GLMFMM Bulletin : Khalam 11/2003

Le Vert des Vierges Noires

Pour les peuples primitifs, la lune est une sorte de présence bienfaisante dont la lumière est non seulement favo­rable, mais indispensable à ce qui croît. C'est une puissance fertilisante extraor­dinaire dont le pouvoir s'étend aussi sur la maternité des femmes et la reproduction des animaux. Des croyances s'installent sur ces aspects du pouvoir céles­te de la Lune. La vie quotidienne de ces peuples primitifs reposait principale­ment sur les phases de la lune.

Ainsi est née ce que nous pourrions appeler la première religion de l'homme. Au fur et à mesure que la civilisation progressa, la représentation de la lune se dégagea de sa nature animale et fut représentée sous les traits d'une femme. Le concept s'en trouve alors élargi et la lune devient " Lune Mère, parfois " Terre Mère " créatrice ou " Mère Nature ".

Des cultes à " Mère Nature " furent très répandus. Ils représentaient les aléas de la nature (sécheresse, famine, ora­ges ...) aussi bien que les moissons abondantes et les bonnes saisons. Déesse de la fécondité et de la vie, elle représentait donc le bien et le mal, la création et la destruction, la lumière et l'obscurité.

Ces déesses mères régnaient sur la sagesse des hommes. Au fil du temps, ces déesses, prototype de la femme et éternel féminin furent associées à la " Mère Céleste " ou " Mère de Dieu ". Les statues d'Isis avec son fils sont souvent noires, Artémis d'Ephèse est aussi noire. Astarté, déesse du ciel, est sou­vent mi-blanche, mi-noire.

Dès les premiers siècles, le Christianisme (religion patriarcale) s'im­planta, mais, tout en pratiquant le culte chrétien, les peuples continuèrent à vénérer les Déesses-Mères.

Pour tenter d'harmoniser le christianis­me avec les traditions locales, l'Eglise Catholique va introduire le culte de Marie (cf. le concile d'Ephèse 431). C'est ainsi que dans la religion catho

ligue moyenâgeuse où la foi chrétienne atteint son apogée, les églises vont s'or­ner de vierges en bois sculpté polychro­me. Certaines ont les visages et les mains peints en noir. Marie est assise sur un trône souvent modeste (cathè­dre, tabouret) hiératique, elle porte l'en­fant Jésus sur ses genoux. Elle a hérité de toutes les valeurs des divinités détrô­nées.

Au teint sombre et bronzé, ces vierges sont le plus souvent revêtues d'habits de couleur verte.

La couleur, utilisée en tant que symbo­le, est un signe, un relais entre les mon­des visibles et invisible. Elle a toujours eu une application sacrée extrêmement importante dans toutes les religions anciennes.

Les couleurs et, plus particulièrement, celles utilisées lors de nos travaux sont en fait un support indispensable à la vibration de la matière. Dès le début de l'humanité, les hommes et les femmes connaissaient la richesse des pigments. Chaque utilisation de couleur était mis en rapport à un point physique précis de la terre dans le but de faire participer leur création à une harmonie universel­le. Dans nos temples maçonniques, et plus particulièrement clans les rituels de Memphis-Misraïm, nous retrouvons ce point énergétique au centre du Naos symbolisé par une bougie verte.

Il faut noter que les Vierges Noires ont fait place progressivement aux Vierges Blanches. (Les noires furent le plus sou­vent placées dans les cryptes de nos églises).

Résultant de cette transformation, les couleurs de la Vierge se trouvent être le rouge, le vert et aussi le bleu. Le noir et le blanc n'étant pas des couleurs. Du noir incréé, par le cheminement du rouge et du vert, la Déesse-Mère va découvrir la vérité solaire du Christ.

Le rouge et le vert sont deux couleurs complémentaires car leurs radiations confondues reproduisent exactement la couleur du Soleil.

C'est pourquoi, par exemple, la chloro­phylle, en absorbant les radiations rou­ges du soleil, donne la couleur verte. Les couleurs n'ont pas la même intensi­té de lumière. L'expérience a démontré que la lumière verte, mélangée à une quelconque radiation du spectre, produit exactement le même effet que si on y avait ajouté de la lumière blanche. Et le vert qui contribue le mieux à reproduire les différentes variations de blanc, est un vert bleuâtre. A lui seul, ce vert bleuâtre est un véritable substitut du blanc.

Il est étonnant de constater que la phy­sique amène les preuves de la réalité tangible de la démarche symbolique.

Le " vert bleuâtre " du manteau de la Vierge symbolise l'étape indispensable pour passer de la vie matérielle à la vie spirituelle, de l'obscurité intérieure à l'illumination spirituelle. C'est le rôle de ce vert que l'on retrouve sur les statues des Vierges Noires.

La physique nous apprend qu'un corps noir est par définition celui qui, absor­bant toutes les couleurs, n'en retrans­met aucune. C'est le rôle tout entier de la Vierge Noire qui se retrouve là.

C'est elle qui absorbe toutes les éner­gies de la terre qu'elle relie à la puissan­ce du ciel niais qu'elle ne transmet qu'à celui qui la transmute, c'est à dire qui la fait passer de l'état de Vierge Noire à celui de Vierge Blanche.

La couleurs vertes et rouge ont toujours été associées à la vie. Elles sont les couleurs du sang et de la sève (sang végétal) qui, associées au carbone (vert), transmettent la pulsion vitale de l'Univers.

Dans certains anciens traités médicaux de l'Inde, le vert est une des couleurs qui permettent d'harmoniser au mieux les troubles dans les " différents corps subtils " de l'homme.

Les radiesthésistes savent bien que le vert possède un rayonnement particulier dans la mesure où il a la propriété de neutraliser différentes forces et certai­nes tonalités du vert vont jusqu'à modi­fier les mouvements giratoires du pen­dule, arrivant même à les inverser. Traditionnellement le vert est attribué à la Vierge, symbole des eaux primordia­les, et le rouge à son fils, symbole de la régénération solaire.

Le vert sert à neutraliser les forces exté­rieurs et à recevoir uniquement les cou­leurs spirituelles.

Le Christ par le rouge ne peut émettre que son propre rayonnement. Inversement, le Fils, parce qu'il est l'Energie, le Verbe, canalise le courant émis par l'homme. Tout repose sur la valeur de l'homme qui, lui seul, peut transmuter.

C'est l'évolution du noir au blanc, à la lumière primordiale du rouge au vert selon le schéma alchimique. Remarquons au passage que cette gra­dation se retrouve dans le symbolisme vestimentaire du sacerdoce catholique : du noir des robes de curés on passe au rouge des cardinaux, pour terminer par la robe blanche du pape.

Ainsi, noire, la Vierge est la force, rouge, elle est annonciatrice de l'a­mour régénérateur, verte, elle est la connaissance.

Le vert permet d'équilibrer les forces ; c'est le point de départ de la régénéra­tion spirituelle. C'est pour cela que c'est la couleur de la robe de prophètes et particulièrement de Saint Jean l'Evangéliste. Ali porte une robe de la même couleur et ce n'est sans doute pas le fait du hasard si le vert est le sym­bole de l'initiation à la connaissance de Dieu, dans le Coran. Nous ne pouvons énumérer tous les symboles qui s'appa­rentent, de près ou de loin, à la couleur verte.

Retenons seulement que le Vert est associé à l'idée de bourgeonnement, de renouvellement, d'espoir.

Attachons-nous maintenant à la Vierge symbolisant notre Ordre : la Vierge Noire de Saint-Victor à Marseille.

Tout comme Isis et Cybèle, Notre Dame de Confession porte un manteau vert..

( Dans l'Egypte de la Basse Epoque, Isis avait été élevée au rang de déesse uni­verselle ; elle sera appelée"Una quae es omnia" (l'Une qui est Tout).

Dame du ciel et personnification de l'or- cire naturel, elle concentre les forces du destin dans le renouveau de la Vie. Dans le culte primitif, Osiris symbolisait le Nil et Isis la Terre fertilisée par les crues du Nil. Elle triomphe des ennemis d'Osiris et accorde victoire et triomphe.)

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Publié dans le Khalam - Bulletin N° 11 - Novembre 2003

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