GLFM | Bulletin : Bulim Misraïm | 02/2009 |
A
la Gloire du GADLU de la GLMF
VM
et vous
tous Mes Sœurs
et mes Frères en vos degrés
et qualités
Je
vais vous lire cette petite planche que
j’ai intitulée
modestement : A LA GLOIRE DU GRAND ARCHITECTE
DE... LA GRANDE LOGE
FRANCAISE DE MISRAIM L’aube
est naissante. Un léger brouillard
flotte sur
cette campagne
déserte. L’homme frissonne,
il relève le col de son costume défraîchit,
ses doigts serrent encore plus
fort la
poignée de
l’étui de sa guitare. Une forte angoisse lui noue
les tripes. Seul, planté au milieu de ce
carrefour lugubre, il ne sait plus d’où
il vient ni où aller... Pour calmer les battements de son
cœur, il décide de s’asseoir, là, au milieu de
ce carrefour et de réfléchir, de
méditer. Petit
artiste minable, homme de couleur dans
une Amérique hostile, la vie, jusqu’à
présent, ne
lui a pas vraiment sourit. Pourtant il
sent confusément
que
cette intersection va jouer un rôle
essentiel dans sa vie... Le
jeune Robert ne s’est pas trompé. Une apparition
va lui échanger, ce matin blême à ce
carrefour perdu, son âme contre la gloire
et la célébrité et lui montrer la
voie. Sa musique le conduira au sommet
mais il sera condamné à
témoigner de la misère de ses frères. Cette version
de la damnation de
Faust, c’est l’histoire
du blues. C’est la légende
de Robert Johnson,
guitariste de génie, qui va,
au prix de la vente de son âme au
diable, inspirer toutes les
générations de musiciens
jusqu’à nos jours.
C’est
l’aventure d’un homme qui, à la croisée
des chemins, donna un sens à sa vie comme
à sa
mort en initiant un style de musique désormais
traditionnel et je pense immortel. Ne vous
est-il pas vous aussi à un moment de
votre
vie, comme Robert Johnson, trouvé à un croisement de plusieurs routes ?
Obligé de choisir
une direction, avec une forte envie de changer
de chemin, pour donner un autre sens à votre
vie. Alors, ce
n’est pas d’un homme de couleur mais
d’un
homme haut en couleurs, dont j’aimerais
vous parler aujourd’hui. Pas de rencontre
avec le diable non plus, mais plutôt d’une
conjonction d’événements qui ont abouti
à un
choix, une direction qui font que nous sommes
tous ensemble réunis en ce temple. Pas
de Blues ni de tristesse enfin, mais
d’une joie intense de pouvoir partager tous ces
moments chaleureux et fraternels avec vous depuis maintenant presque
une quinzaine
d’années. Comment en effet, ne pas saluer l’excellente
initiative de notre grand maître
qui a tenu à fêter le fondateur de notre obédience
et à lui rendre hommage ne serait- ce que
pour l’encourager à redoubler d’efforts
et continuer à délivrer son énergie
inépuisable et à orner les
colonnes
de nos loges sur tous les continents pour au minimum les
quinze années
à venir. Tout le
monde connaît Papou, mais j’ai la prétention
de mieux le connaître que
vous. Allez savoir pourquoi ? Je peux même vous faire une
révélation, Papou n’a
véritablement fait que
deux choses sensées dans sa vie : le 01
août 1955 lorsqu’il a eu un fils et en juin 1974
lorsqu’il l’a initié, cela dit en toute modestie bien sûr.
Avant ? Rien ! Après ? Rien ! Ou si peu de choses
que nous allons les balayer
rapidement... Il est né
un 03 décembre – du signe zodiacal du sagittaire –
signe de feu. Vu qu’il m’a rigoureusement
défendu de donner l’année et que
je suis un fils obéissant, je me contenterai de dire qu’elle
se situe entre l’année 1915 et l’année
1950. A vos calculettes ! Le
petit André se fait vite remarquer par
son inaptitude
à la
discipline, caractéristique qui le poursuivra
jusqu’à nos jours et qu’il transmettra
bon gré mal gré à sa progéniture...
Arpentant la campagne Poitevine,
célèbre pour engendrer les plus beaux
ânes du monde, il se sculpte le corps d’athlète
qu’il possède encore aujourd’hui et se forge un
caractère que l’on peut qualifier de « bien
trempé ». Sportif émérite,
il écume les stades de football de sa
région avec un succès mitigé, son
moment de gloire étant le jour où l’équipe
du célèbre club de Montamisé ( un village du
département de la Vienne) manquant de joueurs se
retrouve renforcée « entre guillemets
» par le petit André prêté volontiers par son club qui
pense ainsi s’assurer
une victoire facile. Ce jour là, le petit André sera
à l’apogée de son art et offrira
la victoire à Montamisé au grand désespoir
de ses coéquipiers qui ne lui adresseront
pas la parole sur le chemin du retour renonce
à ce sport collectif et se tourne avec succès
vers la natation mais aussi vers la boxe (sport
qu’il pratiquera sur une longue durée notamment
dans les carrefours de Paris lorsqu’un
automobiliste aura
l’outrecuidance de
lui griller la priorité).
La guerre arrive comme
une
parenthèse douloureuse pour cet enfant
aux portes de l’adolescence qui souffrira
des privations et d’une autorité mesquine
et sadique dans une pension religieuse,
puis c’est l’armée,
l’Indochine, la marine, naviguant sur le Jean
Bart,
période sur laquelle
il ne s’étend que
rarement... Beaucoup
plus agréable est
le retour où il retrouvera la jeune
fille qu’il avait séduit quelques
années plus tôt en plongeant du pont de Dissay qui
ne résistera pas aux charmes
de ce beau brun ténébreux aux yeux bleus.
André et
Géraldine convoleront en justes noces et de cette union naîtra
le magnifique chérubin qui s’adresse
à vous en cet instant. Cette union sera
confirmée beaucoup plus tard par une
cérémonie de reconnaissance conjugale ici même
qui restera à tout jamais gravée dans la mémoire
des participants. Comment passer sous
silence un événement qui marquera particulièrement
son existence : la
naissance de la
huitième merveille du monde
le 26 novembre
1985 en la personne de
sa petite fille
Karine. La
seule qui puisse prétendre le mener
encore aujourd’hui
par le
bout du nez qui a été à l’origine
de ce surnom de Papou qui de Pointe à
Pitre à Bruxelles en passant par le
Sud-ouest est
complètement rentré dans les mœurs au point
que, j’en suis persuadé, un certain nombre de
Frères et de Sœurs ignorent son véritable
patronyme. Celle,
pour qui il s’est porté acquéreur
d’une maison
à Marennes
d’Oléron, endroit magique où
la qualité de l’accueil n’est plus
à vanter depuis
longtemps. Sa vie professionnelle est
comme
sa vie tout court
et, nous le verrons plus
tard comme sa vie maçonnique : riche et tumultueuse. Ouvrier
chez Citroën, il intègre sa première
fraternité sous la forme d’une association
de joyeux drilles collectionneurs de
capsules de boissons alcoolisées, puis il cède aux mirages
de la libre entreprise et devient
artisan électricien ce qui lui vaudra une
semaine de cécité totale due à un magistral
« coup de
bourre ». Ces métiers, aussi
nobles soient-ils ne le satisfont
pas et il n’hésitera pas à suivre des
cours du soir pour entreprendre
une brillante carrière commerciale
dans le
bâtiment se positionnant comme
l’un des meilleurs vendeurs
reconnus sur
la place de Paris. Cette
soif de rencontres, de négociations, d’échanges
fructueux pas uniquement dans leur
aspect économique, cette envie de progression,
de réussite au bon sens du terme
l’ont
conduit
naturellement vers la Franc- maçonnerie
et bien évidemment, là non plus le parcours
n’est pas monotone. A peine le
temps d’être initié au Grand Orient de France au
sein de la Respectable loge les Fidèles
d’Hiram qu’il suit son parrain à la Grande Loge
de France pour créer une loge intitulée Benjamin
Franklin. Son dynamisme, sa
fraternité, son assiduité et n’ayons
pas peur des
superlatifs son intelligence l’amènent
à accepter
quelques années plus tard le premier maillet de cet
atelier. C’est à partir de cet instant
qu’il va pouvoir donner libre cours à ses multiples
facultés. Il entreprend de démultiplier
les talents des frères de Benjamin Franklin pour
créer d’autres ateliers qui prendront tous
pour signe distinctif le nom d’un
Président américain franc-maçon. Ainsi
naîtront
les respectables loges Thomas Jefferson,
Georges Washington, Théodore Roosevelt et
Rudyard Kipling qui, bien que comme
Benjamin Franklin n’ayant jamais été Président,
ne déparait pas dans le paysage. Anecdote :
au cours d’une tenue, il a la surprise
de trouver dans le sac aux propositions,
une demande d’initiation émanant
d’un
certain Eric JACQUES. Bien que
n’étant pas le parrain de son fils, il aura la joie (je
l’espère) de lui donner une seconde fois la vie, moment, inutile
de vous le préciser,
chargé d’une émotion d’une
rare intensité.
Mais les frontières de la banlieue Ouest de Paris sont bien
trop étroites pour
lui et il entreprend suite à la demande d’un
frère de
sa loge de réveiller le Maçonnerie Catalane encore sous le choc du
franquisme. Une dizaine
d’espagnols montent à Paris, sont accueillis et pris en charge
dans les familles des
frères, ils sont initiés le lundi,
élevés au compagnonnage le mercredi,
exaltés à la maîtrise le
vendredi Ils repartent dans leur pays, contents et
satisfaits, en ayant pour mission
de réveiller et de développer. Mais hélas,
les grandes obédiences sont comme les petites,
composées d’hommes avec toutes leurs
forces et leurs faiblesses. Cette façon de faire ne plait pas
à tout le monde et, disons le clairement,
certains gros pontes s’inquiètent, devant
tant de dynamisme, de voir leurs privilèges et
leur pouvoir remis en
question. Une erreur
administrative anodine,
une tentative
de noyautage d’une loge
par l’extrême droite, et tout
bascule, quand les turpitudes
du monde profane s’immiscent trop étroitement dans
la vie des loges, on court inéluctablement
à la catastrophe et malheureusement, cela
débouche toujours sur des drames collectifs et
individuels. C’est donc le cœur
lourd avec un profond sentiment d’injustice, que
plus d’une centaine de frères
vont quitter la Grande Loge de France. Papou
est un accroc de la Franc-maçonnerie au
cas où vous ne l’auriez pas deviné. Pas
question
de se priver de ces réunions mensuelles,
de ces contacts fraternels, de
cet athanor,
de cet
égrégore bref de tout ce qui fait la magie de
nos tenues. Petite parenthèse, il faut
croire que les tenues ne lui suffisent pas puisque même au
sein de sa famille il recrute : son fils, sa belle
fille, son beau frère, son beau père,
son oncle, sans oublier Géraldine – son
épouse – qui, bien que non initiée en
connaît certainement plus sur la
franc-maçonnerie que nous tous réunis. Seule
Happy, le petit bichon frisé
n’aura pas été l’objet de ses
sollicitations et
encore, n’a-t-il pas
rêvé secrètement d’ouvrir une loge
canine et de lui confier le premier maillet ? Redevenons
sérieux, A cette époque, la Grande
Loge Nationale Française entreprend d’ouvrir
ses portes à double battant pour pouvoir,
en terme d’effectifs, rivaliser
avec les deux autres
« grosses écuries »,
c’est donc à bras ouverts que Papou et
son
escorte d’une soixantaine de
frères,
sont intégrés dans différentes
loges.
L’expérience tient une école où les
leçons coutent cher disait benjamin Franklin
qui ajoutait perfidement mais où les sots
peuvent s’instruire... Papou est-il sot ? N’a-t-il pas
payé assez cher l’expérience de la G.L. ? Toujours est-il que
nous voici repartis vers de nouvelles aventures.
Certes les présidents
américains sont oubliés, ce sera désormais, je vous
le donne en mille, l’Égypte
! Ça ne vous rappelle rien ? Et la première
loge s’appellera ? Allez... un petit effort
d’imagination ! Le scarabée d’or !
Eh oui, vous avez
bien entendu ! Le scarabée
d’or
! De nombreuses loges seront
ensuite créées
portant des signes
distinctifs égyptiens. Et bien
entendu, ce qui devait arriver arriva, les
mêmes causes produisant en général les mêmes
effets, cette progression provoque des jalousies,
des inquiétudes, etc. Le paroxysme est
atteint lorsque dans cette logique de prosélytisme,
un Grand Maître provincial de l’obédience
impose, contre l’avis de la loge, l’initiation
d’un individu pourtant peu recommandable au casier
judicaire de la taille de
l’encyclopédie universalis. C’en est de trop
! Nous quittons la GLNF et reprenons notre
bâton de pèlerin pour marcher vers d’autres
cieux... d’ailleurs, n’est-il pas inscrit dans la
tradition familiale de
marcher dans les pas
de notre
valeureux ancêtre de Compostelle ?
Cette passion pour l’Égypte conjuguée
à la passion pour la franc- maçonnerie
va naturellement conduire nos pas vers la
maçonnerie égyptienne et plus
particulièrement vers la G.L. de Memphis-Misraïm.
Papou, secondé comme
d’habitude par plusieurs dizaines de Frères
recommence inlassablement
son entreprise de développement
en commençant par la création d’une
loge dont vous avez d’ores et déjà deviné
le nom... Ne croyez pas que le choix du
même signe distinctif soit le résultat
d’un manque
d’imagination ou le fait du hasard. Ceux qui ont
vécu cette période vous diront,
avec
des étoiles dans les yeux, que
l’évocation du Scarabée d’or,
du Sphinx, de Khepri et d’autres
était porteuse de grands moments de fraternité,
de travail et d’un égrégore que tout le
monde nous enviait. Au-delà des obédiences,
des rites, quel que soit l’endroit où
nous nous réunissions cette magie opérait invariablement, nous
encourageant à redoubler d’efforts
et
multiplier ces maisons de
vie accueillantes.
Malheureusement Memphis-Misraïm
va être
secouée par des problèmes
internes.
Comme si le sort s’acharnait
sur
nous. Mais il n’y a pas que des carreaux noirs dans le
pavé mosaïque. De ces expériences
parfois douloureuses est née une volonté
farouche d’imposer un style de maçonnerie
particulier, intégrant à la fois la force et la
beauté des rites égyptiens en évitant
les rigidités administratives des grandes obédiences et en
imposant prioritairement la politique et
l’intelligence du cœur. G.O.,
G.L.,
G.L.N.F., Memphis-Misraïm, Je n’avais
plus que le choix que de me mettre une
perruque et des
portes jarretelles et d’adhérer
à la Grande Loge Féminine
plaisante
régulièrement Papou. C’est heureusement
vers une autre voie qu’il va
s’orienter. Était-il comme Robert Johnson assis
en train de méditer au milieu d’un carrefour
? Ce qui est certain, c’est que ce n’est
pas la voix du diable qu’il entendit
mais celle
de Robert
Ambelain (l’histoire ne dit pas si
c’était le jour de la Saint Robert...) qui lui confia
la tâche de réveiller ce merveilleux
rite que
nous pratiquons aujourd’hui. Misraïm était
né. La naissance d’une obédience est un
moment
palpitant. Après le Scarabée
d’Or, ce fut
Khepri, puis les respectables
loges
Aménophis 3, le Sphinx, Imhotep,
puis ce fut le ralliement de la loge de Foix et de la Guadeloupe. Des
expériences à Marseille, en
Belgique, en Catalogne, puis l’extension
du sud-ouest : Bergerac, Perpignan, Carcassonne,
Toulouse et puis encore
le phare d’Alexandrie loge se réunissant
uniquement l’été à la
tranche sur mer
et les Frères du Nil, Neter. L’arbre du voyageur et j’en
oublie peut-être. Les ateliers supérieurs
ont
également été mis en place et sont
à la veille de connaître un nouvel essor. Le siège social
du 21 rue Cugnot, construit et décoré
des mains des Frères et des soeurs, travaux gigantesques
réalisés grâce à quelques bienfaiteurs aussi discrets
qu’efficaces. Les rituels, revus,
corrigés et édités en prenant soin de respecter nos
traditions. Les accords et
les traités d’amitié conclus avec
certaines obédiences ou loges Françaises, européennes et
étrangères. Le secrétariat et l’administration
toujours construits dans l’optique de servir
et d’aider les loges. Le travail a
été gigantesque mais le chantier n’en est
pas pour autant achever, loin de là. Certes, il
serait utopique de penser que tout cela s’est construit sans
embûche. Nous avons connu des périodes
difficiles, des frères ou des soeurs mal
intentionnés, en
général ceux à qui Papou avait
accordé sa confiance et rendu les plus grands
services, mais nous nous en sommes toujours sortis. Sans
être
pléthoriques, nos effectifs
ont atteint un
niveau respectable, les travaux sont
très souvent d’un bon niveau et surtout,
l’égrégore et la fraternité
sont nos moteurs.
Nos rituels demeurent perfectibles et sous
l’impulsion du Souverain Grand
Commandeur,
vont être rectifiés et
complétés. Des démarches
de reconnaissance mutuelle avec
d’autres obédiences sont en cours de finalisation. Bien entendu,
ces réalisations ont été
l’œuvre de nombreuses
sœurs et de nombreux frères et il serait bien trop
laborieux de les citer tous. Qu’ils soient tous vivement
remerciés. Mais c’est
avant tout le résultat de l’inspiration et de l’implication
de l’homme que nous fêtons aujourd’hui.
Alors, comment ne pas faire chapeau bas pour
l’ensemble de cette oeuvre et conclure ce propos en lui
disant : bravo Papou,
nous te remercions et nous t’aimons. Si tu peux continuer pendant de longues années l’œuvre que tu as initiée sans jamais te fatiguer Si tu peux éclairer de tes lumières vives tous nos initiés ainsi que nos convives Si tu peux sans relâche l’Égypte nous conter, puis te remettre à la tâche et toujours nous passionner Alors les apprentis les compagnons et les maîtres à jamais te remercient en ce jour de fête Et plus que les honneurs les bravos, les vivas, les cadeaux et des fleurs, tu es un vrai frère... PAPA !
J’ai dit Eric Jacques |
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