GLMFMM Bulletin : Khalam 06/2008

Aimé Cesaire
Un Homme universel
« Il est des morts qui meurent plus que d'autres ».
Guy Rosa

Pour Aimé Césaire le moment est venu du Grand Départ pour cet ailleurs, inconnu mais bien réel, qui nous attend tous lorsque notre heure personnelle a sonné sur la grande horloge du temps. Avec beaucoup de tristesse humaine nous ne pouvons qu'accepter l'évènement, mais en tant que Francs Maçons de tradition nous pouvons aussi constater qu'il a rejoint cette universalité qui caractérise l'ensemble de son oeuvre publique et littéraire. compte de tous les systèmes, et par l'usage de la langue, farouchement exacte et extraordinairement belle, if a pu accéder au soi réel, donc aux autres, pour en marquer l'histoire par l'essentiel.

Pur symbole vivant de ce que « s'apprend », que l'intelligence n'est pas l'apanage de quelques élus prédestinés, il nous a montré la méthode en travaillant intelligemment et sans relâche le long des méandres douloureux de la vie qui, une fois franchis, l'ont placé en situation d'agir pour tenter d'alléger par l'exemple la détresse silencieuse des êtres et des peuples qui souffrent.

Ne disait-il pas que l'on ne naît pas nègre ou juif mais qu'on le devient, pour ajouter immédiatement que la négritude n'avait pas été inventée par eux (lui et ses condisciples de la rue d'Ulm) mais qu'elle était de leur part une provocation en réponse au colonialisme rampant qui n'avait même plus le courage d'afficher sa révoltante identité. La revendication de cette négritude là, considérée à tort par certains comme réductrice ou communautariste„ n'était pour lui qu'une façon de démontrer qu'au-delà des différences apparentes il existe en l'Homme, en tous les hommes, une réalité unique, équitablement partagée, qui fait de tous les êtres vivants de véritables égaux, que les inégalités dues au statut social ou ethnique ne sont que des constructions humaines sans autre raison que la domination de certains au nom de lois sociales et politiques sans aucun fondement naturel.

C'est en cela que la « colère noire » poétique d'Aimé Césaire nous oblige à remettre en cause notre tolérance et notre humanisme lorsqu'ils nous poussent, souvent à notre insu, à justifier l'injustifiable au nom de la conformité sociale et/ou politique. Authentique révolutionnaire paisible par l'action au quotidien en faveur du peuple, des laissés pour

Par sa vie, transcrite clans son oeuvre écrite, réellement accessible à ceux « qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre », Aimé Césaire me fait regretter de ne pas être Martiniquais, de ne pas appartenir à cette noble négritude revendiquée qui lui a permis d'accéder de son vivant à la race universelle, sans couleur et sans pays ; la race de l'Homme réalisé qui ne reconnaît pas les frontières et qui sait être attentif aux autres.

Marguerittes, le 24 avril 2008.

Patrick-Gilbert FRANCOZ - Maçon de la Vieille Égypte

Publié dans le Khalam - Bulletin N° 25 - Juin 2008

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