GLMFMM | Bulletin : Khalam | 10/1999 |
Aux
Origines des Rites Egyptiens Tel le fleuve qui
tente remonter sa source, nous nous interrogeons et
comme Janus, puissions nous dévisager le passé
pour nous élancer vers l'avenir Des
siècles, des années, nous ont fait parfois
oublier ce que d'autres
ont initié et construit à l'abri des regards
indiscrets. Mais il nous faut
aussi savoir démêler le faux du vrai, la
légende de la réalité pour
réunir ce
qui est épars. L'historien peul
aussi, à sa façon y participer. Sa discipline
exige
méthode et rigueur. Sa matera prima, ce sont des textes, des
documents, qui
permettent de confirmer ou d'infirmer telle ou telle information. Je vous convie donc
à dénouer les fils mystérieux qui
tissèrent
l'histoire de la Maçonnerie Egyptienne. A l'identique d'une
investigation
policière, nous disposons de témoignages, de
mobiles et de faisceaux de
présomptions. L'histoire de la
Maçonnerie présente en outre une
difficulté
supplémentaire: l'absence de documents fiables, peut
parfaitement s'expliquer
et ne justifie jamais qu'on en tire des conclusions trop
hâtives. Ils ont pu
être volontairement soustraits simplement détruits. Alors il nous faudra
réinventer les divers courants de pensée qui ont
pu
générer l'éclosion des Rites
Egyptiens. L'influence d'un homme tel que
Cagliostro, semble avoir été
déterminante dans cette entreprise. Je m'appuierai sur
des recherches que je mène actuellement dans le cadre
d'une thèse à l' E.P.H.E ou sous la direction de
l'éminent Antoine FAIVRE. • Rite Primitif 1721 • Rite Primitif des Philadèlphes 1779 • Rite de Misraïm Venise 1788 • Rite de Memphis Montauban 1815 Tout d'abord,
évoquons rapidement le contexte historique : On assiste durant
tout le 18e siècle et dans toute l'Europe à une
véritable mode égyptienne ou
égyptomanie, dont voici quelques exemples: 1751:
Rameau écrit un ballet-opéra «La
naissance d'Osiris», 1791; Création de la
Flûte Enchantée de Mozart : 1795 :
l'écrivain mystique Eckartahaussen fait
paraître son roman «le Voyage de Kosti »
dans lequel le héros, fils d'un prince
indien suit un fabuleux voyage initiatique jusqu'à la Grande
Pyramide d'Egypte.
Ect. ect
la liste est longue et
m'arrêterai là. Dans le Monde
Maçonnique, qu'en est-il ? Le manuscrit Regins
réglant la Franc-Maçonnerie opérative
au XV éme
siècle, met en scène le clerc Euclide «
qui a fondé cet art de la géométrie
dans les pays d'Egypte et enseigna à Alexandrie». Les
constitutions d'Anderson, en 1723, scellent la naissance de la
Franc-Maçonnerie spéculative . il y est dit que «
l'Art Royal fut apporté
en Egypte par Misraïm, second fils de Cham ».
l'inondation régulière des
rivages du Nil a suscité un progrès en
géométrie, qui, en conséquence, mit la
maçonnerie fort à contribution. Remarquons que pour
Anderson l'Egypte n'apparaît pas comme le vecteur
d'une quelconque pensée ésotérique. Et pourtant... Tout
au long du 18e siècle, une idée se
développe;
l'Egypte serait la véritable source de l'initiation. Depuis le 15eme
siècle, l'occident a renoué avec la
pensée hermétique.
Le Corpus Hermeticum est traduit en 1471 par Macil Ficin. Son auteur
— mystique
- est Hermès Trisemégiste, , -2J
derrière lequel, selon Antoine FAIVRE, se f
l'image de Thot, le dieu de la sagesse pharaonique. Dans sa
thèse, Gerard
GALTIER défend l'idée que le Corpus Hermeticum
constituerait le fonds doctrinal
des Rites Maçonniques Egyptiens. En 1654, le très
savant jésuite Athanase
KIRCHER publie un monumental ouvrage « Oedipus Aegyptianicus
» où il évoque
l'Egypte des faits, des légendes, des symboles et des
sciences, voire même des
sciences occultes. De plus, une
idée force traverse l'Europe depuis Michel Maîer
(1568-1622): l'Egypte serait considérée comme
l'ancêtre mythique de la Rose +
Croix. Dès 1731
un ouvrage réédité en 1794 et en 1818,
va fortement marquer la
Franc-Maçonnerie de l'époque et influencer la
création de la plupart des Rites
Egyptiens: «
Séthos ou une vie tirée des monuments et
anecdotes de l'ancienne
Egypte», ouvrage qui décrit les
épreuves initiatiques dans la Grande Pyramide
et les Temples de Memphis. Mais aussi, dans la décennie qui
suivait la
naissance de la franc-maçonnerie spéculative,
certains collèges hermétiques
s'alarment et tentent de ramener le courant maçonnique sur
son axe initial, à
savoir, perpétuer la science d'Hermès. Rite Primitif
1721 : Ainsi, en 1721 le
Rite Primitif est créé par 7 Chapitres fondateurs
dont
les patentes exposent un but explicitement rosicrucien : une
réforme générale
et globalisante de la science et de la religion. Rite Primitif des
Philadelphes - 1779 : En 1779, le vicomte François
Anne de CHEFDEBIEN réveille le Rite Primitif et
crée, avec ses 6 fils, tous
Officiers et Chevaliers de Malte, le Rite Primitif de Narbonne ou des
Philalèthes. Même si le fait n'est pas clairement
attesté, nous en revendiquons
la filiation. Nous en reparlerons
plus tard avec la naissance du Rite de Memphis. Néanmoins, il s'attribuait une origine orientale et pratiquait la théurgie. Très
succinctement, analysons, en cette seconde moitié du
18° siècle,
les différents Rites Maçonniques qui se
réfèrent explicitement à la tradition
Egyptienne : 1767 : Création
à Berlin par Friedrich VON KOPPEN, membre
éminent de la Stricte Observance Templière du
Rite des Architectes Africains et
des Parfaits Initiés d'Egypte. VON KOPPEN était
aussi l'auteur du « Crata
Repoa» ou Initiation aux Anciens Mystères des
prêtres d'Egypte, en 7 grades.
Traduit en français par le F.•. BAILLEUL, en 1821,
Marconis de NEGRE s'en
inspira probablement pour fonder Memphis. il en avait bien eu
connaissance
puisqu'il publia une adaptation de cette traduction dans son livre
« Le Rameau
d'Eleusis » sans toutefois en préciser la source. 1750 : Rite
Hermétique et Alchimique dit aussi « Etoile
Flamboyante», fondé
par le baron TSHOUDY. Son catéchisme destiné aux
apprentis, compagnons et
profès est en fait une description du Grand Œuvre
avec en parallèle
l'explication alchimique des principaux symboles
Maçonniques. Selon Michel
MONNEREAU, « nous retrouvons sans équivoque la
voie alchimique interne qui
s'exprime notamment dans les Arcana Arcanorum ou Régime de
Naples». Très curieusement,
le Baron TSHOUDY a bénéficié de la
haute protection du prince Raimondo di SAN
SEVERO, Grand Maître de la Maçonnerie Napolitaine
vers 1750 et très ferré
d'alchimie. Nous retrouverons
Naples à la croisée de beaucoup de nos chemins. Le
théâtre est maintenant en place. Les 3 coups de la
Maçonnerie
Egyptienne vont pouvoir retentir ; reste à distribuer le
rôle principal. Il
reviendra à Joseph BALSAMO (1743-1795) d'en assurer la
postérité. Rite
de Misraïm - Venise 1788
BALSAMO est beaucoup
plus connu sous le titre de Comte Alexandre de
CAGLIOSTRO, sorte de nomen mysticum qui lui avait
été conféré lors de son
premier voyage à Malte en 1766. il travaille alors
l'alchimie avec le Grand
Maître de l'Ordre de Malte, Manuel PINTO DA FOUSECA. Il y
retourne en 1775 et y
retrouve son ami, le Chevalier d'AQUINO, Grand Maître de la
Maçonnerie
Napolitaine et cousin du Prince di SAN SEVERO dont nous venons de
parler. Toute
une légende s'est développée autour de
CAGLIOSTRO. Il est issu d'une famille modeste de noble ascendance. Elevé dans la chrétienté, il se fera pourtant connaître au début de sa vie par quelques forfaitures sans grande ampleur. Puis rupture brutale: On le retrouve 10 ans plus tard voyageant dans toute l'Europe, reçu avec beaucoup d'égards par les par les Princes de l'époque. Ses dons de guérisseur lui valent les foudres de l'académie de médecine. Combien d'anecdotes
relatent son plus grand dévouement pour les
indigents et sa générosité sans limite. On ne lui
connaît aucune espèce de ressources. Lui et sa
femme Lorenza
vivent pourtant dans la plus grande aisance. Il
séduira le Prince Cardinal de ROHAN et sera compromis, comme
ce
dernier, dans la sombre affaire du collier de la Reine. Cet
épisode marque un
terme à sa vie mondaine mais accroît
paradoxalement sa popularité : embastillé,
jugé devant le Parlement, acquitté, puis
libéré le 1er juin 1786, une lettre de
cachet l'expulse. Il prédit
la fin de la monarchie, des lettres de cachets et la
convocation des Etats Généraux. Il
évoque même le temps où chacun pourra
librement fouler le sol d'une bastille oubliée. De 1786 à
1795, sa vie est succession d'exils: Londres, Bâle, Turin,
Rovoreto
et en 1789 le couple échoue à Rome. Sa femme contre
toute attente témoigne contre lui : il sera
inculpé
d'hérésie, de magie et de
Franc-Maçonnerie. Emprisonné au château
Saint Ange,
il est condamné à mort le 7 avril 1791, peine
aussitôt commuée en
perpétuité.
Sa femme est enfermée dans un couvent où elle
meurt en 1794. Il purge sa peine
à la forteresse San Léo. Après nombre
de sévices, il succombe le 26 Août 1795. Les bataillons
Français lors de la campagne d'Italie de BONAPARTE
arriveront aux portes de Rome fin 1797. Aussitôt les
officiers s'enquièrent de
CAGLIOSTRO. On leur apprit qu'il était mort. En guise de
représailles, le
général DUBROWSKI fit sauter la forteresse. Revenons
à sa vie d'initié. Selon G. VENTURA, ancien Grand
Maître du
Souverain Sanctuaire Adriatique, qui en l'occurrence ne cite aucune
source,
CAGLIOSTRO aurait ramené de Malte à Naples en
1767 des rituels auxquels il
aurait ajouté, sur les conseils d' ALTHOTAS son
maître mythique, les Arcana
Arcanorum. Michel MONNEREAU,
détenteur de ces degrés ainsi que Robert AMADOU,
disciple de Robert AMBELAIN, des historiens, comme Serge CAILLET ou
Denis
LABOURE défendent la même thèse, Aucun
élément tangible néanmoins nous est
présenté. Mais s'il manque la
lettre, tentons de saisir l'esprit exotérique de ces
Arcana Arcanorum puisque nous nous, plaçons sur le plan de
la recherche
historique. CAGLIOSTRO fonde en
1780, à Strasbourg la première loge où
le Prince
Cardinal de ROHAN sera initié. Il vient de créer
son rite de haute Maçonnerie
Egyptienne. Son originalité nous dit Serge CAILLET est telle
qu'il tient une
place à part parmi les Rites Hermétiques car ce
rite là est vraiment
initiatique. Les
références explicites à l'Egypte sont
rares. Son système maçonnique
fonctionne à 3 degrés ; Apprenti, Compagnon,
Maître mais n'est accessible
qu'aux seuls maîtres maçons
«ordinaires». Les grades : d'Apprenti et de
Compagnon ne diffèrent pas radicalement des grades d'autres
systèmes. Le
nouveau Maçon n'y est accepté qu'en
accord avec les saints anges de Dieu interrogés pour la
circonstance par un enfant, nommé pupille ou colombe.
L'alchimie, la recherche
de l'immortalité et la théurgie
angélique tiennent une place centrale. Dans les
40 degrés spirituels de Haute Maçonnerie
Egyptienne, CAGLIOSTRO précise que « chacun
recevra en propre le pentagramme, c'est à dire cette feuille
vierge sur
laquelle les anges primitifs ont imprimé leurs chiffres et
Leurs sceaux, muni
de laquelle il se verra maître et chef d'exercice
». A
la clé; régénérer l'homme
dégénéré, c'est
à dire celui
d'après la
chute. Reconquérir l'immortalité permettant la
vie
physique et s'identifier
avec Dieu et pouvoir dire avec lui « Ego sum qui sum
». Selon G. FINDEL il
existait une continuité entre la Maçonnerie
Egyptienne et les rites théurgiques : la première
n'était qu'une préparation et
une représentation symbolique des seconds. Son enseignement
n'évoquait pas les Arcana Arcanorum mais le «
Secreto
Secretum» ce qui est similaire . Il faut remonter
à Michel MAIER, médecin et
alchimiste pour retrouver une trace aussi lisible. Ce dernier en 1614,
intitulait son premier livre « Arcana Arcanissima».
Au 18° siècle, l'expression
« Arcana Arcanorum» se rencontre dans la
littérature rosicrucienne, par exemple
dans les symboles secrets d'Altona publiés en 1785 et 1788. L'ordre Allemand de la Rose + Croix d 'or d 'Ancien Système dont l'égrégore Rosicrucien fut repris en charge par l'ordre des FF initiés d'Asie, au fond nettement cabalistique. Selon )001, alors que CAGLIOSTRO était en Allemagne, en 1779, il reçut de Von Schrôder des leçons de théosophie et de sciences occultes. Ce dernier l'aurai initié à la Rose + Croix d'Or et aux Architectes Africains. Signalons enfin que
certains auteurs déclarent que lors de ce voyage
CAGLIOSTRO aurait rencontré le Comte de SAINT GERMAIN. C'est
possible mais non
prouvé. L'école
de Naples , ville où séjourne CAGLIOSTRO en 1783,
héritière des
courants chaldéens, Egyptiens et pythagoriciens, ville
déjà évoquée tout
à
l'heure et que l'on retrouvera encore pour Misraïm. Donc à
première vue, rien d'égyptien dans la
maçonnerie égyptienne de
CAGLIOSTRO. Pourtant, en
préambule de ses rituels, il est dit « Toute
lumière vient
le l'orient, toute initiation de l'Egypte» A par le nom de
grand Cophte ou
copte et l'épithète de la dite
maçonnerie, on cherche à comprendre, car
CAGLIOSTRO nous parle beaucoup d'hébraïsme et de
christianisme. Mais son rite
présente comme l'Eglise Copte, de la gnose et comme chez
les Coptes, de la magie !. Alors la
prétention égyptienne est à prendre au
sérieux. Alexandrie
concentre toutes les Egyptes ; Ptolémée, le
prêtre Egyptien Manéthon et le Grec
Thimothée qui entérina
l'interprétation graeca déjà ancienne
d'Isis. De ce
culte, le Corpus Hermeticum fut le livre sacré. CAGLIOSTRO
ne se prénommait-il
pas Alessandra ?. Alexandrie, au début du christianisme,
c'est le gnosticisme
dit chrétien . Il intègre le gnosticisme
anté-chrétien d'Hermès sans
écarter
l'influence des cercles juifs d'Egypte . L'Egypte Pharaonique
enseignait la
mort et la résurrection, la renaissance, le devenir, la
filiation divine et la
Rédemption de l'homme, la divinisation et
l'immortalité. Le physicien
biologiste Etienne GUILLE ayant étudié l'ADN
parle de « pyramides vibratoires
de l'être vivant ». L'ADN, nous dit-il, «
permet de
retrouver en chaque
individu, la grandeur et la beauté de l'Egypte, le sentiment
de l'Eternel et de
l'Immuable et l'idée que l'homme est à construire
car le processus astral
serait une succession de portes à franchir
». Ainsi l'Egypte qui
passe pour la mère de l'Alchimie serait bien, selon
Etienne GUILLE, la marraine des voies internes chères aux
maçonneries
Egyptiennes, celle de » CAGLIOSTRO en tête. Dans son livre
« Magie et Coutumes populaires chez les Coptes d'Egypte
», le Père VIAUD écrit en 1973 que
« leur magie comporte et leur religion
incluent des anges envahissants. Mais aussi des nombres et le
symbolisme actif
des carrés magiques, des talismans et des sceaux des esprits
tutélaires... les
incantations et les rites secondent la théurgie ».
Les Coptes nous dit-il « sont
les héritiers des antiques magiciens d'Egypte. Les noms des
dieux ont
seulement été remplacés par ceux du
Christ, de la Vierge et de Saints ». Selon Robert
AMBELAIN, CAGLIOSTRO aurait été initié
au culte d'Horus
dans les milieux coptes du Caire. La même initiation aurait
été conférée à 2
de
nos contemporains aujourd'hui décédés
mais après avoir transmis le dépôt. Je ne peux clore mon
propos sur CAGLIOSTRO sans dire quelques mots sur
la place qu'il réservait à la femme. La
première loge mixte fut crée par
CAGLIOSTRO en 1778 à Mitau. La même
année à la Haye, fondation d'une loge
d'adoption. Lorenza son épouse, Grande Maîtresse
deviendra Seraphina, par
allusion aux Séraphins. Il créera un rituel
féminin tout en accordant un statut
à part entière aux SS... ce qui était
totalement novateur, développant pour
elles un symbolisme fondé sur la puissance
fécondante et matricielle de
l'Univers. Ainsi, selon Antoine FAIVRE, CAGLIOSTRO se
détache des autres Rites
par la place qu'il fait aux femmes et par coloration
égyptophilique. Son Rite
Egyptien met en scène une mythologie inspirée de
la tenue des pharaons telle
que l'imagine une égyptomanie occidentale dont la campagne
d'Egypte sera la
concrétisation non plus esthétique mais
politique. Selon Daniel LIGOU « il ne
faut pas s'étonner que les véritables rituels
égyptiens qui affirment que
l'Egypte est le berceau de l'ordre, ceux de Misraïm et
Memphis, soient
postérieurs à l'expédition d'Egypte
(1798)». Pourtant, nous revendiquons la
fondation de Misraïm en 1788 à Venise et par
là même une filiation avec
CAGLIOSTRO. Gérard
GALTIER fait état d'archives du Souverain Sanctuaire
Adriatique
jamais publiées. Documents signalés aussi par G.
VENTURA et repris par Robert
AMBELAIN. Il est dît que «Il existait dans
la République de Venise un Rite
ou une Loge dite Misraïm qui pratiquait une série
de hauts grades se réclamant d'une origine
Egyptienne ». Le
Rite de Misraïm serait né sous la forme d'une
loge fondée par un groupe de Sociniens auxquels CAGLIOSTRO
aurait délivré une
patente de constitution. Nous savons avec certitude grâce
à Reghelli de SCHIO
que CAGLIOSTRO se rendit en 1788 à Rovoreto, non loin de
Venise et qu'il
rencontra deux dignitaires maçonniques ( Francesco BATTAGIA,
conseiller d'état
et son Excellence ZULIAN ). Reste que la
coïncidence est troublante. De même G.
VENTURA atteste qu'une loge de Misraïm existait à
Venise en
1796 mise en sommeil en 1797 sous l'occupation Autrichienne et
reconstituée
plus tard en 1801 par le F.. TASSONI qui assura de nombreuses charges
dans le
royaume Italo-Napoléonnien. Il semble donc que
la source de Misraïm se situe dans la République de
Venise et qu'il y ait connu son premier épanouissement dans
les loges franco
italiennes du Royaume de Naples de Joachim MURAT. Rappelons que
Naples, encore Naples, était vassale sous l'occupation
Napoléonienne et fut placée sous
l'autorité Joseph BONAPARTE de 1806 à 1808
puis celle de Joachim MURAT de 1808 à 1814. Les principaux
promoteurs du rite de Misraïm, rapatriés, furent
les
frères PARENTI, Charles LECHANGEUR, Pierre de LASSALLE et
enfin Armand
BEDARRIDE avec ses 2 fils Marc et Michel, auteurs de l'ouvrage
« de l'Ordre de
Misraim ». La famille BEDARRIDE était issue de la
communauté juive de
Cavaillon, très versée dans les études
cabalistiques. Armand BEDARRIDE reçut la
lumière en 1771. Puis il aurait été
reçu au Rite de Misraïm en 1782 par le «
savant Patriarche Ananiali », Grand Conservateur Egyptien,
que G. VENTURA
suggère d'identifier à CAGLIOSTRO
présent dans la région au même moment.
Selon
leurs propres déclarations, c'est en 1805 que Marc et Michel
furent initiés au
Rite de Misraïm et c'est cette même année
que le rite aurait été officiellement
établi en France pour la première fois. Mais la
première loge bleue attestée fut
fondée en 1814 à Paris par les
frères BEDARRIDE. La gigantesque
nomenclature des grades de Misraïm aurait commencée
à
être compilée au plus tôt en 1801. Concernant les
Arcana, seul JOLY qui avait reçu les pouvoirs
suprêmes de
LASSALLE et de LECHANGEUR à Naples en 1813, en
était détenteur .Les Frères
BEDDARIDE eux, n'étaient possesseurs du 87° au
90° degré que de grades
administratifs sans aucune valeur initiatique. Le 8 Octobre 1816,
furent remis
au Grand Orient un abrégé des quatre derniers
grades du Rite de Misraïm à une
commission d'examen. Rédigés en Italien, ils
auraient pour titre Arcana
Arcanorum. A partir de là, elles furent introduites dans le
Rite de Misraïm.
Incontestablement, la découverte scientifique de l'Egypte
ancienne débute avec
l'expédition Bonapartienne de 1798, suivie
d'études, de récits, d'explications
et surtout la lecture en 1828 de la pierre de Rosette. Tous les Grands
Mythes
se trouvaient réunis dans cette
épopée. Le grand monarque pacificateur
recréant
l'Empire Universel, la rencontre entre les sages d'Orient et les
savants
d'Occident. Au-delà
de la géopolitique de l'époque, on s'interroge;
Quels étaient
les véritables buts ce cette expédition ?
Qu'allait-on chercher en Egypte ?.
L'affaire devient troublante lorsqu'on songe aux troupes cherchant en
vain
CAGLIOSTRO et plus tard l'emprise de l'entourage impérial
sur Naples... Memphis- Montauban
1815
: Etienne MARCONIS de
NEGRE, fonda non en 1815 mais en 1839 ; le' Rite de
Memphis date de la publication des statuts et règlements.
Selon son fondateur,
la véritable science maçonnique aurait
été plus achevée par les Templiers et
le
Rite de Memphis en serait le vecteur le plus actif. Pour MARCONIS de
NEGRE, les
Templiers détenaient cette science des FF.:. d'Orient dont
le fondateur était
un sage d'Egypte du nom d'ORMUS, converti au christianisme par Saint
Marc. Les
disciples d'ORMUS, jusqu'en 1118, restèrent les seuls
dépositaires de
l'ancienne sagesse Eyptienne purifiée par le Christianisme
et la science
Salomonique. Cette doctrine, ils la communiquèrent aux
Templiers. Ils étaient
alors connus sous le nom de Chevaliers de Palestine ou
Frères Rose + Croix
d'Orient. Toujours selon
Marconis de NEGRE, ce sont eux que le Rite de Memphis
reconnaît pour fondateurs. Que nous enseignent ces faits
dûment attestés ? En
1838, Marconis de NEGRE est expulsé de Misraïm. Il
tente alors de faire
admettre sa loge «La Bienveillance» par le Grand
Orient. Mais celui ci qui ne
reconnaissait pas le Rite de Misraïm refusa tout en proposant
d'intégrer à
titre individuel les membres de la loge. Marconis refusa et se
résolut à suivre
une voie indépendante. Il réussit rapidement
à créer deux loges : « La
Bienfaisance» à Bruxelles et «
Osiris» à Paris. En 1839, il réveille
à Paris la
loge «les Disciples de Memphis» (nom de la loge de
Marconis père à Montauban).
Il est tout à fait plausible que Marconis de NEGRE
père ait fondé cette loge.
Tout laisse pourtant croire qu'elle pratiquait le Rite des Amis du
Désert créé
par Alexandre DUMEGE à Toulouse dont le premier
degré s'intitulait justement «
Initié de Memphis » . Pour mémoire,
signalons qu'Alexandre DUMEGE eut un rôle
considérable dans les recherches archéologiques
et initiatiques de son temps.
De Toulouse, ce Rite peut parfaitement avoir essaimé
à Montauban. Cependant Jacques
Etienne MARCONIS le fils, n'expliquait pas comment, le
Rite de Memphis s'était transmis jusqu'à lui ni
pourquoi il n'avait commencé à
se manifester qu'en 1838 Marconis dut faire face à des
accusations selon
lesquelles il n'aurait fait que plagier le Rite de Misraïm.
C'est ainsi qu'il
dut se justifier par la filiation maçonnique et spirituelle
de son père. Celui
ci aurait fondé avec le Frère HONIS la
première loge du rite de Memphis à Montauban
en 1815, HONIS l'ayant rapporté d'Egypte.
Installée le 15 Avili 1815 la loge
aurait été mise en sommeil le 7 mars 1816 au tout
début de la Restauration. Selon Robert
AMBELAIN , le Rite de Memphis serait né à
Montauban en
1815, d'où notre sceau. Il résulterait de la
fusion entre divers rites
d'origine occitane (Rite des Philadèlphes, Rite des
Philalèthes, Rite Primitif,
Rite Hermétique d'Avignon) et d'autre part un Rite gnostique
d'origine
égyptienne. Cependant dans les écrits et la
correspondance de Marconis de NEGRE
(père), il n'est jamais fait état d'une filiation
unissant ces anciens rites
initiatiques au Rite de Memphis. Pourtant, on est en droit de
s'interroger: Je
vous ai évoqué les racines légendaires
du rite, le faisant remonter aux Templiers.
Le rite des Philalèthes dont l'objectif au Convent de 1784
fut de fédérer
l'ensemble des rites ésotériques de toute
origine, était organisé en 12 degrés. Le 9'
degré, Chevalier du Temple, est repris au 28°
degré de Memphis
Misraïm. Nous constatons
aussi que le 36° degré de Memphis s'intitule
« Chevalier
Philalète ». Gardons en
mémoire que les Philalèthes étaient
pour beaucoup des
spécialistes de l'hermétisme et qu'ils
s'étaient donné pour objectif de
recueillir les traces des sciences secrètes afin des les
mettre en œuvre. Quant aux
Philadelphes auxquels nous nous rapportons explicitement
MONNEREAU fait état ( là encore sans citer ses
sources ), de l'appartenance du
Père de Marconis au chapitre des Rose+Croix du Grand
Rosaire, dernier degré du
rite qui pratiquait la théurgie. Alors que le rite de
Misraïm connaissait au même moment nombre de
difficultés, lui-même héritier d'un
puissant courant magico-théurgique...
S'agissait-il avec la création de Memphis de
réactiver durablement la voie
hermétique au sein de la maçonnerie ?. Arrières,
arrières, arrières petits enfants de cette
inestimable
filiation, puissions nous en prendre la mesure pour ainsi la pouvoir
transmettre... J’ai dit,
... C\L\. F\ |
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