LE PERSONNAGE CENTRAL

Le personnage debout sur un piédestal possède les attributs des deux sexes. L'androgynie est le signe de l'intégration potentielle; elle contient la totalité des puissances issues des deux sexes.

L'arcane XV marque une étape importante sur le chemin de la fusion des contraires.

Les ailes sont bleues. Le bleu est la couleur de la nuit, de l'invisible, de la passivité, de l'incon­scient. Les ailes signalent l'origine céleste du per­sonnage: c'est un ange.

Les jambes, recouvertes d'un "collant" bleu sur­monté d'une ceinture rouge. Le pouvoir du Diable n'est visible que dans les domaines occultes: sa puissance apparaît dans la passivité des êtres.

Le principe unificateur de la ceinture, colorée de rouge, indique son lien avec l'énergie sexuelle. La ceinture peut être également considérée sous son aspect restrictif : l'attachement aux valeurs sexuel­les équivaut à une privation de liberté.

Le corps du Diable est de couleur chair, donc nu. Cette nudité prend un double sens : pureté originelle, vérité absolue mais aussi pouvoir attractif redoutable, tentation, matière à l'état brute.

Les seins sont symboles de protec­tion maternelle, nourriture essentiel­le. Les traits horizontaux sur le buste peuvent laisser penser qu'il ne s'agit que d'une poitrine postiche, sorte d'apparat mensonger qui attire l'étre assoiffé de pureté (lait maternel) et ne lui donne en échange qu'une corde pour l'attacher à son service. Le Diable apporte des richesses mais fixe les limites des valeurs.

Le bras droit est levé, les doigts écartés sont prolongés de griffes (signe de l'atachement). S'agit-il d'un signe d'engagement, comme dans un serment, ou de l'interpellation : Halte-là ? Il apparaît en ce sens comme le "Gardien du Seuil". Le Diable signale une limite, un interdit, impose le respect. Il semble nous dire qu'on ne peut échapper à soi-même, et la seule tentation que nous puissions redouter, celle à laquelle nul ne résiste, est bien la promes­se du Diable l'or Soi (voir Jung).

Le bras gauche est bais­sé, un cierge ou la lame nue d'une épée est tenu dans la main :
- Le cierge : référence à Lucifer, le porteur de Lumière.
- L'épée : il ne craint pas le tranchant, il possède un pouvoir d'invulnérabilité. L'épée est un symbole de Vérité, de pouvoir, d'action, son tranchant frappe et sépare.

Le visage et le corps sont de face. L'action du Diable est dans l'instant présent, rigoureuse et absolue.

Le Chapeau est jaune, surmonté de bois de cerf. Le cerf est une image du Mercure alchimique (l'es­prit pur), il en possède tous les attributs : intelli­gence, vertus d'invisibilité et de vitalité sexuelle.

LES PETITS DIABLES

Un diablotin de chaque sexe est attaché par le cou à un anneau sur le piédestal. Ils symbolisent les êtres réduits à l'état animal par la dépendance. Les grandes oreilles dressées sont le signe de la bêtise, mais aussi de l'extrême vigilance et de la suprême conscience.

Le sol noir laisse entrevoir une lueur jaune à travers les stries horizonta­les.

L'hémisphère couleur chair sur le trône rappelle le Soleil à son lever: les premiers signes d'une réali­sation spirituelle dans la matière.

Les stries peuvent également être perçues comme les sillons d'un champ labouré : l'action du Diable est puissante et fertilisante, il com­mande l’œuvre dans les laboratoire. 

Labeur, labour, et laboratoire ont la même racine latine laborare : tra­vailler, qui contient également la racine orare signifiant prier.

Le Diable serait donc "la plus vile des choses viles, le fumier conte­nant la précieuse perle".

Sa promesse est l'Or des Alchimistes. L'image de l'or nous déroute longtemps avant de nous révéler sa vraie valeur.

Loque le Soi est atteint, quand nous sommes redevenus nous-mêmes, les écritures disent que le royaume des cieux est trouvé et que "le reste est donné par surcroît". Alors tout s'illumine, le Diable n'avait pas menti, nous avons en nous l'or et la richesse, seules nos peurs nous amè­nent à douter.