GLMFMM Bulletin : Khalam 06/2005


La sagesse des tarots

Lame n° XVI  : La Maison de Dieu

K016-2-1

Le graphisme n'est pas véritablement conforme au nom. En effet, l'arcane nous présente une tour et non pas une maison, comme son nom le laisserait supposer. Sur un plan symbolique, la tour traduit un désir d'élévation. Sa construction verticale sym­bolise la volonté humaine d'atteindre les cieux, c'est-à-dire les dieux. Elle illustre plus une création mentale et spirituelle que physique et matérielle. L'exemple, le plus célèbre, de sa valeur architectu­rale et symbolique nous est donné par la Tour de Babel. Le mot Babel vient d'ailleurs de la racine BII qui signifie confondre. Pourtant, dans leTarot, sa couleur l'identifie bien à une oeuvre humaine et non pas divine. Elle témoigne de certaines imper­fections, telles que l'absence d'ouverture. Aucune porte pour pénétrer à l'intérieur, comme si les constructeurs s'étaient volontairement ou involon­tairement emmurés vivants.

Les créneaux jaunes  participent du même symbolisme : leur couleur solaire tranche avec l'ensemble de la tour qui est couleur chair. On a ainsi le senti­ment que plus l'individu s'élève, plus sa création s'épanouit et plus il pense avoir transformé sa condition.

La flamme  symbolise la foudre, c'est-à-dire : le feu divin. Dans la mythologie grecque, Zeus, le dieu des dieux, était l'unique posses­seur de la foudre (donc du feu) jusqu'à ce que. Prométhée la lui vole pour en faire don aux humains.

Mais, il ne faut pas négliger le fait que le feu s'articule sur un double symbolisme. Il possède une dimension destructrice alliée à une dimension purificatrice. S'il tue, broie, enflamme, brûle, il nettoie aussi.

La flamme est toute en finesse et en volutes ; elle s'apparente pour de nombreux observateurs à un plumeau ou à un panache. Le dessin, ainsi travaillé, enlève le caractère imprévisible de la foudre. Elle se détache de l'aspect incontrôlable et brutal du feu, pour se rapprocher de la notion d'une certaine organisation. Le temps passé à l'élaborer,ce n'est pas comme s'il s'agissait de simples traits) symbo­lise la lenteur de sa mise en place, même si dans la réalité, elle peut apparaître avec violence pour celui qui n'aura pas assisté à sa préparation.

D'autre part, la flamme ne détruit pas mais détache simplement le sommet de la tour comme pour aérer ce qui était trop hermétiquement clos.

Les boules multicolores confèrent à l'arcane une dimension apocalyptique. Les éléments se déchaî­nent ; l'ordre des choses est bouleversé.

En décomposant, on remarque onze boules bleues, treize boules rouges et treize boules blan­ches : c'est-à-dire uniquement des nombres impairs (37 composé de 11+13+13). La valeur des nombres impairs est l'activité. Les trois qualités fondamentales de l'énergie sont visibles dans les couleurs des sphères : rouge amour et vigueur, bleu sagesse et apaisement, blanc création, neu­tralité, perfection.

Outre la foudre, l'arcane XVI repose sur l'archétype de la chute. La descente d'ordre physique, illustrée par le fait de tomber, se rattache à la descente spi­rituelle. La chute est évoquée dans maintes tradi­tions.

Dans la plupart des écrits, l'Homme est au départ, en tant que créature divine, parfait.

Les constructeurs qui tombent sont au nombre de deux. La dualité exprime ici la division et non pas l'union. La chute présente toujours un carac­tère d'opposition à l'ordre des choses. Elle consti­tue un dérèglement et un dysfonctionnement. Leur tenue vestimentaire est encore symbole de divi­sion. De tous les personnages habillés du Tarot, ils sont les seuls dont la tenue ne comporte pas de jaune, même en très faible quantité. Cette absence peut prendre sens à deux niveaux :

- Le jaune représente le divin. Son absence peut signifier la perte, plus ou moins tempo­raire, de la croyance, de la foi ou de la conception spirituelle. Elle traduit l'éloignement qui s'établit, dans cet état particu­lier, entre l'Homme et Dieu.

- Le jaune. intervient comme couleur de liaison et de médiation. Il relie généralement le bleu et le rouge.

Les deux pierres blanches sur le sol, mises en évidénce par leur couleur qui tranche sur le jaune, figurent la Matière qui servira à la prochaine construction. Elles constituent un signe d'espoir : l'effondrement n'est jamais définitif, on peut toujours recommencer, agir de nouveau.

En conclusion  la Maison-Dieu nous engage à ne pas orienter l'objectif de notre vie vers le matéria­lisme et le pouvoir temporle, mais au contraire à développer notre spiritualité sous  peine d'être puni pour notre présomption et de devoir tout recommen­cer du début.


Publié dans le Khalam - Bulletin N° 16 - Juin 2005

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