GLFM | Bulletin : Bulim Misraïm | 05/2009 |
Connais-toi toi-même
et tu connaîtras les Dieux Est-il possible de parvenir à la connaissance de soi ? Eternelle
question qui conditionne la nature humaine. C'est aussi la question de Socrate,
philosophe de la Grèce Antique : "Qui es-tu toi qui sait ?". La
réponse, autrefois inscrite au fronton du temple d'Apollon à Delphes invite à
la réflexion : "Si tu arrives à te connaître, tu connaîtras en même temps
l'univers et les dieux". Ce qui veut dire que toute connaissance commence
par soi. Le problème est donc bien universel car l'homme est un mystère
puisqu'il est une synthèse du fini et de l'infini, du temporel et de l'éternel.
Ainsi, quand on pose la question "qui suis-je ?", qui pose la
question ? Le "je", alliance du singulier et de l'universel ou le
"moi", l'individu qui existe par ses qualités et ses défauts ? Là est
l'orientation vers laquelle on doit se tourner vers l'Orient, c'est à dire la
lumière car l'origine de la souffrance est effectivement l'ignorance. La
connaissance de soi est donc un mystère. Il faut la comprendre comme un voyage,
un pèlerinage, car elle aboutit à la Sagesse, à l'unité. Elle exige ainsi que
tout homme se découvre et devienne lui même créateur. La connaissance de soi résulte d'une interrogation : qui
sommes nous ? d'où venons nous ? Où va t-on ? Tant que l'homme s'ignore, se
connaître, c'est d'une part se savoir mortel, ce qui nous rend en cela distinct
des dieux. D'autre part, se connaître, c'est répondre à l'Oracle de Delphes :
"Connais toi toi même", "Que les hommes sachent qu'ils sont des
hommes". Là, l'Orient symbolise le lever du soleil, l'apparition de la
lumière. Ainsi, toute philosophie orientée vers la lumière se présente comme
une démarche reliant l'Occident à l'Orient, lesquels se trouvent en chacun de
nous car symbolisant tantôt l'aurore, tantôt le crépuscule. C'est en partant de
son ombre, de son opacité, que l'homme, à la recherche de la connaissance de
soi, se dirige vers sa propre lumière, mû par le désir de se connaître lui
même. La démarche intérieure est d'autant plus difficile que l'homme est
distrait par son excitation extérieure. Ainsi, Pascal remarque que "dans
la mesure où l'homme refuse le mouvement, il tombe aussitôt dans l'ennui et le
désespoir". Mais un jour, l'homme d'hier meurt pour faire place à l'homme
d'aujourd'hui et finalement faire place à l'homme de demain. N'est-il pas fait
référence ici à la mort du vieil homme, celui qui vit du monde des apparences
et ne cherche pas ou peu à dépasser ce stade de la conscience ? "Ce qui
marque les temps forts et les temps faibles d'une destinée" écrit François
Mauriac, "c'est l'accord ou le désaccord avec soi même". C'est donc à
travers le visible que l'on accède à l'invisible, à travers le fini que l'on
débouche sur l'infini et c'est à travers le temps que sa démarche intérieure
s'ouvre sur l'éternité. D'où la formule V.I.T.R.I.O.L -visite l'intérieur de la
terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée- Ainsi, l'homme doit
descendre au plus profond de son être, de sa vie passée, pour en faire le tour
et revenir sur des choses non réglées. Il doit donc travailler sur lui, sur
cette pierre brute qu'il représente, pour mieux découvrir la pierre cachée, le
joyau qu'il est et qui rayonne en lui. Se connaître, c'est donc se découvrir dans l'unité. Si l'homme saisit
les oppositions qui règnent dans sa vie et président à son existence, c'est
ainsi qu'il trouve le "soi", c'est à dire son trésor, sa richesse
spirituelle, source de bienfaits et d'apaisement. Car se connaître, c'est
accéder à la dimension cosmique. Il ne faut pas l'entendre ici au sens du monde
ou de l'univers mais plutôt comme un ordre, une hiérarchie car le cosmos porte
le divin et l'humain. Posséder la dimension cosmique signifie alors pouvoir
franchir les limites imposées par la dualité, celle dont l'homme est prisonnier
en raison de sa propre ignorance. Il cesse alors d'être la proie de ses désirs
et de ses passions. Pour le profane, l'initiation opère une métamorphose et le
sujet devient capable de recevoir la révélation des mystères. Ce qui était
caché est éclairé ; l'impétrant quitte la nuit et pénètre dans la lumière du
jour. Ceci ayant pour but de démontrer que toute réalisation de soi aboutit à
une déification, la connaissance de soi n'étant rien d'autre qu'une naissance,
un éveil du germe divin dans l'homme, germe qualifié de divin parce que tout
puissant, source de lumière. Si tout homme est donc un microcosme, il
correspond à un plan différent de son exemplaire divin. Souvenons-nous de la
célèbre phrase d'Hermès Trismégiste : "Tout ce qui est en bas est
semblable à ce qui est en haut". Les notions de haut et de bas que l'on
retrouve dans les écritures hermétiques ont le sens de dedans et de dehors. Le
haut correspond au dedans, ce qui signifie profondeur. Le bas, c'est le dehors,
l'extériorité. Ces deux notions sont fondamentales, car à l'origine de l'homme.
Apprendre à se connaître, c'est donc gravir les différents échelons qui
séparent le bas du haut, pour atteindre la Sagesse et l'unité. La connaissance de soi ne s'épuise donc jamais. Elle est toujours
à poursuivre et à recommencer. C'est pourquoi elle se présente comme la
finalité de l'homme. Celui qui atteint cette connaissance devient son propre
créateur. Il est introduit au centre de lui même, favorisant le rayonnement
tout entier de son être. L'homme qui se connaît est un homme vivant. Pas\ Bon\ – RL Neter N°31 à l'O de Paris |
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