Osiris à la manière égyptienne en pleurant et en se frappant la poitrine. L'histoire
romaine en Palestine est jalonnée de
révolutionnaires égyptiens, et tout harangueur
de foule était un
égyptien. Paul l'expérimentera
une
génération plus tard à Jérusalem,
après qu'il soit revenu à l'observance
de la Loi juive. Il fut quand même
contesté
par les juifs d'Asie, et dut se réfugier
à la forteresse Antonia (Actes
XXI). Le tribun de
la cohorte romaine prend
pour un égyptien
(XXI:38). De même
Jésus vivait en Égypte
dès l'enfance
(selon de nombreux apocryphes), il
étudia la médecine et y reçut sa
formation avant que d'y être salarié
(selon Origène
citant Celse, le talmud de Babylone...). Une fois arrivé en
Palestine, il y rencontre un contexte
cosmopolite intégrant des populations
égyptiennes. Il était sans doute vêtu
d'un pagne comme un prêtre égyptien, le visage rasé
travaillant pour vivre comme tout prêtre
égyptien. Sa longue tunique est un himation grec qui
apparaîtra plus tardivement dans l'art
chrétien. Il pratique les procédés de la médecine
égyptienne, les exorcismes. Son emblème
n'est pas la croix, mais l'animal sacré
d'Osiris, le poisson. En annexe des temples
égyptiens, la Maison de Vie,
Per- Ankh était une
maison d'études, ancêtre des universités, et
il existait aussi des
installations pour recevoir des malades. Où
Jésus a-t-il étudié
? Était-ce en haute Égypte, haut lieu de résistance contre
l'occupation gréco-romaine, au Muséion
d'Alexandrie, dans le temple d'Abydos,
encore actif, ou même celui d'Héliopolis
? Celui-ci fut visité par Strabon (-58 à + 21-25 de
notre ère) à la suite de Platon et
d'Eudoxus. L'ancienne ville d'Héliopolis
fut identifiée par Champollion comme l'actuelle
Aïn Shams, adjacente à Matariyèh,
où se trouve raconte-t-on l'arbre qui abrita
Marie exténuée et l'enfant
Jésus. La représentation
de Jésus en pagne ou en tunique courte,
imberbe va évoluer dès l'officialisation
de l'Église au IV° siècle, et
le
canon
intégrera nombre d'additions
judéo- chrétiennes.
Jésus, barbu,
portera une longue tunique. Jésus
se revendique comme médecin (“Médecin,
guéris-toi toi-même” Luc IV:23) mais
surtout comme prophète (Matt XIII:57, XXIII:37,
Marc VI:4, Luc IV:24 et XIII:33, Thomas
XXXI:2), ce qui en Égypte correspond
aux prêtres lecteurs, prêtres supérieurs
capables de guérir les malades et
d'opérer
des
prodiges. La fonction de prophète a
disparu (l'esprit de la prophétie s'est
éteint avec Malachie (Lamentations II:9). Jésus
donnera aux disciples le pouvoir de
marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de
l'ennemi, ce qui constitue la véritable
médecine égyptienne. La
fièvre est considérée comme un
démon que
l'on menace pour mettre en fuite (Le papyrus
de Leiden de la période ramesside précise
la formule : “Va-t-en, sors des membres
d'un tel”, ou encore “va-t-en,
retire toi
d'ici, sors !”).
On pratique aussi l'imposition
des mains (Texte des sarcophages
datant de 2000 ans av. J.C. : “Hathor
impose ses mains sur moi”) comme Jésus
le faisait (Luc XIII:11-13).
L'exorcisme d'un démon peut aussi
nécessiter le dialogue, voire
des pourparlers. Le même papyrus de Leiden
relate le transfert d'une troupe de démons
d'un malade vers un troupeau d'ânes sauvages.
Ceux-ci furent ensuite exécutés
afin que
leur sang coule
à terre et soit foulé aux pieds.
Ceci se retrouve dans les évangiles (Marc
V:1-13, Matt VIII:28-32, Luc VIII:26-
33) où Jésus transfère une
légion de démons dans un troupeau de porcs, qui
périssent dans un gouffre. Le culte d'Isis Le
christianisme s'est développé en
premier lieu chez les
Nations, comme secte isiaque
et non pas chez
les juifs en tant que secte juive. La
mère et l'enfant Marie / Jésus
reprennent le
thème Isis / Horus. Baptême, trinité, incarnation,
rédemption, résurrection sont autant
de thèmes inconnus du judaïsme. Le dieu
mis à mort est un blasphème pour les juifs,
mais c'est l'essence même de l'osirisme.
Dans l'au-delà : résurrection
des morts,
jugement
dernier, paradis et enfer étaient
apparus plus de 2000 ans auparavant pendant
que les juifs débattaient de la
résurrection et que les sadducéens qui détenaient
le pouvoir officiel au sein du peuple
juif niaient l'immortalité de
l'âme,
et donc
les récompenses
ou les châtiments dans l'au-delà. C'est à la suite de la terrible oppression des envahisseurs assyriens en 671 avant JC., repoussée en 651 par Psammétique 1° que les égyptiens vont propager le culte humaniste et universaliste d'Isis (celui de la trinité égyptienne Osiris-Isis-Horus) en Égypte comme à l'étranger pour promouvoir la paix et la fraternité dans le monde. Les conquêtes perses, macédoniennes et romaines ne feront que répandre l'injustice, l'appauvrissement et le culte d'Isis apportera aux populations opprimées un baume à leurs souffrances. Isis deviendra déesse de la Justice, la Mâat millénaire qui ramènera la justice, l'égalité entre tous les hommes. Son culte se répandra dans l'Europe, de l'Angleterre jusqu'en Inde et en Chine (des monnaies en témoignent). Si les romains dominèrent par la force brutale, l'Égypte conquit le monde romain par sa religion humaniste. Nous sommes habitués à croire que la Palestine n'est peuplée que de juifs gravitant autour d'un sanctuaire unique, le temple de Jérusalem. Mais l'empire romain s'étendait sur une grande diversité d'habitants, les populations égyptiennes, arabes, syrophéniciennes et des îlots grecs et juifs pratiquaient différents cultes avec un grand nombre de temples et de lieux saints dans toutes les grandes villes. Des fouilles ont permis d'en retrouver des traces. L'historien juif Flavius Josèphe témoigne que plusieurs religions se pratiquaient. Le Temple de Césarée
était à la gloire de l'empereur, arborant
une statue aussi grande que celle de Zeus
à Olympie. D'autres étaient
établis à Sébasté
(Samarie), aux sources du
Jourdain, ou
dans le royaume
d'Hérode. Le culte de la trinité
égyptienne possède des sanctuaires dans
les grandes villes à Sébasté ou
à Jérusalem,
ou dans les contrées où Jésus exerce
son activité, en Palestine, en Syrie, en Phénicie.
César lui-même s'adapte, il fait embellir le temple de
Philæ et s'y fait représenter en
posture de prière devant Isis et Horus, ou Osiris et Isis.
Hérode est arabe, selon
Flavius Josèphe (père iduméen,
mère arabe),
et le temple de Jérusalem sert plusieurs
cultes, le culte cananéen d'El
le Très haut, le culte romain de César
et le culte juif de Yahvé. Sous la
domination grecque, un culte sera rendu
à Zeus sous la forme du Baal Shanem cananéen.
Des prières sont récitées à
l'intention
des rois perses. Le temple est construit avec des fonds
avancés par le roi de perse pour créer
un lieu de culte commun à toutes les nations. Les
sadducéens et les pharisiens
exhortèrent les révoltés de
l'an 66 à ne pas cesser les
sacrifices pour les empereurs (Guerre
des juifs II:17, 2). Le culte isiaque a son
propre clergé, ramification du clergé égyptien.
Flavius Josèphe rapporte qu'un prophète
égyptien était en activité sous
Néron. Les mœurs des
prêtres isiaques
sont si pures que Tertullien les propose comme modèle
à bien
des chrétiens. Les prêtres égyptiens répandaient le
culte d'Isis en identifiant celle- ci
à la
divinité locale, puis enseignaient graduellement
leurs principes humanistes et universalistes,
remède aux maux de l'empire romain.
Apulée dans les Métamorphoses
fait
dire
à Isis que “le monde entier me
vénère sous des formes
nombreuses...” En Samarie, à Césarée
furent découvertes des traces du culte de Sérapis
et d'Isis la bonne.
Le culte de la trinité
égyptienne s'implante dès le
XI° siècle av. J.C. alors que la
Palestine était égyptienne avant de devenir assyrienne.
Une plaque d'ivoire
trouvée sur un fauteuil de dignitaire, dans les ruines du palais
des anciens rois d'Israël
à Samarie, représente Horus offrant Maât à
la Divinité Suprême. Une autre plaque sur
un trône représente l'enfant dieu Horus assis sur un lotus,
couronné d'uraei et armé du flagellum. Ce culte persiste
jusqu'au III° siècle avant J.C.
Une statue d'Isis du II ou III° siècle fut
trouvée à Samarie la représente porteuse de la torche du
monde souterrain car elle a les clés
de l'enfer et de l'autre main les
épis de blé car elle est la
déesse des semailles et des agriculteurs. En
l'an 18 Hérode Antipas crée
Tibériade sur
les ruines de
Sepphoris en Galilée,
composée de
nonjuifs (les juifs la jugent
impure et prohibent
son accès). Elle
comportait pourtant une synagogue, au
sens de lieu de réunion,
une
ample construction pouvant contenir une grande assemblée.
Les menorot (pluriel de menorah) qui la
décorent sont d'origine syrienne.
Le terme est arabe dérivé de nûr,
lumière
ou nâr,
feu pour désigner un chandelier. Ce chandelier
existait en Syrie au XIX°
siècle avant notre ère, deux siècles avant Abraham, six
siècles avant Moïse, Mille ans avant Salomon.
C'est durant l'exil à Babylone que les juifs
intégreront la menorah dans le code sacerdotal. Un
zodiaque y est dessiné
avec des formes animales et les 4 saisons
représentées par des femmes. Hélios au
centre rappelle qu'Osiris ressuscité rejoint le
Dieu Atoum Rê, un croissant le côtoie, figurant
Isis. Les dalles reproduisent un nœud en
motif décoratif, tel le nœud égyptien
d'Isis, symbole
d'immortalité. C'est à
Tibériade que Jésus commence son
activité. Or les temples égyptiens
intégraient toujours une maison de vie et des installations pour
recevoir les malades.
Les grands centres de pèlerinages coptes
ont gardé cette tradition. Une formule grecque
de guérison attestée à
Épidaure est "devenir
sain",
celle-ci se retrouve 4 fois dans le
seul évangile de Jean pour parler uniquement
de Bethesda. Le complexe était vaste,
et permettait les cultes. Des trouvailles archéologiques
ne laissent aucun doute. Un fragment de stèle
comportant un serpent
et des épis de blé, deux bateaux de pierre
ornés d'un motif étoilé et
de
poissons; à la
main
gauche de déesse, une lampe en or en forme
de barque. Nous ne sommes pas de toute
évidence dans un lieu de culte juif. Or
un
prophète juif ne
serait jamais entré dans un tel
sanctuaire, de surcroît le jour du sabbat (Jn V:5-9). L'Égypte
a connu vers 2200 ans av. J.C. une révolution
qui mit fin au régime féodal de l'Ancien
Empire. Dans le texte des Sarcophages,
2000 ans avant notre ère, le défunt
n'est admis au ciel que s'il déclare avoir
partagé ses biens sur terre. Cette
idée de partage a
traversé les siècles, jetant
les bases des
communautés. Elles apparurent
au Nouvel Empire
chez les artisans de
Deir eI Medineh au
temps d'Aménophis
I°. Puis ce furent des associations
religieuses attestées sous le règne d'Amasis
(57O-526av.J.C.), elles furent des fraternités
(SNT, sounet) qui prirent la dénomination
arabe de confréries, et qui désignent
aujourd'hui encore chez les Coptes
les
associations religieuses. Les prêtres égyptiens
dans les Maisons de vie prenaient leur repas
en commun et possédaient leurs biens
en commun. Strabon en témoigne pour le
Museon,
Maison de Vie à Alexandrie. Il est possible
que ce mode de fonctionnement ait inspiré
Platon pour sa République, puisqu'
il vécut
13 ans à
Héliopolis / On. L'historien grec
Philostrate atteste que Platon a beaucoup emprunté
aux prêtres de l'Égypte. Ceci nous ramène
six siècles avant que I'on ne parle
des Esséniens,
des
Thérapeutes ou des Qumrâniens
et des futures communautés monastiques.
Jésus a étudié la médecine égyptienne
dans les Maisons de Vie. (C'est pourquoi il
créera ces sortes de communautés partout où il a
exercé son ministère. Les adeptes d'lssâ
s'appelèrent les Issiyîn,
en grec essenoi.
Jésus a-t-il été un disciple des
esséniens
ou bien les esséniens sont-ils disciples
de Jésus ? Toujours est-il que le christianisme
s'est enraciné rapidement en Égypte
et profondément. L'école théologique
d'Alexandrie, la Didaskalion, fondée par saint Marc,
a formé certains des plus grands théologiens
(comme Origène) dans un esprit œcuménique,
plus philosophique que rhétorique.
Le monachisme y a éclos et a sous-tendu
le développement du christianisme.
L'iconographie chrétienne représente
Marie dans un manteau bleu ciel parsemé
d'étoiles, comme un reflet de Nout, la
divine voûte céleste, la reine des cieux. L'âne
qui servit de monture à Jésus dans la fuite
en Égypte mais aussi pour son entrée à
Jérusalem
évoque la 9° heure du Livre des Morts
(ou de la sortie au jour), dans la traversée
des enfers où Iai,
Dieu égyptien à tête
d'âne,
qui
symbolise
l'activité Sur
le message de Jésus La parabole du
grain de blé nous
rappelle la légende d'Osiris. Osiris
était symbolisé par le blé (ou
l'orge). On
le foulait aux pieds et on enfouissait
les grains. Osiris reposait alors dans
l'obscurité (les enfers) et alors pouvaient germer de
nouvelles pousses (la
résurrection). Quand les
égyptiens de l'antiquité avaient fini de labourer
leurs champs, ils faisaient une grande fête
et invoquaient la Lune pour sa faculté
de
génération. Ensuite ils ensemençaient
le champ en pleurant Osiris dont ils
venaient de mettre en terre les parcelles.
Pouvons nous trouver
un lien entre la
Cène et l'Eucharistie avec
la tradition égyptienne
? (C'est
encore le Texte des Pyramides qui sera
sollicité : “Les forces d' Ounas sont
derrière lui... qui vit de l'être de chaque dieu, qui mange leurs
entrailles... C'est Unas qui se nourrit des
dieux, Unas mange leur
magie, avale leurs esprits... car il a avalé la
connaissance de chaque dieu”. L' idée poursuivie
étant d' acquérir des valeurs spirituelles
par une communion ou une union physique.
La communion chrétienne reprend cette opération
mais en substituant la foi à la
magie
des anciens égyptiens. Ceci
éclaire certains passages de Jean
(VI:48-58) : “Celui qui mange ma
chair et boit mon sang à la vie éternelle
et je le ressusciterai au dernier jour”. Jésus
accorde beaucoup
d'importance au cœur :
“Heureux les cœurs
purs”, “c'est du cœur que viennent
les mauvaises pensées” etc... Et pour
l'égyptien, le cœur est le lieu
privilégié de son corps par lequel passe
l'inspiration divine.
Le cœur d'un
homme est “son dieu lui même”.
Et l'homme, selon qu'il avait ou non le cœur ouvert,
pouvait ou non entrer en communication avec le Divin
et lui obéir. D'ailleurs c'est le
cœur uniquement qui répond au jugement de la
Psychostasie. Le rôle du fils dans la mythologie
égyptienne est celui de médiateur entre
son Père et les hommes. Il a reçu de son
Père tout jugement sur les hommes et personne ne peut
voir le Père s'il n'est pas introduit par le
fils. Ainsi parle Horus, fils d'Isis: “Je
suis venu à toi, ô Beauté
suprême, et je t'amène ce
défunt, son cœur est vrai, il
est sorti victorieux de la balance, et il n'a
péché contre aucun dieu”. Citons Jean (V:22-23)
:“Le Père aussi ne juge personne; mais il a remis au
Fils le jugement tout
entier, afin que tous honorent le Fils, comme
ils honorent le Père”. Conclusion “D'Égypte
j' ai appelé mon fils” annonçait Osée
(XI:1) et repris par Matthieu (II:15)
après avoir relaté la “fuite”
en Égypte. Ce récit
reprend une trame commune à Abraham, à
Joseph, à Moïse, comme un périple initiatique,
un véritable retour à la terre promise.
Isaïe annonce la proclamation de l'Éternel
: “Béni soit mon peuple d'Égypte”(Is
XIX:25). Cette planche avait pour but de vous montrer que
la religion chrétienne a su
s'implanter facilement chez ceux
qui
avaient le credo osirien. Une rupture brutale
ne fut pas nécessaire envers leurs concepts
traditionnels puisqu' il n'existait pas de contradiction, et la
religion
chrétienne n'a pas dû
paraître
étrangère aux yeux des égyptiens.
Jésus amène simplement un nouveau
développement à la religion
multimillénaire. Quant à savoir si
Jésus était ou non un vrai Fils d'
Israël, la question vous est
posée. Elle devient aujourd'hui relative quand
l'état des recherches historiques replace en
Égypte l'origine du peuple hébreu,
et que les
recherches génétiques sur
certains pharaons
semblent indiquer
de curieuses proximités entre les deux
peuples. Quoiqu'il en
soit, le Divin n'a jamais rien perdu de son unité. F\
Den Bo - R\L\
Héliopolis à l'O\
Foix Jésus, le nonjuif /Sarwat Al-Assiouty. Letouzay & Ané. Paris 1987 Le Monde Inconnu, N° l52, 153, 154, 156, 157-158 (dès Octobre 93) Le monde copte (N°9 fin 1980, N° 19 Juillet 91) (N° 29-31 Déc. 2000 |
B005-E | L'EDIFICE - contact@ledifice.net | \ |