GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 10/2010

Discours du SGM Eric Jacques
Au Convent de la GLF Misraïm de l’an 6010


Nous voici réunis pour ce convent 2010, véritable relais d’une année à l’autre, fête de résurrection, symbole de continuité dans le mouvement, Ouroboros à la fois administratif et fraternel. Ce moment magique qui permet, une fois par an, aux Frères et Sœurs des loges de l’obédience, qui ne se côtoient pas habituellement, de réunir les conditions d’un travail à l’unisson, sous l’égide du Grand Architecte de l’Univers, pour la pérennité et l’amélioration de la Grande Loge Française de Misraïm.

Ce convent permet aussi, de sceller les accords qui nous unissent aux obédiences amies en recevant leurs délégations fraternelles. De plus, cette année, cette grande chaîne universelle, va s’agrandir avec la signature du traité d’amitié avec nos Frères du Grand Orient de Naples.

Beaucoup de mots vont être prononcés, de belles paroles fraternelles et sensées, de constats, de bilans, de projets et de perspectives. Le convent permet aussi cela. Pour autant, il ne faut pas tomber dans l’autosatisfaction béate et nous devons mesurer le chemin qui nous reste à parcourir. L’enfance est merveilleuse, elle est avide de découvertes, elle est en mouvement perpétuel et veut que cela aille vite autour d’elle. Mais l’enfance est aussi naïve. Sa curiosité l’entraine parfois dans des pièges et des impasses, son impatience et son manque d’expérience lui font commettre des erreurs, plus ou moins importantes, qui lui serviront toutefois à forger un être mature : un adulte. L’obédience est un corps. Elle traverse diverses phases à partir de sa création. Sa volonté de « jouer dans la cour des grands » lui fait souvent s’écarter du chemin caillouteux de la tradition et se perdre dans les méandres générées par les scories du monde profane.

L’obédience comme l’enfance n’est pas méfiante, dans sa frénésie de vouloir grandir, elle ouvre ses portes à double battants à des imposteurs qui n’ont en tête que des sentiments d’appropriation à des fins matérielles ou égotiques.
A l’heure où je vous parle, La Grande Loge Française de Misraïm, dans sa forme actuelle n’a que 14 ans d’existence puisque le convent fondateur d’EVREUX remonte à Juin 1997 (EV). Le réveil du rite date, quant à lui, de moins de vingt ans. Il serait donc présomptueux d’affirmer que nous sommes entrés dans l’âge adulte et que, par conséquent, nous sommes désormais à l’abri de mauvaises surprises ou d’attaques comme celles que nous avons connues depuis notre création. Depuis mon investiture, je me suis attaché à solidifier notre édifice. Je n’ai certes pas la jeunesse et la fougue de mes deux prédécesseurs, mais, en 35 ans de Franc- maçonnerie, j’ai acquis une certaine expérience qui m’autorise à prétendre à une analyse lucide de notre situation. De plus, ayant posé dès l’origine, les pieds dans les traces du Très Illustre Grand Maître Fondateur André JACQUES, avec qui j’ai la prétention d’entretenir une relation complice, j’ai connu, tel un enfant, toutes les difficultés et les affres de l’obédience.

Eh bien mes Frères et mes Sœurs, je déclare aujourd’hui devant vous que nous pouvons être rassurés définitivement sur notre pérennité. Il ne s’agit pas d’une garantie lancée à la légère, d’un effet de manche glissé dans un discours politique ou d’une friandise. Non ! cette affirmation s’appuie sur un certain nombre de faits que je vais aborder maintenant. La notion de hasard est subjective. Le hasard fait bien les choses affirme le dicton populaire. Il n’y a pas de hasard assène d’autres. Le croyant verra en tout événement une intervention divine, l’athée pensera que chacun de ses actes réfléchis est déterminant sur son destin. Peu importe. Le fait est que j’ai bénéficié, dès ma prise de charge, de concours de circonstances heureux.

Paradoxalement, le premier a été un départ. L’homme, entre les mains de qui nous étions prêts à mettre la destinée de notre rite, s’est révélé être un imposteur poursuivant des buts qui, sous des aspects nobles, allaient conduire à notre disparition. Cet épisode, aussi affligeant soit-il, nous a ouvert les yeux sur la nécessité de renforcer nos structures et de gommer les failles d’un système au sein duquel des charlatans pouvaient s’introduire. Nous avons abandonné la notion d’Ad vitam susceptible de créer des tensions observées chez les obédiences égyptiennes voisines. Nous avons limité le temps des mandatures et pris un certain nombre de décisions concernant notre administration, sur lesquelles je reviendrai plus tard.
Le second fut dans le choix des hommes et des femmes qui ont composé les organes décisionnaires. Le hasard a mis sur mon chemin des Frères et des Sœurs expérimentés ou/et talentueux qui ont compris intuitivement l’importance des enjeux et les objectifs poursuivis. Je tiens ici à leur rendre publiquement hommage et, même si cela ne fais pas partie de nos coutumes, à les remercier pour leur dévouement et leur patience avec une mention particulière pour le Grand Secrétaire et son équipe qui ont abattu un travail pharaonique.

Fonctionner comme une grande obédience alors que nous sommes encore en nombre réduit n’est pas aussi simple qu’il n’y parait. Quelques membres s’imaginent, du fait de notre taille, que nous sommes dans une sorte de grande famille où l’on s’arrange entre copains sans se soucier des règles administratives qu’ils perçoivent comme des contraintes. Je le dis très clairement, ils se trompent à double titre. Le profane puisque la législation française, particulièrement la loi de 1901 qui nous régit, impose que l’on puisse à tout moment donner un état de nos activités, du nombre d’adhérents et des finances sur simple injonction des pouvoirs publics. Cela induit au minimum une tenue des registres rigoureuse ou l’à peu près et la négligence 

n’ont pas leur place. Le maçonnique car symboliquement, entre l’équerre et le compas, il n’y a pas de place à la fantaisie... J’ajouterais que ces Frères ou Sœurs peu scrupuleux sont souvent ceux qui appelle le plus de leur vœux un développement rapide des effectifs de notre obédience. Ne se rendent-ils pas compte que, par leur comportement dilettante, ils le freinent plus qu’ils ne le développent.

Nous appuyant sur les pratiques déjà rodées, nous avons imaginé une gestion des initiations, élévations et exaltations, ainsi que tous les mouvements courants d’une loge, simplifiée reposant sur l’outil informatique via notre site : glfmisraim.org. Cette innovation, lorsqu’elle sera définitivement adoptée par toutes les loges permettra une connaissance exacte et instantanée de la situation administrative de l’obédience. De plus, elle facilitera la gestion pour les secrétaires et les trésoriers et leur permettra de se consacrer à des tâches plus nobles. Il est donc indispensable que tous les frères et sœurs secrétaires en fonction soient persuadés de l’utilité de ces réformes et s’y adaptent le plus rapidement possible.
Pour mettre en place cette politique et aider les ateliers par une présence de proximité, nous avons modifié nos structures en déléguant les pouvoirs sur des provinces, véritables miroirs de la Grande Loge Nationale. Je rappelle que la création d’une province répond à des règles précises : qu’il faut pour cela que 3 loges au minimum et 21 Maîtres soient présents dans la même région. Si la Grande loge provinciale du Sud-ouest a rempli parfaitement sa fonction de relais local, celle de l’Ile de France n’a pas encore pris sa vitesse de croisière. Je souhaite que le Grand Maître prenne les dispositions nécessaires pour rendre cette province efficiente avant la fin de cette année.

Pour en finir avec les sujets d’ordre administratif, je tiens également à tirer mon chapeau à notre Frère Grand Trésorier qui a remis de l’ordre dans une comptabilité peu rigoureuse et a su, avec tact et diplomatie, inciter les loges à se mettre à jour vis-à-vis de l’obédience. Cette année encore, le montant des capitations reste inchangé. Il est, je le rappelle, un des moins élevés des obédiences françaises.

Les travaux entrepris pour améliorer les locaux de notre siège social commencent à porter leur fruit, nous avons désormais un nombre confortable d’obédiences et d’associations amies qui utilisent les temples. Leur contribution ajoutée à une discipline dans le collectage des capitations nous permettra de poursuivre l’embellissement de ces locaux en veillant cependant à préserver l’équilibre de nos comptes. Toutefois, le secrétariat comme la trésorerie ne fonctionneront parfaitement que si toutes les loges, tous les frères et toutes les sœurs adoptent une attitude responsable et digne d’un frère ou d’une sœur libre et de bonnes mœurs. Vous avez souhaité avec force que nous améliorions notre communication, qu’elle soit interne ou externe

Cette année encore, nos deux supports : Le BULIM et le SITE INTERNET, ont rempli leur office.
Le site reçoit de nombreuses visites qui se soldent parfois par des demandes d’adhésion. Avec notre webmaster, nous allons voir comment l’améliorer et le réactualiser plus souvent pour en rendre la lecture plus attrayante et fidéliser les internautes qui s’intéressent à notre rite. Nos Frères et Sœurs Argentins ont également créé une page : misraimargentina.eshost.com.ar et sollicitent les frères ou sœurs hispaniques qui pourraient les aider à la faire progresser.

Comment passer sous silence le BULIM ? Le rédacteur en chef étant Maître de taekwondo, je ne courrai pas le risque de le contrarier en négligeant les efforts qu’il effectue mensuellement pour obtenir la matière, pour la mettre en forme et respecter les délais. Sa récompense ? Ce sont les nombreux témoignages et les encouragements qu’il reçoit chaque semaine. Le BULIM est lu et apprécié dans le monde entier, particulièrement sur le continent africain. Rançon de la gloire, nous devons veiller non seulement à ce qu’il puisse continuer à paraitre avec la même régularité et éditer des textes de qualité. Il est de la responsabilité de chaque Vénérable de transmettre, avec l’accord de l’auteur bien entendu, les planches qu’il considère publiables.

Vous l’avez entendu dans le rapport d’activité, nous avons organisé, sous l’égide de la commission événementielle, un certain nombre de tenues blanches ouvertes ayant pour thèmes : Akhenaton, la franc-maçonnerie égyptienne traités par des Frères de l’obédience, la femme Pharaon par Isabelle FRANCO. Une visite de la cathédrale de chartres suivie d’un déjeuner débat, sans oublier notre fête solsticiale. Ces manifestations, qui ont recueilli un succès grandissant et se sont traduites par des demandes d’adhésion et généré un vif intérêt parmi les participants. Nous poursuivrons cette année dans cette voie. Mais ces initiatives sont circoncises au périmètre de la Grande Loge Française de Misraïm. Nous sommes nous contentés de cela ? Non !
J’ai pu m’appuyer sur une chancellerie dynamique et efficace qui a mis un point d’honneur à véhiculer le rite de Misraïm et notre obédience à travers les continents. Notre participation aux rencontres fraternelles africaines et malgaches nous ont fait connaître parmi les franc-maçons africains. Vous avez entendu les conséquences positives en termes de traités d’amitié et de création d’une loge au Bénin. J’encourage les frères et sœurs africains à redoubler d’efforts pour qu’une province soit créée rapidement. J’interviendrai pour ma part lors de la réunion des REFHRAMS pour présenter le rite et l’obédience en février prochain à COTONOU et profiterai de cette occasion pour procéder à l’allumage des feux de la première loge Béninoise pratiquant le rite de Misraïm. Aujourd’hui, j’ai la grande joie de ratifier un traité d’amitié avec le Sérénissime Grand Maître Luciano GRAUSO du Grand Orient de Naples de la Grande Loge Nationale Italienne. Les concordances entre l’Italie et notre rite n’auront pas échappés à nos historiens. Ce pays magnifique possède une histoire maçonnique étroitement liée avec les rites égyptiens : Cagliostro, Garibaldi, Ventura, etc.
La signature de ce traité vient compléter celui que nous avons signé au mois de Juin avec le Grand Sanctuaire de l’Adriatique à Nice où nous avons été merveilleusement reçus par notre Garante d’amitié, ici présente, que je remercie encore pour cet accueil et sa simplicité et sa spontanéité. La signature avec le GSA, véritable référence, contribue à notre ancrage dans le monde des rites égyptiens. Ces deux signatures, initiées grâce au   du vieux continent. Sur le territoire national, nous avons ratifié le même type d’accord avec le Groupement Maçonnique des Loges Mixtes et Indépendantes lors d’une tenue organisée sous l’égide de la province de Sud-ouest par la respectable loge ATHANOR à Perpignan. Par ailleurs, nous nous sommes également liés d’amitié fraternelle avec la Grande Loge Symbolique Burgonde.

Aujourd’hui encore, par leur présence, les Frères de cette obédience nous soutiennent et répondent présent à notre sollicitation. Je ne sais comment les remercier sinon en leur assurant que nous mettrons un point d’honneur à retourner ces manifestations fraternelles.
Enfin, d’autres initiatives sont actuellement en cours qui devraient en toute logique nous apporter une bonne surprise prochainement. Voilà, mes Frères et mes Sœurs, les accomplissements de la grande loge cette année. Ce sont des graines qui, dans le temps, vont germer pour notre bonheur à tous. Sachez aussi que nous avons déposé nos rituels des trois premiers degrés et que cet acte équivaut à la création d’une patente. Que, sous l’autorité bienveillante de notre souverain grand commandeur, les degrés de perfection ont également été structurés, qu’un souverain sanctuaire et qu’un grand consistoire ont été installés bouclant ainsi la progression du 1er au 90ème degré. Et, que nous projetons la création d’une association caritative d’entraide si possible inter obédientielle.

A l’instar des grands philosophes qui se rendaient en Égypte pour recevoir l’initiation, les franc-maçons européens pratiquant d’autres rites venaient à Misraïm pour s’initier aux ateliers supérieurs. Par sa pratique des degrés alchimiques qui complètent les degrés symboliques et philosophiques des autres rites, le rite de Misraïm par son ancienneté et par sa spécificité a toujours fasciné le microcosme maçonnique. C’est dire combien nous devons être vigilants sur la qualité de nos travaux et la pratique parfaite de notre symbolisme et de nos rituels.

Mais cette responsabilité ne doit en aucun cas, nous faire perdre de vue l’essentiel. La franc- maçonnerie d’où qu’elle vienne et où qu’elle soit est et restera une école de fraternité. Continuons donc mes Frères et mes Sœurs Misraïmites à pratiquer cette maçonnerie authentique, fraternelle et universelle comme nous l’avons pratiquée aujourd’hui et croyez moi, avec un tel égrégore, nos souhaits finiront un jour par se réaliser.
Merci de m’avoir accordé votre confiance à nouveau. C’est avec beaucoup de joie et d’émotion que je vais entamer cette dernière année de Grande Maîtrise. J’espère que les turpitudes du monde profane ne seront pas trop pesantes et me permettront de rendre visite au moins une fois à toutes les loges avant la fin de ma mandature. Pour m’accompagner dans ma tâche, j’ai décidé de reconduire la plupart des grands officiers en poste en effectuant quelques modifications et ajouts. Je vais maintenant donner la parole au Grand Secrétaire pour qu’il lise la composition du grand collège pour cette année.
Comme le veut la tradition, les nouveaux nommés devront s’approcher de l’orient et prêter leur serment en suivant les directives du Grand Maître des cérémonies. Je ne doute pas du dévouement et de la fidélité de tous et de toutes... longue vie à Misraïm, longue vie aux obédiences amies, longue vie à la franc- maçonnerie universelle.

Eric JACQUES - SGM – GLFMisraïm Convent Sept 2010/6010

Publié dans le Bulim - Bulletin N° 21 - 31 octobre 2010  -  Abonnez-vous

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