GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 09/2009

Réflexion sur le Pavé Mosaïque

Le miroir ou le regard de l'autre nous permet de prendre conscience du chemin qu'il nous reste à parcourir et du travail, alors que chaque outil et chaque symbole maçonnique nous permet de comprendre le chemin ou l'objectif vers lequel ce travail doit être effectué.

En l'occurrence, le pavé mosaïque, qui ne représente aux yeux du profane qu'une juxtaposition ou une succession de carré blanc et noir représente l'une des valeurs, l'un des principes et l'une des positions les plus difficiles que chaque maçon doit acquérir, adopter ou maîtrisé à chaque instant de sa vie. Avant de pénétrer ces valeurs, ces états et ses principes, il est en préambule important de savoir que pour moi, depuis mon initiation c'est le travail le plus difficile que je réalise en permanence à chaque instant.

Le pavé mosaïque nous indique que dans la vie, à chaque instant de la vie, dans chacun de nos actes et de nos décisions, il y a toujours et il y aura toujours une dualité de choix, d'appréciation, d'attitude. Chaque composante de cette dualité permanente, montre une opposition systématique, donc nous incite à un instant de réflexion avant l'action. L'homme bien que libre, doit toujours faire des choix pour rester libre. On le dit libre parce qu'il n'est lié et dirigé par personne et aucun dogme, mais le prix de sa liberté est relié à sa capacité à s'interroger pour adopter les meilleurs principes de vie.

Ainsi, le premier constat à l'observation du pavé mosaïque, c'est que chaque chose, chaque décision et chaque état à toujours son contraire : vie et mort, équilibre et déséquilibre, blanc et noir, vide et plein, bon et mal, vrai et faux, ouvert et fermé, tolérance et intolérance, riche et pauvre, jour et nuit, ciel et terre, lumière et ténèbres, justice et injustice, ying et yang, positif et négatif, féminin et masculin, beau et laid, force et faiblesse, excès et sagesse, défaut et qualité, etc ...

Cette dualité, doit nous inciter à la réflexion avant l'adoption d'attitudes nouvelles ou de décisions sans brutalité.

Le deuxième constat est que chaque carré du pavé mosaïque est de même taille, comme si le blanc avait le même poids et la même valeur que le noir. Ce qui tendrait en même temps à nous inciter dans nos choix à choisir un juste milieu, tendre vers un équilibre, si souvent difficile. Ainsi, adopter par principe le blanc ou le noir consiste souvent à se situer aux extrêmes sans aucun doute et avec toute la certitude du monde profane. Rester dans un positionnement très difficile d'équilibre consisterait donc à refuser l'excès et l'excessif, pour aller vers une synthèse, une complémentarité des extrêmes. C'est aussi le début de la tolérance et de la sagesse si difficile à appliquer au quotidien, même pour les plus vieux maçons. En vérité rien n'est jamais totalement blanc ni totalement noir.

Entrer dans cette simple interrogation, c'est entrer en maçonnerie et c'est commencer un travail important au plus profond de nous

Le troisième constat nous permet de voir qu'en nous même subsiste cette dualité permanente par les deux éléments qui nous composent, à savoir le corps et l'esprit. Sur ce point je me suis souvent posé la question de l'emplacement où se trouve le pavé mosaïque dans la loge, sous le NAOS. C'est sur ce tapis que se trouvent posés les 3 colonnes, les outils de la loge et c'est justement à cet endroit que nous exhortons le GADLU à l'ouverture et à la fermeture de nos tenues, sans oublier nos chaînes d'union pour mémoriser et poursuivre à jamais les principes qui lient la maçonnerie universelle.

Le quatrième constat, c'est que notre travail intérieur ne se fait que par le regard de l'autre, donc, la dualité que nous présente le pavé mosaïque, c'est aussi nous et le regard de l'autre, sans lequel aucune progression n'est possible et l'on est condamné à vivre sur ses certitudes, sans jamais de doute. C'est l'autre qui nous fait !

Le cinquième constat est que la vie est condamnée à la mort et que nous devons nous y préparer.

En conclusion, l'examen du pavé mosaïque basé sur le chiffre 2, dualité jamais satisfaisante, nous invite à nous élever ver le ternaire, fusion de la dualité, nouvelle naissance pour tendre vers l'universalité absolue, vers le GADLU, symbolisé par le chiffre 1, le créateur, vers lequel nous retournerons un jour.

Cette transformation est en notre initiation, la nouvelle voie, le nouveau chemin à suivre. Nous devons toujours refuser les oppositions pour privilégier une troisième voie, celle qui nous conduit vers plus de sagesse, de sérénité, plus d'amour avant de rejoindre l'Orient éternel plus serein et plus confiant.

Benjamin J\.

Publié dans le Bulim - Bulletin N° 10 - 30 Septembre 2009  -  Abonnez-vous

B010-8 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \