GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 04/2009

Philae raconte - suite...

...
tandis que la cave et le grenier échangeaient leurs sentiments doués d’une amitié toute relative, des bruits extérieurs vinrent troubler cette tendre conversation...

La cave, surprise et inquiète
: N’avez-vous rien entendu, quels sont donc ces bruits de marteau ou bien d’outils ?
OH LA ! Ne tentez pas de détourner mon attention car en plus de vos visions EGALITARISTES vous entendez des voix maintenant, comme Jeanne, la Sainte Lorraine !

La cave, courroucée
:
Cessez-là vos prétentieuses querelles et puisque vous êtes si HAUT placé, mieux que moi affirmez-vous durant chaque seconde qui s’écoule, ne voyez-vous rien dehors ?

Scrutant le paysage
:
Pour une fois, je le note, vous avez raison : une maison se construit dans le jardin voisin, mais... que vois-je ?

Curieuse
:
Oh, je vous en prie, dites-moi vite ce qui se passe !

Stupéfait
:
Vous ne me croirez jamais...

Toute excitée
:
Cessez de nourrir ma légitime curiosité et expliquez-moi ce qui se passe et ce qu’ils font !

Le grenier, taquin, fait languir la cave
:
Eh bien c’est simple, ils l’ont oubliée, ils l’ont bâtie... la maison... SANS CAVE... (ricanant). Il est vrai que ce n’est pas toujours indispensable... Une CAVE.
Oubliée, oubliée, pas indispensable, c’est vous qui le dites et en fait, à ce que je vois, ils ne veulent pas d’un GRENIER non plus (ricanant à son tour). Ils construisent MODERNE, comme ils le disent et se vantent !

Balbutiant
:
MODERNE ? Ils ne savent pas ce qu’ils font car enfin comment vont-ils vivre sans grenier...et faire, bien sûr, sans CAVE ? Cherchant à comprendre :
FAIRE, comme FAIRE, de quoi parlez- vous ?

Péremptoire
:
Enfin quoi, une maison même MODERNE, où l’on ne peut entreposer des conserves c’est ignorer l’avenir en négligeant les lendemains et n’est-ce pas également dans les temps actuels, un manque évident de sagesse ? N’est ce pas faire fi de notre utile présence, NOUS, les gardiens du PASSE... ?

La cave, troublée et dubitative :

Ca... c’est sûr, des conserves... C’est bien utile... Surtout quand le temps se gâte !

Le grenier
:
Et puis dans une cave, il y fait frais et cette fraîcheur est bien agréable justement pour les conserves tel que vous le pensez et tenez, moi, je garde également pour la soif, comme on dit, des condiments et autres mangeailles, différentes des vôtres mais utiles tout de même MADAME LA CAVE.

La cave
:
Là, je suis d’accord avec vous et puis il n’y a pas que cela, on a tous besoin d’une CAVE... et certainement aussi d’un GRENIER, MONSIEUR
LE GRENIER, dit- elle avec sincérité.


Enregistrant la remarque avec satisfaction :
Ca, je ne vous le fais pas dire, c’est vrai quoi, dans une cave, en plus des précieux aliments, on y range également les outils de jardin, le « barbecue » comme ils disent, et en plus, c’est bien pratique pour ranger les vélos, ils sont à l’abri quand il pleut... MADAME LA CAVE...

Flattée
:
Oui, c’est bien quand il pleut mais chez vous, MONSIEUR LE GRENIER, en plus des bonnes choses sucrées et bien odorantes que vous protégez des vents, vous faites sécher sur vos fines claies les futures tisanes et ça, c’est bon pour l’hiver les tisanes, croyez- moi !

Caressant
:
Mais vos fruits frais MADAME LA CAVE, c’est bon aussi des fruits frais, protégés et à l’abri du cuisant soleil, et vous, vous n’en manquez pas de cette fraîcheur. Vous n’êtes pas trop humide non plus, juste ce qu’il faut...

La cave avec humilité
:
Vous croyez ?
Rassurant :
Affirmatif !

Soucieuse et coquette
:
Ne suis-je pas trop sombre, par ailleurs ? De plus en plus gentil :
Nullement, MADAME LA CAVE et puis vos liqueurs, vins et champagnes se bonifient chez vous, dans vos profondeurs. Vos casiers sont de véritables et confortables « palaces » pour eux et leurs vieux jours !

Avec une poésie approximative et pompeuse
: Il est vrai que par le temps, facteur d’excellence, les rides creusées sur leurs étiquettes poussiéreuses sont les véritables sillons et marques du bonheur pour ces précieuses bouteilles mais, quand je songe à vos fleurs séchées, aux délicats parfums qu’elles dégagent et aux merveilleux bouquets qui colorent et ornent vos lambris, l’émotion me rend muette. Lorsque les beaux jambons suspendus à vos poutres solides, viennent par leur rustique et campagnard fumet chatouiller délicieusement les nez des affamés, leurs délicats parfums de fines salaisons et je pose la question : ne sont-ils pas les signes salivants de régals annoncés ?
 
A SUIVRE DANS LE PROCHAIN NUMERO
Publié dans le Bulim - Bulletin N° 7 - 30 Avril 2009  -  Abonnez-vous

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