GLFM | Bulletin : Bulim Misraïm | 11/2009 |
Aspect des Divinités en Egypte ancienne Des
sépultures d'animaux, arrangées avec
beaucoup de soin et pourvues d'offrandes, ont été
découvertes à Maadi et à
Héliopolis ainsi qu'à Badari et à
Nagada. Ce sont des sépultures de chacals, de
gazelles, mais aussi de béliers et de taureaux. En
même temps, les palettes
cultuelles ont adopté des formes animales et portent
bientôt aussi des
figurations d'animaux en relief. De petites figurines
représentant avec une
grande vivacité des singes, des grenouilles, des
hippopotames et d'autres
animaux ont été créées vers
la fin du millénaire. La connaissance des
capacités
supérieures de l'animal s'exprime dans les noms des rois de
la 1 ere dynastie,
comme « scorpion » ou « silure
». Mais à partir du moment où
l'intellect humain
prend le dessus, les forces divines commencent à prendre un
aspect humain. La
représentation anthropomorphe presque sans
détails des membres est connue
d'abord à peu près sans différence
pour Min et pour Ptah. Pour Neith, Satis,
ainsi que pour les divinités cosmiques, Geb, Nout et Shou,
les représentations
anthropomorphes n'existent vraiment qu'à partir de 2 700 av.
J.-C. La forme
composite associant des éléments animaux
à des éléments humains est
attestée
pour la première fois à la 3e dynastie. Ce type de représentation est alors tout aussi normal que la représentation purement anthropomorphe ou zoomorphe. Généralement, la divinité anthropomorphe porte son attribut sur la tête ou au lieu de la tête. Souvent, il s'agit de l'hiéroglyphe indiquant son nom. L'autre version - corps animal avec une tête humaine - est exceptionnelle. L'exemple de la déesse Hathor illustre bien les multiples possibilités de représentation. Le plus souvent, elle apparaît sous les traits d'une femme portant sur la tête des cornes de vache ainsi que le disque solaire. Dans d'autres cas, elle est assimilée à une vache, soit allaitant le roi, soit sortant de la montagne thébaine pour protéger le défunt. Rares sont les exemples où la déesse a un corps humain et une tête de vache. Les piliers hathoriques par contre sont très fréquents. Rappelant un fétiche, leur chapiteau montre de face une tête humaine pourvue d'oreilles de vache. En outre, la déesse est figurée en lionne, cobra, hippopotame ou encore en déesse-arbre. Chacune de ces manifestations se
réfère à un trait
caractéristique de la déesse. Elles n'ont rien
à voir avec son véritable aspect
extérieur, car la forme réelle de la
divinité reste en effet « cachée
» et «
secrète ». Seul le défunt,
justifié et éclairé, a le droit de la
connaître et
est en mesure de le faire. Les textes religieux relatent la rencontre
dans les
rêves ou dans l'au-delà avec la
divinité, mais elle n'est jamais décrite. Seule
l'approche du dieu est perceptible, soit par un tremblement de terre ou
une
tempête, soit par son parfum ou son éclat
lumineux. Les diverses formes de
représentations ne peuvent concrétiser qu'une
partie de la nature divine dont
la richesse ne peut être saisie et surtout pas rendue dans sa
totalité. De là
vient inévitablement la multitude des formes divines. Si
deux ou plusieurs
divinités sont associées, comme par exemple Amon
et Rê en Amon-Rê, le nombre de
formes d'apparition possibles se multiplie par les diverses
combinaisons.
Chaque divinité préserve néanmoins son
autonomie sans être absorbée par l'autre
divinité et la possibilité de mélanges
est limitée. C'est pourquoi les
tendances syncrétistes en Égypte n'aboutissent ni
au panthéisme ni au
monothéisme, même pas sous l'aspect solaire fort
répandu : au contraire, le
caractère polymorphe reste un trait typique du divin. De
même, l'image de culte
est une forme, un corps de la divinité qu'elle peut habiter
temporairement. Cachée dans le naos clos du sanctuaire, au fond de la partie intime et secrète du temple, elle est invisible aux laïcs. Seul le prêtre est autorisé à la visiter et à l'entretenir. Même lors des jours de fête, quand elle quitte sa demeure pour être portée en procession à travers la foule des croyants, un rideau la protège des regards. En de telles occasions, elle est cependant réceptive aux souhaits et aux demandes des hommes et elle rend même des oracles. Hormis les visites d'autres divinités et les « voyages de noce », les images de culte restent à leur place. II a dû exister néanmoins des sortes d'idoles itinérantes. Lors de son voyage au Liban à
l'époque de Ramsès XI, vers 1070 av.
J.-C., Ounamon avait emmené pour sa protection un
« Amon de la route » qu'il
devait toutefois dissimuler aux regards des voleurs. Plus tôt
déjà, un long
voyage avait été entrepris par une «
Ishtar de la route » que Toushratta, roi
du Mitanni, avait envoyée de Ninive vers l'Égypte
à son confrère souffrant,
Amenhotep III. L'animal vivant, considéré dans
certains sanctuaires comme
l'incarnation de la divinité et
vénéré, est une forme
particulière de l'image
de culte. Tout comme dans l'image sculptée du sanctuaire,
Ptah peut résider
dans le taureau de Memphis, Khnoum dans le bélier
d'Éléphantine et le dieu
Sobek dans le crocodile de Kom Ombo. S'il s'agissait seulement au
début d'un
exemplaire unique et choisi de l'animal, à partir de la
Basse Époque on verra
naître une zoolâtrie illimitée due
à la conception que chaque taureau, chaque
crocodile ou bélier pouvait incarner le dieu. Le simple
croyant a dû avoir
autant de difficultés à établir une
séparation stricte entre l'ibis en tant que
demeure possible de Thot et le dieu lui-même que, plus tard,
celui qui vénérait
les icônes, pour distinguer l'archétype de la
copie. Un
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