Impatient de pénétrer le mystère de la vie, je passais mon temps en contemplation.
Lors de mes promenades solitaires dans la nuit, sous le dais d’une forêt éclaboussée par le clair de lune, je rêvais du monde de l’esprit.
Un soir, le parfum d’un vent lointain me fit deviner quelque chose – une révélation que mon passage à travers l’obscurité rendait encore plus palpable.
Je regardai humblement l’immensité du ciel et m’interrogeai :
« Qui suis-je, sous ce ciel sublime et sans limites ? D’où suis-je venu et comment suis- je apparu ici-bas ? Est-il un autre objectif que de m’émerveiller devant les surprises du temps ? »

La lumière des étoiles me souffla alors le message du prophète :
« Le temps est le battement de cœur de l’éternité, une pulsation ondulant à travers les profondeurs de l’espace.
La Mère Océan danse en rythme avec la lune, mesurant le temps sans relâche.
Le Père Montagne connaît le temps à mesure que des siècles de précipitations creusent des sillons sur ses versants.
Le temps est le garde-barrière de tous les phénomènes, celui qui, par son tic-tac incessant, rythme la suite ininterrompue des instants. Et rien ne sert ici de s’agripper, car le changement est perpétuel.
Suspendu aux filaments de la perception, entre les images nébuleuses de ce qui fut et l’horizon de ce qui sera, tu es le témoin immobile de tout ce qui passe devant tes yeux.
Car c’est de ta première pensée que le temps est né.
Toute merveille s’évanouit, tout plaisir disparaît.
Mais toi tu demeures, observateur invisible. Dans ta quête de vérité, porte ton regard au- delà des champs linéaires du temps et de la logique.
Si les barreaux de ton échelle ne sont que concepts et raisonnements, tu auras beau grimper, tu ne progresseras jamais.
La vérité est un gouffre paradoxal que tu rencontres par hasard. Et la voilà qui te sourit, aussi nue et irrationnelle que l’amour. Dans le silence de ton cœur, tu peux découvrir intuitivement les lois qui modèlent ta vie et façonnent ta destinée.
Chasse tes préjugés. Chaque fois que tu plongeras ta coupe dans le fleuve de la création, tu en retireras une eau fraîche et neuve.
Une vérité proférée ne demeure qu’un instant sur tes lèvres. Et une vérité dont on se souvient n’est pas une vérité – elle n’est que le reflet d’hier dans le miroir du temps.
Les concepts jettent toujours un sort sur la pure perception, réduisant les miracles à des faits.
Par delà l’apparence des pensées, ouvre-toi au grand calme. Délivre ton esprit des mirages de l’interprétation.
Que ta langue goûte une saveur différente d’un savoir rebattu dans des livres d’un autre temps et d’une autre histoire.
Tu es la vérité vivante.
Au premier clin d’œil du soleil, ta rêverie commence ; tu crois que tu es réveillé, mais ton rêve continue dans le sommeil de l’oubli.

Si seulement tu pouvais te rappeler qui tu es, comme tu rirais avec les dieux de ton absurdité et de ton sérieux !
N’oublie pas que tout cela, l’avant comme l ’après, s’en est venu et s’en est allé - Tu es là puisque je suis. » 

Extrait de l'œuvre de Hajjar GIBRAN - « Le retour du prophète »

Voici en pièce jointe un texte proposé au titre des cinq minutes de symbolisme par notre S Orateur Il est de Haâar GIBRAN "Le retour du prophète".

Le SGM Provincial Jean MADRENAS fera un article sur l'installation de la Grande Loge Provinciale du Sud Ouest.
Fraternellement.
 
La TCS\ O\ de R\L\ ATHANOR à l’O\ de Perpignan