Il a laissé un grand vicie clans notre Obédience tant cette famille, à la création de laquelle il a œuvré dès l'origine, était la sienne. Notre peine est immense depuis cet après midi du 28 juillet au cours duquel nous sommes allés à quelques uns lui témoigner une dernière fois notre fraternelle affection.

José SOLER, Grand Officier de la Grande Loge Mixte Française du Rite Ancien et Primitif de Memphis - Misraïm, Vénérable Maître de la Respectable Loge Abou Simbel, est parti pour l'Orient Éternel, un matin d'été.

Il ne nous agacera plus avec ses questions percutantes et pertinentes, parfois dérangeantes, mais toujours respectueuses de ses sœurs et frères.

ne nous fera plus ses observations judicieuses sur l'application des lois de l'Ordre et du Rite chaque fois que cela s'imposait. Il ne me racontera plus ses blagues de potache qui me faisaient tant rire, lors de chacune de nos rencontres, car j'étais pour lui "bon public".

Son sens aigu de la Franc Maçonnerie, sa fidélité et sa solidité à toutes épreuves étaient pour nous, pour moi, Puri des atouts réels qui nous ont permis de passer les caps les plus difficiles de toutes ces années de vie commune. Car c'était un vrai Franc Maçon, fort de quelques certitudes durement acquises et de nombreux doutes qui l'amenaient à s'interroger sur toutes les questions que nous suggèrent la « maïeutique maçonnique » ; un vrai Franc Maçon fidèle, non aux hommes et aux structures, mais à ses engagements envers l'Ordre et à ses serments initiatiques. Ce qui faisait sa force et sa richesse, c'était son absence d'ambition en terme de gracies et de fonctions. Il ne sollicitait jamais rien ; il n'acceptait rien qui soit de nature à lui faire accepter ce qu'il ne comprenait pas. Malgré sa forte présence en maçonnerie, il était d'une discrétion exceptionnelle. En réalité c'était un homme libre dans sa tête, progressant à son rythme sur son propre chemin.

Ce sont toutes ces qualités humaines et maçonniques qui en faisaient un Juste, comme il est rare d'en rencontrer en ces temps où les valeurs qui nous animent sont considérées, au mieux, comme des sensibleries désuètes.

Comme j'étais toujours attentif à ce qu'il exprimait - parce qu'il y avait beaucoup à retenir rie son expérience dl tomme et de Franc Maçon - lors du Cercle Intérieur Magistral organisé dans le cadre de notre 9éme convent de juin dernier, j'ai noté les interrogations très précises qu'il exprima alors sur le sens profond et la finalité de son existence. Je les garde dans les archives de l'Ordre comme son dernier message. Bien sûr, aucun d'entre nous ne put apporter de réponse à de telles questions qui nous préoccupent tous un jour lorsque, le calme et l'essentiel étant survenus, nous arrêtons de courir après nos ombres respectives. Espérons que notre Frère a trouvé des réponses satisfaisantes à ses préoccupations, là où il se trouve aujourd'hui.

José, cette affectivité qui transpire sous ma plume fera probablement dire à certains que je n'ai pas assimilé mes initiations car, autrement, selon les mêmes, je serais détaché rie ces sentiments de tristesse et de solitude qui m'habitent depuis ce 28 juillet 2005. Tant pis pour le retard que je suis ainsi susceptible de prendre sur le chemin qui m'est dévolu car, même si je sais que ton départ s'inscrit dans le Grand Ordonnancement Universel, ce chemin ne sera plus vraiment le même sans toi à nos côtés. Bien sûr, nous allons continuer la tâche qui nous est individuellement assignée parce que telle est la loi de la vie, mais tu vas terriblement me manquer et sache que si, depuis 1996, j'ai pu accomplir mon travail au service de notre Pyramide, c'est, en partie, grâce à toi.

Là où tu es, je veux te dire, d'une manière peut être naïve et certainement égoïste, que j'aurais bien aimé la terminer, cette tache, au sein de la Voie Mixte Française de Memphis - Misraïm, avec toi à mes côtés. Mais c'est ainsi.

Bon vent, mon Frère, mon ami, pour ton nouveau voyage.

Ton frère Patrick.