Quand le Coq, le Sablier et la Faux prétendent chacun être maître du temps, que peut leur dire le crâne.

Moi, dit le Coq, je suis le Maître du temps. Je suis le vigilant, qui annonce, par mon chant, la dissipation des ténèbres et le retour de la lumière. Quand je retentis, l’Orient s’éclaire et le soleil illumine la terre. On a fait de moi un symbole de résurrection. C’est pour cela que je suis au sommet des clochers. J’appelle les croyants à la vigilance et leur suggère de se tourner vers la vie spirituelle. Pour un Franc-maçon, que suis-je? J’évoque leur initiation : “j’étais dans les ténèbres et je cherchais la lumière”, C’est cette lumière qu’ils vont recevoir.

Dans le Cabinet de Réflexion, je suis présent au sommet de l’escalier qui plonge dans les profondeurs. Je suis le gardien attentif qui, au départ, les incite à suivre l’exemple de mon courage, de mon ardeur au combat, et les attends pour leur retour vers la lumière.
Je leur dis : “Puissiez-vous, jour après jour, par votre travail, vous éloigner des ténèbres de l’inconscience et de l’ignorance, et progresser vers la lumière, afin qu’elle grandisse au cœur de l’humanité”.

- C’est moi, dit le Sablier, qui suis le Maître du temps. Nul ne peut me saisir ni arrêter le filet de sable qui s’écoule inexorablement, un peu comme s’écoule la vie humaine.
Je marque les cycles de cette vie : jour, nuit, veille, sommeil, travail, repos, bonheur, tristesse, vie, mort. J’enseigne aux humains la patience, car “il n’est de si longue nuit qui ne se termine par un matin”.
Je suis un symbole trinitaire par mes deux extrémités renflées, réunies par ce goulot d’étranglement.
Par le courant du sable qui s’écoule verticalement, comme une perpendiculaire, j’unis la terre au ciel et le ciel à la terre, ou si vous préférez, la matière à l’esprit, l’esprit à la matière. Je suggère que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas.. Mais l’étroitesse de mon étranglement rappelle à tous que la voie est étroite, aussi mince que le fil du rasoir. Mais, seul, je ne puis rien, si la main de l’homme, guidée par la volonté, ne me retourne pas. Si cette main me place à l’horizontale, faisant cesser ma fonction, ma forme suggère, alors, le signe de l’infini, celui de l’éternité et du temps aboli.

- Moi, dit la Faux, je mets tout le monde d’accord. C’est à moi qu’appartient le mot de la fin. Quand on me voit, c’est dans les mains de la Grande Faucheuse. Je rends inexorable l’égalité entre les humains. Je suis la seule certitude de toutes les vies.
Je rappelle au nouveau venu, dans le cabinet de réflexion, que son chemin maçonnique exigera, peut-être, qu’il meure à lui-même, renonçant à tous ses métaux. Parfois, (rarement sans doute), c’est la mort physique qu’il devra affronter, pour défendre la vérité, la Justice et ses Frères.
Je peux aussi être un symbole un peu moins redoutable : symbole de travail et de récolte. Regardez-moi : Je suis composée de deux parties : un manche et une lame. Pourtant, telle quelle, je suis incomplète. Il me manque la main de l’homme, qui me permettra d’entrer en action.

Le Franc-maçon, dit-on, travaille et récolte le fruit de ce travail tout au long de sa vie. Ce fruit peut devenir semence de vérité. Tout être humain existe en liaison avec les autres. Tout changement en lui peut transpirer et s’étendre autour de lui, et en premier à ceux qui lui sont proches.

C’est ainsi qu’à la fin de sa vie, il peut se retourner sur ce qu’il a réalisé. Qu’a-t-il apporté aux autres? Qu’a-t-il laissé à ses Frères? Que reste-t-il de son testament philosophique. Il a poli sa pierre et participé à la construction de l’édifice, que des générations d’autres Maçons poursuivront.

Finalement, de vous trois, Coq, Sablier, Faux, aucun n’est le seul Maître du Temps, dit un Maître en passant par là. Vous êtes tous trois réunis pour le rythmer ce temps. Toi, le Coq, tu dis la mort du profane et la naissance de l’initié.

Toi, le Sablier, tu nous assiste dans notre indispensable descente dans les profondeurs, nous rappelant que les ténèbres n’existent pas sans la lumière, et qu’il faut être vigilant, car le temps s’écoule.
Toi, la Faux, tu nous rappelles que vie et mort sont liées et que tout ce qui a commencé finira. Mais vous n’êtes pas seulement le temps. Vous êtes aussi le mouvement : le Coq se lève et chante, le Sable s’écoule, la Faux va et vient. Vous dites au Maçon : “Lève-toi, la lumière est là, le temps s’écoule et le travail t’attend”

J’ai dit

Une sœur de la loge Athanor