GLFM Bulletin : Bulim Misraïm 03/2011

Editorial du Sérénissime Grand Maître

Le symbolisme du compagnonnage est tellement proche de celui de la Maçonnerie que le profane pense souvent que le premier a précédé le second. Il n’en est rien, le spéculatif maçonnique, peu apprécié par les pouvoirs publics de l’époque, s’est abrité derrière l’opératif compagnonnique pour travailler à l’abri d’éventuelles répressions. C’est ainsi qu’il s’est approprié ces outils chers aux corporations comme des symboles porteurs de valeurs aussi bien morales que spirituelles. L’équerre, le compas et la règle, sont les plus connus. Mais c’est un autre volet que j’aimerais évoquer ce mois-ci. Pour prétendre être reconnu comme compagnon, l’ouvrier devait présenter un ouvrage reprenant l’essentiel des techniques qu’il avait pu acquérir lors de son tour de France.

Il mettait un point d’honneur à rendre à ce travail, toute la beauté et la richesse des enseignements des anciens. Cet ouvrage s’appelait un chef d’oeuvre. Le franc-maçon, s’est largement inspiré de ce concept en transformant le chef d’oeuvre manuel par une oeuvre intellectuelle appelée planche. Quelques rites n’ont pas assimilé ce symbolisme mais la grande majorité d’entre eux ont adopté ce système de planches pour passer d’un degré à l’autre ou simplement pour travailler à son épanouissement et celui de ses F.°. et S.°.. Les rites égyptiens, et particulièrement celui de Misraïm, reposent sur ce principe. Alors, il n’est pas rare que je sois interrogé : comment fait-on un chef d’œuvre ?

Je n’aurais pas la prétention de répondre à cette question. Cependant, mon expérience m’autorise à donner quelques conseils à celles ou ceux qui auront à « plancher » bientôt. Savonnée ou non, peu importe de quel bois elle se chauffe, le principal étant qu’elle nous réchauffe le cœur et le cerveau...

Il est couramment admis qu’elle se divise en trois parties : une symbolique, une philosophique et une personnelle. Nous y ajoutons, si possible, une 4ème dimension : une référence égyptienne. Le souci permanent de l’orateur d’un soir sera d’enchanter ses F.°. et S.°. en leur faisant gagner leur « salaire ». Bien entendu, chacun viendra avec son bagage et ne devra pas appréhender la présentation de sa planche comme une épreuve mais plutôt comme un échange. Ainsi les questions ou les contributions ne s’emploient pas dans l’optique de mettre la S.°. ou le F.°. en difficulté mais essentiellement pour lui indiquer des pistes, lui confier d’autres clefs, lui permettre de compléter son oeuvre pour tendre vers le chef d’œuvre.

L’orateur synthétise une somme d’informations et enrichit ainsi l’auditoire. Il éclaire l’atelier de ses talents, de sa personnalité, de ses connaissances, de ses origines culturelles, cultuelles, sociales. L’intérêt primordial est d’aborder les sujets autant avec le cœur qu’avec l’esprit. Une planche technique, dénuée « d’affectivité » sera, certes, intéressante mais malheureusement incomplète.

Telle est la réponse que je serais amené à apporter sur la planche « idéale ».

Je conclurai en soulignant combien j’éprouve un plaisir immense à écouter ces planches et à constater l’impressionnante qualité de celles-ci. Une planche est un don, un acte altruiste. Elle fait progresser aussi bien l’auteur que les auditeurs. La conserver en cercle restreint ne me semble pas répondre aux principes et exigences de la franc-maçonnerie. C’est la raison pour laquelle j’invite les Vénérables et les Secrétaires de nos loges à communiquer ces oeuvres à la rédaction du B.U.L.I.M. pour que toutes les Sœurs et tous les Frères, Misraïmites ou non, puissent bénéficier, à travers le monde, des bienfaits de nos travaux.

Eric JACQUES SGM

Publié dans le Bulim - Bulletin N° 26 - 31 Mars 2011  -  Abonnez-vous

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