Le
Beau et la Beauté
Qu'est ce que le
beau ? Que voulons nous dire lorsque nous disons: "c'est beau" ?
Affirmer "ceci
est beau", c'est prononcer un jugement de goût, et l'on
retrouve peut-être
en un objet une intimité perdue.
Impossible de
définir ce qu'est le beau en soi, et de donner des
règles.
En disant que le
sujet est beau, je rie sais, et je ne dis rien de lui, mais je parle de
moi !
Personnellement,
j'ai gardé quelques objets ayant appartenu à ma
grand- mère; à mes yeux, ils
sont beaux, ils possèdent réellement une
âme qui nie parle, évoquant des
souvenirs profonds, plus mystérieux, ils m'emportent. Mais
vers quel Dieu ?
Ce qui est beau est
propre et personnel à chacun et La perception du beau n'est
pas la même pour
tout le monde. Il y a deux éléments :
- l'un objectif,
c'est l'objet,
- l'autre
subjectif, c'est l'événement psychologique qui
fait que cet objet est appelé
beau.
Le beau engendre
l'admiration; on y retrouve la noblesse, la
régularité, approchant la
perfection, agréable à voir ou à
entendre.
Ce qui est joli
séduit ou amuse, on y trouve quelque chose de fin, de
délicat, de charmant.
Le même objet que
l'on trouve beau paraîtrait joli s'il était
exécuté en miniature.
Un
beau danseur
aura de la grâce et de l'habileté: ici le beau se
rapporte plutôt aux
mouvements, aux gestes, à la grâce
extérieure.
Le
peintre ne peut
garder pour fui la vision qu'il a des êtres et des choses. Il
doit la peindre.
Quand il regarde alors sa peinture, il sait que ce qu'il a fait est
beau; de
même, le musicien note sur la partition les airs, les
musiques qu'il entend au
fond de lui.
Ils
expriment
différemment ce qu'ils ressentent au plus profond d'eux, et
les nuances les
plus fines s'en exhalent, vagabondent et colorent notre vie.
Le
beau, c'est
aussi les cathédrales, les abbayes, les Temples et les
édifices religieux qui
furent construits avec art et amour.
Des
hommes motivés
réalisaient des prouesses architecturales, des oeuvres
admirables qui mariaient
l'habileté des peintres et des sculpteurs à celle
des compagnons maçons ou
charpentiers. Tous unissaient leur savoir, leur imagination, leur
créativité,
en vue de la réalisation parfaite de l'équilibre
vers la Beauté.
C'est
bien de la
Beauté qu'il s'agissait, car cette recherche de la
perfection les transportait
au-delà de notre plan humain, vers une autre dimension.
Mais
le beau nous
montre l'envers de la médaille !
Il
engendre ce
qu'on appelle esthétique. Il devient alors dogmatique, car
un certain public
accepte volontiers les valeurs sûres qui répondent
à son attente et lui
épargnent un effort de jugement ; il est prêt
à dire "beau" pour ce
qui lui est facile.
En
premier, il y a
l'agrément que l'oreille ou l’œil va
retrouver clans son éducation, celle-ci
les ayant formés à percevoir d'une certaine
manière !
Alois,
pas de style
sans une doctrine du beau qui, si impérieuse soit- elle,
paraît rassurante,
mais justifie l'impersonnalité.
Et puis, il y a
tellement de proverbes autour du beau. Je ne vous en citerai que
quelques-uns :
Les beaux esprits
se rencontrent se dit plaisamment lorsqu'une même
idée, une même pensée sont
énoncées simultanément par cieux
personnes.
ou cela doit être
beau car je n'y comprends rien se dit ironiquement par allusion
à l'obscurité
du langage de certains philosophes.
Mais nombreux sont
les Philosophes qui ont étudié le «
Beau », tels Socrate, Platon, Aristote,
Diderot, Kant etc. ...
Pour Platon; nous
sommes mus par une sorte de réminiscence de cette
idée du beau, et l'art est un
effort pour imiter cette réalité suprasensible.
Aristote ébauche
une théorie du beau dont les caractères
essentiels sont, à ses yeux, la
coordination, la symétrie et la précision.
Au sens figuré,
Boileau disait :
« Rien n'est plus
beau que le vrai »
Dans
la nature, les
choses les plus humbles nous sensibilisent, l'Ordre y règne
et la nature, par
sa conception, arrive à faire de cette beauté
extérieure le rayonnement de
l'âme.
Il
y a la Beauté de
la forme et la Beauté de l'expression; celle-ci prime,
celle-là comme l'esprit,
domine la matière.
La
Création est un
ensemble harmonieux de formes et de proportions qui
éveillent en nous le
sentiment de contemplation.
La
Beauté du ciel,
d'une fleur, d'une voix, c'est toute la nature qui vibre. Voyez comme
en peu de
mots, par un regard, on peut exprimer de façon simple, en
nous, des choses
immenses, et comme la maternité fait partie de la
Beauté d'une vie de femme.
Mais
c'est aussi la
Beauté d'un geste, cet élan qui se fait
naturellement vers l'autre, sans rien
demander en retour.
Les
années
n'atténuent rien, et au fil du temps, c'est toujours avec la
même émotion que
j'assiste, lors de l'ouverture des Travaux, à l'allumage des
Colonnettes;
j'aime le sens qu'elfes véhiculent.
O
Beauté éternelle,
qui ordonne et harmonise tout de par les Mondes,
Que la troisième Lumière soit !
La
Beauté pour
orner, mais pour orner l'ordre intérieur, car tout
resplendit dans l'Ordre et
dans la symétrie.
Je
n'oublie pas la
Sagesse et la Force, car l'ensemble de ces émanations
constituent le Plan
Divin, et les trois Lumières se fondent et se confondent
clans une même unité.
Ces
Flambeaux sont
des messagers célestes, tel le flambeau olympique passant de
main en main,
porteur d'espoir et de lumière, Sagesse, Force et
Beauté se passent le Flambeau
de la Vie.
La
Lumière,
pourtant frêle et délicate, brille devant nos yeux
et demeure à jamais dans
notre mémoire; transparente, rayonnante, elle demande que
nous l'alimentions
pour que vive la Flamme. C'est la source de ce que nous appelons
« Amour » au
sens le plus noble du ternie.
Parfait
médiateur «
entre ce qui est en haut est ce qui est en bas », point
d'union de l'Esprit et
de la Matière.
Quoi
de plus
simple, alors, qu'un paysage serein débordant d'harmonie, de
formes et de
couleurs, qui nous percute par sa beauté.
Notre
belle terre
nous offre des décors splendides et bien réels,
et leur souvenir se grave en
nous de façon indélébile et laisse un
coin de bonheur dans nos cœurs.
Tels
la dentelle
vibrante des feuilles, les eaux ondulantes, le sable fin, la
beauté du rocher
au passé si lourd d'histoire, les gestes lents du vieil
homme hésitant ou les
cris joyeux des enfants qui jouent.
Ce
concert éclatant
de sons, cette palette de lumières et ces ondes
bienfaisantes convergent vers
nous, et l'équilibre qui imprègne chaque
élément - minéral,
végétal, animal et
humain - envahit chaque cellule de notre corps, et nous nous sentons
unis aux
autres atonies de la création.
Cette
perception de
la Beauté se rapproche du sublime et ce ballet de vibrations
tisse un tendre
voile en forme d'étoile.
Aussi,
j'ai envie
de dire et de redire la joie que j'éprouve à
chercher l’œuvre du Créateur
partout et en tout ; la gratitude ressentie à la rencontrer
autour de moi et à
la sentir au fond de moi. Même si la Beauté n'est
pas de ce monde, elle vient
du dedans et transfigure ce que l'on nomme la laideur.
J'ai
dit, Vénérable
Maître - Martine Di-Mattéo