Humeur d’Hospitalier

Les sans-abri sont de plus en plus nombreux dans les rues de la Capitale. 

Un contraste qui choque au vu de la prospérité ambiante. 

La Place Vendôme, située au centre de Paris, est un octogone exécrable et sans âme, où le fétichisme des Français pour la symétrie et l'expression banale de la fortune se rejoignent dans une alliance qui n'a rien de sacré. Des bijoutiers et des banquiers à qui ni vous ni moi n'aurons jamais la moindre envie d'être leurs clients fleurissent ici. 

Mais souvent, la nuit, on rencontre un groupe social qui détonne dans ce quartier huppé. Des SDF se recroquevillent sur une énorme grille d'aération. Les clochards survivent grâce à l'air chaud gracieusement offert par les richissimes. Ils vont être beaucoup plus nombreux à se retrouver là dans les prochains mois, à mesure que la température va baisser et que les organisations d'accueil vont saturer. 

Paris est une ville où l'herbe est manucuré et le trottoir arrosé presque amoureusement. C'est une ville qui fonctionne bien, et le fait qu'elle ne puisse résoudre le problème des sans-abri n'en est que plus choquant. Alors quoi, ces gens doivent déballer leurs souffrances pour gagner leur pain quotidien ?. 

Quant à mes illusions romantiques d'une ballade nocturne le long de la Seine, elles ont été anéanties par un abri de fortune érigé sous la passerelle du Pont Des Arts. Au même moment, une nouvelle tendance s'est imposée chez les parisiens les plus privilégiés. La fourrure est revenue à la mode. 

On ne sait jamais, si les bouches d'aération ne sont pas assez efficaces cet hiver, quelques-uns de ceux qui dorment à la dure Place Vendôme pourraient demander à les emprunter pour la nuit.

ROSA