Editorial du
Sérénissime Grand Maître
Parmi les symboles
qui nous entourent, s’il y en a un qui ne prête pas
à interprétation farfelue,
c’est bien la corde accrochée aux murs qui
protègent les temples maçonniques,
partout dans le monde, et quel que soit le rite pratiqué.
Ce
symbole évident,
miroir de la chaîne d’union, représente
la fraternité qui unit les franc-maçons
au sein d’une grande chaîne universelle. Les lacs
d’amour (au sens d’enlacer et
non d’étendue d’eau) évoquent
le frère ou la sœur, mais aussi par extension, la
loge voire l’obédience. Chaque «
nœud » (repris également dans la
chaîne
d’union lorsqu’elle est courte et que les bras des
participants sont croisés)
étant à la fois un point
d’entrée des énergies et des
enseignements reçus et un
point de sortie où, renforcés,
bonifiés et purifiés, ces courants vont
à
nouveau se répartir tant au sein du microcosme que, plus
généralement, dans le
monde profane. Bien sûr, on peut évoquer ici, les
chakras, les séphirot,
l’alchimie, etc. On peut, tout aussi bien, résumer
simplement
par une
phrase du rituel « porter à
l’extérieur les bienfaits des préceptes
reçus à
l’intérieur ». Cette notion
d’ouverture est renforcée par la
présence, aux
bouts de la corde de houppes dentelées qui, elles
mêmes, s’apparentent au
symbolisme des grenades situées en haut des colonnes J et B.
Car
mon propos
mensuel portera sur le rayonnement. Il est, à mes yeux,
essentiel et ce, pour
plusieurs raisons.
La
première est que
la franc-maçonnerie est une société
ouverte sur le monde, qui accueille des
frères et des sœurs de toutes origines sociales,
de toutes religions et de
toutes cultures. En ce sens, elle est profondément
laïque y compris si, à la
Grande Loge Française de Misraïm, nous pratiquons
une maçonnerie spiritualiste.
« Si tu diffères de moi, loin de me
léser, tu m’enrichis » disait notre
Frère
St Exupéry. Car c’est par la diversité,
et la tolérance qu’elle induit, que
l’on recueille cette richesse rare. Il ne serait pas
raisonnable et peu
fraternel de la garder pour nous seuls ! De plus, cette ouverture nous
préserve
de toute tentation sectaire irrémédiablement
incompatible avec les valeurs que
nous défendons.
La
seconde repose
sur lesdites valeurs : Le franc maçon ne se contente pas
d’affirmer. Il prouve.
Il ne se contente pas de prouver, il démontre par son
comportement de tous les
jours. Les maîtres mots sont constamment les mêmes
: Liberté, Égalité,
Fraternité et pour ce faire : Sagesse, Force,
Beauté sans oublier sa variante «
égyptienne » : Vie, Force, Santé
auxquels s’ajoute, bien entendu, l’étude
des
rituels et du symbolisme. Cette volonté de
s’inscrire dans une démarche
d’amélioration continue, de
l’être et de la société qui
l’entoure, doit être
permanente. C’est ainsi que l’on
repèrera un frère ou une sœur
au milieu d’une
assemblée et que l’on aura envie de faire sa
connaissance.
L’organisation
de
la loge doit reposer sur le même concept. Quelle que soit la
qualité des
membres et des travaux qui y sont pratiqués, elle se doit de
rayonner de trois
façons : En ouvrant ses portes aux visiteurs de toutes
obédiences amies mais,
aussi et surtout, en initiant. L’apprenti est un rouage
indispensable au bon
fonctionnement d’une loge. Il est symbole de
régénérescence. Il force, par sa
présence assidue sur la colonne du nord, les
frères et sœurs, compagnons et
maîtres, à redoubler d’efforts pour
l’accueillir, pourvoir à sa formation,
l’intéresser et l’inciter au travail du
symbolisme. Il justifie cette «
hiérarchie » des degrés et la
progressivité de l’enseignement
maçonnique qui veut
que des paliers soient nécessaires dans l’escalier
à vis qui monte vers la
connaissance. Une loge qui n’initie pas est vouée
naturellement à une
disparition progressive.
La
troisième façon
« d’irradier » d’un atelier est
d’avoir la sagesse d’enfanter lorsque
l’effectif de la loge est devenu trop important.
J’ai connu, en d’autres lieux
et en d’autres temps (que les jeunes de vingt ans ne peuvent
pas connaître...)
le plaisir d’essaimer en créant d’autres
loges. Je souhaite à tous de vivre
cette expérience passionnante qui reflète, de
plus, une dynamique digne des
plus grands bâtisseurs...
L’obédience,
enfin,
doit être un exemple de rayonnement. Comment ? En veillant
à une pratique du
rituel impeccable et à une administration rigoureuse sans
oublier une fraternité
sans faille. Ceux qui ont en charge son bon fonctionnement doivent
être
irréprochables. Ils doivent mettre de
côté les divergences de point de vue, les
antipathies éventuelles, pour se consacrer
entièrement à l’essor de la Grande Loge
Symbolique et à sa progression harmonieuse. Les participants
à notre dernier
convent ont pu constater combien nous nous étions
améliorés dans ce domaine. Il
nous reste encore beaucoup de progrès à faire
même si, aujourd’hui, tout laisse
à penser que nous sommes sur la voie royale.
Un
frère bien connu
de l’obédience développe depuis des
années l’idée qu’il faudrait
que chaque
frère et chaque sœur entreprenne la
démarche de faire entrer un profane. Ainsi,
dit-il, nous doublerions nos effectifs sans tomber dans un
prosélytisme
effréné. Outre que cette solution, de par sa
logique implacable, peut séduire,
et même si elle n’est pas partagée de
tous, elle a au moins un mérite : celui
de mesurer l’engagement et le rayonnement.
Si
l’enseignement
maçonnique est suivi et compris, le temple
intérieur de l’homme s’ornera de ses
plus beaux atours alors, les Rois, les Dieux, la chance et la victoire
seront à
tout jamais ses esclaves soumis et, ce qui vaut mieux que les Rois et
la
Gloire, il sera un Homme et bien plus encore, il sera un
Frère.
Eric
JACQUES - SGM