GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 11/2010

Sommes-nous libres et de Bonnes mœurs ?
5 Minutes de Symbolisme

Chaque initié est censé être "un homme (femme) libre et de bonnes mœurs " ;
Les animaux ne se comportent pas "librement" ; ils suivent les lois de la Nature qui leur commande leurs instincts. Dans quel sens peut on dire que seul l'Homme dans la Nature est libre ?...

Dans notre culture occidentale, la liberté a d’abord été pensée par l’opposition du statut d’homme libre au statut d’esclave. (2 dalles du pavé Mosaïque ?)

L’esclave par définition est :
a) celui qui ne s’appartient pas lui-même, mais appartient à un autre que lui, le maître.
b) L’esclave est celui qui est privé de droit. Aussi de manière transposée, sa condition, est celle de l’animal domestique, doué cependant d’assez d’intelligence pour comprendre un ordre et dont la servitude fait de lui une chose utile, une sorte de propriété animée, un instrument. L'esclave ne diffère de l'animal que parce qu'il est doué de raison. Il est capable de comprendre un ordre, mais sa destinée l'a placé dans une condition de servitude.

Dans nos sociétés modernes, bien que l’esclavage ne soit pas totalement aboli pour certain, il est dans nos habitudes de concevoir la liberté comme une revendication contre toutes les formes de contraintes, de gène ou d’empêchement. Dans un monde libre, les hommes peuvent en principe penser librement. Mais sommes-nous réellement libre ?
Personnellement je ne le pense pas, notre liberté a le goût de la liberté, elle ressemble à la liberté, mais nous ne sommes pas véritablement libres. Car cette liberté n’est malheureusement qu’apparente puisque nous pensons en fonction de stéréotypes qui nous ont été véhiculés tout au long de notre éducation et que les médias distillent au gré de l’évolution de notre société. Au sens de nos sociétés modernes et au regard de ce que je sais, mais surtout de ce que je crois comprendre, il existe pour moi deux formes de « liberté ».

Une première forme que je qualifierai de « liberté naturelle », indépendante des lois qui régissent notre société et que Cioran définissait de la sorte "l’homme libre ne s’embarrasse de rien, même pas de l’honneur". Et une seconde forme que nous pourrions appeler une « liberté civile », et que nous pourrions définir par « le respect de la liberté de l’autre citoyen et le souci constant du bien de tous ». En effet notre liberté perdrait toute signification, si elle impliquait non pas un rapport de droit entres les hommes, mais un rapport de force.

La liberté naturelle, au sens du « je peux faire ce que je veux même si j’emmerde tout le monde », peut détruire et finir par nier la liberté elle-même. La liberté que je me donne, je dois aussi pouvoir la prêter à autrui et elle doit se maintenir dans le respect de l’autre.
Mais alors comment dans la pratique se trouve fixé ce respect de l’autre ? tout simplement
par la limite posée par la loi.
En effet les lois tracent les limites théoriques par lesquelles nous sommes supposés ne pas nuire à autrui et ne pas porter tort à l’intérêt de tous.
Sans ces limites, je ne vois pas comment notre liberté serait elle- même pensable.
Aussi faut-il admettre « qu’il n’y a point de liberté sans Lois, ni que quelqu’un est au dessus des Lois ». S’il advenait qu’un peuple soit dominé par un pouvoir qui se placerait au dessus des lois, il y perdrait du même coup sa liberté. « L’homme n’est libre qu’à la faveur de la loi naturelle qui commande à tous. Un peuple obéit, mais ne sert pas ; il a des chefs, mais pas de maîtres».
Mais alors dans quel sens peut-on dire que seul l’homme dans la nature est « libre » Alors que nous vivons dans un carcan imposé par la société dans laquelle nous vivons ? Et en quoi la Franc Maçonnerie peut-elle faire de nous des hommes ou des femmes libres ?

Pour moi l’homme libre et de bonnes mœurs est celui qui désapprend ce qu’on lui a enseigné et qui se reconstruit dans le souvenir de sa nature première. L’homme libre au sens Franc-Maçon, est celui qui apprend à changer son scénario mental pour ne pas rejouer l’histoire d’un scénario que d’autres ont écrit pour lui. Notre quête consiste à nous libérer de ce que l’on nous enseigne comme vérité.

J’ai dit.
Publié dans le Bulim - Bulletin N° 22 - 30 novembre 2010  -  Abonnez-vous

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