GLMFMM | Bulletin : Khalam | 10/2009 |
La
Géométrie sacrée
À la gloire du Grand Architecte de l'Univers Vénérable maître, dignitaires qui décorez l'Orient, et vous tous mes sœurs et frères en vos grades et qualités Le sujet initial sur lequel je devais plancher était le viatique, mais toutes mes recherches me renvoyaient comme un effet boomerang sur le travail que notre surveillant nous demande de réaliser lors de notre premier comité de compagnon : tracer. Tracer l'étoile à 5 branches. Ce pentagramme, si dure à réaliser quand on cherche la méthode, puis qu'on s'habitue à tracer peu à peu, jusqu'à ce qu'on s'approprie cette technique. En effet, la tradition du compagnon est indissociable de l'acte de tracer, de bâtir. Mais j'aimerais redéfinir ce terme : tradition !! Terme ô combien cher à notre rite ! J'ai compris ici que la tradition consiste en la transmission. Cette transmission, qui peut être inculquée ou interactive, provient d'un principe universel, un principe non humain. Il s'agit donc ici d'essayer, et je dis bien d'essayer, de percevoir le symbole, le mystère caché derrière le Verbe, mais sans anthropomorphiser le Principe. En voulant tout ramener à l'image humaine, on risque de tomber dans des attitudes figées, voire dogmatiques. Car, si on fige la perception du Principe divin à l'image de l'homme, on risque alors de lui ôter la possibilité d'entrevoir l'universalité et la grandeur du mystère. Je vous livre ce constat qui est très récent pour moi et qui est, sans aucun doute, la cause principale de mon changement de sujet. C'est en discutant avec un de nos frères que j'ai pris conscience de l'importance de cette notion. Cette discussion a éveillé en moi, ou du moins réveillé, cet élément fondamental qui consiste à retrouver les Principes qui sont derrière les mots. C'est pourquoi j'ai voulu aborder ce sujet de la Géométrie Sacrée. Soyez donc indulgents mes sœurs et frères, avec moi, pour la confusion qui pourra parfois entacher mes propos. Le fait de bâtir ne constitue pas une fin en soi, mais résulte d'une conception, déjà présente en Égypte ancienne, qui veut que toute pensée, aussi élevée soit-elle, ne prenne véritablement de sens que lorsqu'elle est exprimée par une construction et un travail sur la matière. Bâtir, c'est donc trouver le lieu adapté à la construction de l'édifice pour communier avec la Nature divine, le Principe fondateur, afin d'établir une résonance harmonique. Ce lieu matériel, construit en harmonie, est porteur du symbole et est surtout l'abri physique où se construira l'édifice en esprit. Pour rebondir sur cette notion de résonance harmonique, certains bâtisseurs ne construisaient-ils pas leurs édifices selon une portée musicale ? Le compagnon participe à cette œuvre en tentant de faire jaillir la lumière de la pierre, en expérimentant le langage symbolique qui lui permet d'exprimer et d'appréhender la construction en esprit... de se rapprocher de la GÉOMÉTRIE SACRÉE... Mais qu'est-ce que la GÉOMÉTRIE SACRÉE ? La GÉOMETRIE SACRÉE ne doit pas être confondue avec la géométrie analytique que nos chers profs de maths s'évertuent à nous enseigner de la 6e à la terminale avec une conviction quasi- sacerdotale... En effet, ils sont loin de nos rituels pour lesquels l'Univers se crée à chaque instant sous l'action du Verbe. La GÉOMÉTRIE SACRÉE réside en toutes les formes d'art sacré, ce serait en quelque sorte la grammaire de la langue des dieux. La notion même d'art sacré serait d'ailleurs un pléonasme pour les anciens égyptiens car la fonction de l'Art consistait, pour eux, à exprimer l'harmonie divine. Art était donc synonyme de sacré L'architecture mais aussi la danse, la musique, la poésie, la peinture... constituaient autant de modes d'expression de l'art suprême, celui du rituel. Les constructions que nous ont laissées les bâtisseurs, en tout point du monde, témoignent de leur volonté de participer au mystère de la création en formulant la langue sacrée. Constituée de rituels, de hiéroglyphes, de symboles, la langue sacrée fait descendre le ciel sur terre et sacralise l'activité humaine. Ces constructions deviennent alors un fil conducteur, une transmission d'un temps vers un autre. La GÉOMÉTRIE SACRÉE, parce qu'elle révèle et fait rayonner le mystère par le trait, féconde la terre et manifeste la force, la sagesse et la beauté du Principe fondateur. Le compagnon doit alors développer sa conscience, s'éveiller à l'art du trait pour s'inscrire dans la construction de l'édifice qui lui permettra de se mettre en harmonie avec la Nature, car “c'est par sa conscience que l'homme est relié au divin”. Le premier acte de fondation d'un édifice sacré consiste à délimiter et à orienter, en regardant les étoiles, l'espace où il sera élevé. Les bâtisseurs du Moyen Âge utilisaient une technique simple héritée des anciens. Apres avoir planté un gnomon dans le sol, ils traçaient à l'aide d'un cordeau, un cercle directeur. La simple observation de l'ombre portée sur le cercle au lever et au coucher du soleil d'un jour précis, permettait de déterminer l'axe orient-occident. L'axe septentrion midi était, quant à lui, déterminé par la position du soleil au zénith. En mesurant la terre de cette manière, le maître d’œuvre pratiquait la GÉOMÉTRIE SACRÉE en mettant en corrélation la terre du temple et l'ordre cosmique. Autrement dit, il communiait avec la terre pour organiser l'espace selon la loi de MAAT. Bien qu'invisible, MAAT régit la création et règle la naissance et le développement de toutes formes de vie, de la plus grande à la plus infime. Par la puissance de la règle, les éléments de création s'assemblent de façon cohérente et deviennent ainsi le reflet du monde invisible. Les anciens ont bâti sur terre, à l'image du ciel, des constructions non pour eux-mêmes mais pour leurs successeurs avec leur cœur. Coeur ne doit pas être pris ici au sens physique du terme, mais comme une sorte d'athanor selon lequel s'effectue une union entre les éléments pour comprendre et transmettre la Vie. C'est la transmission de ce que chaque bâtisseur a perçu de l’œuvre du grand architecte de l'univers. Je sens bien que cette idée n'est pas très clairement exprimée, mais elle est encore un peu floue dans mon esprit d'où ce cafouillage verbal. Pour résumer en une phrase simple cette démonstration, je dirai que la GÉOMÉTRIE SACRÉE permet, entre autres, de formuler l'informulable, elle est un éveil du coeur-conscience à l'essentiel. L'esprit est donc plus important que les connaissances techniques, qui ne doivent cependant pas être ignorées du compagnon. L'art du trait qui inclut la GÉOMÉTRIE SACRÉE ne peut être abordé sans traiter du nombre d'or et de la divine proportion, car ils occupent une place privilégiée dans ces pratiques. Mais le temps qui m'est imparti étant ce qu'il est, je choisis en toute conscience de ne pas les aborder dans ce travail. En revanche, je ne peux conclure sans évoquer un élément ô combien important dans la mise en place du temple : le carré long ou pavé mosaïque. Il est la trame sur laquelle le plan de l’œuvre est tracé, le fonde ment sur lequel le temple peut être élevé. Placé au cœur du temple, il est le miroir dans lequel se reflète le plan de la cité céleste. Il relie le principe à sa manifestation : 108 cases reflet de 108° proportion de l'étoile flamboyante. Le pavé mosaïque : reflet terrestre de l'étoile flamboyante !! ce qui est en haut est comme ce qui est en bas !!! Suivre le chemin de l'étoile, SON chemin initiatique, visible seulement par celui qui s'oriente par rapport au ciel et à sa conscience et qui cherche à connaître plutôt qu'à savoir. Pour boucler la boucle, tel est, selon moi, le viatique du compagnon qui doit pratiquer la lecture de l’œuvre du Grand Architecte de l'Univers grâce à la langue sacrée et doit porter le Verbe au-delà du temple, transmettre ce qu'il a perçu. J'ai dit. Sandrine Saint Jean, Compagnon, Respectable Loge l’Étoile d’Égypte, Orient de Marseille |
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