Troisième
Arcane :
L’Impératrice
Le
troisième Arcane majeur, l’Impératrice, est celui de
l’arithmétique sacrée qui nous permet
de prendre conscience
que : trois égal Un. C’est ici, avec Elle, que le corps,
l’âme
personnalité et l’esprit réunis
forment un être vivant conscient
durant son incarnation. Ces trois
plans de la réalité humaine (qui
se traduisent par l’appétit, les sentiments et la
connaissance) ou formes-consciences
assemblées sont
chacun liés à des fonctions vitales
et à leurs besoins respectifs nécessaires
à
l’équilibre de l’homme
: Le ventre pour les besoins matériels
liés à l’instinct, la
poitrine, siège du cœur,
pour l’âme - personnalité et ses besoins
sociaux, psychiques,
émotionnels, et la tête pour ses
besoins « en esprit », spirituels ; ces
zones de
besoins et de
conscience sont subordonnées l’une
par rapport à l’autre tout en étant
toutes trois complémentaires,
indissociables et indispen sables
à l’être incarné conscient, la
grande erreur de certaines
cultures et religions étant d’avoir
opposé le corps et l’âme allant
jusqu’à
nier la véritable utilité du premier alors que
sans lui l’âme en recherche de ce qui lui est
nécessaire n’a plus de véhicule
approprié. Sans oublier que le cœur
est le médiateur entre le cerveau et le ventre qui
ne
se supporteraient pas sans cette médiation interne,
tant leurs besoins et fonctions sont différents ;
les trois sont donc
indispensables à la survie des
deux autres ainsi qu’à
l’harmonie de l’ensemble. C’est
ce que représente
au plan anthropomor phique
l’Impératrice ou troisième Arcane
majeur du Livre de Thot-Hermès.
Toutes
les anciennes traditions véhiculent
depuis la nuit des temps cette
identité
tri-unitaire de l’être humain incarné
caractérisée par les trois corps, les
trois enveloppes, les trois fonctions conscientes qui
correspondent aux regards
que l’homme peut porter sur
l’univers en fonction de la nature de son être qui
prédomine alors
au moment où il regarde:
matériel,
mental ou
spirituel, le premier permettant d’être en vie, le
second d’avoir conscience de soi
et le troisième d’avoir conscience de la
beauté du monde. Notre
lecture de ce qui nous entoure, l’interprétation
de ce qui nous arrive et, in
fine, notre Réalité
du monde dépendent donc de
« l’œil » dont la fonction
prédomine en nous et de ses performances :
matériel, mental ou spirituel,
et la
valeur de notre propre existence dépendra de celle
des
trois fonctions qui aura prédominée
durant celle-ci. C’est ici que nous
comprenons qu’à côté de notre
propre approche des êtres et des
choses, il en existe de nombreuses autres
différentes, toutes aussi légitimes
dès lors qu’elles sont le résultat de
l’état d’avancement et de
développement
de chaque
individu. Cette tri-unité corporelle
et fonctionnelle des
êtres
humains
conditionne aussi le type d’organisation collective qui sera
donnée à un moment
de l’histoire aux sociétés humaines, selon
que prédominera
majoritairement
l’un ou l’autre
de ces trois aspects
de l’homme dans une société
donnée.
C’est
en raison de cette réalité
liée à la nature
même de l’homme que,
sans attendre qu’apparaisse l’Impératrice
dans le Hieros Gamos de
notre vie, nous devrions toujours nous poser la double ques tion des
initiés lorsque l’on pense et
agit pour évaluer la portée et les
conséquences de notre
comportement et de nos actes :
·
Est-ce
que je pense et agis au niveau
des instincts (du ventre), des
émotions (du coeur) ou de l’Esprit (de la tête) ?
·
Ne
pourrais-je pas penser et (ré)agir
sur cette question, en cette
circonstance, sur les deux autres
plans simultanément, donc sur les trois plans qui « m’habitent », en harmonie avec moi-même
et ce qui m’entoure ?
Avec
l’Impératrice, nous sommes
donc
en présence d’un
être incarné complet dont les trois
niveaux
de conscience
et de vie sont en parfaite harmonie, c’est-à- dire
en présence d’une Unité
vibratoire vivante composée de
trois
éléments
consubstantiels et parfaitement coordonnés ;
l’être incarné devenue
Impératrice
est une copie conforme de ce qu’est, à une
échelle multipliée et
démultipliée :
une planète, un univers, une galaxie ; il est donc en
situation de faire
prévaloir dans l’action humaine la magie
céleste où sacrée
mise à disposition de ceux qui voient et entendent avec
l’œil et
l’oreille internes, fonction résultant de
l’accouplement parfait des trois
plans de l’être qui nous « habitent
» simultanément.
L’Arcane
III est en ce sens un
«
clin d’œil » que la
Tradition Primordiale ou Universelle délivre aux
initiés du Livre de Thot- Hermès car,
à contre-courant des canons
patriarcaux vétéro-testamentaires,
c’est en effet un élément
féminin qui incarne l’Être achevé
et accompli dans la Science
sacrée
du Trois Fois
Grand (ou, plus
exactement, du Trois Fois Mage:
Melchior, Gaspard et Balthazar enfin réunis en Un).
Cette magie sacrée incarnée en
l’Impératrice,
correspondant au sacerdoce des titulaires du magistère
complet (ceux qui ont
réuni en eux-mêmes les trois mages humains de la
Tradition), relève de l’opération consistant
à permettre au
mage d’être l’instrument des forces cosmiques ou divines pour permettre
au subtil de
dominer l’épais, à
l’énergie de gouverner la matière et
elle est totalement
antinomique avec la sorcellerie, le spiritisme,
la théurgie (limitée à
l’appel sur terre de certaines entités) ou
avec un usage profane des sciences
sacrées (comme l’astrologie
événementielle), car toutes ces pratiques
illicites (au sens ésotérique de
contrariété des Lois Naturelles Universelles),
où le sorcier est tan tôt l’instrument,
tantôt la source des
forces élémentaires mises en
œuvre, reposent sur
une double inversion
du processus magique sacré
ou naturel : Elles ne concourent, par ces usages
dévoyés, qu’à la
satisfaction immédiate de besoins
égoïstes personnels et elles
font appel sur terre à des entités
astrales soit en les détournant de leur objectif
naturel, soit en les
retardant dans leur processus
d’évolution. À
l’opposé de ces comportements déviants, la magie sacrée
ou sacerdoce
naturel nécessite que l’initié
s’élève vers les
sphères de conscience
plus évoluées (ce que l’on appelle plus
communément les Génies ou les Anges)
pour communiquer avec les Maîtres et/ou la Source, par l’épuration
préalable de sa pensée au moyen de la
prière et de la méditation,
à des fins purement altruistes même si
c’est pour résoudre une difficulté
d’ordre matériel personnelle
dans le légitime but de rétablir une
harmonie ou un
équilibre perdu afin de se réinscrire
soi-même dans la Grande
Architecture Universelle.
Et
c’est bien ce que suggère notre
Impératrice
avec sa couronne (pouvoir du divin sur la conscience : la
légitimité), son
sceptre (pouvoir de la conscience sur l’énergie :
la puissance) et son écu
(pouvoir de l’énergie sur la matière :
le but), soit les trois attributs du
sacerdoce sacré qui, réunis en Un, autorisent la
magie couronnée d’en haut,
seule légitime pour s’exercer dans le monde des
vrais vivants ; ces trois
pouvoirs étant synthétisés de
manière symbolique sur notre troisième
Arcane
par
la cathèdre sur laquelle est
assise
notre
Impératrice, magicienne sacrée.
À partir de ces trois attributs caractérisant
la science divine en action, voyons ce qui fait qu’un mage
sacré devenu Impératrice n’est pas un
usurpateur, et déterminons par là même
la
méthode permettant
de démasquer les faux mages
dissimulés derrière les apparences
trompeuses.
Le
mage sacré, symbolisé dans
le Livre de Thot-Hermès par l’Impératrice,
est couronné, mais à la
différence de la tiare de la
Papesse, la couronne
du mage sacré
ne porte que deux étages, ce qui
signifie que sa fonction, l’exercice de la magie
sacrée opérative, porte sur les deux premiers plans
alors que la Papesse, la Gnose
incarnée, réinscrit son action
dans le plan divin Source de la
Gnose sublimée. Ce mage sacré
en activité parmi les hommes, sur terre, porte
aussi
en bras l’écu frappé d’un
aigle signifiant l’action libératrice et
éclairée,
qui est à la fois son identifiant et la protection
dont il va se servir pour se
protéger et protéger ses
protégés des forces inversées
de la sorcellerie
et autres théurgies ineptes
; cet écu caractérise le but de
l’initié aux sciences
sacrées, il est « son étiquette
annonçant en toute
transparence la couleur » aux
profanes et solliciteurs ; sans son
écu identifiant, un mage initié à la
science de
Thot-Hermès n’est qu’un faux mage, car
il ne s’est pas lui-même sublimé en tant
qu’homme en rejetant ses désirs
inutiles ou indus, il
ne s’est pas exhaussé
jusqu’à un idéal qui lui
permette de triompher des contingences humaines et
matérielles, il n’a pas
transmuté ses émotions et pulsions
en forces vivantes de la Nature
; c’est ensuite le sceptre, le bâton du magicien
que
tient notre Impératrice, qui représente le moyen
par lequel la magie sacrée va
atteindre son but.
Mais attention,
la magie sacrée
«
science des miracles », la
seule
légitime
au sens ésotérique
et de l’ordre
naturel des êtres
et des choses,
n’a jamais vocation à
s’exercer
au détriment
de qui que ce soit, et il s’agit d’un pouvoir
exceptionnel qui ne trouve à
s’exercer qu’en conformité avec les Lois
Naturelles Universelles, lesquelles ne
souffrent d’aucune exception
à ce
principe sauf préjudice grave pour... le faux mage ;
son but, comme ses
moyens, ne peuvent donc être qu’altruistes,
positifs, désirés par le
destinataire et
inspirés par la Science des
sciences, la
Connaissance éternelle, la Gnose
hermétique du livre
tenu par la Papesse;
ce service désintéressé, ne souffrant
d’aucune contrepartie matérielle,
confère
sa légitimité
à la magie sacrée et permet
de faire la différence avec les pratiques occultes,
personnelles et
usurpatrices. C’est pour cela et à ces conditions
que la magie sacrée de
l’Impératrice est la « science des
miracles » et que
son sceptre,
« bâton
des magiciens », sera opératif ou non, en
recevant d’en haut ce qu’elle va
redistribuer en bas, très exactement comme le fait
le Vénérable
Maître de
la loge maçonnique
lorsqu’il ouvre les travaux pour «
capter le ciel » au bout de son épée
et le transmettre ensuite aux initiés
lorsqu’il pose la pointe de celle-ci sur le crâne
des impétrants. Pour
l’Impératrice, Mage sacré canal des
miracles de l’invisible dans le monde de la
matière,
point focal terrestre des
énergies
cosmiques et
telluriques condensées
dans son siège cathèdre, la
volonté transmutatrice est
nécessaire en puisant son inspiration
dans sa verticalité céleste, car elle est
désormais exonérée
de sa
dépendance
horizontale terrestre, ce qui justifie que ce n’est pas une
magie personnelle
qui s’accomplie à travers le Mage
Impératrice, mais bel et bien une
magie
céleste au
service de ce qui est en bas par le
pouvoir de ce qui est
en haut ; c’est en cela que le Mage sacré
guérisseur, « faiseur de miracles »,
ne peut être qu’une synthèse
achevée de l’Amour d’en haut au service
de l’amour
d’en bas, et c’est en cela que le Mage est à la
fois un prêtre (de la religion
naturelle universelle) et un médecin, comme
l’étaient le mages
de Babylone, de Sumer et de la Vieille Égypte, comme le
furent le Maître Jésus
et ses véritables épigones tels
Cornélius Agrippa, Éliphas Lévi,
l’abbé Julio, Oswald
Wirth et Maître Philippe de Lyon, par exemple.
Le
cherchant ne trouve que ce qu’il cherche aidé en
sa quête par l’amour
guérisseur, transmutateur des
forces célestes au bénéfice des besoins
terrestres, amour
guérisseur
qui est à
sa disposition lorsqu’il en fait son but et son outil ; mais
cela nécessite que
la Gnose universelle
soit préalablement
acquise par le cherchant en passant de l’état de
Bateleur celui
de Papesse, dépositaire de la connaissance,
puis à celui d’Impératrice-Mage
sacré, médecin opératif des esprit et
des corps ; car la magie sacrée n’est que
le fruit actif de la Gnose mystique acquise en qualité et
fonctions à partir de
la « révélation mystique » du
Bateleur : Contact réel avec
le divin par la méditation
inspirée et l’intuition, prise de conscience de la
Gnose éternelle, mise en
pratique des outils divins ou
célestes acquis temporairement, car
voilà le
processus opératif en trois étapes
résumé par les trois premiers
Arcane du livre de Thot-Hermès
indissociables en leur œuvre
de transmission du grand savoir
immuable et éternel ; tout cela
étant parfaitement synthétisé
par le sceptre tenu
par l’Impératrice,
constitué dans sa partie supérieure de deux coupes
inversées
formant le
globe de la manifestation
parfaite et symbolisant la
puissance divine et la volonté
humaine assemblées en
harmonie.
Donc,
pour acquérir et mettre en œuvre
cette science des relations entre l’homme et la Nature,
nul besoin
d’études
longues, fastidieuses et incertaines, de traités et
de textes
particuliers
et obscurs en dehors de l’observation incessante et
attentive du Grand Livre de la Nature et de
son assimilation en « esprit
», nul besoin de s’en remettre
à un maître qui ne fera que transmettre
ses théories,
inertes
parce que personnelles, peut-être
profitables à l’un mais probablement
inadaptées à l’autre
parce
qu’aucune science
acquise de manière cérébrale par un
autre cerveau n’est neutre et sincère de
désir.
L’ouverture à
la science de la magie
sacrée s’opère par intuition, en
solitaire, par Apocalypse personnelle
(révélation interne) ;
elle peut
être
enclenchée par la méditation
sur les quelques rares
textes qui
méritent
véritablement le qualificatif de
sacrés parce
qu’anonymes et inspirés tels l’Apocalypse,
improprement attribué à
Jean, ou la Table d’Émeraude, mais encore est-ce
là une gageure,
s’il
ne s’agit que de les comprendre
à des fins de richesse matérielle,
de
pouvoir temporel ou de
découvertes spectaculaires, car les
œuvres de la magie sacrée qu’ils
décrivent de manière cryptée
sont souvent discrètes et, au long terme, obtenues
presque par
inadvertance, de
surcroît,
durant l’accomplissement de l’œuvre
philosophale interne, au moyen d’un
désintéressement le plus authentique aux
éventuelles contreparties
personnelles. Le seul danger de la magie
sacrée enseignée par
l’Impératrice est qu’elle soit
inopérante par incompréhension de ce
que le mage
sincère a
acquis, ou par erreur dans la
mise en œuvre
de cet acquis, alors
que les dangers de la magie occulte personnelle sont
multiples et bien réels
: « ...
troubles
cardiaques incurables, destruction lente de la moelle épinière
et du cerveau, désordres
sexuels et folie
attendent ceux qui s’y
risquent » sans jouir des qualités
requises (Arthur Avalon in La
puissance du serpent).
Le
but (le livre) de la Papesse est la
révélation mystique de la Gnose éternelle,
le
but (bouclier-écu) de l’Impératrice
est l’action inspirée libératrice, la
restauration de la
capacité
individuelle
de liberté mentale et spirituelle ; elles sont donc
inséparables,
consubstantielles, pour les comprendre
respectivement et la
première sans la seconde est
stérile, la seconde sans la première
n’existe tout simplement pas. Cela nous est
indiqué par l’aigle sur
l’écu
porté par notre
Impératrice, sujet de multiples dissertations sans
cesse
renouvelées dans
nos loges, qui est le symbole de l’Être
achevé, en passe de réintégrer en
prenant son envol, enfin libéré de
l’ancre terrestre par l’action salutaire
de
la Grande
Magicienne sacrée lui permettant
d’accorder attention à la seule chose qui vaille
et pour laquelle nous sommes
ici : La construction de notre idéal personnel en
concordance avec l’Idéal spirituel
céleste, c’est-à-dire de recouvrer,
enfin, le sens de la vie vraie unifiée à
l’essentiel.
La
cathèdre sur laquelle est assise notre
Magicienne sacrée signifie qu’elle est installée
dans ce
monde-ci de la création naturelle pour libérer
les individus de la corruption,
de la corrosion, mentale ; notre Impératrice magicienne
s’adresse donc aux
êtres qui espèrent
sincèrement, aux « hommes de désir
». Les
ailes pétrifiées qui constituent le
dossier de son siège cathèdre nous informent
qu’elle peut
rendre leur liberté de mouvement
aux êtres
pétrifiés,
englués dans l’illusion trompeuse de la
matière,
par
l’action du verbe
incarné réveillant la volonté enfin
libérée de la suggestion, pour la
substituer aux idées
fixes ou préjugés, et aux peurs
psychopathologiques
infondées.
Le
magicien sacré devenu Impératrice, à
l’inverse des opératifs de la magie
cérémonielle, de la cabbale pratique, de la
théurgie évocatoire, ne projette
pas sa force ou son fluide personnel en autrui, il libère le
bénéficiaire des
forces et fluides malsains qui lui empoisonnent l’esprit et le corps
par
l’usage du sceptre
sacré qui protège le Mage opérant des
pollutions évacuées en lui
conférant
la
capacité de
transmuter les forces obscurcies de l’individu en
énergie blanche créatrice ;
et libre à chaque
lecteur inspiré de donner
sa propre
consistance
au sceptre opératoire dont il s’agit, partant du
principe intangible que le
succès de la magie
sacrée dépend de la
capacité
du mage
inspiré à faire corps avec ce qu’il
accomplit, d’être partie intégrante de
l’exercice pratique qu’il met en œuvre
à travers son propre rituel interne,
ce qui est
résumé par
la parole du Maître des
Mages Divins: « Je
suis la voie, la
vérité et la vie », signifiant
qu’il ne faisait qu’un avec ce qu’il
accomplissait, que le magicien sacré doit
s’identifier à son œuvre qui doit
être le reflet de la Grande Architecture
Universelle vivifiée
au plan humain, s’il veut que « cela marche
».
La
magie sacrée de l’Impératrice,
faiseuse de miracles, c’est-à-dire
rendant tout simplement visible
sur le plan
inférieur
la cause invisible d’un plan supérieur,
n’a pas pour but de détruire l’existant
mais de le transformer, en se servant de la force de
l’Énergie en mouvement
perpétuel en tout ce qui existe, en transmutant les
manifestations obscures ou
néfastes que les hommes ont pu lui attribuer en
opportunités
actives
de libération, de
création et de réalisation. Cette
capacité
de
transmutation transcendantale ne s’acquiert qu’au
terme d’un incessant, dur,
parfois frustrant et décourageant labeur
dans tous les
domaines
des sciences
sacrées authentiques, et elle
n’est obtenue que lorsqu’on ne la cherche plus, de
surcroît comme
il a
déjà été dit, de
manière à écarter
naturellement les apprentis
mages
insincères ou
non aptes.
La
magicienne sacrée (magicienne divine) traduit
concrètement l’idéal
hermétique en mettant au
service de la vie et de la réalisation
de l’être les forces constructives
en
mouvement perpétuel dans la
matière, en les respectant pour ce qu’elles sont,
c’est-à-dire une manifestation de La Source, alors
que la science profane et le
sorcier (le supposé magicien à seule vocation
humaine) ne recherchent en
permanence que l’asservissement
et la transformation de cette énergie en la rendant
«
productive » et
source de bénéfices
monétaires et de pouvoir sur l’environnement
naturel (Oh !
science sans conscience...) ; la magicienne sacrée
n’aspire qu’à collaborer avec
les forces naturelles dans une alliance bien comprise avec
elles pour
l’amélioration individuelle des êtres et
de leurs existences, alors que la
science scientiste et le sorcier ne cherchent qu’à contraindre ces
forces au bénéfice
des ambitions humaines; la magicienne hermétique
sert l’homme et la Nature, le
scientifique moderne et le sorcier ne cherchent
qu’à assurer, à conforter, le
pouvoir des pouvoirs humains sur les
deux. C’est en cela que
l’Impératrice ne se comprend
qu’avec le Bateleur (incarnant la mystique) et la Papesse
(manifestation de la
Gnose) dont elle assure la synthèse. Car la Magie
sacrée demeure
incompréhensible et inopérante sans
l’assimilation
préalable de la mystique et de la Gnose ; cela nous
indique aussi que
les
Arcanes majeurs ne sont
compréhensibles
que dans leur
relation
avec tous les autres et qu’ils demeurent «
hermétiques » pris individuellement,
que seule une lecture globale du Livre de
Thot-Hermès permet d’apprivoiser chacune de ses
lames-chapitres, chacune constituant une
synthèse « en
image » de
chacun des
principes fondamentaux de La
science
céleste
à la
disposition des chercheurs sincères.
L’Impératrice
est la grande prêtresse de la « Nature surnaturelle
» qui ne doit sa réalité
qu’à l’élan vital cosmique,
le souffle de vie en action, sur lequel
nul ne peut.
C’est
le grand Arcane de la vie
régénérée, de la vie
verticale relevée de
l’horizontalité de la vie terrestre. Son action a
donc pour seul but d’aider
ceux qui manifestent clairement et honnêtement le
désir de prendre le chemin de
la régénération, de se
réinscrire dans les processus naturels d’existence,
de réapprendre à vivre
tout simplement ; elle est la manifestation tangible de
l’Idéal de résurrection
des hermétistes ou de la Voie du salut des
chrétiens
authentiques. Elle
constitue donc le lien
nécessaire et provisoire
entre les plans
supra
terrestres et le chercheur
sincère en son idéal d’existence.
Symbole
de l’équilibre parfait en action,
troisième volet du triptyque mystique de
l’œuvre achevée, notre
Impératrice, lorsque qu’elle apparaît au
consultant
sincère, lui annonce
une belle espérance en la vraie vie (possibilité
de devenir lui-même un
authentique mage), un changement radical dans la façon d’être
ici et maintenant, mais aussi la
nécessité, non pas de se
déshumaniser pour devenir mage, mais de la
nécessité
de se « démécaniser
» et de se «désintellectualiser
», phase essentielle
enseignée dès le degré
d’apprenti maçon pour dépouiller le
« vieil homme »
de ces oripeaux et
accéder à la nouvelle naissance;
son apparition dans
le jeu sacré du chercheur authentique peut
signifier également
qu’une opportunité nouvelle de
réalisation personnelle en d’autres plans va se
présenter au consultant-chercheur.
Pendant
plusieurs mois, en raison d’événements
personnels et obédientiels indépendants
de ma volonté, j’ai dû
abandonner provisoirement mon périple au sein du grand livre
de la Nature en
compagnie de mon fidèle compagnon de route : Le Livre de
Thot Hermès, qui n’en est pas un puisqu’il
s’adresse à
l’intelligence
de
l’âme et non aux sens
cérébraux, puisqu’il ne
nécessite ni instruction
scolastique, ni culture particulière au sens
académique
du terme mais
seulement une attention sincère à Dame
Nature. Ce fut
un ineffable plaisir
de reprendre ma pérégrination
sacrée en compagnie de
l’Arcane
III, cette Impératrice que je n’ai pas
l’ambition d’imiter, mais seulement de
comprendre pour tenter,
si elle m’en juge digne, de m’en faire une amie.
Mille mercis aux
sœurs et
frères qui me
replacèrent sur ce
chemin-là en exprimant
durant ce silence
leur
souhait maintes fois
renouvelé de le continuer
avec moi.
Patrick-Gilbert FRANCOZ Passé
Grand Maître Général de
l’Ordre de Memphis-Misraïm
Publié
dans le Khalam - Bulletin N° 28 -
Juin
2009
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