Editorial
du Sérénissime Grand Maître
Derrière
les vieux adages se cachent souvent des vérités
profondes... Prenons par exemple « il
ne faut
jamais dire, fontaine, je ne boirai pas
de ton eau ».
Cet appel poétique à la réflexion et
à la
tolérance nous enseigne que, quelles que
soient nos certitudes, nous devons toujours garder une part de doute.
Ne dit-on
pas par ailleurs
que le
doute est le début de l’intelligence
?
Lorsque
que j’ai accepté d’occuper la charge de Sérénissime
Grand Maître, j’ai souhaité, sans toucher
à notre
tradition, modifier un certain nombre
d’habitudes, de procédures, de pratiques qui
ne me semblaient plus adaptées à
l’évolution souhaitée
unanimement pour notre obédience. Excusez
cette comparaison excessive et peu maçonnique,
mais, on ne peut pas espérer transformer
une PME en grande entreprise en conservant
les mêmes modes de fonctionnement, les
mêmes structures voire les mêmes
décideurs... N’imaginez surtout pas, mes Sœurs et mes
Frères, que le doute ne m’assaille pas
lorsque je dois prendre telle ou telle mesure. Je sais, en
effet, que celle-ci
risque de
déplaire à un certain nombre
d’entre nous et, en toute confidence,
ceux qui me connaissent savent que j’ai horreur de contrarier
mes Sœurs ou mes Frères !
Mais il se trouve que vous m’avez mis
derrière le gouvernail et que mes
responsabilités m’imposent de choisir le cap. Mais ce n’est pas
de cette certitude là dont j’aimerais vous
parler ce mois-ci. J’ai souvent eu l’occasion de
débattre fraternellement avec des Sœurs ou des
Frères d’un sujet délicat... De nos filiations :
Maçonnique et Égyptienne, laquelle doit-on
privilégier ?
D’aucuns
n’hésitent pas à affirmer que nos traditions,
notre symbolisme, nos rituels sont issus
des mythes et
emprunts de la spiritualité et de
l’ésotérisme des
cérémonies pratiquées il y a 70
siècles en Egypte et, que la
franc-maçonnerie moderne,
que nous adoptons à Misraïm, n’est qu’une
résultante et l’outil qui nous permet
de perpétuer
ces
pratiques plurimillénaires.
D’autres,
dont je
faisais partie jusqu’à présent, tempèrent
ces affirmations en arguant du fait que
nous vivons au 21ème
siècle, que c’est avant tout
la maçonnerie et ses valeurs qui nous rassemble,
que les candidats ne sont pas tous férus
d’égyptologie au moment où ils frappent
à la
porte de nos temples
et qu’il faut bien se garder
de tomber dans un exotisme qui pourrait perturber
les esprits simples et tourner au ridicule...
Or,
il se trouve que, aux grands damnes de notre rédacteur
en chef qui pleurait de ne pas
avoir son
édito mensuel,
j’étais pour la première fois de
ma vie en Egypte. Rassurez vous je ne commence
pas là une série de feuilletons à l’instar
des « Martine », bande dessinée de
notre enfance...
Le SGM en
vacances, le SGM à l’école,
le SGM prend le train... Non !
Je
souhaite tout simplement dire aux passionnés que
je comprends désormais ce qui
m’échappait il
y a encore peu de
temps. De Louxor à Assouan,
d’Abou Sim bel à la vallée des Rois, j’ai
revécu nos tenues. J’ai transposé
certains de nos
mystères.
J’ai ressenti certaines de nos énergies.
Bref,
c’est un peu comme ci j’avais emmené
toute l’obédience
avec moi pour ce séjour... !
Comme
l’initiation Maçonnique, on peut entendre
parler mille fois de l’Egypte, de
ses couleurs,
de la
magnificence de ses temples, de la
richesse de ses traditions, de son histoire et de sa
culture. On peut lire des centaines d’ouvrages...
tant que l’on n’a pas foulé la
terre de
Kemi, cela reste
abstrait et théorique. Je veux enfin
que ces Sœurs et Frères sachent que je comprends
désormais la lueur au fonds de leur regard lorsque
l’on
parle de l’Egypte, peut-être aurais-je
maintenant la même.
Pour autant, le
débat n’est pas clos et peut, sans aucun
doute, faire l’objet d’excellentes planches,
de contributions et d’échanges fructueux
dans nos ateliers, mais, pour ce qui me
concerne, je serai désormais beaucoup moins
affirmatif et me garderai bien de dire «
fontaine, je ne boirai pas de ton eau... » Du Nil bien entendu !
Er\ JAC\
-
Sérénissime Grand
Maître