GLMFMM | Bulletin : Khalam | 06/2000 |
Le
Un et le Multiple Dans le Rituel
d'ouverture des travaux, il est dit que » nous conservons
précieusement et maintenons le dépôt de
la terre de Memphis ». Je vous propose
de nous servir de cet héritage et de repartir en Egypte
ancienne pour approcher
« le Un et le Multiple ». Dans la vallée des Nobles à Thèbes, sur le sarcophage du prêtre Pet Amon, grand prêtre de Karnak au nouvel empire, on a retrouver cette formule : Je suis UN qui
se transforme en
DEUX
Je suis DEUX qui se transforme en QUATRE Je suis QUATRE qui se transforme en HUIT Je suis UN après cela. Au temps des
pyramides, il y a 4700 ans, les prêtres
d'Héliopolis
enseignaient que la création fut conçue et
accomplie par un dieu Unique dont
les nombreuses divinités du panthéon
représentaient différentes manifestations.
Ce dieu unique, Créateur du Tout, raison suprême
de toute vie était appelé Tem,
Toum ou Atoum. En hiéroglyphes, la traduction varie en
fonction du déterminatif
qui l'accompagne : Tem peut vouloir dire : « l'Etre et le
nonEtre », «
l'indéfini », « l'Architecte Divin
», « Celui qui se transforme en millions
»... Toum
représente l'Unité qui contient en elle, en
potentiel, toutes les
manifestations jusqu'à l'infini. Toum est l'Unique, celui
qui existe avant la
création et de ce point de vue, il est le dieu de la
Genèse. Cet Enseignement
de l'Ancienne Egypte servit sans doute de base aux religions
monothéistes
postérieures. Il est vrai que toutes les traditions qui suivirent se
rejoignent sur la reconnaissance d'un
principe indéfinissable et invisible qui
précède la création. Il est dit (dans
le rituel) « je suis la source des existences et de tous les
êtres...) ». Pour
les Egyptiens, l'essence de la vie était présente
dans la Pensée qui a
précédé
la première qui devait servir à
formé tous les divers corps et les forces
constructives de la nature qui « une fois
déclenchées » exécuteraient
le
mouvement nécessaire pour conserver la promatière
en vie. Cette substance,
source infinie de l'Univers , hors de toute notion
d'espace et de temps, les Egyptiens l'appelaient le Noun, la mer
cosmique
indéfinissable (« les Eaux d'en Haut »),
l'Océan primordial. Le Noun, c'était
l'état d'inactivité, de repos, l'état
inerte. Le Noun
était inhérent à Toum et Toum flottait
dans le Noun. Il restait
à l'état informe, inconsistant, instable mais
portant en lui la sommes des
existences futures. La première impulsion fut
donnée lorsque Toum eut le désir
intérieur de se connaître. Le Un « se
regarda », il y eu « Lui et l'autre » ,
deux opposés. C'est par la projection de ce désir
de se connaître que Toum
sortit les forces cosmiques du Noun et les mis en mouvement. Le regard
conscience du Un porté sur le Un venait de faire
apparaître le Deux. Ce passage
du Un au Deux fut le premier dédoublement de
l'unité originelle qui se
traduisit aussitôt par une polarisation. Nos physiciens
contemporains
représentent ce phénomène comme une
sorte de champ N que le dénombrement des
phases de la création devient possible. « C'est
par la métamorphose du nombre
que le processus de la création est multiplication et non
pas division de la
semence initiale ». Si nous
récapitulons : Toum,
l'unité primordiale se dédoubla et son
Vebe-Râ émana afin de
réaliser sa volonté. Râ, en suivant le
prototype donné par le démiurge
commença
la manifestation du pouvoir créateur et se
dédoubla successivement. Shou — l'air, la force expansive qui brise la passivité de la promatière et tend à se répandre partout (actif, sec et chaud). Tefnout — l'espace vide, principe qui s'oppose et va limiter cette expansion (passif, froid et humide). Le second
dédoublement présente les cadres
matériels dans lesquels
doivent se dérouler toutes les manifestations de la nature
créée. Ce sont Geb,
la terre et Nout le ciel, la voûte céleste. Ces
limites montrent que l'homme
doit penser autant à la terre qu'aux cieux. Pour peupler le
monde créé et
rendre réelle la création, deux couples surgirent
simultanément : manifestation
concrète. Elle était la volonté du
Principe qui
est
l'Unité intangible et indifférenciée.
Le premier
acte de Tem-Atoum qui existe
avant le commencement de la Création fut de
préparer une
substance contenant en
elle simultanément la
promatière vibratoire, une
onde énergétique qui circule entre deux
pôles
fonctionnellement différent, entre deux forces, l'une
positive,
l'autre
négative. C'est ainsi que Toun
forma le groupe des 9 principes divins (huit +
lui-même) appelé « la grande
Ennéade »(le triangle créateur) qui
dirigèrent le
Devenir. Il est écrit dans un texte des Pyramides (PT 1655)
« qu'aucune de ces
entités n'était séparée de
lui ». Je suis UN qui
se transforme en DEUX
Je suis DEUX qui se transforme en QUATRE Je suis QUATRE qui se transforme en HUIT Je suis UN après cela. Cette formulation ne
prétend pas expliquer le mystère de la
création,
mais elle nous rappelle que c'est par les Nombres que les sages ont
toujours
formulé l'inexprimable et que c'est à partir du Un Osiris-Isis
; Seth-Nephtys. Osiris, principe
fécondant la terre et Isis fécondée
portant de fruit son
le symbole de la vie végétative et de la force
évolutive. Seth et Nephtys sont
le symbole de la force involutive, force coagulante
durcissante qui permet à la matière de
rester stable et inéchangeable. Le choc de cette
double manifestation produisit la réalité de la
vie,
cette vie qui réside dans la lutte de deux forces
opposées tendant chacune à
prendre le dessus. Cette lutte qui se perpétue de nos jours
fut symbolisée par
la bataille d'Horus, fils d'Isis et d'Osiris contre son ennemi mortel
Seth. Seth concentre en
lui toutes les forces du désordre et de la
perturbation. Il fait remonter à la surface de l'homme, ses
passions non
maîtrisées, ses pulsions incontrôlables,
tout ce qui peut le diviser et le
plonger dans l'ignorance. (dans le rituel d'initiation, il correspond
au chaos
de l'épreuve de la terre). Horus, successeur unique de son
père Osiris est
l'héritier de toutes la facultés
développées par les multiplications
successives. Il est le symbole même de la lumière
intérieure et incarne la
perfection, le degré suprême de l'initiation
royale. Il met en évidence l'idée
du retour à l'unité, de
l'élévation, de la libération des
emprises de la
matière dans laquelle fut plongé l'être
humain. Je suis UN après cela. La
multiplicité est donc porteuse du UN en son essence, elle
est
comprise dans l'Unité primordiale et « elle ne
cesse d'y être comprise par le
fait de son développement en mode manifesté
». Les Egyptiens en
avaient parfaitement conscience. Pour eux, l'homme
était un être raisonnable qui fut
créé en équilibre juste pour pouvoir
contenir
en lui les deux parties le composant : celle de la matière
qui l'attachait à
toutes les manifestations de l'univers et celle de la raison (cause)
qui
l'élevait vers l'esprit. Ainsi l'homme présentait
l'union des deux principes
involutif et évolutif dont la lutte constitue sa vie sur la
terre. Par «
l'homme créé à l'image du dieu
» l'infiniment petit de l'involution retournait
à l'infiniment grand, à Toum, l'unité
qui se dédouble pour se manifester mais
qui reste toujours UN après cela. En ces temps,
où le monde terrestre est aux prises des forces
involutives, où Seth l'ennemi qu'il faut combattre est au
mieux de sa forme et
de sa force, il est bien difficile de ne pas se révolter
face aux agressions et
injustices de tous ordres, de ne pas fuir devant ses peurs et ses
angoisses, de
ne pas se comporter comme un profane enchaîné
à ses passions. Parler
du « UN et du Multiple » est un message de Paix et
de
Fraternité.
Cette expression rappelle que nous avons en nous, potentiellement tous
les
comportements possibles de l'homme (des pires aux meilleurs), toutes
les
facettes de l'humanité puisque c'est
de l'Unité que
nous sommes issus et que c'est la même terre qui nous a
formés. La vie de l'homme
n'est qu'une oscillation entre le bien et le mal,
aussi la lutte constante que nous devons mener n'est-elle pas un combat
envers
les autres humains quels qu'ils soient mais envers nos propres forces
involutives qu'il nous faut constamment maîtriser pour nous
libérer des
emprises de la matière, retrouver notre équilibre
intérieur et retourner à
l'Unité. Car « c'est en retrouvant notre propre
équilibre que nous pourrons
parvenir à la fusion des deux polarités qui nous
animent, que nous pourrons
donner naissance à un être nouveau au service du
ciel et de la terre, un être
qui aime ce monde, le connaît et l'aide tout en manifestant
l'unité universelle
». Lorsque le principe
divin s'est pensé, il a créé dans
l'instant l'union
des deux parties : Lui et sa Pensée. C'est dans
l'archétype de cette dualité
créatrice que se trouve notre possibilité de
retour à l'union dont lui ne s'est
jamais départi. Je suis UN qui
se transforme en DEUX
Je suis DEUX qui se transforme en QUATRE Je suis QUATRE qui
se transforme en HUIT
Je suis UN après cela. F.
MYR |
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